Pierre de Bérulle
Pierre de Bérulle[1], né le et mort le à Paris, est un homme d'Église et homme d'État français. Fait cardinal par le pape Urbain VIII le , il est un représentant majeur de l'École française de spiritualité et le fondateur de la Société de l'Oratoire.
Pour les articles homonymes, voir Bérulle (homonymie).
Pierre de Bérulle | ||
Biographie | ||
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Naissance | Cérilly (France) |
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Ordre religieux | Société de l'oratoire de Jésus | |
Ordination sacerdotale | ||
Décès | Paris |
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Cardinal de l’Église catholique | ||
Créé cardinal |
par le pape Urbain VIII |
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Titre cardinalice | Cardinal | |
Autres fonctions | ||
Fonction religieuse | ||
Supérieur général de la Société de l'oratoire de Jésus | ||
(en) Notice sur www.catholic-hierarchy.org | ||
Biographie
Origine et formation
Pierre de Bérulle naît au château de Cérilly (aujourd'hui dans l'Yonne) à côté du village de Bérulle, (aujourd'hui dans l'Aube), près d'Aix-en-Othe. Il étudie auprès des jésuites et à l'Université de Paris et, encore jeune, il écrit un Discours sur l'abnégation intérieure. Il est ordonné en 1599.
En 1600, il est remarqué par Henri IV lors de la controverse publique de Fontainebleau : il aide le cardinal Duperron dans ses entrevues avec les protestants (dont Philippe de Mornay). En 1602, il fait la rencontre de François de Sales.
Introduction des carmélites réformées et de la Société de l'Oratoire
Il introduit en 1604 en France les carmélites réformées par sainte Thérèse d'Avila, indépendant de l'ordre des Carmes déchaux. Il fonde avec Barbe Acarie leur premier couvent, le couvent des Carmélites du faubourg Saint-Jacques[2].
Il est surtout à l'origine de la Société de l'Oratoire qu'il créé en France le sur le modèle de la Congrégation de l'oratoire formée en 1575 à Rome par saint Philippe Néri. Eu égard aux différences de temps et de lieu, la congrégation française diffère de l'Oratoire italien sur quelques points importants. « La grande intuition de Bérulle, formé auprès des chartreux et des jésuites, est de proposer aux prêtres séculiers les moyens d'une authentique vie spirituelle. A leur tour, ils pourront guider le peuple chrétien.[3] ». Ainsi nait l'idée originale de l'Oratoire : une congrégation de prêtres vivant en commun, devant « tendre courageusement à la perfection de la vie évangélique », mais sans prononcer de vœux solennels, au service des évêques.
En l'espace de 18 ans, Bérulle fonde 60 maisons de l'Oratoire et 40 carmels. Les oratoriens français participent ainsi activement à la réforme du clergé au XVIIe siècle. Le célèbre jésuite Coton disait de cette congrégation qu'elle était « nécessaire pour l'Église » et saint François de Sales a dit de son côté qu'il ne connaissait « rien de plus saint et de plus utile pour l'Église et pour Dieu ».
Cardinal et homme d’État
En 1625, il accompagne en Angleterre Henriette-Marie de France, fille du roi Henri IV, qui va se marier avec Charles Ier d'Angleterre et est son aumônier pendant la première année de son séjour en Angleterre. En 1627 il est créé cardinal, dignité qu'il aurait refusée sans l'ordre exprès que lui fait le pape de l'accepter. Il reçoit du pape Urbain VIII le bref du ordonnant de rattacher la Société de Bretagne à la Congrégation de Saint-Maur, ainsi que le nonce en France, Bernardino Spada[pas clair].
Pierre de Bérulle joue également un rôle important comme homme d'État, en devenant chef du Conseil de la Reine Mère, Marie de Médicis. Il est en outre l'un des membres influents du parti dévot ce qui lui vaut l'inimitié du cardinal de Richelieu. Après qu'il a réconcilié Louis XIII avec sa mère, Marie de Médicis, il est nommé conseiller d'État, mais en raison de sa politique favorable à l'Autriche et opposée à celle de Richelieu, celui-ci l'écarte rapidement du pouvoir. En 1630, le parti dévot disparaîtra à la suite de la Journée des dupes[Information douteuse].
En [4], lors d'une conférence chez le nonce du pape Guidi di Bagno donnée par le sieur de Chandoux, Pierre de Bérulle fait à Descartes une obligation de conscience de contribuer à la réforme de la philosophie et à l'apologétique[5].
Mort et postérité
Pierre de Bérulle meurt subitement en célébrant la messe, le , âgé de 54 ans. Il est inhumé depuis 1955 dans la chapelle du collège de Juilly (collège oratorien) avec Charles de Condren, son successeur et fondateur de cet établissement. Un buste à sa mémoire, avec inscription et armes, se trouve aujourd'hui dans le déambulatoire de l'église Saint-Eustache de Paris.
Spiritualité
L'intérêt majeur d'un homme comme Pierre de Bérulle, c'est la place qu'il occupe dans l'histoire de la spiritualité et qui va imprégner l'Église de France au XVIIe siècle et au-delà[6]. La mystique est alors très abstraite : « Il s'agit de se plonger en Dieu mais on ne sait pas toujours s'il s'agit du Dieu de Jésus-Christ ou d'une divinité abstraite. Or Berulle va remettre le Christ au centre avec l'idée de l'incarnation continuée. La Mission de l'Église doit être de prolonger cette incarnation ». Le Pape voit en lui l'« Apôtre du Verbe incarné ».
« L'homme est un miracle d'une part et un néant de l'autre . Car l'homme est composé de pièces toutes différentes. Il est miracle d'une part et un néant de l'autre. Il est céleste d'une part et terrestre de l'autre. Il est spirituel d'une part et corporel de l'autre. C'est un ange, c'est un animal ; c'est un néant, c'est un miracle ; c'est un centre, c'est un monde, c'est un dieu. C'est un néant environné de Dieu, indigent de Dieu, capable de Dieu et rempli de Dieu, s'il veut. »
« Nous devons regarder notre être comme un être manqué (au sens d'incomplet) et imparfait, comme un vide qui a besoin d'être rempli, comme une partie qui a besoin d'être accomplie, comme une table d'attente (au sens d'un bloc de pierre grossièrement sculpté) qui attend l'accomplissement de celui qui l'a faite, comme une couche première en la main d'un excellent peintre, qui attend les vives et dernières couleurs. Et nous devons regarder Jésus comme notre accomplissement. Car il l'est et le veut être, comme le Verbe est l'accomplissement de la nature humaine qui subsiste en lui. »
L'année 1607 est décisive pour l'avenir de Pierre de Bérulle qui, animé d'une grande inspiration spirituelle, refuse le préceptorat du dauphin, et se consacre à la personne du Verbe incarné, selon son expression. Cela aboutit à la rédaction du Discours de l'Estat et des grandeurs de Jésus en 1623 qui est la somme de ses contemplations mystiques, reliant l'humanité du Christ à l'être essentiel de Dieu.
On reconnaît en lui l'initiateur de ce que l'on a appelé « l'École Française de Spiritualité » qui a énormément marqué le clergé français, à travers de nombreuses familles religieuses (oratoriens, eudistes, sulpiciens, lazaristes, etc.).
Écrits
Le cardinale Pierre de Bérulle est un représentant majeur de l'école française de spiritualité et le fondateur de la Société de l'oratoire de Jésus[7].
Commentaire selon saint Matthieu (Mt 19, 13-15) :
- Un Dieu enfant
« Comme il y a une enfance qui, avant d'être sur la terre, déshonore Dieu par le péché originel, communiqué aux enfants dès le ventre de leurs mère, le Fils de Dieu a voulu être enfant au ventre de la Vierge, afin qu'il y eût une enfance divine, et, qui plus est, une enfance déifiée qui honorât Dieu, et d'un honneur suprême qui surpasse l'honneur des hommes et des anges, et de toute la nature qui peut être créée.
Par ce conseil haut, suprême et divin, nous n'avons pas seulement un Homme Dieu, ce que nous donne le mystère de l'incarnation, mais nous avons un enfant Dieu, un Dieu mortel, souffrant, tremblotant, pleurant dans une crèche ; un Dieu vivant et marchant sur la terre, en Égypte, en Judée. C'est assez d'élèvement à l'homme, mais Dieu veut que nous ayons toutes les misères, conditions et bassesses de notre nature relevée par la subsistance et la personnalité divines, un Dieu souffrant et mourant en la croix, un Dieu mort au sépulcre. Car celui qui a pris notre nature par le mystère de l'incarnation a voulu prendre tous ces états et conditions de notre nature et les honorer par la subsistance divine, ce que les anciens Pères de l'Église appellent proprement l'économie et dispensation du mystère divin. »
— Card. Pierre de Bérulle. Œuvres complètes, Paris, 1856, p. 929.
Œuvre littéraire
Il compose de nombreux ouvrages dont les plus connus sont : «Le Discours de l'état et des grandeurs de Jésus», «La vie de Jésus» (inachevé), «Mémorial de direction», «L'élévation sur Sainte Madeleine». Mais ces œuvres - en raison de leur style baroque, trop complexe, flamboyant, difficile d'accès, n'ont pas le même succès que celles de son contemporain François de Sales, plus simple et plus proche de la langue classique.
L'édition critique de ses œuvres complètes est en voie de parution. Huit volumes, contenant toutes ses œuvres, ainsi que deux volumes sur cinq de sa correspondance, sont maintenant disponibles aux éditions du Cerf.
- Pierre de Bérulle - Œuvres complètes II : 6 Courts traités, Les éditions du Cerf, , 462 p. (ISBN 978-2-2040-5912-1)
- Œuvres complètes : Tome 10 Correspondance, Les éditions du Cerf, , 517 p. (ISBN 978-2-2040-8949-4)
- Œuvres complètes de Pierre de Bérulle (Éd.1856), Hachette Livre BNF, , 937 p. (ISBN 978-2-0125-9448-7)
Conversions
- Le journaliste Maurice Clavel dut sa conversion à la lecture du livre de Paul Cochois Bérulle et l'École française (Seuil, 1963)[8].
Sources partielles
- Pierre de Bérulle, article du dictionnaire de spiritualité de Beauchesne (http://www.dictionnairedespiritualite.com/)
- Marie-Nicolas Bouillet et Alexis Chassang (dir.), « Pierre de Bérulle » dans Dictionnaire universel d’histoire et de géographie, (lire sur Wikisource)
- (en) « Pierre de Bérulle », dans Encyclopædia Britannica, 1911 [de Bérulle (en) Lire en ligne sur Wikisource]
Notes et références
- Gustave Chaix d'Est-Ange, Dictionnaire des familles françaises anciennes ou notables à la fin du XIXe siècle, tome 4, pages 151 à 154 Bérulle (de).
- Griffe Elie, « Jean-Baptiste Eriau. L'ancien Carmel du faubourg Saint-Jacques (1604-1792) », Revue d'histoire de l'Église de France, vol. 15, no 69, (lire en ligne, consulté le )
- P. Keith Beaumont, in Quotidien La Croix, 30 juillet 2012 p.17
- La date est incertaine ; Henri Gouhier, dans La pensée religieuse de Descartes, p. 58, avance d'autres dates : fin de l'année 1628 avec quelques raisons d'envisager aussi mai 1628
- Jean-François de Raymond, Pierre Chanut, ami de Descartes, un diplomate philosophe, Beauchesne, 1999, p. 38, lire en ligne
- Quotidien La Croix, Lundi 30 juillet 2012, p. 16 et 17.
- Fondé en 1611 par Pierre de Bérulle, l'ordre de l'Oratoire de Jésus-Christ.
- Article d'Henri Caffarel, dans La Croix, 18 mai 1979.
Annexes
Bibliographie
- Pierre de Bérulle cardinal, dans Charles Perrault, Les Hommes illustres qui ont paru en France pendant ce siècle, chez Antoine Dezallier, 1697, tome 1, p. 3-4 (lire en ligne)
- Pierre de Bérulle, cardinal, dans Louis Ellies Dupin, Bibliothèque des auteurs ecclésiastiques du XVIIe siècle, chez André Pralard, Paris, 1719, tome 2, p. 137-138 (lire en ligne)
- Jean-Félix Nourrisson : Le cardinal de Bérulle, sa Vie et ses Écrits, 1856 ;
- Abbé Michel Houssaye : M. de Bérulle et les Carmélites ; Le Père de Bérulle et l'oratoire de Jésus ; Le Cardinal de Bérulle et Richelieu, 3 volumes, 1872-1876) ;
- (en) H. Sidney Lear : Priestly Life in France in the Seventeenth Century, Londres, 1873 ;
- Francois Monfort : Petite vie de Pierre de Bérulle, Paris, Desclée de Brouwer 1997 ;
- Raymond Deville : L'école française de spiritualité, Paris, Desclée de Brouwer, 1987 ;
- Richard Cadoux : Bérulle et la question de l'homme, Paris, 2005.
- Jean Dagens : Bérulle et les origines de la restauration catholique (1575-1611), Desclée de Brouwer 1952
- Stéphane-Marie Morgain : Pierre de Bérulle et les Carmélites de France, Paris, Cerf, 1995
- Christian Barone : L'homme au-dessus des cieux. Anthropologie et christologie en Pierre de Bérulle, Paris, Cerf, 2018.
Liens externes
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