Chronologie des faits économiques et sociaux dans les années 1940
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Événements
- : accords de Bretton Woods[1]. Création du FMI et de la Banque mondiale (BIRD). Les États-Unis imposent leur monnaie, seule capable de convertibilité en or.
Afrique
- De 1940 à 1945, l’Afrique du Nord, privée de moyens de transport, voit surgir de nouveau les transports nomades. Le blé circule à dos de chameau. Cette poussée a sans doute contribué à rediffuser dans le Maghreb des épidémies, dont le typhus exanthématique.
- Vers 1940-1950, on compte 50 000 Juifs au Caire, 25 000 à Alexandrie, et environ 15 000 autres à Ismaïlia, Port-Saïd, Damanhour.
- 1940 : grève dans les mines de cuivre en Rhodésie du Nord[2].
- 1941-1942 et 1947-1948 : série de grèves en Gold Coast[2].
- 1941-1944 : famine au Tanganyika[3].
- 1942 : croissance de la production minière au Congo belge (cuivre et uranium) et en Angola.
- 1944 :
- Augmentation de la production agricole et baisse du prix des denrées au Congo belge.
- Recul de l’instruction en Algérie coloniale : huit Arabes sur neuf sont illettrés, alors qu’en 1847 « l’instruction en Arabe était assez générale, du moins en ce qui concerne lire, écrire et compter »[4].
- 1945 :
- création du franc CFA.
- grèves au Cameroun, au Congo belge, en Rhodésie et en Afrique du Sud. Émeutes agraires au Buganda.
- 1945-1955 : phase de croissance et de diversification économique en Afrique de l’Ouest.
- 1946 : création du FIDES (Fonds d’investissement et de développement économique et social des territoires d’outre-mer). Il lance en AOF un plan décennal de modernisation et d’équipement (1947-1957).
- 1947-1948 : grèves massives en AOF, en Gold Coast, au Kenya, au Tanganyika et en Rhodésie du Sud[5].
- 1948 :
- création par le gouvernement de Clement Attlee du Colonial Development Corporation (CDC).
- émeutes et grèves à Zanzibar et à Bulawayo en Rhodésie du Sud.
- 1949 :
- émeutes et grèves en Côte d’Ivoire, au Buganda et dans les mines de charbon du Nigeria. Répression en Côte d’Ivoire et au Nigeria. Révolte au Mozambique contre la vente des travailleurs autochtones à l’Afrique du Sud. Répression.
- plan de développement économique décennal au Congo belge (1949-1959).
- découverte de pétrole au Gabon sur les rives de l’Ogooué.
- Le Nigeria compte cinq syndicats avec 3 500 membres en 1940 ; ils sont 62 avec 21 000 membres en 1942, 273 avec 235 000 membres en 1958[6].
- Augmentation de la production agricole quasi-générale en Afrique pendant la Seconde Guerre mondiale.
- Croissance de la production minière pendant la Seconde Guerre mondiale en Gold Coast (bauxite), au Nigeria (étain), en Sierra Leone, en Afrique du Sud, dans le Sud-Ouest africain et dans les deux Rhodésies (Rhodésie du Nord et Rhodésie du Sud).
- La Belgique favorise au Congo belge la création d’une classe « d’évolués » et procède à une certaine « indigénisation » de l’administration.
Amérique
- 1940 : le Brésil compte 41 millions d’habitants. 3 250 000 élèves fréquentent les établissements d’enseignement primaire, secondaire et supérieur. Depuis 1918, le Brésil a reçu 100 000 émigrants allemands dont 30 000 dans le Rio Grande do Sul (18 000 s’y fixent définitivement).
- , Brésil : création d’une grande entreprise métallurgique à Volta Redonda, la Companhia Siderúrgica Nacional[7].
- 1944-1949 : boom des exportations de bananes en Amérique centrale, particulièrement au Nicaragua.
- 1945-1955 : Le PIB de l’Amérique latine progresse de 4,7 % (Argentine 2,1 %, Pérou 4,8 %, Équateur 4,8 %, Brésil 5,7 %, Mexique 6,1 %). Avec un taux de croissance démographique de 2,7 %, le PIB par habitant ne progresse que de 2 % en dix ans.
- 1945 : la population du Guatemala, composée de 75 % de paysans et de 80 % d’Indiens parlant 19 langues, est analphabète à 72 % (90 % dans les régions indiennes).
- 1946 :
- début de l’orientation du Chili vers une nouvelle politique d’industrialisation avec l’aide des États-Unis.
- inauguration de la grande aciérie de Volta Redonda au Brésil. Elle permet au pays de développer une industrie automobile nationale.
Asie et Pacifique
- 1940 :
- En Inde, les Britanniques mettent en place une véritable économie de guerre qui aura des effets désastreux.
- L’Indochine française produit 70 000 tonnes de caoutchouc (Sud du Vietnam, Cambodge). La Société française des charbonnages du Tonkin extrait en 1940 environ 1,8 million de tonnes d’anthracite.
- L’Empire du Japon, qui occupe 1 % du sol mondial, compte environ 5 % de la population mondiale.
- 1943 : Grande famine au Bengale. Entre 1,3 et 3 millions de victimes.
- 1945 :
- 1944 :
- Arabie saoudite : à partir de 1944, les Américains se lancent dans un programme de construction d’infrastructure de transports, de dispensaires, d’écoles professionnelles et d’irrigation.
- En Australie, démobilisation des Black Diggers, soldats d’origine aborigène, après 1944. Plusieurs milliers d’Aborigènes mobilisés pendant la guerre, qui ne touchaient qu’une part infime de la solde, sont privés de pension de guerre.
- 1945-1952 : occupation du Japon : dissolution de l’armée, destruction des stocks de matériel militaire et des forteresses et arsenaux. Démembrement des zaibatsu (combinats industriels) de 1946 à 1949.
- 1945 :
- Des revenus pétroliers importants surviennent pour les pays du Golfe après 1945.
- 1947 :
- l’Australie compte 7,4 millions d’habitants, dont plus de 70 % sont originaires de Grande-Bretagne et d’Irlande. Six millions de migrants s’installent en Australie à partir de 1946.
- 1,76 million d’habitants en Palestine mandataire, dont 1,2 million d’Arabes et 550 000 Juifs. La population arabe a doublé depuis 1922. À la fin de la période mandataire, les propriétés juives représentent 6,6 % de la superficie totale de la Palestine et environ 12 % de la surface agricole utile.
- 1949 : l’industrie chinoise est ruinée. La Mandchourie a été pillée par les Russes. Le réseau ferroviaire est pour une bonne part inutilisable. Des années d’inflation galopante ont eu raison de la monnaie, du système bancaire et du monde des affaires. Mais pour la première fois depuis 1911, un régime fort domine l’ensemble de la Chine. Il se propose de redresser le pays avec des méthodes mises à l’épreuve dans des zones limitées.
Europe
- 1941 :
- 1942-1951 : optimum des températures automnales en Europe centrale[8].
- 1944, Espagne : misère générale, pénurie, famine.
- 1945 :
- les conférences de Yalta et de Potsdam (juillet-) prévoient le démantèlement économique et militaire de l'Allemagne, soit la dissolution de toute forme de concentration industrielle : cartels, trusts, konzern, syndicats patronaux. L'acte final de la conférence de Paris sur les réparations est signé le et rendu public le . L'Agence interalliée des Réparations est créée et une liste de 1 626 usines à démonter est fixée.
- compte tenu des victimes de la guerre (six millions dont trois millions de Juifs) et des déplacements de population, la Pologne ne compte plus que 24 millions d’habitants contre 35 en 1939.
- après la guerre, l’URSS adopte une politique religieuse plus tolérante.
- 1946-1947 : famine en URSS.
- : début de la distribution de l’aide américaine dans le cadre du plan Marshall[9].
- L’Union soviétique est le plus touché des pays combattants avec 7,5 millions de soldats tués entre 1941 et 1944. La Russie d’Europe est en grande partie dévastée. Vingt millions d’hommes sont morts pendant la guerre.
- Depuis 1928, l’extraction de charbon en Union soviétique est passé de 35 à 166 millions de tonnes, la production d’électricité de 5 à 48 milliards de kilowatts-heures et celle d’acier de 4 à 18 millions de tonnes.
France
- 1940 :
- Dette à 200 % du PIB.
- Déficit public à 10 % du PIB.
- Inflation à 18 %.
- 1941 : 5 200 000 postes de radio.
- 1942 -1954 : apogée des températures printanières. Années de grands vins (1942, 1943, 1944, 1946, 1947) et de recul des glaciers dans les Alpes[10].
- 1944-1948 : baisse de 30% du pouvoir d'achat des ménages en raison de l'inflation. La durée du travail passe de 40 à 45 heures hebdomadaire[11].
- 1945 :
- Inflation à 48 %.
- L’Assemblée approuve la dévaluation du franc à 60 %.
- 1946 :
- Début des Trente Glorieuses (fin en 1973).
- 1 franc français de 1946 = 0,068 04 euro de 2002
- La production nationale augmente de 100 % :
- la production de charbon retrouve son niveau d’avant guerre (47-49 millions de tonnes).
- 56 500 tracteurs dont produits (305 000 en 1955).
- L'inflation est de 11 % alors que les salaires sont bloqués. Perte de pouvoir d'achat des salariés.
- La contrebande sur l'or est si active que le cours de la pièce de 20 francs chute de 7 000 à 5 000 francs, malgré une période économique trouble et une demande forte.
- 1946-1947 : 720 000 élèves dans les établissements publics de second degré. 129 000 étudiants dans les universités.
- 1947 : la production industrielle atteint son niveau de 1938[11].
- 1948 :
- L'inflation se monte à 59 %.
- La fiscalité s’accroît de 410 milliards de francs pour faire face aux nouvelles dépenses de l’État. La hausse fiscale décidée lors du plan d'assainissement financier aboutit à un accroissement de 25 % des prélèvements obligatoires qui atteignent 18 % du PIB.
- Perte de valeur de 80 % du franc par apport au dollar.
- Léger excédent du budget de l'Etat.
- Dans le cadre du plan Marshall, la France reçoit une aide financière des États-Unis jusqu'en 1952.
- La nécessité de reconstruire le pays aboutit à un accroissement sans précédent des investissements publics, qui passent de 108 à 465 milliards de francs.
- 1949 : les prestations sociales représentent 12,4 % des revenus bruts des ménages (4,3% en 1938)[12].
Royaume-Uni
- De 1940 à 1942, les sous-marins allemands coulent pour plus de 15 millions de tonnes de vaisseaux de marchandises dans l’Atlantique. Cela ne suffit pas à soumettre l’Angleterre à un blocus total.
- gel des loyers au taux de 1939 pour toute la durée du conflit. Déplacement massif de la population des villes vers les campagnes : 60 millions de personnes changent d’adresse entre 1939 et 1945.
- mise en place du « système Utility », qui rationne et normalise tous les articles de consommation courante, des vêtements au mobilier (1941-1942).
- 1943 : la production de fournitures de guerre absorbe 60 % du PNB. Le ministre du Travail Ernest Bevin recours à partir de à la procédure de « conscription civile » qui permet d’affecter d’autorité 17 millions de travailleurs, dont 8 millions de femmes, dans les mines et les usines. Le financement de l’effort de guerre est assuré par l’impôt (le taux maximal de l’impôt sur le revenu atteint 97,5 %, les profits de guerre sont taxés à 100 %, des droits très lourds sont imposés sur l’alcool et le tabac), par le déficit budgétaire et par le recours à l’emprunt (8,4 milliards de £ de souscription, 5,4 empruntés aux États-Unis, 2,7 au Commonwealth).
- 1944 : le ministère de l’Agriculture britannique accorde 215 millions de £ d’aide aux fermiers (+198 % en quatre ans).
- 1945 :
- instauration d’un système d’allocation familiale par les conservateurs au début de l’année.
- le Royaume-Uni aligne 5 millions de combattants, près de 5 000 navires et plus de 10 000 avions. Ses soldats sont présents en Europe, en Afrique, au Moyen-Orient et en Asie. La guerre a fait 400 000 victimes, dont 60 000 civils. L’effort de guerre a mis le pays au bord de la banqueroute (17 milliards de £ d’endettement total), mais l’économie britannique est en bien meilleur état que celles des autres belligérants européens, au troisième rang mondial derrière les États-Unis et le Canada.
- : avec l’arrivée au pouvoir de Clement Attlee, le programme travailliste (Let Us Face the Future) marque le Royaume-Uni d’après 1945. La politique économique, d’inspiration keynésienne, donne le contrôle à l’État d’importants secteurs de l’activité. Les syndicats ouvriers (trade-unions) jouissent d’une force considérable. Ils poussent aux hausses de salaires et refusent les licenciements, alors que la productivité croit lentement et la compétitivité des produits britanniques se détériore. Pour financer les réformes, Keynes se rend à Washington et obtient un prêt de 3,75 milliards de $ sur cinquante ans au taux avantageux de 2 % après une période franche de cinq ans. En contrepartie, la Grande-Bretagne s’engage à ratifier les accords de Bretton Woods et restaurer dans un délai de douze mois la convertibilité du sterling en or.
- 1946 :
- important programme de nationalisations : nationalisation de la Banque d’Angleterre (14 février), des charbonnages (12 juillet), de l’aviation civile (14 août), des télécommunications (6 octobre) et des transports[13].
- 18 avril : loi sur le logement apportant l’aide de l’État aux programmes de reconstruction des collectivités locales[14]. 900 000 logements nouveaux sont construits entre 1947 et 1950.
- [15] : Town and Country Planning Act, loi sur l’aménagement du territoire opérationnelle le [16].
- 1948 :
- Nationalisation du réseau ferroviaire britannique : création du British Rail.
- Lancement du plan Marshall : l’économie britannique reçoit 1,9 milliard de $ au cours des deux premières années. La production industrielle se situe à 30 % au-dessus de son niveau d’avant-guerre, les exportations reprennent, réduisant le déficit de la balance des paiements à 120 millions de £ en 1948 (- 80 %).
- 392 millions de £ de subventions sont données aux agriculteurs britanniques[17].
Notes et références
- Marco Casella, Bretton Woods : Histoire d'un système monétaire, (ISBN 978-605-038-612-7, présentation en ligne)
- M. Agier. J. Copans et A. Morice, Classes ouvrières d'Afrique noire, Paris, Karthala-Orstom, (présentation en ligne)
- Hélène d'Almeida-Topor, L'Afrique du XXe siècle à nos jours, Armand Colin, , 416 p. (ISBN 978-2-200-28893-8, présentation en ligne)
- Marc Ferro, Histoire des colonisations : des conquêtes aux indépendances, XIIIe-XXe siècle, Seuil, , 593 p. (ISBN 978-2-02-029371-6, lire en ligne)
- Frederick Cooper, Décolonisation et travail en Afrique. 1935-1960, Karthala, , 584 p. (ISBN 978-2-8111-3859-2, présentation en ligne)
- Jean-Louis Clergerie, La crise du Biafra, Presses universitaires de France, (présentation en ligne)
- Arthur Santos, A Saga Vitoriosa de um Operario, Editora Baraúna, 642 p. (ISBN 978-85-7923-392-0, présentation en ligne)
- Lucien Febvre, Annales, vol. 4 à 6, A. Colin, (présentation en ligne)
- Charles P. Kindleberger, Marshall Plan Days, Taylor & Francis, , 273 p. (ISBN 978-0-415-56343-7, présentation en ligne)
- Emmanuel Le Roy Ladurie, « Pour une histoire de l'environnement : la part du climat », Annales, vol. 25, no 5, , p. 1459-1470 (présentation en ligne)
- Jean-Pierre Rioux, La France de la Quatrième République. L'Ardeur et la Nécessité (1944-1952) : L'Ardeur et la Nécessité (1944-1952), Points (ISBN 9782757839355, présentation en ligne)
- Jean-Pierre Dumont, La sécurité sociale toujours en chantier : histoire, bilan, perspectives, Éditions de l'Atelier, (ISBN 9782708222205, présentation en ligne)
- Les Cahiers français, Numéros 108 à 115, La Documentation Française, (présentation en ligne)
- Frank Illingworth, British Parliament, S. Robinson, (présentation en ligne)
- Justice of the peace and local government review reports, vol. 114, (présentation en ligne)
- Anthony Speaight et Gregory Stone, Architect's Legal Handbook : The Law for Architects, Butterworth-Heinemann, , 336 p. (ISBN 978-1-4831-4150-3, présentation en ligne)
- Philippe Chassaigne, Histoire de l'Angleterre des origines à nos jours : DES ORIGINES A NOS JOURS, Éditions Flammarion, , 609 p. (ISBN 978-2-08-123467-3, présentation en ligne)
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