Famille de Reviers

La famille de Reviers (ou Revières ; en anglais : Redvers), qui tient son nom du village de Reviers dans le Calvados, est une famille de moyenne importance du baronnage normand et anglo-normand. La famille tient le titre de comte de Devon à partir de 1140, et la branche anglo-normande s'éteint en 1293.

On trouve une autre famille de Reviers, en Normandie, notamment seigneur d'Amfreville, possessionnée tant dans le Cotentin que dans le Bessin, vassale des Reviers-Vernon.

Origine de la famille et descendance anglaise

Richard de Reviers s'attache au service d'Henri, le plus jeune fils de Guillaume le Conquérant, et quand ce dernier devient roi en 1100, il est largement récompensé par de vastes domaines dans le Devon, le Dorset, le Hampshire et l'île de Wight. Ses domaines sont connus comme les honneurs de Plympton (Devon), Christchurch (Dorset) et Carisbrooke (Île de Wight)[1]. Ils sont en possession de la famille jusqu'au règne d'Édouard Ier d'Angleterre[2]. Son fils Baudouin lui succède dans ses possessions anglaises, et son fils Guillaume de Vernon (senior) dans ses possessions dans le duché de Normandie : Reviers, de Vernon (Eure) et de Néhou (Manche).

Baudouin est un ardent partisan de Mathilde l'Emperesse, la fille de Henri Ier d'Angleterre, au début de la guerre civile du règne d'Étienne d'Angleterre. Il est créé comte de Devon par elle pour services rendus en 1141[3]. Son fils Richard et ses deux petits-fils lui succèdent, et après leurs morts, le titre revient au second fils de Baudouin, Guillaume de Vernon junior.

Lorsque Baudouin (V), le 7e comte, meurt durant une campagne en France de Henri III, en 1262, il n'a pas de descendance. Sa sœur Isabelle, veuve de William de Forz (ou de Fortibus), le 4e comte d'Albemarle, hérite donc du patrimoine familial, et est comtesse de Devon de plein droit[4]. Elle a alors moins de trente ans, et est une des plus riches héritières d'Angleterre[4]. Elle meurt en 1293 après avoir survécu à tous ses enfants et fait tout pour ne pas se marier de nouveau[4]. Juste avant sa mort, elle vend l'île de Wight au roi Édouard Ier[5].

Histoire de la branche normande au XIIIe siècle

En 1195, à la suite du traité de Gaillon[6], Philippe Auguste donne diverses terres dans son domaine capétien (Montmélian, Plailly), Gouvieux, Auvers, Roberval et Louvres à Richard Ier de Vernon et son fils, Richard II, en échange de Vernon.

Les Vernon deviennent donc vassaux du duc de Normandie et roi d'Angleterre, pour leurs domaines du Cotentin, et vassaux du roi de France pour leur nouveau domaine « français ». Au moment de choisir entre le roi d'Angleterre et le roi de France, Richard Ier de Vernon hésite longtemps, privilégiant tantôt l'un tantôt l'autre, mais choisit finalement Philippe Auguste au détriment de Jean sans Terre. Ce choix lui fait perdre provisoirement son honneur de Néhou, puisqu'il le retrouve en 1204, quand Philippe Auguste devient le nouveau maître de la Normandie[7].

À la mort de Richard II de Vernon, en 1230, ses deux fils, Jean de Vernon et Guillaume III de Vernon, se partagent le domaine familial. Jean devient seigneur de Montmélian et Guillaume hérite de l'honneur de Néhou. Chaque seigneurie vit alors indépendamment l'une de l'autre. Mais en 1235, Jean meurt sans héritier et Guillaume III, son frère, devient le nouveau seigneur de Montmélian. Le domaine familial est à nouveau dirigé par une seule personne. Guillaume de Vernon meurt en 1278, lui aussi sans héritier. La branche normande des Reviers-Vernon s'éteint alors. Les possessions de Guillaume III sont alors partagées entre ses trois sœurs en [8].

Une autre famille de Reviers ?

Vitrail de la chapelle seigneuriale, église de la Sainte-Trinité de Douy, Eure-et-Loir.

Tout au long des XIIe et XIIIe siècles, une autre famille nommée elle aussi "Reviers", vit en Normandie. L'un de ses membres, Richard de Reviers est le bailli du Cotentin pour l'année 1204[9]. Cette famille est régulièrement confondue avec la famille des Reviers-Vernon, et notamment avec les comtes de Devon.

Néanmoins, à la différence des Reviers-Vernon, cette famille ne s'éteint pas au XIIIe siècle. On trouve un Robert de Reviers, sergent qui a assuré à la demande de Guillaume des Bordes, capitaine de Montebourg, la garde des charrettes, charpentiers et autres ouvriers servant à la fortification de Montebourg ()[10].

Généalogies

Généalogie des membres principaux.

Hugues de Reviers
│
└─> Guillaume de Reviers
    × Emma
    ?
    └─> Richard Ier († 1107), seigneur de Reviers, de Vernon et de Néhou
        │   lord de Plympton, Christchurch et Carisbrooke en Angleterre.
        × Adelise Peverel
        │
        ├─> Guillaume de Reviers l'Ancien, seigneur de Reviers († 1166) 
        │   × Lucie de Tancarville     
        │   │
        │   ├─> Guillaume de Reviers le Jeune   
        │   │      
        │   ├─> Mathilde de Reviers
        │   │    × Richard de La Haye, fondateur de l'abbaye de Blanchelande
        │   │
        │   └─> Richard (I) de Reviers, seigneur de Vernon (jusqu'en 1195),
        │          de Néhou, et de Montmélian (à partir de 1195)
        │        × Isabelle
        │         │
        │         ├─> Richard (II) de Vernon, seigneur de Néhou et de Montmélian († 1230)
        │         │   × Lucie du Hommet  
        │         │     │
        │         │     ├─> Jean de Vernon, seigneur de Montmélian († 1235)
        │         │     │ 
        │         │     ├─> Guillaume (III) de Vernon († 1278), seigneur de Néhou puis de Montmélian
        │         │     │     × (1)Agnès
        │         │     │     × (2)Alice de Meulan
        │         │     │ 
        │         │     ├─> Pierre
        │         │     │
        │         │     └─> 4 filles : Margueritte, Lucie, Marie
        │         │         (les descendants de ces trois dernières héritent de Guillaume (III)
        │         │                       de Vernon) et Elisabeth.
        │         │    
        │         ├─> Baudouin
        │         │           
        │         └─> Margueritte, mariée à John Arsic, puis à Guillaume Buzun
        │ 
        ├─> Robert de Sainte-Mère-Église
        │
        ├─> Hawise × Guillaume de Roumare, 1er comte de Lincoln
        │
        └─> Baudouin Ier († 1155), 1er comte de Devon en 1141
            │
            ├─> Hawise († vers 1215) 
            │   × Robert FitzRobert, fils illégitime de Robert, 1er comte de Gloucester
            │
            ├─> Richard († 1162), 2e comte de Devon, 
            │   × Denise, fille de Réginald de Dunstanville, 1er comte de Cornouailles
            │   │
            │   ├─> Baudouin II († 1188), 3e comte de Devon
            │   │
            │   └─> Richard II († v. 1193), 4e comte de Devon
            │         
            └─> Guillaume († 1217), 5e comte de Devon. 
                × Mabile, fille de Robert, comte de Meulan
                │
                ├─> Jeanne de Reviers × Guillaume Brewere
                │
                ├─> Marie de Reviers × Robert de Courtenay, baron d'Okehampton
                │
                └─> Baudouin (III) († 1216) × Marguerite Fitzgerold (ou Fitzgerald)
                    │
                    └─> Baudouin III (IV) († 1245), 6e comte de Devon
                        × Amicie, fille de Gilbert de Clare, 4e comte d'Hertford, 5e de Gloucester
                        │
                        ├─> Baudouin IV (V) († 1262), 7e comte de Devon
                        │   × Avoie, probablement fille illégitime de Thomas, comte de Savoie
                        │
                        └─> Isabelle († 1293), comtesse de Devon
                            ×  Guillaume de Forz († 1260), lord d'Holderness, comte d'Albemarle

Voir aussi

Notes et références

  1. Robert Bearman, « Revières, Baldwin de, earl of Devon (c.1095–1155) », dans Oxford Dictionary of National Biography, Oxford University Press, 2004.
  2. J. H. Round, « Redvers, family of », Dictionary of National Biography, 1896.
  3. Robert Bearman, « Revières, Baldwin de, earl of Devon (c.1095–1155) », Oxford Dictionary of National Biography, Oxford University Press, 2004.
  4. Barbara English, « Forz, Isabella de, suo jure countess of Devon, and countess of Aumale (1237–1293) », Oxford Dictionary of National Biography, Oxford University Press, Sept 2004; online edn, Jan 2008.
  5. Les raisons de cette transaction sont obscures, car il n'y a pas d'héritier direct, et donc tous ses domaines seraient retournés à la couronne.
  6. E. Rousseau, G. Désiré dit Gosset, « Traité de Gaillon (1196): Édition critique et traduction », Tabularia, n° 2, 5 novembre 2002, p.1-12., en ligne.
  7. Christophe Mauduit, « Une famille aristocratique normande au XIIIe siècle : les Reviers-Vernon.», Les Cahiers Vernonnais, 32, 2010, p.5-30.
  8. Christophe Mauduit, « Une famille aristocratique normande au XIIIe siècle : les Reviers-Vernon.», Les Cahiers Vernonnais, 32, 2010, p. 28.
  9. T. Stapleton, Magni Rotuli Scaccarii Normaniae, 1840, vol. 2, p. 506. Léopold Delisle, « Mémoire sur les baillis du Cotentin », M. S. A. N., t. XIX, 1852, p. 67.
  10. Michel Nortier, Documents normands du règne de Charles V, B.N.F., Société de l’histoire de Normandie, Paris, 2000, p. 314.

Bibliographie

  • R. Bearman, « Charters or the Redvers family and the Earldom of Devon, 1090-1217 », Devon and Cornwall Record Society, New Series, vol. 37 (1994).
  • F. Hockey, « The House of Redvers and its Monastic fondations », Anglo-Norman Studies, V, 1982, p.146-152
  • C. Mauduit, « Une famille aristocratique normande au XIIIe siècle : les Reviers-Vernon.», Les Cahiers Vernonnais, 32, 2010, p. 5-30. Cet article est extrait du master 2 : C. Mauduit, Étude d'une famille de l'aristocratie normande : les Reviers-Vernon (XIe-XIIIe siècle), mémoire de master 2, Caen, UFR Histoire, 2009, 1 vol., 216 p. (dactyl.).

Sources

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