Anne de Lusignan
Anne de Lusignan dite aussi Anne de Chypre, née le à Nicosie et morte le à Genève est une femme d'État du XVe siècle, qui par son mariage avec Louis Ier de Savoie, devient duchesse de Savoie de 1433 jusqu'à sa mort.
Anne de Lusignan | |
Titre | |
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Duchesse de Savoie | |
– | |
Prédécesseur | Marie de Bourgogne |
Successeur | Yolande de France |
Biographie | |
Dynastie | Maison de Lusignan |
Date de naissance | |
Lieu de naissance | Nicosie |
Date de décès | (à 44 ans) |
Lieu de décès | Genève |
Père | Janus de Chypre |
Mère | Charlotte de Bourbon |
Conjoint | Louis Ier de Savoie |
Enfants | Amédée IX de Savoie Marie Louis de Genève Philippe II de Savoie Jean Marguerite de Savoie Pierre de Savoie Janus Charlotte de Savoie Aimone Jacques Agnès Jean-Louis de Savoie Marie Bonne de Savoie Jacques de Savoie Anne François de Savoie Jeanne |
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Biographie
Origines
Anne de Lusignan est la fille de Janus de Chypre, roi de Chypre, de Jérusalem et d'Arménie, et de Charlotte de Bourbon, fille de Jean Ier de Bourbon-La Marche .
Voyage de Nicosie à Chambéry
Anne de Lusignan voyagea par mer et terre, au départ de Nicosie à bord d'une galée savoyarde construite sur les chantiers de Villefranche et commandée par Simonino dal Pozzo. Le navire passa au large des îles Gazopolis et Lesina, avant une halte au port de Parenzo en Istrie. Puis Venise pour un repos de quelques jours dont Anne profitera pour visiter les splendeurs de la ville. Naples avec une courte halte et Nice où elle sera accueillie par la dame Nicole de Chissé qui sera chargée d'organiser son voyage terrestre, et Guillemette de Chissé qui deviendra sa dame d'honneur. Ce voyage long et pénible aura duré trois mois[1]. Anne de Lusignan est accompagnée à bord de sa galée par des ambassadeurs et chanceliers venus pour la préparation de l’expédition :Humbert de Savoie, le maréchal Manfred de Saluces chef militaire et ambassadeur, fidèle ami du duc Amédée VIII de Savoie.
Jour des noces
Douze gentilshommes pareillement montés, portant les armes de tous les domaines de la couronne : duchés d'Aoste et de Chablais, contés de Genevois, Diois et Valentinois, baronnies de Vaud et de Faucigny et les fiefs récemment acquis de Nice et de Verceil. Plusieurs trompettes et ménestrels jouent devant la table d'honneur et le duc Amédée VIII de Savoie leur accorde un don de deux cents florins d'or.
Nuit de noce
Le lit était béni pour écarter les maléfices qui pourraient compromettre la fécondité de l'union et les souillures de l'adultère.
Témoignage de son frère Jean II de Chypre
Votre futur époux sera Louis le second fils de Savoie qui succède à son frère. Il n’est pas de doute qu’il est charmant. Certes il aime la musique, les arts, la peinture et le dessin, mais ne passe pas pour être aussi fin politique, puisqu’il n’était pas destiné à régner…[5]
Témoignage de son père Janus de Chypre
Sais-tu… que les relations multiples ont tissé des liens fidèles entre notre maison et celle de Savoie. Le comte Amédée III de Savoie a combattu à Alexandrie (Égypte) sous les ordres de Pierre Ier de Lusignan roi de Chypre, lors de la croisade, il est mort à Nicosie en 1143 et enterré à Sainte Croix. Nous recevons régulièrement des missives de Savoie…[5]
Duchesse de Savoie
Louis Ier de Savoie, plus intéressé par la poésie que par la préoccupation de ses partisans et de ses vassaux, mais très amoureux de sa femme, laisse petit à petit le pouvoir à celle-ci, qui, nostalgique de son pays, organise de nombreuses réceptions avec les plus puissants seigneurs chypriotes. Pour se concilier l'entourage, elle décore les châteaux, organise des fêtes et offre des présents aux invités. Ceux-ci, convoitant les richesses de la région, écument le trésor de l’État, ce qui provoque une protestation vigoureuse chez les paysans et les nobles du pays de Vaud.
La beauté d’Anne de Lusignan ne peut empêcher le pillage de certaines provinces mais dit-on, le pays de Vaud, sous la protection du duc, sera ménagé. Elle sera accusée d'avoir dilapidé les joyaux et l'argenterie de la maison de Savoie, et les avoir offert à ses amants ou favoris chypriotes. Sans doute fut-elle bel et bien « une femme incapable d'obéir mariée à un homme incapable de commander ».
Pour juguler une partie de ses dettes, Anne de Lusignan doit par nécessité organiser un beau mariage pour une de ses filles, et une union avantageuse pour la maison de Savoie. Sa fille Charlotte âgée seulement de dix ans, épouse le le dauphin de France, futur Louis XI, qui réclamera faute de la dot promise, de nouveaux fiefs et s'emparera de plusieurs châteaux de la Bresse et plusieurs chefs-lieux du Pays de Vaud. Le Pays de Vaud est délégué au commissaire Amédée Ravier en 1456 à Moudon. Sa fille Agnès est aussi mariée à un prince français, François d'Orléans-Longueville, fils du « Bâtard d'Orléans » compagnon de Jeanne d'Arc.
On la disait jolie et vive comme sa mère, elle eut plusieurs amants avec une certaine complaisance de son mari, le plus fidèle d'entre eux, fut Jean de Compey, favori de la duchesse et seigneur de Thorens. En 1447, la commune de Monnetier-Mornex a été le lieu d’une tentative d’assassinat à l'encontre de Jean de Compey, qui faillit aboutir à une guerre entre la Savoie et le royaume de France.
Soutien à la religion
Pieuse, elle fera ériger la chapelle Sainte-Marie-de-Bethléem du couvent de Rive à Genève, les travaux seront confiés à maître Jean de Blany.
Le , Anne de Lusignan achète le Suaire de Turin à Jeanne de Charny en échange du château de Varambon. Plus tard, vers 1502, le pape Paul II autorisera Yolande de France à déposer la relique du Saint Suaire dans la chapelle du château de Chambéry dont il fera élever une tour au-dessus de la sacristie, comme symbole religieux.
Sa piété se révèle par le fait qu'un de ses fils a été reconnu bienheureux par l'Église et que trois autres devinrent évêques.
Mort et sépulture
Avant sa mort, elle règne encore sur la Savoie à la place de son époux Louis Ier de Savoie, ce dernier n'ayant pas les capacités suffisantes pour gouverner, en dépit de ses qualités religieuses. Toutefois, cela provoque un conflit dans le duché. En , leur fils Philippe de Bresse prend brutalement le pouvoir, redoutant que sa mère, également belle-mère de Louis XI, ne s'avise de rattacher la Savoie à la couronne de France. Elle meurt un mois plus tard à Genève[6], probablement de la tuberculose[réf. nécessaire].
Son corps est inhumé dans la chapelle de Sainte-Marie-de-Bethléem, dans l'ancienne église Saint-François de Genève[7]. Son mari meurt trois ans plus tard. Son corps est lui aussi déposé dans la chapelle[7].
Descendance
Louis Ier et Anne de Lusignan se marient le . Ils ont 16 enfants, voire 17 selon l'historiographe Samuel Guichenon ou 14 selon le site sabaudia.org[8]), dont 4 meurent en bas âge :
- Amédée IX, dit le Bienheureux (Thonon - Verceil ), il succède à son père aux titres de duc de Savoie, prince de Piémont, comte d'Aoste et de Maurienne. Il épouse Yolande de France, sœur de Louis XI de France ; d'où trois ducs de Savoie, et descendance chez les comtes de Laval et La Trémoille, les Bade-Hochberg-Neuchâtel puis les Orléans-Longueville-Neuchâtel[9] ;
- Marie (Morges - Thonon ), inhumée le à Hautecombe[10],[11] ;
- Louis de Genève (Genève - Ripaille ), comte de Genève et roi de Chypre ; épouse Annabelle d'Écosse puis Charlotte de Lusignan[12] ;
- Marguerite (Pignerol - Bruges ) ; mariée en 1458 à Jean IV (1413-1464), marquis de Montferrat, puis en 1466 à Pierre II de Luxembourg (1435-1482), comte de Saint-Pol, fils du connétable Louis ci-dessous ; d'où la succession des Luxembourg-St-Pol, dont Marie ci-dessous, avec des alliances Bourbon-Vendôme (Henri IV en descend) et Orléans-Longueville[13] ;
- Janus (Genève - Annecy ), comte de Genève[14] ;
- Charlotte (Chambéry - Amboise ) ; mariée en 1451 à Louis XI (1423-1483) ; mère de Charles VIII[15] ;
- Aymon ou Aimon (Genève - Genève )[16] ;
- Philippe II dit sans Terre (Thonon 29 novembre 1443 - Lémenc ), fait comte de Baugé puis héritier du titre de duc de Savoie, prince de Piémont, comte d'Aoste et de Maurienne ; d'où la suite des ducs de Savoie, et Louise mère de François Ier[17] ;
- Jacques (Genève - Genève ), inhumé en l'abbaye d'Hautecombe[11] (non indiqué par Guichenon) ;
- Agnès (1445-1508) ; épouse François d'Orléans-Longueville, fils de Jean de Dunois dit le bâtard d'Orléans ; d'où les ducs de Longueville[18] ;
- Pierre (Genève vers - Turin ), abbé de Saint-André-de-Vercel, puis fait évêque de Genève, puis archevêque de Tarentaise[19] ;
- Jean-Louis (Genève - Turin ), administrateur de l'évêché de Genève et administrateur de Tarentaise[20] ;
- Marie (Pignerol - ) ; mariée en 1466 au connétable Louis de Luxembourg (1418-1475), comte de Saint-Pol et de Ligny[21] (non indiquée par Guichenon) ;
- Bonne (Avilliana - Fossano ) ; mariée en 1468 à Galéas Marie Sforza (1444-1476), duc de Milan[22] ; d'où la suite des ducs de Milan[23] ;
- Jacques (Genève - Ham ), comte de Romont, seigneur de Vaud. Il fut l'époux de Marie de Luxembourg-St-Pol sa nièce[24] ;
- Anne (Genève - Genève )[25] ;
- François (Annecy - Turin ), archevêque d'Auch et administrateur de l'évêché de Genève[20] ;
- Jeanne (née 1455, décédée sans alliance[26]) ;
- François (1456-1458) (non indiquée par Guichenon).
Anecdote
- En 1432 dans sa dot, Anne de Lusignan amène de Chypre un cépage, qui est un des plus prolifiques actuellement en Savoie. Sa réputation sur le royaume savoyard se précise dès le XVIe siècle, par la production de vins blancs de Savoie appelé Roussette. La production actuelle de la Roussette se développe surtout sur le département de l'Ain. On distingue plusieurs AOC avec quatre crus principaux : la Roussette de Savoie cru Frangy, cru Marestel, cru Monterminod et cru Monthoux.
Voir aussi
Bibliographie
- Michèle Brocard, C. Marçais, Yolande de Savoie, duchesse de Savoie, Éditions Cabédita, 1994.
- Michèle Brocard, Catherine Marçais, "Anne de Chypre, duchesse de Savoie 1418-1462", Éditions Cabédita, 1994, 191 pages.
- Louis de Charrière, Les fiefs nobles de la baronnie de Cossonay, étude féodale, 1858
- Samuel Guichenon, Histoire généalogique de la royale maison de Savoie, justifiée par titres, fondations de monastères, manuscrits, anciens monuments, histoires et autres preuves authentiques. Livres 1-2 / ; enrichie de plusieurs portraits, sceaux, monnaies, sculptures et armoiries, Lyon, G. Barbier, , 1073 p. (lire en ligne).
- Abraham Ruchat, Histoire de la réformation de la Suisse, 1835
Articles connexes
- Maison de Lusignan
- Maison de Savoie
- Royaume de Chypre, Liste des rois de Chypre
- Royaume de Jérusalem, Liste des rois de Jérusalem
- Royaume arménien de Cilicie, Liste des souverains arméniens de Cilicie
- États latins d'Orient, Armorial d'Orient
- Histoire de la Savoie de 1416 à 1792
- Femmes de la maison de Savoie
Liens externes
- (fr) rootsweb Louis, duc de Savoie et baron de Vaud
- Dossiers sur le site des Archives départementales de la Savoie et de la Haute-Savoie - Sabaudia.org
- André Palluel-Guillard, « La Maison de Savoie » (consulté le ), dont André Palluel-Guillard, « Louis Ier » (consulté le )
- Guido Castelnuovo, « La Savoie au Moyen-Âge, 1032-1536 » (consulté le ). (8 pages et annexes)
Références
- Anne de Chypre, duchesse de Savoie, 1418-1462 par Michèle Brocard et Catherine Marçais : (ISBN 2-88295-118-3)
- Guide illustré du Musée des arts décoratifs, Paris, Palais du Louvre, 1923, p. 20, lire en ligne.
- Raimond Van Marle, Iconographie de l'art profane au Moyen-âge et à la Renaissance, et la décoration des demeures. La vie quotidienne, La Haye, M. Nijhoff, 1931-1932, p. 12, lire en ligne.
- (de) Anna Maria Cetto, « Der Berner Traian- und Herkinbald-Teppich », Jahrbuch des Bernischen Historischen Museums in Bern, 93-94 (1963-1964), 1966, p. 3-23. Article tiré à part : (de) Anna Maria Cetto, Der Berner Traian - und Herkinbald- Teppich, Berne, 1966, 230 p. (compte rendu dans Bulletin monumental, tome 128, no 2, 1970, p. 174, lire en ligne).
- Anne de Chypre : de Michèle Brocard
- P.-E. Martin, « Genève et la maison de Savoie », Bulletin de la Société d'histoire et d'archéologie de Genève, , p. 307 (lire en ligne)
- Paolo Cozzo, « Stratégie dynastique chez les Savoie: une ambition royale, XVI-XVIIIe siècle », dans Juliusz A. Chrościcki, Mark Hengerer, Gérard Sabatier, Les funérailles princières en Europe, XVIe – XVIIIe siècle : Volume I : Le grand théâtre de la mort, Les Editions de la MSH, , 412 p. (ISBN 978-2-73511-686-7, lire en ligne), p. 228-229 (Carte).
- APG, p. Louis Ier.
- Samuel Guichenon 1660, p. 522 (lire en ligne), p. 547-558 (lire en ligne).
- Samuel Guichenon 1660, p. 533-534 (lire en ligne).
- Bernard Andenmatten, Laurent Ripart, « Ultimes itinérances. Les sépultures des princes de la Maison de Savoie entre Moyen Âge et Renaissance », dans Agostino Paravicini Bagliani, Eva Pibiri et Denis Reynard (dir.), L’itinérance des seigneurs (XIVe – XVIe siècles). Actes du Colloque international de Lausanne et Romainmôtier, -, Lausanne, Université de Lausanne, (lire en ligne), p. 239.
- Samuel Guichenon 1660, p. 522 (lire en ligne), p. 536-546 (lire en ligne).
- Samuel Guichenon 1660, p. 529-531 (lire en ligne).
- Samuel Guichenon 1660, p. 522-526 (lire en ligne).
- Samuel Guichenon 1660, p. 531-532 (lire en ligne).
- Samuel Guichenon 1660, p. 528 (lire en ligne).
- Samuel Guichenon 1660, p. 528 (lire en ligne), p. 563-573 (lire en ligne).
- Samuel Guichenon 1660, p. 534-535 (lire en ligne).
- Samuel Guichenon 1660, p. 528-529 (lire en ligne).
- Samuel Guichenon 1660, p. 529 (lire en ligne).
- Par contrat du (Bibliothèque nationale, Fr.4330, fo 19), d'après Joseph Vaesen et Étienne Charavay, Lettres de Louis XI, t. II p. 228 note no 4, Librairie Renouard, Paris 1885.
- Par contrat du (Bibliothèque nationale, Fr.4330, fo 25), d'après Joseph Vaesen et Étienne Charavay, Lettres de Louis XI, t. II p. 228 note no 4, Librairie Renouard, Paris 1885.
- Samuel Guichenon 1660, p. 532-533 (lire en ligne).
- Samuel Guichenon 1660, p. 526-528 (lire en ligne).
- Samuel Guichenon 1660, p. 531 (lire en ligne).
- Samuel Guichenon 1660, p. 535 (lire en ligne).
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