Astérix chez les Belges

Astérix chez les Belges est un album de bande dessinée de la série Astérix de René Goscinny et Albert Uderzo publié en 1979.

Astérix chez les Belges
24e album de la série Astérix

Scénario René Goscinny
Dessin Albert Uderzo

Personnages principaux Astérix
Obélix
Lieu de l’action Armorique
Gaule Belgique

Éditeur Dargaud
Collection Astérix
Première publication 1979
ISBN 2-205-01150-2
Nb. de pages 48
Albums de la série

Cet album est le dernier de la série écrit par René Goscinny, mort pendant la réalisation de la BD. Il restait huit pages à Uderzo lorsque le scénariste est mort. Pour lui dire au revoir, Uderzo a dessiné dans la dernière case un petit lapin qui part en pleurant. C'est un clin d'œil au fait que Goscinny appelait couramment son épouse « mon lapaing » (avec l'accent niçois de son épouse).

La BD, également publiée en feuilleton dans le quotidien du soir Le Monde[1], a été tirée originellement à 1 500 000 exemplaires.

Synopsis

Les Romains du camp retranché de Laudanum, revenus traumatisés d’une campagne en Belgique, apprennent aux villageois que Jules César lui-même a décrit les Belges comme étant les plus braves de tous les peuples de la Gaule. Abraracourcix, outré, décide d’aller voir lui-même ce qu’il en est et défendre la réputation des Gaulois. Astérix, Obélix et Idéfix l’escortent avec peu d’enthousiasme.

Arrivés en Belgique, les Gaulois font la connaissance d’une tribu belge et décident d’organiser un concours arbitré par César lui-même : qui des trois Gaulois et de la tribu belge détruira le plus de camps romains dans la région.

César, critiqué par le Sénat à Rome pour sa campagne qui prend du plomb dans l’aile, se rend en Belgique où il apprend le concours entre Gaulois et Belges. Vexé, il planifie une attaque sur la plaine pour défaire les Belges une fois pour toutes. Durant la bataille en effet, l'armée de César prend l'ascendant sur ses adversaires qui commencent à replier, mais l'intervention des trois Gaulois changent le cours de la bataille (durant laquelle les pirates ayant échoué près de la côte non loin de là sont témoins et s'enfuient). Avant de rentrer à Rome, César livre son verdict pour le concours : les Gaulois et les Belges sont aussi fous les uns que les autres. Ainsi, les banquets finaux belges et gaulois ont lieu pour fêter cela.

Inspiration

La citation provoquant l'histoire de l'album (« De tous les peuples de la Gaule, les Belges sont les plus braves. ») est réellement extraite des Commentaires sur la Guerre des Gaules, quoique citée de façon incomplète.

Clins d’œil

  • La réplique du chef belge « Bellovaques, Suessions, Éburons, Atuatuques, Nerviens, Ceutrons, Grudii, Lévaques, Pleumoxii, Geidumnes, Ménapiens sont nos prénoms, Belge est notre nom de famille. » (p10-c5) est une allusion à un poème d'Antoine Clesse : « Flamands, Wallons, / Ce ne sont là que des prénoms, / Belge est notre nom de famille ! »
  • La réplique du chef belge « Après des semaines et des semaines d'esclavage, on a décidé qu'on ne savait plus supporter ! » (p10-c6) est une allusion à une version des paroles de La Brabançonne, l'hymne national belge (« Après des siècles d'esclavage […] »).
  • Le légionnaire Trottemenus qui se présente (p. 19) est de la 1re légion, 3e cohorte, 2e manipule, 1re centurie, comme le duo dans Astérix légionnaire.
  • Quand Astérix, Obélix et le chef de clan Abraracourcix marchent à travers « le Plat Pays », Abraracourcix fait un commentaire sur le paysage. Le chef belge Gueuselambix répond : « Dans ce plat pays qui est le mien, nous n'avons que des oppidums pour uniques montagnes » (p. 16-c3). Ceci est une référence à la chanson Le Plat Pays, dans laquelle Jacques Brel chante « Avec des cathédrales pour uniques montagnes ». Ce détail n'apparaît pas dans les traductions de l'album en langues étrangères.
  • Les villageois belges ont deux chefs issus de deux tribus différentes, ce qui est un clin d’œil au problème de langue entre néerlandophones et francophones. Ainsi, lors d'un banquet, les deux chefs belges se disputent un morceau de langue de sanglier, ce qui fait dire à Nicotine : « Il y a toujours un problème de langue entre ces deux castars là ! ». (p. 17-c9)
  • Dupond et Dupont apparaissent dans l’album, vêtus de tenues gauloises belges et annonçant l'arrivée de Jules César dans leur style propre : « Jules César est arrivé en Belgique. — Je dirais même plus : Cules Jésar est arrivé en Gelbique » (p. 27-c7-8). À noter que leurs phylactères sont faits dans le style des albums de Tintin et non dans le style des albums d’Astérix. Il s'agit d'un clin d'œil destiné à Hergé, l'auteur de Tintin, qui a dessiné dans son album Tintin et les Picaros (paru en 1976) un personnage déguisé en Astérix pendant le carnaval du San Theodoros[2].
  • Le grand dessin du banquet au village belge à la fin de l’album est un pastiche du célèbre tableau de Pieter Brueghel l'Ancien (qui est d’ailleurs remercié) Le Repas de noce, localisé au Musée d'Art et d'Histoire de Vienne.
  • La bataille finale parodie le déroulement de la bataille de Waterloo, telle que la raconte Victor Hugo dans Les Châtiments. C’est plutôt une paraphrase de son poème L’Expiation et de ses vers célèbres : « Waterloo ! Waterloo ! Waterloo ! morne plaine ! », détourné en « Waterzooie ! Waterzooie ! Waterzooie ! Morne plat ! » (le waterzooï est un plat belge). D’où la petite note sur la page de garde de l’album remerciant ses confrères, Brueghel l’Ancien et Victor Hugo. Enfin, quand César prend Astérix pour son subordonné Wolfgangamadeus, c'est une allusion au fait que durant la bataille de Waterloo, Napoléon prit le Prussien Blücher pour son maréchal Grouchy.
  • Quand Jules César décide de se rendre en Belgique, il quitte le Sénat en disant : « J'irai, je verrai, et je vaincrai. ». Ceci est une version au futur de sa phrase « Veni, vidi, vici. ». (p. 30-c8)
  • De nombreux belgicismes apparaissent dans les répliques de la version française : « Faites blinquer les cuivres. », « Donne une baise et tire ton plan… » ; On peut aussi noter le remplacement systématique du verbe pouvoir par le verbe savoir qui est un clin d'œil à l'emploi occasionnel de savoir pour exprimer une capacité par les Belges francophones ; Ex : p. 10-c6 « Après des semaines et des semaines d'esclavage, on a décidé qu'on ne savait plus supporter. », p. 28-c1 « ça tu ne sais pas savoir pourquoi il est venu », p41-c8 « Nous avons vaincu ! C'est le sauve qui sait général. ».
    • Quand Astérix propose à Gueuselambix, le premier chef du village belge, qu'Obélix et lui aillent voir Jules César pour lui proposer d'arbitrer le concours, Gueuselambix répond : « D'accord. D'après les renseignements qu'on vient de me donner, César a établi son quartier général à septante milles d'ici, environ. » (p. 32-c3). Ceci est un clin d'œil au fait que, contrairement aux Français, les Belges ne disent ni soixante-dix ni quatre-vingt-dix, mais plutôt septante et nonante[3].
    • En réponse à Gueuselambix qui invite les Gaulois pour dîner (p. 19-c7/8), Obélix remarque qu'ils dînent de bonne heure et demande à quelle heure ils déjeunent. La réponse du Belge Le matin en nous levant, fieu ! fait frapper Obélix son index contre son front, avec l'approbation du légionnaire Trottemenus. Là aussi, les Belges diffèrent des Français en nommant leurs repas du matin le déjeuner au lieu du petit déjeuner, du midi le dîner au lieu du déjeuner, et du soir le souper au lieu du dîner. À noter que les Suisses romands utilisent les mêmes termes pour les dizaines et les repas, mais que ça n'a pas été relevé lors du voyage en Helvétie.
  • Page 9 case 7 : Obélix rigole en se remémorant le moment où il a attaqué les Romains qui voulaient leur faire payer un péage pour utiliser la voie romaine. Il conclut son histoire en disant « Je crois que ça va leur prendre des siècles avant de recommencer un coup comme celui-là ». Il s'agit d'une allusion au péage autoroutier français.
  • À la recherche de tissu blanc pour faire un drapeau parlementaire, les héros rencontrent un enfant à qui ils demandent s'il y a une ville à proximité. Il leur répond qu'il n'y en a pas encore une et les amène chez ses parents, qui les invitent à manger des « brassicaes d'ici ». Comme expliqué plus tôt, le terme brassicae désigne les choux ; il s'agit donc des choux de Bruxelles, et la ville qui n'y est pas encore construite désigne donc la future Bruxelles.
  • Quand Astérix demande un tissu blanc, la femme, Amoniake, leur montre un ouvrage en dentelle. Ce tissu est une spécialité de plusieurs villes de Belgique : Bruxelles, Bruges, Binche (dentelle de Binche)...
  • Lorsqu'Astérix et Obélix partent de la maison du Belge qui leur a offert le drapeau blanc, le jeune garçon sort de la maison pour se « soulager ». Le père dit alors : « Je me demande si notre fils Manneken ne boit pas de la cervoise en cachette ». C'est une allusion au célèbre monument belge (localisé à Bruxelles, d'ailleurs) : le Manneken-Pis. On retrouvera la même allusion dans le film de 1976 Les Douze Travaux d'Astérix, avec le nom du cuisinier des Titans, Mannekenpix, qui se trouve être l'inventeur des frites.
  • La gastronomie belge est omniprésente dans l'histoire, jusque dans le nom d'un des deux chefs : Gueuselambix, par exemple est une référence à la gueuze, type de bière obtenue à partir de l'assemblage de bières lambic . Lorsque le chef belge découvre un Romain faisant bouillir de l'huile, il lui demande si c'est pour faire frire des pommes. Plus tard, en voyant le morceau de bois d'Obélix avec des moules accrochés, il imagine un plat à base de moules et de pommes frites, en référence aux fameuses moules-frites belges, bien que la pomme de terre ne sera découverte qu'au XVIe siècle.
  • Les Bruxellois ne disent pas « C'est » mais « Ça est ». De même, ils disent « On ne savait plus supporter » au lieu de « On ne pouvait plus supporter ». Cela fait référence à la façon de parler des Belges.

Caricatures

Locutions latines

  • Non licet omnibus adire Corinthum : Il n'est pas permis à tout le monde d'aller à Corinthe.
  • Ave Caesar morituri te salutant : Salut César, ceux qui vont mourir te saluent (Citation connue mais en réalité rarement utilisée : Ave César).

Notes et références

Annexes

Bibliographie

Lien externe

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