Astérix chez les Helvètes

Astérix chez les Helvètes est le seizième album de la série de bande dessinée Astérix de René Goscinny (scénario) et Albert Uderzo (dessin), prépublié dans Pilote du no 557 (9 juillet 1970) au no 578 (3 décembre 1970) et publié en album en 1970. Le tirage original est de 1 200 000 exemplaires.

Astérix chez les Helvètes
16e album de la série Astérix

René Goscinny tenant un exemplaire de l'album en 1971.

Scénario René Goscinny
Dessin Albert Uderzo

Personnages principaux Astérix, Obélix
Lieu de l’action Armorique
Helvétie

Éditeur Dargaud
ISBN 2-01-210148-8
Nb. de pages 48

Prépublication 1970
Albums de la série

Synopsis

Le contrôleur d’impôts romain Claudius Malosinus a été empoisonné par le gouverneur corrompu de Condate (Rennes), lequel veut pouvoir continuer ses orgies et ses détournements des impôts récoltés pour Rome. Malosinus envoie un légionnaire demander le secours de Panoramix, lequel a besoin d'un edelweiss (étoile d'argent) afin de préparer la potion qui permettra de le soigner. Astérix et Obélix partent cueillir cette fleur rare en Helvétie. Mais le gouverneur fait appel à son confrère de Genava (Genève) pour leur barrer la route. Heureusement Astérix et Obélix peuvent compter sur l'aubergiste helvète Petisuix et un coffre-fort de la banque de Zurix, dans lequel ils passent la nuit à l'abri des recherches romaines. Le lendemain, les Gaulois traversent le lac pour escalader avec des vétérans helvètes la montagne afin d'y trouver la fleur. La mission accomplie, Astérix et Obélix reviennent au village pour guérir Malosinus. Ce dernier rétabli est invité au banquet final (une première pour un Romain) avant d'aller éplucher les comptes (très mal tenus) des deux gouverneurs corrompus.

Villes et lieux

Villes et lieux traversés

Villes et lieux évoqués

Personnages importants

  • Astérix. Comme toujours celui qui sauve la situation.
  • Obélix. Dans cet album, Astérix ne peut pas compter sur l'entière disponibilité d'Obélix, ivre mort des pages 40 à 47. Il ne verra donc aucune montagne et déclarera à la fin de l'album que l'Helvétie est un pays plat.
  • Panoramix. Le druide doit préparer une potion pour sauver le questeur romain empoisonné.
  • Abraracourcix. Le chef vient de limoger ses porteurs qui seront remplacés au pied levé par Astérix et Obélix puis par Cétautomatix et Agecanonix.
  • Petisuix. Propriétaire consciencieux de l'Auberge du lac au bord du lacus lemanus (lac Léman), il est obligé de salir sa propre auberge pour protéger les Gaulois. Il crie « coucou » pour prévenir qu'il est l'heure de retourner les sabliers des clients.
  • Claudius Malosinus. Questeur romain empoisonné qui trouve refuge dans le village gaulois et est confié aux bons soins de Panoramix. Il est le premier romain à participer au banquet final.

Explication des gags et allusions

  • Les festins présentés parodient ceux de Trimalcion dans le Satyricon, l'adaptation cinématographique de Federico Fellini de l'œuvre de l'auteur latin Pétrone, le Satyricon. On peut remarquer l'acteur Martin Potter, l'acteur blond qui joue le rôle d'Encolpe. Par ailleurs, le gouverneur de Condate, Garovirus, mentionne le nom du traiteur ayant organisé la première orgie : Fellinus (p. 7)
  • Astérix et Obélix s'arrêtent à un restoroute (restovoie) dont le panneau du représente deux mains poisseuses croisées. Il parodie le panneau actuel, signalant la présence de restaurant par une fourchette et un couteau croisés, tandis qu'à l'époque, on mangeait avec les mains (p. 18).
  • Pour se rendre en Helvétie, les Gaulois profitent du nouveau réseau de charovoies (autoroute) et s'arrêtent se reposer dans des charotels (motels) comportant autant d'écuries que de chambres. C'est une allusion au développement du réseau autoroutier que connaît la France à l'époque de la création de l'aventure, avec son lot de services proposés (p. 19).
  • Durant l'orgie de fondue organisée par le gouverneur romain, le principe des gages pour qui fait tomber son bout de pain dans la marmite est repris de manière humoristique. Ainsi, le maladroit reçoit cinq coups de bâton la première fois, vingt coups de fouets la seconde et finit jeté dans le Lacus Lemanus à la troisième. Aussi sévères que soient ces gages, tous les participants à la fondue les tiennent comme de joyeux divertissements, y compris celui qui les subit (à partir de la p. 19).
  • Dans la parodie de station service, la roue du char des héros est réparée par Antarix qui est un clin d'œil à Antar rachetée par Elf ; dans la version anglaise de l'album, il est représenté par Bibendum, la mascotte de Michelin (p. 20).
  • En bons satiristes, Uderzo et Goscinny font allusion à la légendaire propreté des Suisses. Ainsi, la poubelle (marquée « Détritus ») juste à côté du panneau frontière, lequel est parfaitement propre du côté helvète (p. 21).
  • Les Helvètes racontent que le pont de Genève a été détruit par Jules César et qu'il vient d'être reconstruit. C'est une référence à la Guerre des Gaules (I, 7), où César ordonne la destruction de ce pont (A partir de la p. 25).
  • Les auteurs, fidèles à leur principe de tourner en dérision les stéréotypes nationaux, nous livrent une image d'Épinal de la géographie suisse, avec ses idylliques montagnes (ici les Alpes suisses), dominant un champ et un des nombreux lacs que compte le pays. Son folklore est d'ailleurs repris jusque dans l'intérieur de l'auberge, évoquant les chalets, avec la décoration figurant la faune et la flore typiquement montagnarde : peau de vache rouge et blanche accrochée au mur, arrières de lits en forme de sapins... (p. 26).
  • Les pendules à coucou, pourtant d'origine de la Forêt-Noire en Allemagne, et la précision suisse sont la source du running gag où l'aubergiste crie « coucou » à ses clients afin qu'ils retournent leur sablier. De nombreux sabliers et clepsydres sont d'ailleurs en vente dans les multiples boutiques, témoignant de l'importance symbolique de l'horlogerie en Suisse qui ne pèse pourtant que 1,5% du PIB suisse mais qui représente 45% dans la valeur de toutes les exportations horlogères dans le monde[1] (p. 26).
  • Le banquier se nomme Zurix, pour Zurich, ville célèbre pour ses banques. Lorsque celui-ci cache les héros dans un de ses coffres, il est plusieurs fois fait allusion au fameux secret bancaire suisse, ainsi qu'aux procédures bancaires (p. 28).
  • Le nom de Petisuix est une référence au petit-suisse, sorte de fromage frais. Contrairement à ce que son nom indique, ce produit a été créé en Normandie et fut amélioré grâce à la suggestion d'un employé vacher de nationalité suisse (p. 28).
  • Lorsque Astérix et Obélix se font remettre des arcs et des flèches, leur guide leur explique qu’en Helvétie, ils font des manœuvres une fois par an avec des armes de service qu'ils doivent conserver chez eux. Les auteurs font ici référence au service militaire et à l'armée de milice (p. 29 case 8).
  • Lorsque Petisuix vient chercher les héros dans leur coffre de la banque de Zurix, ce dernier dit « Ce sont des raisons comme celle-là qui vous poussent à la neutralité ». C'est une allusion au statut de neutralité perpétuelle de la Suisse, instauré par le Congrès de Vienne de 1815 (p. 33).
  • Les Gaulois font un détour par la « Conférence internationale des chefs de tribus », clin d'œil au siège européen des Nations unies à Genève (p. 34) ou à la Société des Nations (p. 35).
  • Les célèbres chants alpins (appelés Yodel) sont mentionnés lorsqu'un groupe d'anciens combattants accepte d'aider les deux héros. Pour contrer les Romains, ils se servent autant de la potion magique que leur donne Astérix que de ces chants qui paralysent les Romains (p. 37).
  • Une séquence fait apparaître Guillaume Tell et la pomme posée sur la tête de son fils (p. 39).
  • Un autre stéréotype suisse est évoqué : Obélix accélère la fête des Helvètes, qu'il trouve trop lents, en avalant la marmite de fondue et le tonneau de vin blanc. Ceux-ci soulignent d'ailleurs que les Gaulois font toujours tout trop vite, selon eux (p. 40).
  • Afin de pouvoir amener Obélix, ivre mort, en haut de la montagne, Astérix et quelques Helvètes se relient à lui avec une corde et le tirent lors de l'escalade. C'est une allusion humoristique à la cordée, pratique encore utilisée de nos jours en alpinisme pour sécuriser l'escalade en groupe (p. 41).
  • Il est aussi fait référence à la Croix-Rouge : lors de ce combat entre les Romains et les Helvètes, l'un d'eux, après avoir presque assommé un Romain, le soigne en disant « C'est une vocation : nous secourons tous les belligérants quelle que soit leur nationalité... » (p. 43).
  • En redescendant de la montagne, Astérix tire toujours son compagnon à l'aide d'une corde (seul, cette fois). Mais à cause de la pente, il tombe et se retrouve à faire de la luge sur son ami, découvrant les joies des sports d'hiver. Ce type de sport est historiquement très répandu en Suisse, comme à Saint-Moritz, une des plus anciennes stations de sports d'hiver au monde (p. 46).
  • C'est le premier album où un Romain participe au banquet final. Le questeur Malosinus, sauvé par les Gaulois est invité par Abraracourcix, qui lui dit qu'il était chez eux « leur hôte et non pas leur otage » (p. 48).

Citations latines

  • Major e longinquo reverentia : De loin, l'admiration est plus grande
  • Nunc est bibendum : C'est maintenant qu'il faut boire

Autour de l'album

  • Selon Uderzo lui-même, c'est Georges Pompidou qui aurait suggéré aux auteurs de faire se dérouler le prochain album des aventures d'Astérix chez les Helvètes (« Nous n’avions pas osé envoyer nos albums au général De Gaulle, mais, ensuite, avec Georges Pompidou, on a osé. Il nous répondait à chaque fois très gentiment. J’ai d’ailleurs toujours gardé une carte où il nous félicite de ce que nous avons fait, et nous incite à lancer maintenant Astérix chez les Helvètes… Nous n’avons pas réalisé cet album tout de suite, pour ne pas lui faire croire que c’était son idée qui avait fait du chemin. On a sa dignité, dans la BD ! »[2],[3]). L'album fut publié en 1970 alors que Georges Pompidou avait, entre-temps, été élu président de la République.
  • Toujours selon Uderzo, des Suisses ont amicalement signalé aux auteurs « qu'il n'y avait pas que des coffres-forts en Helvétie actuelle. Il y a aussi le chocolat ». Sauf qu'ils n'avaient pas trouvé d'idée marrante sur le sujet[4].

Notes et références

  1. L'horlogerie, une mine d'or pour quatre cantons romands dont Genève, La Tribune de Genève, Jean-Marc Corset, 16 avril 2013.
  2. Carine Picaud (dir.) et al., Astérix de A à Z, Paris, Hazan et Bibliothèque nationale de France, , 210 p. (ISBN 978-2-7541-0715-0 et 978-2-7177-2547-6, présentation en ligne), p. 65-66.
  3. « Les Aventures d'Astérix le Gaulois - Album 16 - Astérix chez les Helvètes » (consulté le ).
  4. Olivier Andrieu, Le livre d'Astérix le Gaulois, Les Éditions Albert René,
  • Portail des années 1970
  • Portail d'Astérix
  • Portail de la Suisse
Cet article est issu de Wikipedia. Le texte est sous licence Creative Commons - Attribution - Partage dans les Mêmes. Des conditions supplémentaires peuvent s'appliquer aux fichiers multimédias.