Émilienne Moreau-Évrard

Émilienne Moreau, ou Émilienne Moreau-Évrard, dite Émilienne la Blonde alias Jeanne Poirier, née à Wingles dans le Pas-de-Calais le et morte à Lens le , est une résistante française, Compagnon de la Libération.

Pour les articles homonymes, voir Moreau et Évrard.

Émilienne Moreau-Évrard
Émilienne Moreau

Émilienne Moreau, « l'héroïne de Loos ». Carte postale anonyme, vers 1915.

Surnom Émilienne la Blonde, Jeanne Poirier
Naissance
Wingles (Pas-de-Calais)
Décès
Lens
Allégeance France
Conflits Première Guerre mondiale
Seconde Guerre mondiale
Faits d'armes Renseignement et combats
Distinctions Croix de guerre 1914-1918 avec palme
Compagnon de la Libération
Autres fonctions militante socialiste

Liste des Compagnons de la Libération

Biographie

Enfance

Émilienne Moreau est issue d'une famille de mineurs. Deuxième d'une famille de quatre enfants, elle a un frère ainé, Henry, qui sera tué à la guerre, une sœur cadette, Marguerite, suivie d'un petit frère prénommé Léonard. La famille déménage au gré des promotions successives de son père dans les mines de la région, et s'installe à Lens vers 1899, puis à quatre kilomètres de là vers 1908.

À la fin du mois de , son père obtient sa retraite à l'âge de 50 ans, après 38 ans de travail dans les mines. La famille s'installe à Loos-en-Gohelle, dans une maison haute située sur la place de la République, et le père qui mourra la même année devient alors brievement gérant d'une épicerie-mercerie-bonneterie[1].

Actions lors de la Première Guerre mondiale

Émilienne Moreau décorée de la Croix de guerre à Versailles le .

Le frère aîné d'Émilienne est affecté au 8e régiment d'infanterie de ligne stationné à Saint-Omer. Après la déclaration de la Première Guerre mondiale, le , il est mobilisé et engagé au combat à Dinant. Le , il est envoyé sur le front de l'Est[1].

Les Allemands occupent la ville de Loos-en-Gohelle lorsque le père d'Émilienne décède en décembre 1914. Le , les troupes britanniques lancent une attaque pour reprendre la ville. Émilienne va à leur rencontre et leur donne des informations sur les positions ennemies leur permettant de les prendre à revers. Elle met en place dans sa maison un poste médical et participe même aux combats, abattant quatre soldats allemands. Elle devient, à 17 ans, l'héroïne de Loos et elle est citée à l'ordre de l'armée par le général Foch. Elle est reçue par le président de la République, Raymond Poincaré, puis à Londres par le roi George V.

On utilise alors son image pour entretenir le moral de la population et des troupes. Le Petit Parisien fait paraître son histoire.

Entre les deux guerres

Georges Willoughby réalise en Australie un film qui lui est consacré, The Joan of Arc of Loos (La Jeanne d'Arc de Loos). Le film ne semble pas être sorti en France.

Elle obtient son diplôme d'institutrice tandis que sa mère achète une boulangerie[2]

Elle se marie mais son premier conjoint meurt rapidement. Militante au sein de la SFIO, elle épouse en 1932 Just Évrard[2], responsable fédéral du Pas-de-Calais et frère de Raoul Évrard, député du même département de 1919 à 1936.

Actions lors de la Seconde Guerre mondiale

Lors de la Seconde Guerre mondiale, en 1940, elle est mise en résidence surveillée par les autorités allemandes à Lillers, chez sa mère ; elles n'ont en effet pas oublié ses actions de la dernière guerre. Fin 1940, elle entre en résistance aux côtés de son mari. Ils distribuent tracts et journaux clandestins. Elle utilise plusieurs pseudonymes, dont Jeanne Poirier et Émilienne la Blonde. À Lyon, elle est en lien avec la Suisse et des maquis et mène des actions au service de plusieurs réseaux. En se faisant passer pour une femme enceinte, elle n'est pas fouillée et réussit à transporter de l'argent pour la Résistance. Traquée par les Allemands, elle échappe plusieurs fois à l'arrestation et parvient à rejoindre Londres le . Elle intervient alors pour la propagande alliée sur les ondes de la BBC. Elle revient en septembre 1944 dans le Pas-de-Calais. Elle est l'une des six femmes à être faites compagnon de la Libération. Le général de Gaulle la décore en août 1945 à Béthune[2].

Après la guerre

Elle continue ensuite à militer en tant que membre du Comité directeur de la SFIO de 1945 à 1963. Son mari Just Évrard devient député. Elle occupe également les fonctions de conseillère honoraire de l'Assemblée de l'Union française de 1947 à 1958. À l'aube de la Cinquième République, elle abandonne ses activités publiques et publie ses mémoires, La Guerre buissonnière, aux éditons Solar à Paris en 1970[2].

Distinctions

Au titre de la guerre 1914-1918

Au titre de la guerre 1939-1945

Hommages

  • Hormis dans les Hauts-de-France, les hommages toponymiques la concernant sont rares dans le reste du pays note Le Monde (« dix rues, une allée, une impasse, six écoles maternelles ou élémentaires, un centre de logement de jeunes travailleurs »)[2].
  • Le [3] est inaugurée sur la place de la République à Paris, une terrasse qui porte son nom : la terrasse Émilienne-Moreau-Évrard[2].
  • Le , lors de la célébration du centenaire de la bataille de Loos, une plaque commémorative est dévoilée à l'endroit où se trouvait sa maison à Loos-en-Gohelle, sur la place de la République.
  • En hommage au courage qu'elle a montré dès son jeune âge, plusieurs écoles portent son nom, dont l'école publique maternelle de Loos-en-Gohelle et d'Arnèke.

Bibliographie

  • « Émilienne Moreau-Évrard », dans Vladimir Trouplin, Dictionnaire des compagnons de la Libération, Bordeaux, Elytis, (ISBN 9782356390332).
  • Vladimir Trouplin, « Émilienne Moreau-Évrard », dans Guy Krivopissko, Christine Levisse-Touzé, Vladimir Trouplin, Dans l'honneur et par la victoire. Les femmes compagnon de la Libération, Tallandier, 2008.
  • « Émilienne Moreau », dans Jacques Chaban-Delmas, Les Compagnons, Paris, Albin Michel, (ISBN 2-226-02530-8), p. 117-135.
  • Luc Bronner, « Emilienne Moreau, la « Jeanne d’Arc » du Pas-de-Calais, héroïne de 14-18 puis de la Résistance », Le Monde.fr, (lire en ligne)

Notes et références

  1. Émilienne Moreau, « Mes Mémoires (1914-1915) », Le Miroir, vol. Supplément, no 107, , p. 1-8 (lire en ligne)
  2. Luc Bronner, « Emilienne Moreau, la « Jeanne d’Arc » du Pas-de-Calais, héroïne de 14-18 puis de la Résistance », Le Monde.fr, (lire en ligne).
  3. « Musée de la résistance en ligne »

Liens externes

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