Yolande de France
Yolande de France ou Yolande de Valois, née à Tours le , morte à Chambéry le , fut duchesse de Savoie, puis régente du duché pour son fils Philibert. Elle est la fille de Charles VII, roi de France, et de Marie d'Anjou.
Yolande de France | |
Yolande de France (à gauche) recevant du théologien Guillaume Fichet un exemplaire de son ouvrage Rhetorica, 1471. | |
Titre | |
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Duchesse de Savoie | |
– (7 ans, 2 mois et 1 jour) |
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Prédécesseur | Anne de Lusignan |
Successeur | Blanche de Montferrat |
Régente du duché de Savoie | |
– (6 ans, 4 mois et 24 jours) |
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Prédécesseur | Amédée IX |
Successeur | Philibert Ier |
Biographie | |
Dynastie | Maison capétienne de Valois |
Date de naissance | |
Lieu de naissance | Tours (Touraine) |
Date de décès | |
Lieu de décès | Chambéry (Savoie) |
Sépulture | Cathédrale de Verceil |
Père | Charles VII |
Mère | Marie d'Anjou |
Conjoint | Amédée IX de Savoie |
Enfants | Louis Anne Charles Philibert Ier Marie Louise Charles Ier Jacques Louis Jean-Claude Galléas |
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Biographie
Talent en tant que gouverneur
Son mari Amédée IX était peu disposé à gouverner ses États, étant de faible constitution, sujet à l'épilepsie et préférant s'adonner à la piété. Il laissa Yolande, vive et énergique, gouverner afin de mieux faire face aux barons savoyards en opposition ouverte. Veuve, elle assura la régence du duché jusqu'en 1478 au nom de son fils Philibert Ier.
Sa politique
Elle eut à faire face à l'ambition de Charles le Téméraire, duc de Bourgogne. Traditionnellement, les ducs de Savoie étaient alliés aux confédérés suisses[réf. nécessaire], mais la puissance montante du duc de Bourgogne laissait présager un fructueux accord. Elle pencha pour le Bourguignon[1], qui risquait en outre de la prendre en tenaille par un accord entre la Bourgogne et le Milanais ; son frère Louis XI de France chercha alors à la renverser et à instaurer Philippe de Bresse comme régent. Après les défaites du Téméraire à Grandson et Morat en 1476, elle partit rejoindre le duc de Bourgogne qui lui reprocha une alliance secrète avec la France. Au comble de la colère, Charles la fit enlever par son capitaine, Olivier de La Marche, et la garda prisonnière au château de Rouvres. Le jeune duc Philibert Ier de Savoie avait été caché dans un champ de blé par les fidèles de la duchesse, et il regagna Chambéry[2].
Libération de la duchesse
À la suite de la nouvelle, Louis XI dépêcha un certain nombre de troupes sur la frontière de Savoie. Finalement, le roi décida en d'expédier Charles Ier d'Amboise et deux cents lances, confidentiellement, car il fallait que la libération ne fût pas considérée comme rupture de la trêve avec Charles le Téméraire signé en 1475. Amboise, un des meilleurs diplomates et militants du roi, réussit à libérer la veuve et ses enfants le . Mais, officiellement, c'était Yolande qui avait personnellement demandé à Charles d'Amboise d'envoyer ses gens[3],[4]. Louis XI était tellement joyeux que sa sœur et les enfants furent invités auprès de lui[5]. Le , accompagnés par Amboise, ils arrivèrent au Plessis-du-Parc-lèz-Tours[6]. Louis XI les accueillit, en grande pompe ainsi que chaleureusement, à la porte du château, en lui disant « Madame de la Bourgongne, vous soiez la tres bien venue ». Elle lui répondit sagement qu'elle était une bonne Française et prête à obéir au roi en ce qu'il lui plairait de lui commander. Leur séjour ne dura qu'une semaine, car la duchesse comprenait excessivement ce que le roi pensait, et vice versa. Donc, si « tous deux furent bien joyeulx de departir l'ung de l'aultre » après avoir prêté ensemble le serment, « et sont demourez comme bon frere et bonne seur, jusques a la mort »[7].
Fondation des couvents de Clarisses
Elle fonde deux couvents de sœurs clarisses, l'un en 1464 à Chambéry et l'autre à Genève le , rue Verdaine. Ce dernier reste en place jusqu'à la Réforme, les religieuses quittent ensuite Genève pour Annecy.
Dès elle souffre de crises de goutte. Sa cour l'abandonne pour retourner à Chambéry, et elle meurt à Moncrivello. Elle est enterrée avec Amédée IX dans la cathédrale Saint-Eusèbe à Verceil[8].
Postérité
Au XVe siècle, l'influence du royaume de France sur la Savoie fut considérablement renforcée, à la suite de deux mariages royaux : celui de Yolande de France et d'Amédée IX suivi de celui de Louis XI et de Charlotte de Savoie choisie par le dauphin Louis lui-même.
Après le décès de Yolande en 1478, Louis XI soutint ses enfants, notamment leurs mariages selon ses vues politiques. Ainsi le roi réussit-il à contrôler étroitement, à la fin de son règne, la personne du jeune duc et les états de Savoie[9]. Par exemple, le roi maria Louise de Savoie avec Hugues de Chalon, seigneur de Château-Guyon, le [10].
La France annexa finalement la Savoie en 1860 par le traité de Turin.
Famille
Mariage et descendants
Elle épousa en 1452 Amédée IX (1435 † 1472), duc de Savoie, comte d'Aoste, prince du Piémont, et eut :
- Louis (1453 † 1453)
- Anne (1455 † 1480), son contrat du mariage avec Frédéric Ier (1452 † 1504), roi de Naples, fut signé le à la Lande, au diocèse de Chartres. Les célébrations auraient été effectuées plus tard[11].
- Charles (1456 † 1471), prince de Piémont
- Philibert Ier (1465 † 1482), duc de Savoie, comte d'Aoste et prince du Piémont
- Marie (ca.1463 † 1513) , mariée en 1476 avec Philippe, margrave de Bade-Sausenberg et comte de Neuchâtel (1454 † 1503 ; d'où la suite des princes de Neuchâtel), puis avec Jacques d'Assay, seigneur du Plessis
- Louise (1462 † 1503), mariée en 1479 avec Hugues de Chalon, seigneur d'Orbe († 1490) ; bienheureuse (1839)
- Bernard (1467 † 1467)
- Charles Ier (1468 † 1490), duc de Savoie, comte d'Aoste et prince du Piémont
- Jacques Louis (1470 † 1485), marquis de Gex
- Jean-Claude Galléas (1472 † 1472)
Ascendance
Hommage
En 2019 à Genève l'association l'Escouade dans le cadre du projet 100elles renomme temporairement une rue à son nom[12],[13],[14],[15].
Notes et références
- Lettres patentes de Louis XI, La Croix-Saint-Ouen, le 13 juin 1474, p. 14, l. 12 « la Duchesse de Savoye ».
- Jean Favier, Louis XI, p. 711-712, Fayard, Paris 2001.
- Jean Favier, Louis XI, p. 714, Fayard, Paris 2001.
- À vrai dire, Louis XI écrit au duc de Milan le 9 octobre 1476 : "...Mon frere, a ceste heure ay receu lettres de ma seur, madame de Savoye, qui est arrivee a Langres et s'est eschappee des mains du duc de Bourgogne. Elle avoit envoye devers le gouverneur de Champagne lui prier qu'il lui envoyast des gens, mais il y est alle en personne...". (Archives de Milan, Joseph Vaesen et Étienne Charavay, Lettres de Louis XI, tome VI, p. 92-93, Librairie Renouard, Paris 1898.
- La même date, « Mia sorella… Ve richiedo, amica mia, veneteve ben tosto. […] Scripta al Plassisso del Barcho a Torse, a di VIIII° octobris (1476). » (traduction contemporaine, Archives de Milan.) Joseph Vaesen et Étienne Charavay, Lettres de Louis XI, tome VI, p. 93-94, Librairie Renouard, Paris 1898.
- Paul Murray Kendall, Louis XI, p. 363, Fayard, Paris 1974.
- Philippe de Commynes, Mémoires Livre V chapitre IV, GF Flammarion p. 166-169 (bilingue), Paris 2007.
- « Yolande De FRANCE », sur 100 Elles* (consulté le )
- Henri Dubois, Louis XI, lettres choisies, p. 13-14. Introduction, Librairie Générale Française, Paris 1996.
- Joseph Vaesen et Étienne Charavay, Lettres de Louis XI, tome VIII, p. 43 note no 2 et p. 47, Paris 1903.
- Selon deux lettres de Louis XI, ordonnant au seigneur de Bouchage d'amener Anne de Savoie à Montrichard, auprès de la reine Charlotte de Savoie, le mariage y aurait été célébré, après Pâques en 1479 ou 1480. Car le roi avait été en Oise, en mars 1478. « Et, pour ce que la royne s'en est allee a Monstrerichart, je vous prie que lui menez ma niepce, laquelle la fera coucher avecques elle, ou en sa chambre. Dictes a la royne qu'elle se rende ycy mercredy d'apres Pasques... Escript au Plessis du Parc lez Tours, le XXIIIIe jour de mars. LOYS. GASSAULT. (secrétaire) » (Joseph Vaesen et Étienne Charavay, Lettres de Louis XI, tome VIII, p. 167-168, Librairie Renouard, Paris 1903, d'après Archives nationales, J 893, no 1). Louis XI avait constitué à sa nièce une dot de 12 000 livres de rente, hypothéquée sur les comtés de Roussillon et de Cerdagne à charge d'hommage (p. 163-164, note no 2).
- « Le collectif féministe “l'Escouade” rebaptise les artères de Genève », sur France 3 Auvergne-Rhône-Alpes (consulté le )
- Sylvia Revello, « Les rues genevoises en voie de féminisation », Le Temps, (ISSN 1423-3967, lire en ligne, consulté le )
- www 20minutes ch, 20 Minutes, 20 Min www.20min.ch, « Genève rebaptise 100 rues en l’honneur des femmes », sur 20 Minutes (consulté le )
- « Yolande De FRANCE », sur 100 Elles* (consulté le )
Voir aussi
Bibliographie complémentaire
- Michèle Brocard, Yolande de France, duchesse de Savoie : sœur de Louis XI, Yens sur Morges/Saint-Gingolph, Éditions Cabedita, 1999 (ISBN 2882952546 et 9782882952547).
- Nathalie Blancardi, Les petits princes. Enfance noble à la cour de Savoie (XVe siècle), Lausanne, Cahiers lausannois d’histoire médiévale, 2001 (ISBN 2940110417 et 9782940110414). Sur l'enfance de Yolande à la cour de Savoie où elle est élevée dès son plus jeune âge.
Articles connexes
Liens externes
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