Chronologie des faits économiques et sociaux dans les années 1890

Chronologie de l'économie

Années 1880 - Années 1890 - Années 1900
Années :
Décennies :
Siècles :
Millénaires :

Événements

Afrique

  • 1890-1891 : famine et épizootie de peste bovine en Afrique de l’Est. De 90 à 95 % du bétail est détruit.
  • 1890-1892 : épizootie au Ruanda et au Burundi.
  • 1895 : pression des colons blancs au Kenya pour obtenir de nouvelles terres après la création de la Compagnie britannique impériale d'Afrique de l'Est (Lord Delamere). En 1902, ils obtiennent le droit d'accéder aux hautes terres fertiles.
  • 1895-1899 : Dorothée Chellier, première femme médecin de l'Algérie coloniale, se voit confier par le gouverneur général d'Algérie Cambon quatre missions sur la santé des femmes « indigènes » dans les Aurès et en Kabylie et les moyens de l'améliorer[1].
  • 1897 :
    • premiers émigrants levantins en Guinée. Début de l’émigration de « Syriens », en réalité des Libanais, en Afrique occidentale[2] : 28 migrants en 1897, 1 100 en 1909, 3 000 environ en 1929. Ils réussissent dans le commerce de détail et de gros et dans l’artisanat.
    • la Belgique contrôle 74 % des exportations et 73 % des importations du Congo (3 % des exportations en 1888).
    • Un règlement foncier autorise les occupations de terre au Kenya pour une durée maximale de vingt et un ans. Mise en place de la hut tax au Kenya (1897 et 1902).
    • Sècheresse exceptionnelle au nord du Kenya et en Ouganda ; l’Omo est asséché. Famine au Karamoja, dans la région d’Arusha-Méru (1897-1900), au Kenya central (1897-1901), dans la région d’Handeni et au Bunyoro (1898-1900)[3].
  • 1898 : apparition de la maladie du sommeil (trypanosomiase), liée à la mouche tsé-tsé, dans le Niari (Congo), entre Brazzaville et l’océan[4], déclenchée par le passage répété des porteurs Loango. Elle se répand au Gabon, remonte le fleuve Congo pour atteindre en 1901 les alentours du lac Victoria, en Ouganda (250 000 morts en 1900-1905). Le futur Congo belge est atteint simultanément.
  • 1898-1901 : famine mugudya (errer à la recherche de vivres) au Busoga (Ouganda actuel[5]. Provoquée par la sécheresse et les mutineries de 1897 et leur répression, elle fait entre 40 000 et 60 000 morts.
  • 1899 : quarante concessions sont accordées de mars à juillet par le ministre des Colonies français Guillain[6]. Devant les bénéfices réalisés par les compagnies belges au Congo, les Français veulent les imiter. Le ministère des Colonies reçoit 119 demandes de concessions, définies comme « entreprises de colonisation ». En un an, quarante sociétés se partagent 70 % du territoire : par exemple, la Compagnie des sultanats du Haut-Oubangui reçoit une concession de 140 900 km2.


États-Unis

  • 3 700 000 immigrants entre 1890 et 1899.
  • 33 % des habitants vivent dans des villes.
  • Production de 4 millions de tonnes d’acier.
  • Charles Dow et Eddie Jones, font la promotion de l'industrie à Wall Street.
  • Quinze trusts se sont constitués depuis 1882 (whisky, sucre, huile de lin, plomb, etc.)
  • Le nombre de brevet déposés a plus que quintuplé depuis 1860 (de moins de 5000 à plus de 25 000).
  • Mouvement des Alliances de fermiers : la Southern Alliance réunit trois millions d’adhérents autour du « subtreasury plan » (création d’entrepôts gouvernementaux chargé de stocker les productions non périssables et de prêter jusqu’aux 4/5 de leur valeur à 1 % d’intérêt aux fermiers) ; la Northwestern Alliance compte deux millions de militants.

Amérique latine

  • 1887 - 1891 : le volume de monnaie en circulation au Brésil fait plus que doubler, ce qui provoque un brève période de spéculation, l’encilhamento.
  • 1892 : São Paulo et Rio de Janeiro produisent chacune 3 700 000 sacs de café. Les prix ont doublé depuis 1887.
  • 1895 : Cuba connait une crise économique partiellement provoquée par la décision des États-Unis de taxer à nouveau les importations de sucre. Elle déclenche une rébellion des patriotes cubains contre la tutelle espagnole.


  • Chute des cours de l’argent. La production décline en Bolivie. L’étain prend la place de l’argent dans le commerce extérieur du pays après la découverte des gisements de la montagne de Catavi.
  • La République du Brésil favorise l’industrie. Le ministère de l’agriculture devient ministère de l’industrie. Un nouveau tarif douanier augmente de 60 % les droits sur 300 articles différents d’importation et abaisse les droits d’entrée sur certaines matières premières.
  • Le café représente 70 % des exportations colombiennes.

Asie

  • 1896 : la Russie obtient la concession d’une voie ferrée en Mandchourie.
  • 1896-1898 : famine en Inde[7].
  • 1896-1918 : grande épidémie de peste en Inde qui coûte la vie à plus de dix millions d’indiens.
  • 1897 : les musulmans crétois affluent en nombre en Anatolie après que la Crète ait obtenu un statut d’autonomie au lendemain de la guerre gréco-turque (traité de Constantinople du 4 décembre).
  • 1899-1900 : famine dans le Nord de l’Inde, qui touche 59 millions de personnes[8].


  • Apparition d’un prolétariat ouvrier dans les principales villes de l’Empire ottoman. Des changements sociaux profonds s’opèrent dans les grandes villes comme Constantinople, Salonique et Smyrne où se développent les manufactures de textile, de tabac ou de produits alimentaires. Créée à Constantinople en 1894-1895, l’Association des travailleurs ottomans se dote d’une caisse d’entraide[9].
  • Développement de la culture du coton par les Russes au Turkestan.
  • La production d’hévéa, introduite clandestinement en 1876 en Malaisie, se développe en Indonésie et en Malaisie, à la suite de l’invention des pneumatiques.
  • Inauguration du complexe sidérurgique moderne du Hanyang en Chine.
  • Modernisation de l’industrie textile au Japon. Progression du commerce extérieur vers la Chine (cotonnades) et les États-Unis (soie). Essor de l’industrie lourde après 1894.

Europe

  • 1890 :
    • Loi d’industrialisation en Autriche-Hongrie.
    • Royaume-Uni : le Trades Union Congress compte 1,5 million de membres avec l’arrivée des travailleurs non qualifiés depuis 1880 nouvel unionisme »).
    • Réduction de la journée de travail à 10 heures en Espagne.
    • Caprivi fait fermer les frontières allemandes aux céréales russes et espère consolider l’alliance avec l’Autriche-Hongrie en ouvrant le marché du Reich aux céréales hongroises.
    • Fondation à Cannstatt en Allemagne de la société Daimler Motoren Gesellschaft.
  • 1890-1895 : poussée anarchiste en France.
  • Vers 1890 : on compte en France, face aux 280 syndicats légaux, c'est-à-dire déclarés, 587 syndicats qui refusent de se soumettre à certaines stipulations de la loi de 1884[10].
  • 1890-1892 : Guillaume II d'Allemagne impose des tribunaux d’arbitrage, le repos hebdomadaire, de meilleures conditions de travail dans les mines et la protection des femmes et des enfants.
  • 1890-1894 : naufrage du système bancaire italien.
  • 1891 :
  • [11]: création de Philips à Eindhoven, aux Pays-Bas.
  • 1er octobre[12] Brown Boveri & Cie: fondation de la fabrique Brown-Boveri SA à Baden.
    • Famine en Russie, dans l’est des terres noires, touchant 40 millions de paysans.
    • Tarif douanier prohibitif en Russie qui déclenche une guerre commerciale avec l’Allemagne (1892-1894).
    • Traités de commerce entre l’Allemagne et l’Autriche-Hongrie, l’Italie, la Belgique et la Suisse.
    • Royaume-Uni : Thomas Burberry ouvre une boutique au numéro 30 de la grande rue commerçante Haymarket dans l'ouest de Londres.
    • Constitution au Portugal de la Compagnie des tabacs, constituée à 70 % de capitaux étrangers, à majorité français.
    • Royaume-Uni : 4 % de la main d’œuvre nationale est employée par l’État. La proportion des dépenses publiques tombe à 9 % du revenu national (16 % en 1831). 3,2 millions de personnes sont employées dans la région de Londres.
  • 1893-1895 : guerre douanière entre la France et la Suisse.
  • 1894 :
    • traité de commerce entre la Russie et l’Allemagne[14].
    • Russie : monopole de l’État sur la vente des alcools (1/4 des recettes budgétaires entre 1894 et 1899)[15]. Création d'un impôt sur les loyers. La baisse du prix des céréales, commencée en 1875, atteint son maximum.
    • Publication des Notes critiques sur le développement économique de Russie par Pierre Struve, qui marque la naissance du « marxisme légal ». La controverse sur les voies du développement russe se poursuit. Critique marxiste du populisme (Lénine, Struve)[16].
  • 1895-1914 : période de croissance économique en France après vingt ans de stagnation (1873-1895), entraînée par les secteurs de pointe. De 1896 à 1913, la production de caoutchouc est multipliée par 4, celle des industries chimiques par 2,7, la production d’acier augmente de 8,7 % par an (1,6 million de tonnes en 1900, 4,7 en 1913), celle d’électricité de 14,5 %, celle d’aluminium de 19,3 %[17].
  • 1897 : la communauté tatare de Kazan compte 2,3 millions d’habitants. La persistance de l’Islam lui a permis de résister à la russification. Elle possède le tiers des établissements industriels de la province et contrôle le commerce avec l’Asie centrale.
  • 1898 : réforme des impôts sur le commerce et l’industrie en Russie.
  •  : ouverture officielle du réseau de tramway à Moscou.
  • 1899 :
    • Loi sur les céréales au Portugal : protection du marché intérieur des céréales par l’augmentation des droits de douane, pour augmenter la production nationale. Les surfaces cultivées (Alentejo) et les rendements augmentent, mais le pays reste déficitaire. À la suite de ces mesures, le prix du pain augmentera de 45 à 50 %.
    • Nouveaux courants marxistes en Russie : économisme de l’Union de Saint-Pétersbourg (la Pensée ouvrière), économisme de l’Union des sociaux-démocrates russes à l’étranger (la Cause ouvrière, le Credo), marxisme légal, influencé par l’allemand Bernstein et évoluant avec Strouve vers le libéralisme.
    • Rapport de Mendeleïev montrant le retard de la métallurgie ouralienne (fonte au charbon de bois, peu de capitaux étrangers).
    • L’Ukraine produit 65 % du charbon, 50 % de la fonte et 45 % de l’acier russe.


  • La production de pétrole de la région de Câmpina-Ploieşti en Roumanie passe de 50 000 tonnes en 1890 à 1 885 000 tonnes en 1913. La Roumanie devient le quatrième producteur mondial.
  • Vers 1895, en Roumanie, 6 500 grands propriétaires possèdent la moitié du sol cultivé, autant qu’un million de familles paysannes. Ils résident à Bucarest où à Paris et afferment la plupart de leurs terres à des fermiers qui sous-louent à des paysans, d’où la faiblesse du progrès technique. De nombreux fermiers sont Juifs, surtout en Moldavie, ce qui augmente les tensions antisémites dans les campagnes. Propriétaires et fermiers rentabilisent les exploitations par la production de froment destiné à l’exportation au détriment de la consommation intérieure limitée au maïs, avec les carences alimentaires (pellagres) qui s’ensuivent. 300 000 paysans sans terre constituent un réservoir de main-d’œuvre pour les domaines mais aussi un facteur d’instabilité.
  • L’Italien gagne en moyenne 2 500 lires par an à la fin du siècle, tandis que l’Anglais en gagne 7 300, le Français 6 500 et l’Allemand 3 900.
  • La production industrielle en Allemagne a augmenté d’environ 60 % depuis 1879 : la production de charbon passe de 59 à 89 millions de tonnes, celle d’acier de 0,7 à 2,3 millions de tonnes. La production agricole augmente aussi mais n’est pas en mesure de nourrir la population qui à fortement augmenté (49,5 millions d’habitants pour 41,5 en 1871). L’importation de matières premières et de denrées alimentaires provoque un déficit commercial.

Démographie

  • Le Portugal compte 4 660 000 habitants. Depuis 1864, les populations de Lisbonne et de Porto ont augmenté respectivement de 139 % et de 69 %.
  • La Hongrie (sans la Croatie autonome) compte 15,2 millions d’habitants.
  • L’Égypte compte 9,4 millions d’habitants en 1997[18].
  • 2/3 des Australiens habitent en ville.

Notes et références

  1. Yvonne Knibiehler et Régine Goutalier, La Femme au temps des colonies, Stock, , 335 p. (ISBN 978-2-234-10872-1, présentation en ligne)
  2. Mariella Villasante Cervello, Colonisations et héritages actuels au Sahara et au Sahel : Problèmes conceptuels, état des lieux et nouvelles perspectives de recherche (XVIIIè-XXe siècles), vol. 2, Éditions L'Harmattan, , 554 p. (ISBN 978-2-296-18128-1, présentation en ligne)
  3. (en) Clive Spinage, African Ecology : Benchmarks and Historical Perspectives, Londres, Springer Science & Business Media, , 1562 p. (ISBN 978-3-642-22871-1, présentation en ligne)
  4. Théophile Obenga, Histoire générale du Congo des origines à nos jours : Le Congo moderne, vol. 2, Paris, L'Harmattan, , 352 p. (ISBN 978-2-296-12969-6, présentation en ligne)
  5. Bethwell Allan Ogot, Ecology and History in East Africa : Proceedings of the 1975 Conference of the Historical Association of Kenya, Kenya Literature Bureau, (présentation en ligne)
  6. Célestin Doyari, Oubangui Chari et son évangélisation dans le contexte de la politique coloniale : 1889-1960, L'Harmattan, (ISBN 978-2-296-55752-9, présentation en ligne)
  7. John F. Riddick, The history of British India : a chronology, Greenwood Publishing Group, , 367 p. (ISBN 978-0-313-32280-8, présentation en ligne)
  8. William A. Dando, Food and Famine in the 21st Century, vol. 1, ABC-CLIO, (ISBN 978-1-59884-730-7, présentation en ligne)
  9. Noémı Lévy, Ordre et désordres dans l'Istanbul ottomane, 1879-1909 : de l'état au quartier, Paris, Karthala Éditions, , 347 p. (ISBN 978-2-8111-0792-5, présentation en ligne)
  10. Georges Bourgin, La Troisième République : 1870-1914, Librairie Armand Colin, (présentation en ligne)
  11. Firmengeschichte - Royal Philips
  12. Jacques Julliard, Fernand Pelloutier et les Origines du syndicalisme d'action directe, Le Seuil, , 560 p. (ISBN 978-2-02-130575-3, présentation en ligne)
  13. И.А. Овчинников, Сборник действующих трактатов, конвенций и других международных актов имеющих отношение к военному мореплаванию, Рипол Классик (ISBN 978-5-458-00165-6, présentation en ligne)
  14. Georges Sokoloff, La Puissance pauvre : Une histoire de la Russie de 1815 à nos jours, Fayard, , 948 p. (ISBN 978-2-213-64767-8, présentation en ligne)
  15. Bertram D. Wolfe, Three Who Made a Revolution : A Biographical History of Lenin, Trotsky, and Stalin, Cooper Square Press, , 680 p. (ISBN 978-1-4617-3212-9, présentation en ligne)
  16. Antoine Prost, Petite histoire de la France : De la Belle Époque à nos jours, Armand Colin, , 176 p. (ISBN 978-2-200-28896-9, présentation en ligne)
  17. Elena Ambrosetti, Égypte, l'exception démographique, Paris, INED, , 255 p. (ISBN 978-2-7332-0167-1, présentation en ligne)
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