Aceh
Aceh (prononcer A-tché ; s’est aussi écrit Achem) est une province d'Indonésie, située sur la pointe nord de l'île de Sumatra. Ses habitants sont les Acehnais ou Achinais. Sa superficie est de 57 366 km2 et sa population est estimée à environ quatre millions de personnes (selon le recensement officiel de 2000), presque deux pour cent de la population indonésienne.
Ne doit pas être confondu avec Aceh (peuple), Aceh (langue) ou Banda Aceh.
Aceh (id) Aceh | |
Héraldique |
Drapeau |
Carte de localisation de la province. | |
Administration | |
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Pays | Indonésie |
Statut | Province à statut spécial |
Capitale | Banda Aceh |
Gouverneur | Nova Iriansyah (Demokrat) |
Fuseau horaire | UTC+7 |
Démographie | |
Gentilé | Acehnais, Achinais |
Population | 5 189 500 hab. (2017) |
Densité | 91 hab./km2 |
Rang | 14e |
Géographie | |
Superficie | 57 117 km2 |
Rang | 11e |
Divers | |
Langue(s) | Aceh, gayo, indonésien |
Groupes ethniques | Aceh (70,65 %) Javanais (8,94 %) Gayo (7,22 %) Batak (3,29 %) Alas (2,13 %) Simeulue (1,49 %) Aneuk Jamee (1,40 %) Malais (1,11 %) Singkil (1,04 %) Minangkabau (0,74 %)[1] |
Religion(s) | Islam (98,19 %) Protestantisme (1,12 %) Bouddhisme (0,16 %) Catholicisme (0,07 %) Hindouisme (0,003 %) Confucianisme (0,0008 %) Autres (0,006 %)[2] |
Appelée à partir de 1959 Daerah Istimewa Aceh, en français « territoire spécial d'Aceh », une loi de 2001 lui accorde une autonomie spéciale et la province change de nom pour celui de Nanggroë Aceh Darussalam (nanggroe veut dire « pays » en langue aceh, et Darussalam, « havre de paix » en arabe). En 2009, le gouverneur Irwandi Yusuf (en), pour la première fois élu au suffrage universel direct en décembre 2006, restaure l'ancien nom d'Aceh.
La capitale de la province est Banda Aceh (autrefois Kutaraja, « la forteresse des rois »).
Aceh a été le théâtre d'un conflit long et sanglant (en) (environ 15 000 morts en 30 ans[3]) entre l'armée de terre indonésienne et les séparatistes du Mouvement pour un Aceh libre (Gerakan Aceh Merdeka ou GAM), créé en 1976 pour dénoncer le partage jugé injuste des richesses naturelles entre le gouvernement central et la province. Dans les années 1970 et 1980, Aceh était en effet le premier producteur de gaz naturel d'Indonésie grâce au champ géant d'Arun. Mais la production est en déclin et les réserves s'épuisent sans être renouvelées. Un accord de paix a été conclu entre le GAM et le gouvernement de Susilo Bambang Yudhoyono le . Lors de l'élection gouvernorale de 2006 à Aceh (en) c'est un membre du GAM, Irwandi Yusuf, qui l'a emporté avec 38,2 % des suffrages exprimés soit 22 points de plus que son adversaire du PPP[4].
Aceh a été le point côtier le plus près de l'épicentre du tremblement de terre du 26 décembre 2004 qui, suivi d'un tsunami, a causé d'immenses dégâts humains (170 000 morts et 500 000 sans-abris) et matériels (entre 4 et 6 milliards de dollars) dans la province. En 2007, 84 % de la population souffrait encore de divers troubles psychiques liées à la catastrophe[5].
Cette province comprend une grande partie du Parc national du Mont Leuser, et héberge l'essentiel de la population d'orangs-outans de Sumatra.
Note orthographique
L'orthographe généralement employée hors Aceh aujourd'hui est « Aceh ». Les Acehnais eux-mêmes utilisent indifféremment l'une ou l'autre des graphies "Atjeh" ou "Aceh".
Le quotidien Le Monde emploie systématiquement la forme Atjeh. C'est une ancienne graphie à la néerlandaise où le groupe tj note un t mouillé ou tch. Vers 1972 on a unifié ces deux graphies en Aceh (tch noté c), dans le cadre d'une réforme de l'orthographe commune entre l'Indonésie et la Malaisie.
L'orthographe du nom a varié selon les époques et les auteurs : Acheh, Atjeh, Acem, ou Achin.
Il existe également une graphie à l'anglaise : Acheh, qu'utilise le GAM dans ses documents officiels.
Divisions administratives
La province d'Aceh comprend le nord de l'île de Sumatra et quelques îles de moindres dimensions. Depuis 1999, beaucoup de kabupaten ont été créés. Aceh comprend désormais 18 kabupaten :
- Aceh occidental (Meulaboh)
- Aceh du Sud-Ouest (Blangpidie)
- Grand Aceh (Jantho)
- Aceh Jaya (Calang)
- Aceh du Sud (Tapaktuan)
- Aceh Singkil (Singkil)
- Aceh Tamiang (Karang Baru)
- Aceh central (Takengon)
- Aceh du Sud-Est (Kutacane)
- Aceh oriental (Langsa)
- Aceh du Nord (Lhokseumawe)
- Bener Meriah (Simpang Tiga Redelong)
- Bireuen (Bireuen)
- Gayo Lues (Blangkejeren)
- Nagan Raya (Suka Makmue)
- Pidie (Sigli)
- Pidie Jaya (Meureudu)
- Simeulue (Sinabang)
et 5 kota :
Histoire
Les premiers royaumes musulmans (1267 – 1523/1524)
En Indonésie, on surnomme Aceh « l'antichambre de la Mecque » (Serambi Mekah), ce qui témoigne de l'importance accordée à Aceh par les Indonésiens dans l'histoire de l'expansion de l'islam dans leur pays. Cela dit, les preuves les plus anciennes connues sur la présence de l'islam dans le nord de Sumatra datent de la fin du XIIIe siècle.
En 1282, Malik as-Salih (en), le sultan de Samudra, situé au nord-est de l'actuel Aceh, envoie en Chine deux émissaires portant des noms arabes. Dans son voyage de retour de la cour de Kubilai Khan à Venise en 1292, Marco Polo fait escale à Perlak, voisin de Samudra, et note que le souverain de ce port est musulman, ce qui n'est pas le cas de "Basma" et "Samara". On a essayé d'identifier, sans certitude, Samara à Samudra et Basma à Pasai, une autre principauté voisine.
Le voyageur marocain Ibn Battuta fait escale à Samudra à l'aller et au retour de son voyage en Chine en 1345-46. Il note que le souverain est musulman de l'école jurisprudentielle (ou madhhab) chaféite.
Deux pierres tombales dans le village de Minye Tujuh témoignent de la transition en train de s'opérer dans le pays. Toutes deux rédigées en malais, l'une est écrite dans un alphabet d'origine indienne qualifié de « proto-sumatranais », l'autre en arabe. Elles sont islamiques et signalent le décès d'une fille du sultan Malik al Zahir. Les deux inscriptions portent une date en ère Saka et en ère de l'Hégire, mais diffèrent d'une dizaine d'années, l'une mentionnant l'équivalent de 1380 apr. J.-C. et l'autre, 1389. Il existe une inscription en malais rédigée de la même façon dans les deux alphabets, dans l'État du Negeri Sembilan en Malaisie.
Le sultanat (1523/1524 – 1903)
Fondé à la fin du XVe siècle par un certain Ali Moughaïat Shah (en), le sultanat d'Aceh devient un protectorat des Ottomans à l'époque de Sélim II pour se protéger de la menace portugaise grandissante dans la région.
La conquête néerlandaise (1873 – 1903)
En 1873, le consul américain à Singapour rencontre un émissaire d'Aceh pour discuter d'un traité entre les deux pays. Les Néerlandais décident d'attaquer Aceh. Commence la longue guerre d'Aceh. Les Néerlandais bombardent la capitale, Kutaraja (aujourd'hui Banda Aceh) et font débarquer un corps expéditionnaire de 3 000 hommes. Ils sont repoussés, perdant leur général. Le sultan Mahmud Syah (règne 1870-74) organise la résistance et demande de l'aide. Les Américains et les Britanniques refusent de la lui accorder. Les Français ne répondent pas. Les Turcs se montrent impuissants. Les Néerlandais envoient un second corps expéditionnaires de 10 000 hommes. Les troupes d'Aceh abandonnent leur capitale, que les Néerlandais investissent en 1874. Ils proclament l'annexion d'Aceh et l'abolition du sultanat. Mahmud et ses partisans se réfugient dans les montagnes. Il y meurt du choléra. Son fils Daud est proclamé sultan sous le nom de règne de Ibrahim Mansyur Syah (règne 1875-1907) et poursuit la résistance.
Les Néerlandais ne tiennent réellement que Kutaraja. Les princes des cités portuaires feignent de se soumettre à l'ordre néerlandais mais soutiennent la résistance. Les Néerlandais bombardent et incendient les villages, forçant la population à se réfugier dans les montagnes, où elles rejoignent la résistance. En 1881, les Néerlandais déclarent la fin de la guerre. Du côté acehnais, la direction de la lutte est passée de l'aristocratie traditionnelle, les uleebalang, aux chefs religieux, les ulama, dont le plus connu est Teungku Cik di Tiro. La résistance devient une guerre sainte contre les Néerlandais infidèles.
La guerre épuise les ressources du budget colonial néerlandais. Les Néerlandais, qui ont abandonné le contrôle des campagnes aux Acehnais, trouveront la solution en deux hommes. Le premier, Joannes van Heutz, est un militaire qui a longtemps servi au combat. Il est nommé gouverneur en 1898. Le second, Snouck Hurgronje, est un universitaire de Leyde, le meilleur spécialiste néerlandais de l'islam. Hurgronje fait comprendre aux Néerlandais que rien ne pourra apaiser le fanatisme des ulama, et qu'ils doivent donc gagner l'alliance de la noblesse des uleebalang.
C'est la découverte de pétrole dans le nord de Sumatra qui va déterminer les Néerlandais à en finir avec la résistance. Ils signent avec les princes une Korte Verklaring (« déclaration courte ») par lequel ces derniers reconnaissent la souveraineté néerlandaise. Le sultan Daud Shah se rend en 1903 ainsi que son chef des armées, le Panglima Polim. Le sultan garde des contacts avec la résistance. Après une attaque manquée en 1907, il est exilé. Les ulama (oulémas), chefs religieux, poursuivent la résistance.
Aceh et l'indépendance de l'Indonésie (1939 – 1976)
En 1939 est créée la Persatuan Ulama Seluruh Aceh (union des oulémas d'Aceh) ou PUSA, sous la direction de Daud Beureueh, dont le but est de défendre l'islam et de promouvoir la modernisation des écoles islamiques. La PUSA prend contact avec les Japonais et prévoit de les aider dans leur attaque des Indes néerlandaises. Début 1942, la PUSA entame une campagne de sabotage contre les Hollandais, qui doivent évacuer Aceh vers le sud de Sumatra. Les Japonais débarquent quelques semaines plus tard. Les Acehnais, qui considèrent que leur lutte contre les Hollandais n'est pas terminée, entament des discussions pour l'indépendance avec le nouvel occupant. Ces discussions tournent court avec la fin de la Seconde Guerre mondiale.
L'Indonésie proclame son indépendance le . Commence une période de 4 années du conflit qui oppose la jeune république à son ancien colonisateur hollandais, que les Indonésiens appellent "Revolusi". En Aceh, celle-ci se traduit par l'arrestation des principaux uleebalang et leur assassinat.
Lorsqu'en 1948 les Hollandais lancent leur seconde "action de police", c'est-à-dire opération militaire contre la république, ils prennent la capitale, Yogyakarta et les principales villes de Java et Sumatra. Le territoire de la république d'Indonésie est bientôt réduit à Aceh.
Le conflit prend fin en 1949 avec le transfert de souveraineté du royaume des Pays-Bas à une « république des États-Unis d'Indonésie ». Aceh y obtient le statut de province autonome. Mais en 1950, la province est fusionnée avec celle de Sumatra du Nord. Cet acte accroît le mécontentement de la PUSA, qui voyait déjà d'un mauvais œil le caractère non-islamique de la république d'Indonésie.
En 1953, Daud Beureu'eh rejoint la rébellion du Darul Islam, un mouvement séparatiste né dans l'ouest de Java en 1949, qui réclame la création d'un État islamique en Indonésie. Daud Beureueh accepte finalement un cessez-le-feu en 1957 avec le gouvernement, alors que le mouvement du Darul Islam se poursuit. Des discussions sont entamées pour trouver une solution aux revendications des Acehnais. En 1959, le gouvernement indonésien accorde un statut spécial à la province d'Aceh, qui obtient l'autonomie dans les domaines de la religion, du droit coutumier et de l'éducation.
En 1966, après la prise de pouvoir de Soeharto (marquée par le massacre de centaines de milliers voire de millions de personnes), la loi islamique (charia) est progressivement interdite. En 1968, la dictature rejette la demande faite par les Acehnais de pouvoir implémenter les peines prescrites (hudud). En 1974, la loi islamique (charia) est formellement interdite. Les pengadilan agama, tribunaux religieux créés en 1989 dépendent directement du ministère des Affaires religieuses (en), qui unifie le droit musulman dans tout le pays[6].
En 1967, des musulmans attaquent des églises chrétiennes en Aceh. Ce sont les premiers incidents anti-chrétiens sérieux du nouveau régime de Soeharto.
Origines
Selon Al Yassa Abubakar, juriste acehnais et directeur du Dinas Syarat Islam, considéré comme le père de la loi islamique à Aceh, la suppression de la cour chariatique (mahkamah syariyah) explique qu’en 1976 les habitants d’Aceh répondent en masse au premier appel du GAM (Gerakan Aceh Merdeka), Mouvement pour un Aceh libre[6].
Mais pour le groupe indépendantiste, il s’agit aussi de défendre les réserves de gaz naturel, découvertes cinq ans plus tôt, en 1971, par la société pétrolière américaine Mobil du champ de gaz géant d'Arun en 1971[6]. Une usine de liquéfaction du gaz est construite à Lhokseumawe. Le gaz naturel liquéfié est exporté au Japon. Puis une usine d'engrais est construite, également alimentée en gaz naturel. Ce développement industriel va bouleverser la vie des habitants, avec la dislocation de la famille traditionnelle, l'arrivée de travailleurs migrants, notamment de Java, la dégradation de l'environnement.
Mais surtout, l'appropriation des revenus du gaz par le gouvernement central, sans véritable retombée pour la population locale, crée un ressentiment. En 1976, le Mouvement pour un Aceh libre (Gerakan Aceh Merdeka) ou GAM est fondé, avec à sa tête Hasan Di Tiro, un descendant de Teungku Chik di Tiro (en), le dirigeant de la lutte contre les Hollandais à la fin du XIXe siècle. L'objectif de Hasan est la restauration du sultanat d'Aceh qui bâtirait sa prospérité sur le gaz d'Arun. Hasan avait participé en son temps au Darul Islam. Mais cette fois-ci, son objectif est de faire profiter la manne gazière, dont l'essentiel va au gouvernement central, au seul peuple d'Aceh.
Le GAM entreprend une série d'attaques contre des positions militaires et policières. En 1990, le gouvernement indonésien déclare Aceh daerah operasi militer (« zone d'opérations militaires »), ou DOM. L'armée envoie des troupes en Aceh. La répression organisée par le régime de Suharto fait 9 000 morts[7].
Le statut spécial
Avec la fin de la dictature en 1999, le gouvernement indonésien annonce l'introduction de la loi islamique (charia) en Aceh. Cette initiative venait du président de l'époque, B. J. Habibie. Il s'appuyait sur les recommandations de son conseiller pour le conflit en Aceh, Usman Hasan. La mesure étant particulièrement populaire, le gouvernement pensait pouvoir régler ainsi un conflit qui ensanglantait la province depuis 1976.
L'introduction partielle de la loi islamique, concrétisée par le code pénal de 2014 (en) (en partie en réaction au tsunami de 2004, vécu comme un châtiment divin venu sanctionner la baisse de foi des habitants), s'est d'emblée traduite par des campagnes pour la mise en place des symboles physiques de l'islam. Les femmes se virent intimer l'ordre de porter le djilbab (un voile répondant aux standards de pudeur musulmans) dans l'espace public et une police de la loi islamique (polisi syariah) fut créée[8]. En la première bastonnade d'homosexuels eut lieu à Banda Aceh[9]. Cependant, en , après la défaite électorale de la maire Illiza Sa'aduddin Djamal « connue pour être une fanatique de la bastonnade », certains musulmans (comme le vice-gouverneur Nova Iriansyah[10]) prônent certains aménagements, comme le fait de ne plus infliger les châtiments corporels en public[11].
Outre certaines pratiques considérées comme homosexuelles (par exemple la sodomie), les infractions relevant de la législation chariatique (appelée localement Kanun Jinayat) sont les suivantes : le fait de consommer, de transporter ou de produire de l'alcool, le jeu de hasard (ou maisir (en)), l'adultère (ou zina), le viol et le harcèlement sexuel.
En mars 2018, le bureau à la loi islamique et aux droits humains d'Aceh a commencé à mener des recherches et à consulter l'opinion publique (très importante lorsqu'il s'agit de faire des réformes chariatiques) en vue d'introduire la peine de mort par décapitation pour punir des crimes aussi graves que le meurtre[12]. Dix ans plus tôt, une tentative d'introduire la lapidation ou Rajm (faisant partie intégrante du corpus chaféite) avait échoué parce que le gouverneur de l'époque, Irwandi Yusuf (en) (un vétérinaire formé aux États-Unis connu pour ses points de vue laïcs[13]) y avait posé son veto (la mesure ayant déjà été débattue et votée en aval par le parlement provincial)[14], arguant qu'une telle mesure perturberait la paix local et ferait fuir les investisseurs internationaux[15].
Population, langues et cultures
La majorité de la population de la province d'Aceh est constituée par le groupe du même nom. C'est une ethnie matriarcale, accueillante et religieusement conservatrice, généralement perçue comme détentrice et garante du savoir islamique authentique en Indonésie. Traditionnellement, ses activités sont centrés autour de l'agriculture, de la métallurgie et du tissage.
La langue aceh appartient à un groupe dit « chamique » du rameau malayo-sumbawien de la branche malayo-polynésienne de la famille des langues austronésiennes. Cela veut dire que la langue d'Aceh est plus proche du cham, parlé au Viêt Nam et au Cambodge, que des autres langues de Sumatra. Certains linguistes y distinguent un substrat austroasiatique, notamment dans le vocabulaire.
Dans les hautes terres du Sud d'Aceh habitent les Gayo, dont la langue forme à elle seule un groupe de la branche malayo-polynésienne des langues austronésiennes.
L'indonésien est parlé par 86 % de la population, avec la scolarisation obligatoire. L'anglais est parlé par une partie de l'élite, et dans le secteur du tourisme.
Tourisme
Sur l'île de Weh se trouve la petite ville et le port de Sabang, où à l'époque de la marine à vapeur, les bateaux venaient se ravitailler en charbon. À Sabang sont enterrés deux marins français, qui étaient parmi les trente-six survivants du naufrage du contre-torpilleur Le Mousquet, coulé en 1914 par le croiseur allemand Emden lors du combat de Penang au large de l'île de Penang en Malaisie. Leur tombe commune est l’objet d’un entretien régulier par le gouvernement français.
Weh est la plus grande d'un groupe d'îles parmi lesquelles on trouve Klah, Rubiah, Seulako et Rondo. Leur superficie totale est de 154 km2. Rubiah, un îlot d'à peine 17 hectares, était un lieu de quarantaine pour les pèlerins qui revenaient de La Mecque à l'époque des voyages en bateau. L'îlot possède des récifs de coraux.
À environ trente km de la côte de Sumatra, au nord de l'île de Nias, se trouvent les îles Banyak (« nombreuses »), un archipel de soixante petites îles qui font administrativement partie de la province. Leur superficie totale est de 319 km2. Les plus grandes de ces îles sont Tuanku et Bangkaru.
Une activité touristique s'est développée à Aceh autour de la mémoire du tsunami, notamment le Musée du tsunami et un bateau de pêche que les vagues du tsunami avaient projeté sur les toits de maisons à plusieurs kilomètres de la mer, et qui avait sauvé la vie à 59 personnes qui avaient pu se hisser dessus. Des anciens rebelles du Mouvement pour un Aceh libre (GAM) font également visiter leurs anciens camps. En 2013, 1,2 million de touristes, dont 42 000 étrangers, ont visité la province, qui reste soumise à l'observance de la charî'a[16].
Notes et références
- Aris Ananta, Evi Nurvidya Arifin, M. Sairi Hasbullah, Nur Budi Handayani et dan Agus Pramono, Demography of Indonesia's Ethnicity, Institute of Southeast Asian Studies dan BPS – Statistics Indonesia,
- Penduduk Menurut Wilayah dan Agama yang Dianut - Provinsi Aceh
- (en) « Former rebel Irwandi Yusuf wins Aceh election for governor », People's Daily, (consulté le )
- (en) « Indonesia agrees Aceh peace deal », BBC News, (consulté le )
- Souza, R., Bernatsky, S., Ryes, R., Jong, K. (2007). "Mental Health Status of Vulnerable Tsunami-Affected Communities: A Survey in Aceh Province, Indonesia". Journal of Traumatic Stress. 20(3), 263–269
- Agnès de Feo, Aceh, une charia de complaisance, dans Les Cahiers de l'Orient, n°92, 2008
- « Suharto, le dictateur canonisé », Le Monde diplomatique, (lire en ligne, consulté le )
- Kamaruzzaman, "Women and syariah in Aceh", Inside Indonesia, juillet-septembre 2004
- BBC, Indonesian men caned for gay sex in Aceh, 2017-05-23.
- (en) Henry Holloway, « Child rapist collapses as he’s caned 52 times before cheering crowd after being sentenced to 169 lashes », sur TheSun.ie, (consulté le )
- Bruno Philip, « En Indonésie, une province sous l’emprise de la charia », Le Monde, (consulté le )
- (en) « Indonesian province considers beheading as murder punishment », sur TheGuardian.com, (consulté le )
- (en) Stephen Fitzpatrick, « Aceh to allow stoning to death », The Australian, (consulté le )
- (en) Moch Nur Ichwan, « Official Ulema and the Politics of Re-Islamization: The Majelis Permusyawaratan Ulama, Sharīʿatization and Contested Authority in Post-New Order Aceh », Journal of Islamic Studies, vol. 22, no 2, , p. 183–214 (ISSN 0955-2340, DOI 10.1093/jis/etr026, lire en ligne, consulté le )
- (en) Mohammad Hashim Kamali, Crime and Punishment in Islamic Law: A Fresh Interpretation, New York, Oxford University Press, , 464 p. (ISBN 9780190910648 et 019091064X, lire en ligne), p. 280
- Marue Dhumières, « Dans la province d'Aceh, le tourisme inattendu », slate.fr, (consulté le )
Voir aussi
Bibliographie
- Anonyme, Histoire des rois de Pasey (Hikayat Raja Pasai), traduction d'Aristide Marre (1823-1918), Anacharsis, 2004
- Feillard, Andrée et Rémy Madinier, La Fin de l'innocence ? L'islam indonésien face à la tentation radicale de 1967 à nos jours, Les Indes savantes, 2006
- Ricklefs, M. C., A History of Modern Indonesia since c. 1300 (2e édition), 1993
- Agnès De Féo, Aceh, une charia de complaisance, dans Les Cahiers de l'Orient, n°92, 2008
Article connexe
Lien externe
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