Bettina Rheims

Bettina (Caroline Germaine) Rheims, née à Neuilly-sur-Seine le [1], est une photographe portraitiste française.

Pour les articles homonymes, voir Bettina et Rheims.

Biographie

Famille et vie privée

Bettina Rheims est issue d'une famille juive alsacienne par son père : elle est la petite-fille du général Léon Rheims, la fille du commissaire-priseur et académicien Maurice Rheims, et la sœur de la femme de lettres et productrice Nathalie Rheims.

Sa mère, Lili Kramer, fille de Kurt Kramer et d'Alix de Rothschild, est apparentée à la branche dite « von Worms » de la famille Rothschild[2].

Elle étudie au lycée Victor-Duruy, où elle se lie avec Nicole Wisniak. Elle en est exclue pour avoir brodé une tête de mort sur un bavoir, pendant un cours de couture[3].

Bettina Rheims a été la compagne de Serge Bramly (dont elle a un fils, l'acteur Virgile Bramly , né en 1980). Elle est aujourd'hui l'épouse de l'avocat Jean-Michel Darrois.

Débuts

La carrière de photographe de Bettina Rheims démarre en 1978. Elle réalise cette année-là une série sur un groupe de strip-teaseuses et d’acrobates qui donnera lieu à ses premières expositions. Ce travail révèle le sujet de prédilection de Bettina Rheims, le modèle féminin, auquel elle reviendra fréquemment durant sa carrière.

La décennie 1980 est l’occasion pour Bettina Rheims de réaliser plusieurs portraits de femme connues ou pas qui feront l’objet d’un ouvrage : Female Trouble (1989)[4].

En 1982, la série Animal lui permet de poser son objectif sur une autre forme de nudité : celle d’animaux naturalisés au regard fixe, « qui semblent vouloir nous exprimer quelque chose au-delà de la mort[5]. » « Il fallait que j'arrive à capter leur regard » a déclaré la photographe.

Durant cette période, elle réalise les photos de nombreuses pochettes de disques, pour notamment, Bernard Lavilliers, France Gall, Julien Clerc, Jean-Jacques Goldman, Johnny Hallyday, Chagrin d'Amour[6]...

Avec Modern Lovers (1989-1990)[7], la photographe questionne le genre, l’androgynie et la transexualité. Suivront deux autres ouvrages sur le même sujet : Les Espionnes (1992) et Kim (1994).

Les années 1990

Au début des années 1990, Bettina Rheims travaille sur une de ses séries majeures intitulée Chambre Close (1990-1992), la première en couleur, qui marque le début de sa collaboration avec le romancier Serge Bramly[8], dans un ouvrage où les clichés de la photographe sont accompagnés d’un récit de l’écrivain. Chambre close dans sa forme parodie les premières photos pornographiques — pièces aux murs défraîchis, papiers-peints passés — mais dans son fond s’attache à mettre en scène des modèles non professionnelles pour jouer de l’érotisme et de la confusion entre celui qui regarde et celle qui se montre.

“Par l´utilisation de la couleur et la qualité extrême des tirages, la chair apparaît vivante et donne à l´œuvre un réalisme déconcertant. Bettina Rheims transcende ainsi le corps pour atteindre la féminité primitive dans son "ça" psychanalytique, celui de ses pulsions plus ou moins refoulées, pulsions sexuelles en particulier. En même temps que ces pulsions peuvent affleurer à la conscience du modèle, à sa peau, l´artiste les capte sur sa pellicule.“[9]

En 1995, Bettina Rheims est invitée par Jacques Chirac à la fin de la campagne présidentielle à travailler en coulisses à une série de clichés retraçant la dernière ligne droite de l’élection. Après l’élection, la Présidence de la République mandate Bettina Rheims pour réaliser le portrait officiel de Jacques Chirac. Elle dira au journal Libération qu’elle a voulu donner au président “l'allure détendue des grands héros de western”[10].

La décennie se clôt par la parution en 1999 de l’ouvrage INRI et de l’exposition éponyme. Liant une nouvelle fois le regard de Bettina Rheims et la prose de Serge Bramly, INRI construit un dialogue philosophique sur l’histoire de la crucifixion au travers de photographies de scènes de la vie du Christ, de l’Annonciation à l’Ascension. Bettina Rheims propose des “illustrations en correspondance avec notre temps, après l’apparition de la photographie, du cinéma et de l’imagerie publicitaire, comme si Jésus revenait aujourd’hui”. La parution de l’ouvrage déclenchera, en France, une vive polémique[11].

Les années 2000

En 2002 Bettina Rheims réalise une série sur Shanghai au cours de deux longs séjours sur place.

« Les premières impressions du voyageur arrivant à Shanghai sont celles d´une population toujours ancrée dans ses rites et traditions historiques, qui se lance aujourd´hui dans une course effrénée à la modernité. Cherchant à se fondre dans cet "autre mode de pensée" en faisant fi de tout préjugé, c´est un regard vierge et émerveillé sur cette cohabitation paradoxale d´une Chine millénaire et très avant-gardiste, d´une Chine officielle et underground, que nous livre […] Bettina Rheims[12]. »

En 2005, Bettina Rheims expose à la galerie De Noirmont "Héroïnes", travail qui se veut avant tout comme un hommage à la sculpture. La photographe collabore pour l’occasion avec le créateur Jean Colonna pour habiller les femmes de vêtements originaux. « Des robes anciennes de haute couture ont ainsi été remodelées sur chacune de ces icônes contemporaines. Ces dernières à la beauté décalée ont alors joué avec un rocher, devenu pour un instant leur piédestal[13]. »

À la fin des années 2000, Bettina Rheims s’associe à nouveau avec Serge Bramly et expose "Rose, c’est Paris" en 2010 à la Bibliothèque nationale de France (BnF)[14]. Le récit photographique est une nouvelle fois construit sur une trame de fiction imaginée par Bettina Rheims et Serge Bramly sur la base d’éléments autobiographiques. Dans ce travail Paris tient “le rôle de la muse plus que du sujet, et [apparaît], par le biais de personnages portés par une histoire, sous une forme quasi allégorique. Une jeune femme que l’on connaît par son initiale, B., cherche Rose, sa sœur jumelle, qu’elle prétend disparue. Présenté comme un « grand sérial mystérieux », genre cher aux surréalistes, "Rose, c’est Paris" se divise en treize épisodes où l’on découvre entre autres décors un Paris insolite ou méconnu, volontairement atemporel.

Les années 2010 et 2020

Exposée en 2012 à Düsseldorf, la série "Gender Studies" poursuit le questionnement sur les représentations du genre. Le dispositif liant image et son (par Frédéric Sanchez) présente 27 portraits sonores de jeunes hommes et femmes ayant répondu à un appel lancé par la photographe sur Facebook. Les clichés s’accompagnent d’extraits d’interview et font l’objet de plusieurs expositions et d’un livre[15].

En mars 2016, exposition à la MEP.

En mai-juin 2016, numéro événement d'IDEAT, n°122.

En février 2018, elle publie Détenues, avec des photographies de femmes prisonnières. Des expositions sont par ailleurs organisées, une à la Sainte-Chapelle de Vincennes, une autre au château de Cadillac, près de Bordeaux[3].

En 2021, elle décide de donner l'ensemble de son oeuvre à l'Institut pour la photographie de Lille, soit 230 000 pièces.[16]

Travail de commande et portraits de femmes célèbres

Bettina Rheims a travaillé également pour la mode et les grandes marques avec des travaux de nature publicitaire comme pour Chanel ou Lancôme ainsi que pour des magazines internationaux en réalisant des portraits de femmes célèbres. Elle a collaboré à plusieurs reprises avec l'agence Publicis EtNous et son directeur artistique Philippe Chanet[17], en réalisant les visuels des marques tels que Well.

Parmi ces portraits les plus connus on peut notamment citer : Madonna, Catherine Deneuve, Charlotte Rampling, Carole Bouquet, Marianne Faithfull, Barbara, Mylène Farmer, Kylie Minogue, Claudia Schiffer, Asia Argento, etc.

Filmographie

Clip vidéo

Inspirations

Bettina Rheims a déclaré avoir été inspirée par Diane Arbus et Helmut Newton[3], ainsi que par la peinture ancienne.

Œuvres

  • Modern Lovers, Éditions Paris Audiovisuel, 1990.
  • Female Trouble, Schirmer / Mosel Verlag, 1991.
  • Chambre Close (texte de Serge Bramly), Gina Kehayoff Verlag, Munich, 1992.
  • Les Espionnes (texte de Bernard Lamarche-Vadel), Kehayoff Verlag, Munich, 1992.
  • Kim, Kehayoff Verlag, Munich, 1994.
  • Animal, Kehayoff Verlag, Munich, 1994.
  • I.N.R.I. Jésus, 2000 ans après… (texte de Serge Bramly), Éditions Albin Michel, Paris, novembre 1998.
  • X'mas, Éditions Léo Scheer, Paris, octobre 2000.
  • A Room in the Museum of Modern Art in Frankfurt, Kehayoff Verlag, Munich, 2000.
  • Morceaux Choisis, Steidl Verlag, Göttingen, 2002.
  • Shanghai (texte de Serge Bramly), Éditions Robert Laffont, Paris, octobre 2003.
  • Rétrospective, Schirmer/Mosel Verlag, Munich, 2004.
  • More Trouble, Schirmer / Mosel Verlag, Munich, 2004.
  • Michel Onfray, Oxymoriques. Les Photographies de Bettina Rheims, Éditions Jannink, Paris, 2005.
  • Héroïnes, Galerie Jérôme de Noirmont, Paris, 2006.
  • The Book Of Olga (texte de Catherine Millet), Taschen Verlag, Cologne, 2008.
  • Rose, c'est Paris (texte de Serge Bramly), Taschen, 2010.
  • Mylène Farmer, Programme concert TIMELESS 2013, Paris, 2013.
  • Bonkers, Steidl, Göttingen, 2014.
  • Gender Studies, Steidl, Göttingen, 2014.
  • Détenues, Gallimard, 2018

Distinctions

Récompenses

  • 1994 : Lauréate du grand prix de la photographie de la Ville de Paris

Décorations

Notes et références

  1. « Bettina Rheims, 46 ans, photographe. Des filles à nu, Chirac en président cow-boy, et Jésus avec des seins. Succès et polémiques. La chair et Christ. », Libération, 21 octobre 1998.
  2. « Bettina Rheims, 46 ans, photographe. Des filles à nu, Chirac en Président cow-boy, et Jésus avec des seins. Succès et polémiques. La chair et Christ. », sur liberation.fr/p.
  3. Laurence Benaïm, « Bettina Rheims, cellule sensible », Le Figaro, encart « Le Figaro et vous », samedi 10 / dimanche 11 février 2017, page 37.
  4. « Rétrospective Bettina Rheims au Musée d’art contemporain de Lyon », sur photosapiens.com.
  5. « BETTINA RHEIMS - Curiosités naturelles n°1 », sur deyrolle.com/.
  6. http://www.encyclopedisque.fr/artiste/10331.html / consulté le 25 juillet 2021.
  7. (en) « “Bettina Rheims: Modern Lovers” », sur artgallery.nsw.gov.au.
  8. Serge Bramly
  9. « BETTINA RHEIMS CHAMBRE CLOSE - L’INTEGRALE », sur denoirmont.com.
  10. « Bettina Rheims, 46 ans, photographe. Des filles à nu, Chirac en Président cow-boy, et Jésus avec des seins. Succès et polémiques. La chair et Christ. », sur liberation.fr.
  11. « Les tabous, le sexe et l'art - Le corps comme matériau », sur arte.tv.
  12. « BETTINA RHEIMS SHANGHAI », sur denoirmont.com/.
  13. « BETTINA RHEIMS HÉROÏNES (CATALOGUE) GALERIE JEROME DE NOIRMONT », sur denoirmont.com/.
  14. « Rose, c'est Paris », sur bnf.fr.
  15. « Bettina Rheims: Gender Studies », sur artbook.com.
  16. « Bettina Rheims, Agnès Varda... L’Institut pour la photographie de Lille accueille trois fonds de photographes », Le Monde.fr, (lire en ligne, consulté le )
  17. « L'Officiel de la mode - n°832 de 1999 - page 1 », sur patrimoine.editionsjalou.com (consulté le ).
  18. Décret du 13 juillet 2006 portant promotion et nomination.
  19. Décret du 12 juillet 2013 portant promotion.
  20. « Légion d'honneur : Uderzo, Roselyne Bachelot et Marie-Jo Pérec dans la promotion du 14-Juillet », sur francetvinfo.fr.
  21. Décret du 30 avril 2002 portant promotion et nomination.
  22. Décret du 15 novembre 2018 portant élévation aux dignités de grand'croix et de grand officier.
  23. Arrêté du 13 septembre 2016 portant nomination dans l'ordre des Arts et des Lettres.

Liens externes

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