Église Notre-Dame de Saint-Lô

L'église Notre-Dame de Saint-Lô est un monument de style gothique érigé sur quatre siècles à partir de la fin du XIIIe et fortement marqué par la bataille de Normandie. Elle est à ce titre un « mémorial » des destructions de la Seconde Guerre mondiale. L'église fait l’objet d’un classement au titre des monuments historiques par la liste de 1840[2].

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Église Notre-Dame de Saint-Lô

Façade de l'église
Présentation
Culte Catholique romain
Rattachement Diocèse de Coutances et Avranches
Début de la construction XIIIe siècle
Fin des travaux XVIIe siècle
Autres campagnes de travaux Reconstruction
Style dominant gothique
Protection  Classé MH (1840)
Géographie
Pays France
Région Normandie
Département Manche
Ville Saint-Lô
Coordonnées 49° 06′ 55″ nord, 1° 05′ 39″ ouest [1]
Géolocalisation sur la carte : Manche
Géolocalisation sur la carte : France

Historique

L'église paroissiale et ancienne collégiale Notre-Dame (XIIIe, XIVe, XVe, XVIe, XVIIe et XXe siècles) est considérée à juste titre comme le symbole de la ville. Cette église dédiée à Notre Dame a pour origine la paroisse du château de Saint-Lô sur le mont Briovère : la paroisse de « l'Enclos » dont le patron était le seigneur du château, à savoir l'évêque de Coutances.

L'église Notre-Dame

Avec l'activité des foires, de l'activité drapière et du pèlerinage à Notre-Dame du Pilier, les bourgeois de Saint-Lô contribuèrent à l'agrandissement et à l'embellissement progressif de leur église paroissiale. La nef de cinq travées barlongues date du premier tiers du XIVe siècle ainsi que ses collatéraux immédiats ; les corbeilles de feuillage des chapiteaux sont très caractéristiques de l'époque. La tour nord date aussi du XIVe et la tour sud date de 1464, d'après une inscription. Il n'y a pas de transept et le chœur est à quatre travées ; le sanctuaire est fermé de six colonnes. L'église possède d'anciens vitraux, déposés pendant la période de bombardements, qui datent du XVe siècle dont le vitrail royal qui selon la tradition aurait été offert par Louis XI vers 1470[3] Il présente le Couronnement de la Vierge et l'histoire de saint Crépin et saint Crépinien. La tour sud, carrée à la base, devient octogonale. Les deux tours furent complétées de flèches au XVIIe siècle et donna à l'édifice un faux air de cathédrale qui était la fierté des Saint-Lois et qui rivalisait avec la cathédrale de Coutances. Une petite chaire extérieure est présente. Décrite et croquée par Victor Hugo[4], elle servait plus à haranguer les foules qu'à délivrer le sermon religieux. Elle est composée d'une cuve à cinq panneaux de décor flamboyant surmontée d'une flèche à crochets de feuilles de fougères.

Mis à part le pillage de l'église en 1562 par les protestants, l'édifice ne subit pas de dégradations majeures avant 1944. Au 18 juillet, après les féroces combats de la Libération, l'édifice était détruit à près de 50 % : nef découverte de sa couverture et de ses voûtes, façade effondrée à la suite du bombardement de la tour Nord par l'artillerie allemande. Seuls la tour Sud sans sa flèche, le chœur et les bas-côtés restaient debout à peu près intacts.

Notre-Dame et sa façade de schiste

La restauration de l'église (1944-1974) fut longue et difficile en raison d'un changement dans le parti pris de restauration au cours du chantier. Après les premiers travaux d'urgence, l'architecte des Monuments historiques Louis Barbier prépare un projet de reconstruction à l'identique de la façade ouest en récupérant la plus grande partie des pierres taillées d'origine. Mais en 1947, il est remplacé par Yves-Marie Froidevaux, qui propose en 1953 le principe de garder la ruine de la façade ouest et d'en faire un mémorial contre la guerre. Ce projet sera combattu localement. Cependant, pour des raisons financières et par lassitude, le conseil municipal finit par donner son accord. Un mur pignon aveugle « cicatrisant » en schiste vert du Nord-Cotentin est construit en retrait de la façade disparue. Confronté à des difficultés imprévues (la taille de la pierre), le chantier ne sera achevé qu'en 1972 avec l'installation de trois portes historiées en bronze atténuant ainsi la sévérité de l'ensemble qui fait regretter la disparition de la façade historique.

L'église restaurée reçut sa nouvelle dédicace à l'occasion du 30e anniversaire de la Libération. En 1994, à l'occasion du 50e anniversaire, l'artiste peintre Bruno Dufour-Coppolani[5] dressa une toile peinte provisoire à l'emplacement de la façade disparue. L'intérieur fut en revanche restauré avec un très grand soin.

La statue de Notre Dame du Pilier, en mille morceaux lors du désastre, fut sauvée et placée au fond du sanctuaire.

L'église Notre-Dame est donc devenue le mémorial de la destruction de la ville de Saint-Lô. La restitution à l'identique, désirée par certains Saint-Lois, de son ancienne façade à deux tours et flèches n'est de ce fait pas projetée par l'actuelle administration[6].

Son bourdon en bronze a été fondu en 1732. Il porte des fêlures à la suite de la chute qu'il a subie lors de l'incendie à la Libération.

Les orgues

L'orgue de chœur a été acquis par la paroisse en 1960 auprès de la manufacture d’orgues Danion-Gonzalez. Après un premier relevage exécuté en 1999 par le maître organier Daniel Kern, il a été restauré et inauguré en 2007. Le grand orgue néoclassique de Notre-Dame a été construit en 1968 par la maison Beuchet-Debierre. Le buffet n'offre qu'un intérêt historique limité, mais l'instrument réharmonisé en 1987 par Alfred Kern est excellent.

Objets classés aux monuments historiques

objetRéférenceDate du classementPériode de l'objet
Vitraux[7]Notice no PM50001451 Classé MH (1840)XVe, XVIe siècles
LutrinNotice no PM50001328 Classé MH (1905)1er quart XVIIIe siècle
StallesNotice no PM50001327 Classé MH (1840 )2e moitié XVIe siècle
Poutre de gloire et Christ en croixNotice no PM50001012 Classé MH (1980)XVIIe, XVIIIe siècles
Tableau : Nicolas Bourgoin, évêque de CoutancesNotice no PM50001011 Classé MH (1980)1re moitié XVIIe siècle
Statue du groupe de la crucifixion : saint JeanNotice no PM50001007 Classé MH (1974)4e quart XVe siècle
Vierge de crucifixionNotice no PM50001006 Classé MH (1974)4e quart XVe siècle
Maîtresse-clocheNotice no PM50001005 Classé MH (1965)1732
Paire de consolesNotice no PM50001004 Classé MH (1994)1re moitié XVIIIe siècle
Pied de cierge pascalNotice no PM50001003 Classé MH (1907)1re moitié XVIIIe siècle

Un exemplaire de vitrail est exposé au musée des beaux arts de Saint-Lô.

Notes et références

  1. Géoportail
  2. Notice no PA00110582, base Mérimée, ministère français de la Culture
  3. Lettres patentes de Louis XI, Bayeux, septembre 1470 (lire en ligne).
  4. Victor Hugo écrit en 1886 : « À Saint-Lô, il y a un détail unique, je ne l'ai encore vu que là : c'est la chaire extérieure avec porte dans l'église d'où le prêtre haranguait le peuple, le tout sculpté comme on sculptait au Moyen Âge... »
  5. site personnel du peintre Dufour-Coppolani
  6. « maville.com (Ouest-France) - Notre-Dame doit-elle retrouver ses deux flèches ? » (consulté le )
  7. Vitraux classés : saint Louis, saint Rémi, saint Denis, sainte Geneviève, L'Assomption, Les Quatre Évangélistes, saint Crépin et saint Crépinien, saint Yves

Annexes

Bibliographie

  • Delauney, « Notice sur l'église Notre-Dame de Saint-Lô », Notices, mémoires et documents publiés par la Société d'agriculture, d'archéologie et d'histoire naturelle du département de la Manche, vol. 2, , p. 59-147 (lire en ligne)
  • Ed. Lepingard, « L'église Notre-Dame de Saint-Lô », dans La Normandie monumentale et pittoresque, édifices publics, églises, châteaux, manoirs, etc. : Manche 1re partie, Le Havre, Lemale & Cie, imprimeurs éditeurs, (lire en ligne), p. 1-6
  • Gabrielle Thibout, « L'église Notre-dame de Saint-Lô. Ses campagnes de construction », dans Congrès archéologique de France. 124e session. Cotentin et Avranchin. 1966, Paris, Société française d'archéologie, , p. 280-299

Articles connexes

Liens externes

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