Abbatiale Sainte-Croix de Bordeaux
L’église Sainte-Croix[1], à Bordeaux, est l'ancienne abbatiale d'un monastère bénédictin (Sancta Crux Burdegalensis). Elle a désormais rang d'église paroissiale.
Pour les articles homonymes, voir Sainte-Croix.
Abbatiale Sainte-Croix de Bordeaux | |
Présentation | |
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Culte | Catholique romain |
Type | Ancien monastère |
Rattachement | Ordre de Saint-Benoît |
Début de la construction | XIe siècle |
Style dominant | Architecture romane |
Protection | Classé MH (1840) |
Géographie | |
Pays | France |
Région | Nouvelle-Aquitaine |
Département | Gironde |
Ville | Bordeaux |
Coordonnées | 44° 49′ 52″ nord, 0° 33′ 40″ ouest |
L'église fait l’objet d’un classement au titre des monuments historiques par la liste de 1840[2].
Présentation
Elle se situe place Pierre Renaudel près du conservatoire de Bordeaux.
L'église
Bien que l'abbaye ait été fondée au VIIe siècle, l'église actuelle ne fut construite que vers la fin du XIe siècle et au début du XIIe siècle, avec une façade de style roman saintongeais.
Elle a la forme d'une croix latine. Elle se compose d'une nef de cinq travées à collatéraux, d'un transept avec une grande absidiole sur chaque bras et d'une abside polygonale.
Elle fut restaurée par Paul Abadie au XIXe siècle, qui rajouta un clocher symétrique à l'original à gauche de la façade. Le moine dom Bedos de Celles réalisa son orgue en 1750, considéré actuellement comme un chef-d'œuvre. Il fut restauré en 1995 par le facteur Pascal Quoirin.
L'église conserve deux œuvres du peintre Guillaume Cureau (vers 1595-1648) : Saint Mommolin guérissant un possédé et Saint Maur guérissant un malade, et une Exaltation de la Croix par A. Bourgneuf (1636).
Histoire de l'abbaye
L'abbaye a été fondée à l'époque mérovingienne, au sud de Bordeaux, sur une élévation de terrain, au milieu d'un marécage traversé par un petit cours d'eau, un « estey » nommé l'Eau Bourde, qui se jetait dans la Garonne à quelques centaines de mètres de l'église actuelle. On ne connaît pas la date exacte de sa fondation. D'après une épitaphe datant du VIIe siècle, saint Mommolin, abbé de Fleury sur Loire (aujourd'hui Saint-Benoît-sur-Loire) y est mort vers l'année 679. Les moines y suivaient la règle bénédictine.
L'abbaye originale est détruite par les Sarrazins autour de 730, puis probablement reconstruite à la fin du même siècle. Elle est de nouveau totalement détruite par les terribles raids normands de la moitié du IXe siècle, qui laissent le pays exsangue.
On attribue sa réédification à Guillaume le Bon, comte de Bordeaux, sur l'emplacement de l'oratoire dédié à saint Mommolin, peut-être en 970. L'abbaye possède les villes de Saint-Hilaire du Taillan, et de Soulac. Plus tard, elle agrandit ses possessions de Saint-Macaire et Macau. Dès lors, de donations en acquisitions, le domaine s'étend peu à peu. Les ducs d'Aquitaine successifs confirment les privilèges. L'église abbatiale est bâtie à la fin du XIe siècle ou au début du XIIe siècle, en même temps que la basilique de Soulac et l'église de Macau. Elle perçoit des coutumes extra-muros au sud et s'oppose au domaine ducal de la domus de Centujan à Becula tout au long du XIIe siècle lors de ses opérations séculaires d'aménagement hydrauliques de l'Eau de Peyrelongue et pour la construction d'une batterie de moulins destinés à répondre à l'énorme demande en mouture de la ville en pleine croissance démographique[3].
Les abbés laissent peu à peu s'écrouler les « lieux réguliers », cuisines, dortoirs, réfectoires, etc. Les moines de la congrégation de Saint-Maur obtiennent en 1664 la permission de construire un nouveau monastère qui est terminé en 1672.
En 1784 un devis (Archives départementales de la Gironde) confie à l'architecte Étienne Laclotte la construction d'un pont traversant l'Estey de Bègles, le pont du guit, d'un cimetière et d'une chapelle, annexe de l'église Sainte Croix. Cette chapelle Saint Benoît sera transformée en entrepôt en 1797[4].
L'abbaye est affectée en 1793 à un hospice. En 1890, on y installe l'école des beaux-arts.
Liste des abbés
- Abbés réguliers
- ? : Hélis ou Hélie.
- ? : Gombaud.
- 1066-1087 : Arnaud Trencard, il assista au concile de Saintes en 1080, c'est peut-être le même personnage que celui qui donna le lieu où l'on rebâtit le monastère.
- 1097-1120 : Foulques, il reçut du duc Guillaume la Basilique Notre-Dame-de-la-fin-des-Terres à Soulac. Il fut confirmé dans la possession de cette église contre les religieux de l'abbaye de Saint-Sever.
- 1120-1131 : Andron, il engagea le pape Calixte II à ôter son titre d'abbaye à l'abbaye Saint-Macaire en 1122-1123, nonobstant le jugement rendu par Girard évêque d'Angoulême et légat du Saint-Siège.
- 1132-1138 : Pierre de Beissac ou Buzac.
- 1138-1150 : Guillaume I Gombaud, élu à cette date selon Etiennot.
- 1151-1153 : Arnaud Gombaud.
- 1160-1170 : Bertrand de Leyran ou de Linham ou de Leinan, le pape Alexandre III lui adressa en 1164 un rescrit, daté de Sens par lequel il confirmait le monastère dans ses possessions et ses privilèges.
- 1170-1179 : Géraud de Ramefort, prieur de Saint-Macaire.
- 1180-1210 : Aranud de Vayrines, il reçut une bulle de Célestin III en 1194.
- 1210-1213 : Seguin, il est peut-être le même qu'Etiennot appelle Guillaume Seguin de Rions.
- 1213-1228 : Guillaume II Gombaud.
- 1229-1241 : Ponce de Blancfort.
- 1245-1259 : Pierre I de Linham, obtint du pape en 1247 la décoration pontificale.
- 1260-1267 : Guillaume III de Comps, reçoit plusieurs bienfaits en 1264 de Robert de Curfan.
- 1267-1270 : Bernard de La Gardera, mort le 4 des ides de mai.
- 1271-1283 : Gaillard de La Mothe (de Motta), on croit que ce fut de son temps qu'on érigea en titres les offices claustraux.
- 1283-1305 : Guillaume IV de La Loubère.
- 1305-1306 : Pierre II Arnaud, il est créé cardinal par le pape Clément V lors du consistoire du , puis nommé vice-chancelier de la Sainte-Église en 1306. On l'appelait communément cardinal de Sainte-Croix.
- 1306-1313 : Imbert d'ante.
- Abbés commendataires
- 1490 - 1499 : André d'Espinay cardinal, abandonne sa charge
Vie paroissiale
L'église Saint-Michel, l'église Saint-Pierre, l'abbatiale Sainte-Croix, l'église Saint-Paul et l'église Saint-Éloi forment le secteur pastoral du Port, regroupé en une paroisse confiée en 2009 à la Communauté du Chemin Neuf[5]. L'église saint-Paul reste toutefois gérée par les dominicains ; quant à l'église Saint-Éloi, elle est gérée par l'Institut du Bon-Pasteur.
Le décor sculpté du portail
L'iconographie des cinq voussures de la porte centrale traduit la force de l’Église triomphante et militante que le fidèle de l’époque interprète aisément.
Ainsi, la représentation d’hommes tirant sur une corde figurant sur la deuxième voussure peut symboliser les efforts que l’âme doit faire pour atteindre le paradis.
Les motifs des portes secondaires situées de part et d’autre de l’entrée principale quant à eux peuvent représenter les péchés interdisant tout salut éternel.
Sur l'arcade de droite on peut considérer que la luxure est symbolisée avec la représentation d’une femme mordue aux seins par un serpent. Celle de gauche peut stigmatiser l’avarice avec les représentations d’un homme ployant sous le poids d’une bourse pendue à son cou et tourmenté par le démon.
L'orgue
Un premier orgue existe déjà au XVIe siècle et se voit remplacé par un instrument plus modeste à partir de 1661, construction du facteur d’origine anglaise Jean Haon.
En 1730, les moines de Sainte-Croix dotent l’église d’un nouvel orgue bien plus imposant. La réalisation de ce chef-d’œuvre est due à l’arrivée de dom François Bedos de Celles quinze années plus tard. Ce moine bénédictin, théoricien et facteur d’orgues résidant à l’abbatiale Sainte-Croix en sa qualité de secrétaire, construit un des plus grands orgues classiques français. Cet orgue de seize pieds est réalisé en trois ans et se compose alors de 45 jeux répartis sur cinq claviers et un pédalier.
Après la Révolution, il est remis en état mais, en 1811, l’archevêque le réquisitionne et fait transfère la partie instrumentale à la cathédrale Saint-André, où il va rester jusqu’en 1970. Cette année-là, décision est prise de le restituer à Sainte-Croix dans son buffet d’origine qui était resté en place.
À partir de 1984, le facteur Pascal Quoirin se voit attribuer la restauration de la partie instrumentale de l’orgue. Douze années ont été nécessaires pour mener à bien la restitution de cet orgue monumental.
Au début des années 1990, le buffet est débarrassé de la peinture brune le recouvrant pour retrouver sa polychromie d’origine.
À la suite de sa restauration, l’inauguration de l’orgue Dom Bedos, considéré comme un chef-d’œuvre dans le monde entier, a lieu les 23 et avec des interprètes prestigieux : Francis Chapelet, Jean Boyer, Jean-Pierre Leguay et Michel Chapuis.
Galerie
- Vue d'ensemble du bâtiment en 1841, sans la tour nord.
- L'abside.
- Détail du portail.
- Détail du portail.
Notes et références
- Jacques Gardelles, Aquitaine gothique, Picard - Paris, 1992, (ISBN 978-2-7084-0421-2), p. 173-174
- Notice no PA00083177, base Mérimée, ministère français de la Culture
- Frédéric Boutoulle, « Les seigneurs des eaux. Juridiction et contrôle des cours d’eau dans la Gascogne médiévale. », Revue historique de Bordeaux et du Département de la Gironde, , p. 169-188 (lire en ligne, consulté le ).
- Philippe Maffre, « L'annexe de l'église Sainte-Croix au Pont-du-Guit », Revue archéologique de Bordeaux, vol. 87, (lire en ligne, consulté le ).
- [PDF] « L'Aquitaine », Bimensuel de l'archidiocèse de Bordeaux et de Bazas, no 19, , p. 6 (lire en ligne, consulté le ).
Voir aussi
Bibliographie
- A. Chauliac, Histoire de l'abbaye de Sainte-Croix de Bordeaux, Abbaye de Ligugé (collection Archives de la France monastique, vol. IX), 1910 (lire en ligne).
- Louis Darnis, Guide de l'église Sainte-Croix de Bordeaux, Bordeaux, Impr. A. Cabiro, 1950.
- Gérard D. Guyon, « La constitution du patrimoine de l'Abbaye Sainte-Croix de Bordeaux sous le gouvernement des abbés réguliers (977-1439). Rythmes et formes juridiques », dans Revue Mabillon, juillet-décembre 1986, no 305-306, p. 55-96 (lire en ligne)
Articles connexes
Liens externes
- Ressources relatives à l'architecture :
- Ressource relative à la religion :
- Office du tourisme de Bordeaux.
- Restauration de l'orgue par Pascal Quoirin.
- Association Renaissance de l'orgue à Bordeaux.
- Abbatiale Sainte Croix - Bordeaux, plaquette de la Mairie de Bordeaux, 6 p.
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