Aigle à deux têtes

L’aigle[note 1] à deux têtes ou aigle bicéphale est un symbole qu'on retrouve en héraldique et en vexillologie, les premières représentations d'aigle à deux têtes sont présentes en Asie Mineure chez les Hittites[1] (peuple indo-européen qui aurait migré en Asie Mineure, via les Balkans, depuis la Russie méridionale ou l'Ukraine actuelles, 2 000 av. J.-C.)[2].

Pour le géant processionnaire, voir Aigle à deux têtes (géant d'Ath).

Pour les articles homonymes, voir Aigle (homonymie).

L'aigle bicéphale byzantin sur un muret du XIIIe siècle, Mont Athos.
La première aigle à deux têtes de la dynastie des Paléologue, fresque du XIVe siècle.
La seconde aigle à deux têtes de la dynastie des Nemanjic 1166, sur un bouclier de chevalier serbe.

Elle apparaît relativement tardivement dans l'héraldique byzantine, où l’aigle romaine, symbole par excellence des légions ayant défendu les limes de l’Empire romain adopte alors deux têtes représentant la domination des empereurs de la dynastie macédonienne des Paléologue (Xe siècle) sur l'Est et l'Ouest ou l’union de l’Est et l’Ouest[3].

Historique d'apparition

L'aigle à deux têtes apparaît comme symbole vexillologique par ordre chronologique :

Elle apparaît également encore aujourd'hui sur les drapeaux suivants :

1166 - aujourd'hui : la Serbie avec la Dynastie des Nemanjic

La dynastie serbe des Nemanjić a adopté le symbole des Paléologues (XIIe siècle) comme un signe d'attachement à l'orthodoxie et un symbole de l'alliance entre serbes et grecs. Chez les Serbes, les deux têtes symbolisent le royaume de Dieu et le royaume terrestre. L'aigle bicéphale fait partie du drapeau de la Serbie (royaume de Serbie au XIXe siècle, royaume des Serbes, Croates et Slovènes au XXe siècle, république de Serbie au XXIe siècle).

Les Serbes sont les seuls à utiliser une aigle bicéphale blanche.

La République serbe de Bosnie l’adopte également en 1992. Le drapeau du Monténégro l’arbore depuis 2004.

1250 - 1938 : du symbole impérial romain-germanique à l’Autriche

Armes d’Enzo de Sardaigne dans la Chronica Majora de Matthieu Paris.

À l’Ouest, la plus ancienne mention héraldique est le fait de Matthieu Paris, dans un manuscrit à l’attention de Frédéric II du Saint-Empire datant de 1250 (voir illustration). L’adoption de l’aigle bicéphale, qui plus est par un fils bâtard de l’empereur du Saint-Empire romain germanique, précèderait donc de dix ans l’arrivée au pouvoir des Paléologue auxquels est traditionnellement attribué la primauté du symbole. Certains historiens grecs[5] repoussent d’autant, voire de deux siècles, jusqu’à Isaac Ier Comnène (1057-1059) l’usage héraldique de l’oiseau impérial.

Sigismond Ier du Saint-Empire adopte, vers 1400, les armes « d'or, à l'aigle bicéphale de sable, membrée, becquée et liée de gueules » comme emblème impérial romain-germanique, en remplacement des mêmes à l’aigle monocéphale.

Albrecht Dürer, Portrait de Sigismond de Luxembourg, empereur du Saint-Empire, vers 1510-1513.

Progressivement devenues le symbole du Saint-Empire romain-germanique, et presque indissociables des Habsbourg, ces armes sont reprises par l’Empire d'Autriche (1804-1918) à la dissolution du Saint-Empire. Encore en usage dans la Première République d'Autriche (1919-1938), elles ne sont plus en usage dans l’Autriche actuelle qui a préféré la version monocéphale en usage en Prusse et dans l’Empire allemand

La Confédération germanique (1815-1866), dont l'Empire d'Autriche fait partie, adopte elle aussi l'aigle bicéphale. L’Empire allemand, pour sa part, préfère les armes prussiennes, presque identiques à la version « pré-habsbourgeoise » des armes impériales germaniques.

1472 - 1917 : des Grands-princes de Moscou aux Tsars de toutes les Russies

Ivan III de Russie, en épousant Sophie Paléologue, se retrouve héritier, sinon d’un empire défunt et de la charge de le relever, du moins de son histoire et de sa symbolique universelle. L’aigle à deux têtes devient un symbole de la Troisième Rome.

Les tsars russes ont adopté le symbole pour se définir comme successeurs de l'État byzantin (après la chute de Constantinople en 1453), mais aussi pour symboliser leur domination sur l'Ouest (l'Europe) et sur l'Est (l'Asie).

Ailleurs

Elle est présente sur le drapeau du Patriarcat œcuménique de Constantinople.

En Albanie, Gjergj Kastriot Skanderbeg l’adopte en 1443. Elle fait encore partie du drapeau de l'Albanie.

Elle fait partie du blason non officiel de l'Union de la Russie et de la Biélorussie.

Elle apparaît dans le second quartier des armoiries de l'Arménie.

Elle apparaît également sur les armoiries de Bertrand du Guesclin, connétable de France.

Le géant du cortège de la Ducasse d'Ath est aujourd'hui l'une des plus célèbres statues d'aigle à deux têtes. Elle danse, comme le veulent certaines traditions, au son de la musique de Meslin-l'Évêque.

L'Aigle à deux têtes est également l'emblème des hauts grades maçonniques du Rite écossais ancien et accepté.

On la retrouve également dans les armoiries des villes de Laigle, d'Alençon, d’Argentan et de Cambrai.

En 2021, un reportage d'Alexeï Navalny dévoilant le palais que s'est fait construire Vladimir Poutine sur une côte de la Mer Noire montre que le portail d'entrée est orné d'une aigle à tête double, identique à celle du Palais d'Hiver .

L'Aigle à deux têtes, emblème des hauts grades maçonniques du Rite écossais ancien et accepté.

Notes

  1. dans ce sens, « aigle » est un nom commun féminin

Références

Articles connexes

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