Théodoric II

Théodoric II (? - 466 ), roi des Wisigoths (453 - 466), est le fils du roi Théodoric Ier , le petit-fils d'Alaric Ier et le frère et successeur du roi Thorismond, après l'avoir fait assassiner, en 453.

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Théodoric II
Titre
Roi des Wisigoths
Prédécesseur Thorismond
Successeur Euric
Biographie
Nom de naissance Theodoric
Date de naissance fin IVe siècle - début Ve siècle
Date de décès
Père Théodoric Ier
Mère Pédauque
Héritier Euric
Liste des souverains wisigoths

Biographie

Enfance

On sait peu de choses sur sa mère, la Reine Pédauque, seconde épouse de Théodoric Ier, probablement une princesse gothe, fille d'Alaric Ier, car Théodoric est gratifié par Sidoine Apollinaire de « petit-fils d'Alaric ». On sait peu de choses sur son enfance.

Élevé à la cour de Toulouse, Théodoric II a eu pour précepteur Eparchius Avitus, préfet du prétoire des Gaules, contrairement à son frère aîné Thorismond. De ce fait, il appréciait davantage la culture romaine que son père et que son frère aîné.

Il participe à la bataille des Champs Catalauniques en 451 comme chef d'un bataillon goth, allié des Romains, avec son père Théodoric Ier et son frère aîné Thorismond.

Avec ses frères, il se soulève contre Thorismond qui menaçait Arles et Narbonne et après l’assassinat de celui-ci, il devient roi, en 453. Toulouse (prise par Wallia, en 418) reste la capitale de son royaume.

Règne

Il est élu roi en 453. Il semble avoir régné dans une dyarchie, c'est-à-dire un régime politique composé de deux rois : lui-même et son frère Frédéric[1]. Bien que les sources romaines n'aient retenu que Théodoric II comme souverain, car il possède une prééminence sur son frère, Frédéric semble être un chef d'armée très important.

Un pouvoir indépendant de Rome

Il accepte de confirmer le statut de son royaume, dans ses limites légales comme fédéré à l'Empire, auprès d'Aetius. Ses premières campagnes militaires menées avec son frère, profitent à l'empire romain : en 454, Frédéric réprime la bagaude en Tarraconaise.

Mais à la mort d'Aetius, en 455, il soutient Avitus, en organisant une assemblée de notables gallo-romains à Beaucaire, et il est proclamé empereur d'Occident à Arles, reconnu par l’Italie. Puis il soutient Péonius comme préfet du prétoire. L'empereur Majorien renouvelle le traité d'alliance avec Théodoric II en 458. Ce dernier entretient de bonnes relations avec Sidoine Apollinaire, gendre d'Avitus et évêque de Clermont, qui dans ses nombreux écrits qui nous sont parvenus, fait parfois intervenir Théodoric II. Il brosse le portrait d'un roi intelligent et cultivé, habile au tir à l'arc, dont la foi arienne est plus une affaire d'habitude qu'une piété véritable et qui se montre tolérant envers les catholiques même s'il essaie de restreindre le pouvoir des évêques, de créer des cités sans pouvoir catholique comme Bayonne-Lapurdum, et même s'il surveille les communautés catholiques de son royaume. Il convie à sa table l'évêque Orens d'Auch qu'il autorise à bénir les aliments. Il reçoit aussi l'évêque de Saintes, Vivien qui demande un allègement d'impôts pour ses fidèles.

Une politique expansionniste réussie

Pendant ces temps troublés, Théodoric en profite pour prendre le pouvoir dans toute la Novempopulanie et réussit à s'emparer de la Septimanie (région de Narbonne) si longtemps convoitée par les Goths. Son frère Frédéric contrôle la Septimanie pendant près d'un an. Théodoric II réussit à s'emparer de Narbonne grâce à la trahison du gouverneur de la Narbonnaise Agrippin, un des hommes de Ricimer.

Les accords de paix entre Suèves et Goths, à la suite du mariage de la sœur de Théodoric II avec le roi Réchiaire, durent jusqu'à la mort du roi suève en 455. Théodoric II envoie une ambassade auprès du roi des Suèves pour maintenir la paix. Mais les Suèves attaquent la Tarraconaise. Sous couvert de l'autorité romaine, Théodoric II mène en personne des attaques contre la Galice et la Lusitanie : il prend Braga en 455 et en 457, Mérida en 456 et met à sac Astorga () et Palencia en 457. Réchiaire est capturé puis tué. Rentré en Aquitaine, il remet le pouvoir à ses généraux wisigoths, le duc Sunéric et Cyrila, pour maintenir l'ordre établi dans l'ouest de la péninsule ibérique. En 460, il tente de ramener le royaume suève de Rémismond sous la tutelle gothique par des négociations mais les Suèves pillent de nouveau ses territoires dès 465.

En 463, il échoue à envahir les pays de la Loire contrôlés par Aegidius, maître des deux milices, lors d’une grande bataille près d'Orléans. Son frère, Frédéric est tué lors de cette défaite. Mais les attaques de bandes saxonnes et la mort d'Aegidius lui permettent de réoccuper la Loire moyenne.

L’édit de Théodoric II

Bien qu'il soit toujours considéré comme un État fédéré, le royaume de Théodoric II est de fait totalement indépendant de Rome : vers 460, il fait rédiger pour ses États, l’Édit de Théodoric[2], un code de lois différent des lois romaines et de l'ancien édit de son père.

Composé de 154 chapitres, il est rédigé en s'appuyant sur le modèle romain. Sous couvert d'un document pacifiant le royaume, c'est avant tout un code pénal qui organise de nombreux prélèvements fiscaux.

Cet édit distingue deux populations dans son royaume les Barbares et les Romains, mais aussi deux groupes, les libres et les non-libres. Il règlemente les enlèvements d'épouses en punissant de mort les ravisseurs et leurs complices. Une femme veuve ne peut se remarier dans l'année qui suit la mort de son époux. Il liste les causes de divorces autorisés (adultère pour la femme, homicide pour l'homme...), réglemente les peines pour viols pour les hommes libres ou les esclaves ainsi que la vente des enfants et la protection de l'épouse face à une faute de son mari : elle ne peut être poursuivie à la place de celui-ci.

Théodoric meurt égorgé par son frère Euric, arien zélé, en 466, qui lui reprochait d'être trop romanisé et d'être trop tolérant avec l'église catholique dans son royaume.

Notes et références

  1. appelé roi dans la Chronique de Marius d'Avenche.
  2. Sidoine Apollinaire, Lettres II, 1.

Voir aussi

Sources anciennes

  • Hidace, Chronica Minora, M.G.H.AA.XI, éd. TH. Mommsen, 1894, p. 3 et sq.
  • Edictum Theodorici regis, éd. F. Blühme, M.G.H., Leges t. V, p. 145-168.

Bibliographie

  • André Chastagnol, La fin du monde antique, Nouvelles éditions latines, 1976.
  • Renée Mussot-Goulard, Les Goths, Biarritz, éd. Atlantica, , 323 p. (ISBN 978-2-84394-140-5)
  • A. Tranoy, Chronique, éd. Hydace, Paris, 1974, p. 122-146.

Articles connexes

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