Couronnement de la Vierge

Le Couronnement de la Vierge est un des thèmes de l'iconographie chrétienne consistant à représenter la Vierge Marie, couronnée dans les cieux. Le thème est présent à partir du Moyen Âge, mais ne fait pas l'objet d'un dogme reconnu par l’Église. Dans le calendrier grégorien, il est fêté le , huit jours après la fête de l'Assomption[1].

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Références religieuses

Le Couronnement de la Vierge, dans la Chapelle Vendôme de la cathédrale Notre-Dame de Chartres.

L'épisode du Couronnement de la Vierge est inconnu des Écritures, il est évoqué dans les textes apocryphes et est probablement lié à l’approfondissement du culte marial vers l'an Mil, au développement des idées d'Immaculée Conception, dogme promulgué par le pape Pie IX le 8 décembre 1854 (qui ne sera reconnue comme un dogme que par le premier concile du Vatican en 1870) et de l'Assomption, promulgué 1er novembre 1950 par le pape Pie XII, combinées au thème traditionnel, voire païen, du couronnement de la mariée virginale. Le Couronnement implique que la Vierge, mère de Dieu, sans être elle-même divine, est placée par Dieu au-dessus de toutes les créatures, anges, démons et hommes.

L'épisode du Couronnement de la Vierge est évoqué dans les écrits suivants :

Dans le livre de l'Apocalypse de saint Jean : « Un signe grandiose apparut dans le ciel : une Femme, ayant le soleil pour manteau, la lune sous les pieds, et sur la tête une couronne de douze étoiles. Elle était enceinte (…) » (Ap 11, 19a ; 12, 1-6a.10ab : première lecture des messes du 15 août)[2],[3].

La couronne

La « Couronne de Marie » est mentionnée dès le VIe siècle comme corona virginum[4]. La couronne était un thème séculaire, une évolution de l'ancienne couronne de laurier associée aux victoires aux Jeux olympiques, et était associée à la puissance et à la santé. Les premières iconographies chrétiennes d'une couronne symbole de puissance ont été mises au jour à Ravenne (Italie) dans des mosaïques paléochrétiennes, où Marie tend une couronne en or à son enfant nouveau-né dans un geste d'humilité[5]. Les Rois mages présentent également leur couronne à l'Enfant dans un geste de soumission[5].

La vierge couronnée est généralement associée à l'arbre de Jessé pour indiquer son lignage royal avec la maison de David, point capital au Moyen Âge[réf. nécessaire]. À Sainte-Marie du Trastévère (Rome), elle est représentée comme mère du Christ et participe à l'administration de son royaume, avec ce commentaire inspiré du Cantique des cantiques : « Veni amica mea et ponam in te thronum meum » ou « viens, mon élue, j'établirai en toi mon trône »[6].

Le Couronnement

Le Couronnement de la vierge, château de La Ferté-Milon

Le thème du Couronnement de la Vierge apparut tardivement dans l'art occidental. Il devint immensément populaire aux XIIe et XIIIe siècles. Les premiers monuments identifiables se situent en Angleterre avec le tympan du portail sud de l'église de Quenington, dans le Gloucestershire, peut-être dès 1140, et le chapiteau de Reading, dans le Berkshire. Mais ce furent les grandes cathédrales gothiques qui le portèrent à son apogée, sur les façades notamment (dans les tympans des portails), à Laon, à Notre-Dame de Paris, à Amiens. À Reims, le tympan est évidé et le couronnement figure dans le grand gâble du portail central. Sévèrement abîmé par les bombardements allemands de 1914, il est aujourd'hui conservé au Palais du Tau, près de la cathédrale, et remplacé sur la façade par une copie. Pratiquement toutes les cathédrales gothiques française du XIIIe siècle comportaient un Couronnement de la Vierge généralement sculpté sur le tympan d'un portail, et le thème s'étendit bien au-delà des cathédrales, parfois jusque dans de modestes églises. Il est même représenté sur certains châteaux laïcs dont, en général, les thèmes religieux sont absents (La Ferté-Milon, Aisne).

Il fut également repris en dehors des sculptures monumentales des cathédrales, par exemple dans les ivoires comme en témoigne le magnifique Couronnement polychrome détenu par le Louvre (vers 1250-1275), issu d'un atelier parisien. Le thème figure aussi dans le vitrail du XIIIe siècle à Bourges par exemple, bien qu'il y soit un peu moins répandu que dans la sculpture.

Ivoire parisien, XIIIe siècle

Il demeura populaire au XVe siècle mais se transposa alors souvent dans la miniature ou la peinture (fresques, retables) avec des exemples fameux, tels Fra Angelico au couvent de San Marco à Florence ou le chef-d’œuvre d'Enguerrand Quarton conservé à Villeneuve-les-Avignon (musée Pierre de Luxembourg). Le Père et le Fils y sont représentés de façon parfaitement symétrique, affirmation de leur égalité intégrale. Le couronnement par le Père et le Fils n'est pas le plus fréquent mais il se retrouve parfois, par exemple dans un groupe du musée national du Moyen Âge (Paris), du XVIe siècle, où l'égalité n'est pas totale (le Père est un peu plus « vieux » que le Fils). Ce thème fit aussi l'objet de représentations de Fouquet, comme dans le Livre d'heures d'Étienne Chevalier dont les miniatures, découpées et présentées comme des tableaux, sont visibles au musée Condé à Chantilly.

Il déclina à partir du XVIe siècle. Il fut logiquement récusé par les protestants lesquels détruisirent un grand nombre de sculptures, peintures murales, tableaux, objets, aux Pays-Bas (nord et sud), en Angleterre, mais aussi en France dans les régions acquises à la Réforme (l'Aunis et la Saintonge - aujourd'hui les Charentes - par exemple). Le thème fut aussi moins présent dans l'art catholique, sans disparaître pour autant. Rubens par exemple le traita (Musée royal d'art ancien à Bruxelles ) ainsi que Velázquez (Couronnement de la Vierge, musée du Prado), mais il resta très minoritaire par rapport aux thèmes de la Crucifixion, de la Déposition de la Croix, de la Mise au tombeau, voire de l'Adoration des Mages (ou des Bergers).

On le trouve au XVIIIe siècle aussi chez des peintres mondains tels que Tiepolo. Il demeura présent sur les vitraux des XVIe et XVIIe siècles, par exemple à la collégiale de Guérande et dans de nombreuses églises bretonnes. On le retrouve au XIXe siècle chez les disciples d'Ingres. Mais ce fut surtout le vitrail du XIXe siècle (particulièrement en France), largement méconnu[7] qui reprit massivement ce thème. Au XXe siècle, il connut une nouvelle faveur chez les peintres auteurs d'un renouveau de l'art religieux, tel Maurice Denis.

Il ne semble pas faire partie de l'iconographie du christianisme oriental, orthodoxe en particulier, qui voue pourtant un culte important à Marie, la Mère de Dieu, la Theotokos en grec.

Traitement iconographique

Le Couronnement de la Vierge
Giambattista Tiepolo, 1754
Plafond de l'Église de la Pietà

La Vierge Marie est représentée dans les cieux, de Jésus ou de Dieu qui tiennent la couronne ; l'assemblée est entourée d'anges, de personnages saints, de figures bibliques. Ceux-ci sont parfois disposés de façon que la composition générale forme un cœur (Vélasquez, Rubens).

Traditionnellement elle ne doit pas être comprise dans le triangle limité par les trois déités de la Sainte-Trinité, car elle reste humaine, étant montée aux cieux avec son corps terrestre lors de l'Assomption.

Certaines représentations de la Vierge ont reçu tardivement, en vertu de cette iconographie, l'ajout d'une couronne, en signe de gratitude (ainsi, L'Assomption de Charles Mennin fut transformée par Manno, au XIXe siècle, en un Couronnement de Marie, dans l'église Saint-Louis-des-Français de Rome).

Artistes du thème

Par Fra Angelico.

Certaines représentations situent l'événement dans une pièce d'un édifice selon le style flamand.

Voir aussi

Références

  1. « Marie : l’Annonciation et le couronnement de la Vierge », sur Diocèse d'Albi (consulté le )
  2. « Lecture de l’Apocalypse de saint Jean (11, 19a; 12, 1-6a. 10ab) | Prions en Église », sur www.prionseneglise.fr, Prions en Église (consulté le )
  3. F Tschochner, Krone in Marienlexikon Eos St. Ottilien 1988, p.685
  4. Tschochner 685
  5. L'inscription figure dans un livre ouvert dans la main de Jésus (représentation sur Commons Wikimedia).
  6. Méconnu, et méprisé à tort
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