Ægidius

Ægidius ou Egidius est un général gallo-romain qui défendit le nord de la Gaule jusqu’à sa mort en 464.

Ne doit pas être confondu avec Petrus Egidius, Gilles Deschamps, Gilles de Rome ou Gilles de Lessines.

Biographie

Premières armes sous Aetius

Issu d'une famille patricienne Syagria de Lugdunum (Lyon) qui avait déjà fourni un consul à l'Empire en 382,[1] Ægidius fait ses premières armes sous le commandement d'Aetius qui lui confie le commandement des troupes romaines de la Loire pendant que lui-même mène campagne contre les Francs saliens de Clodion en 446. C'est sans doute au cours de cette campagne qu'Ægidius rencontre Majorien, alors le premier lieutenant d'Aetius et plus tard un de ses plus fidèles amis. Il l'aidera à accéder à la tête de l'Empire romain d'Occident.

Au service de Majorien

Ægidius continue à exercer un commandement militaire en Gaule sous Avitus, puis est nommé magister militum des Gaules par Ricimer à la fin de 456[2], bénéficiant du soutien de Majorien, qui devient peu après empereur d'Occident. Ægidius est chargé par Majorien en 457 de rétablir l’ordre en Gaule où l’aristocratie gallo-romaine, qui soutenait auparavant Avitus, refuse de le reconnaître et offre peut-être aux Burgondes de s’emparer de Lugdunum (Lyon). Ægidius s'allie aux Francs saliens (dont peut-être leur roi Childéric Ier), récupère et punit de sa trahison Lugdunum en 458[3], s’oppose aux Wisigoths près d'Arles et oblige Théodoric II, qui est fort occupé en Espagne, à renouer son alliance avec l’Empire[4].

Le nouveau magister militum per Gallias accompagne Majorien en Hispanie en 460 pour l'aider à préparer une expédition contre les Vandales en Afrique. Mais l'incendie de la flotte d'invasion par Genséric aux environs de Carthagène ruine les plans de l'empereur, qui rentre seul en Italie et laisse le commandement de son armée basée à Arles à son ami gallo-romain.

La fondation du domaine gallo-romain de Soissons

Le royaume de Soissons en violet.

En 461, en Italie, le patrice Ricimer fait exécuter Majorien et proclame Libius Severus (Sévère III) empereur à sa place. Ægidius, solidaire de Majorien, refuse de reconnaître Libius Severus et proclame l'indépendance de la Gaule du Nord. En réaction, Ricimer nomme magister militum per Gallias le comte Agrippinus qui livre Narbonne aux Wisigoths en 462[5]. Ægidius, assiégé dans Arles, parvient à effectuer une sortie victorieuse mais doit abandonner la ville pour faire face aux menaces sur le nord de la Gaule. Les Burgondes reprennent le contrôle de Lugdunum et de la vallée de la Saône. Le maitre de la milice est ainsi coupé de ce qui reste de l'Empire romain d'Occident réduit à l'Italie, l'Hispanie étant aux mains des Wisigoths de Théodoric II et l'Illyrie dirigée par le magister militum Marcellinus refusant également de reconnaître l'autorité de Libius Severus.

Devant par la force des choses protéger et administrer ce qui reste de la Gaule romaine, Ægidius poursuit pour son propre compte la lutte contre les Wisigoths de Théodoric II qu’il bat près d’Orléans en 463[6] et à qui il reprend Tours. Il entreprend ensuite le siège de la ville fortifiée de Chinon, comme le relate Grégoire de Tours, en détournant la source qui alimente celle-ci en eau. Mais les habitants de Chinon sont sauvés par l'arrivée d'une pluie providentielle qui force Ægidius à lever le siège de la place[7]. En repoussant les Wisigoths à Orléans et peut-être également les Saxons vers Angers, Ægidius parvient à maintenir une enclave gallo-romaine entre la Loire et la Somme. Il s'allie avec les Bretons d'Armorique et s'appuie sur les Francs saliens qui servent en tant qu'auxiliaires dans son armée. Il est possible qu’il ait ensuite perdu son autorité sur les Francs au profit de Childéric Ier qui revient de Thuringe en 463 et à qui il cède les provinces de Cologne, Trèves et Tournai[8].

Ægidius envoie dans le courant du mois de mai 464 une ambassade auprès de Genséric pour former une alliance avec les Vandales contre Ricimer ou les Wisigoths[9]. Cette alliance ne verra pas le jour puisque le maître de la milice meurt à la fin de l'année 464[10][11] probablement sur ordre de Ricimer, soit empoisonné, soit tué dans un guet-apens, laissant le commandement à son fils Syagrius[12] avec peut-être le soutien du comte Paul sur la Loire. Syagrius restera seul maître de cette enclave gallo-romaine même après la chute de l'Empire romain d'Occident jusqu’à sa défaite face à Clovis vers 486 à Soissons. [13] [14]

Notes et références

  1. MacGeorge 2002, p. 99.
  2. Nicolas Fréret, Œuvres complètes de Fréret, Histoire, Volume VI, , 332 p. (ISBN 978-1-143-11331-4), p. 141
  3. MacGeorge 2002, p. 100.
  4. Alain Ferdière, Les Gaules : Provinces des Gaules et Germanies, Provinces Alpines, IIe s. av. J.-C.-Ve s. ap. J.-C., Paris, Armand Colin, coll. « U Histoire », , 448 p. (ISBN 2-200-26369-4)
  5. Sébastien Le Nain De Tillemont, Histoire des empereurs et des autres princes qui ont régné durant les six premiers siècles de l'Église, Volume 6, Venise, François Pitteri, , 764 p. (lire en ligne).
  6. Jules de Pétigny, Études sur l'histoire, les lois et les institutions de l'époque mérovingienne, Volume 2, Nabu Press, (1re éd. 1851), 752 p. (ISBN 978-1-147-34257-4 et 1-147-34257-1).
  7. Grégoire de Tours (trad. du latin par Henri Bordier), La vie des Pères et la Gloire des Confesseurs, Editions Paleo, coll. « l'encyclopédie médiévale », 254 p. (ISBN 978-2-84909-031-2).
  8. Grégoire de Tours, Histoire des Francs, Paris, Paleo, (ISBN 2-913944-36-1), p. Livre II, XII.
  9. Irad Malkin, La France et la Méditerranée : vingt-sept siècles d'interdépendance, BRILL, , 423 p. (ISBN 978-90-04-08930-3, lire en ligne).
  10. MacGeorge 2002, p. 65.
  11. MacGeorge 2002, p. 120.
  12. MacGeorge 2002, p. 125.
  13. MacGeorge 2002, p. 126.
  14. Mitchell 2007, p. 211.

Bibliographie

  • François Cavanna, Les Mérovingiens 1 : Le Hun blond, éd. Albin Michel, 320 pages (ISBN 2226106065) ; 2000 : éd. Premières Loges (ISBN 978-2253149156).
  • (en) W.B. Anderson, Sidonius : Poems and Letters, Vol. I : Poems, Letters, Book I-II, Cambridge, Harvard University Press, (ISBN 978-0-674-99327-3).
  • (en) Matthew Bunson, Encyclopedia of the Roman Empire, New York, Facts on File, , 494 p. (ISBN 978-0-8160-2135-2).
  • (en) M. Kulikowski, « Marcellinus 'of Dalmatia' and the Dissolution of the Fifth-Century Empire », Byzantion, vol. 72, no 1, , p. 177–191.
  • (en) Penny MacGeorge, Late Roman Warlords, Oxford, Oxford University Press, , 368 p. (ISBN 978-0-19-925244-2).
  • (en) Stephen Mitchell, A History of the Later Roman Empire, Oxford, Blackwell Publishing, , 488 p. (ISBN 978-1-4051-0856-0).

Voir aussi

Articles connexes

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