Villa Montmorency

La villa Montmorency est une villa (résidence fermée) située sur une butte du quartier d'Auteuil dans le 16e arrondissement de Paris. Créée au milieu du XIXe siècle, elle est surtout connue pour abriter les résidences de personnalités aisées, du show-business et du monde industriel[1].

Pour les articles homonymes, voir Montmorency.

Villa Montmorency

Villa Montmorency, côté rue Poussin.
Administration
Pays France
Région Île-de-France
Ville Paris
Arrondissement municipal 16e
Géographie
Coordonnées 48° 51′ 00″ nord, 2° 15′ 48″ est
Localisation
Géolocalisation sur la carte : Paris
Villa Montmorency
Géolocalisation sur la carte : France
Villa Montmorency

    Situation et accès

    Plan de la villa Montmorency.

    La villa est limitée par la rue Poussin au sud (no 12), la rue Bosio au sud-est, la rue Raffet au nord-est et le boulevard de Montmorency au nord-ouest[2]. Elle est située près du bois de Boulogne et de l'hippodrome d'Auteuil[1].

    Elle est composée de six avenues :

    Elle est desservie à proximité par les lignes à la station Michel-Ange - Auteuil et par la ligne de bus RATP 52.

    Origine du nom

    Elle porte ce nom en raison de la proximité du boulevard de Montmorency.

    Statut

    La villa est une résidence fermée. Si le règlement de 1853 indique qu’elle abrite des « maisons unifamiliales de campagne et d'agrément », il s'agit de nos jours de résidences de luxe et d'hôtels particuliers.

    Le premier règlement interdit l'accès des lieux aux « individus tenant guinguette ou bal public […] et aux femmes de mauvaise vie ». Cet espace privé a des règles de copropriété strictes et contraignantes définies dans le cadre d'une association syndicale qui gère l'ensemble depuis 1853 (interdiction pour les employés de maison d'entrer avec un véhicule, interdiction de diviser les villas en plusieurs locations  chaque appartement doit faire au minimum 150 m2 , hauteur maximale de neuf mètres pour les maisons, harmonisation obligatoire des façades, etc.).

    Un gardien à l'entrée en contrôle l'accès en vérifiant les permissions d'entrée. Des caméras de surveillance sont installées et des panneaux rappellent qu'il est interdit aux non-résidents d'y pénétrer, sous peine de poursuites[3].

    L'enlèvement des ordures est réalisé avec de petites bennes électriques pour ne pas déranger les résidents[1].

    Pour le géographe Renaud Le Goix, « la villa Montmorency est certainement la forme la plus aboutie d'enclosure dans Paris intra-muros »[1].

    Historique

    Le terrain appartient à l'origine à comtesse de Boufflers-Rouverel, une libertine proche de la reine Marie-Antoinette. Acquis en 1773, il porte le nom de clos d'Aligre[2]. Dès l'origine, la propriété est murée et l'actuelle villa réemploie l'ancienne fermeture[1].

    La villa est créée lors de l’achat en 1852 par la Compagnie du chemin de fer de Paris à Saint-Germain, dirigée par des frères Pereire, du château de Boufflers et de son parc (œuvre de Jules Hardouin-Mansart) à la famille de Montmorency, en vue de réaliser à la place la gare d’Auteuil et un projet immobilier de luxe. Les frères Pereire conservent le nom de « Montmorency » afin d'attirer une clientèle huppée. Le lotissement est prévu pour se trouver sur la partie pentue de l'ancien parc, afin de dégager la vue des résidences[3].

    La villa, constituée d'une cinquantaine de maisons séparées par des allées (avec une place centrale comprenant une fontaine), est bâtie en 1860 d'après les plans de l'architecte Théodore Charpentier[4]. Elle compte 50 lots à l'origine, 106 en 1977 et environ 120 maisons de maître actuellement[5],[1]. Leur style architectural général rappelle celui des villas balnéaires de Deauville ou d'Arcachon fin XIXe siècle[6],[2].

    Le 15 septembre 1918, durant la Première Guerre mondiale, une bombe explose dans la villa Montmorency, sur le no 12 avenue des Tilleuls, lors d'un raid effectué par des avions allemands[7].

    C'est à partir des années 1970 que des personnalités du monde du spectacle commencent à y vivre, rejointes à partir des années 1980 par des grands entrepreneurs et leur famille, le caractère fermé de la villa s'accentuant avec la montée des prix de l'immobilier dans les années 2000[2].

    Si la sécurité est assurée par un grand nombre de gardes, elle a montré plusieurs défaillances : en 2003, une propriétaire est assassinée dans son appartement ; en 2005, des cambrioleurs ligotent l'architecte Olivier-Clément Cacoub[8] ; un autre cambriolage a lieu en 2008[9],[2],[10] ; le footballeur brésilien Thiago Silva y est victime d’un vol avec un préjudice estimé à un million d’euros[11] ; en avril 2021, une fête clandestine organisée par des influenceurs s'y déroule, entraînant l'intervention de dizaines de policiers en pleine nuit[12].

    Le , un groupe de Gilets jaunes et de manifestants hostiles à l'« oligarchie » réussit à s’introduire dans la villa[13].

    Résidents célèbres

    En 1873, Victor Hugo s'installe trois mois dans une maison de la villa Montmorency, accompagnant son fils François-Victor, interné à la clinique du docteur Blanche, situé dans le même arrondissement.

    Au début du XXe siècle, l'écrivain André Gide y fait construire un chalet moderniste, qu'il juge lui-même assez laid, et y mène une vie d’ermite, recevant en 1916 par hasard le poète Guillaume Apollinaire, revenu des tranchées. Après la guerre, ses voisins vont poser des serrures sur les entrées de la villa, officiellement pour prévenir la présence de prostituées à la suite de la destruction de l'enceinte de Thiers toute proche, officieusement pour protester contre Gide, qui laissait les patients de la Fondation italienne, une clinique du quartier désormais fermée, se promener dans les allées.

    Le prix de l'immobilier est très élevé dans ce lotissement, du fait des nombreuses maisons à l'architecture remarquable qui le composent et surtout de son caractère privé, qui en fait un refuge pour de nombreuses personnalités très fortunées[9]. Cet ensemble est toutefois également habité par des petits propriétaires qui refusent de voir leurs charges augmenter inconsidérément[14].

    Personnalités habitant ou ayant habité la villa Montmorency[9]

    On compte également plusieurs membres de familles d'entrepreneurs ou de riches héritiers qui possèdent une maison, comme Corinne Bouygues (fille de Francis Bouygues), Wladimir Taittinger (fils de Jean Taittinger) ou Christine de Vaureix (née Vuitton)[2]. Une branche de la famille noble Rohan-Chabot y vit dans la seconde moitié du XXe siècle[28].

    Notes et références

    1. Renaud Le Goix, « Les gated communities aux États-Unis et en France : une innovation dans le développement périurbain ? », Hérodote n°122, 2006/3, p. 107-137.
    2. Olivier Bouchara et Jean-Baptiste Roques, « Du rififi dans le ghetto du gotha », Vanity Fair, no 15, septembre 2014, p. 206-213 et 244-245.
    3. Callen, Le Goix, 2007, « Fermetures et “entre soi” dans les enclaves résidentielles », in Le Goix, Saint-Julien, La métropole parisienne. Centralités, inégalités, proximités, Belin (coll. Mappemonde).
    4. « La Villa Montmorency », sur www.pss-archi.eu (consulté le ).
    5. François Labrouillère, « Villa Montmorency : l'exode des “ultrariches” », Paris Match, semaine du 14 au 20 novembre 2013, p. 48.
    6. Michel Pinçon et Monique Pinçon-Charlot, Sociologie de la bourgeoisie, Éditions La Découverte, 2005, 128 p. (ISBN 978-2707146823), p. 62.
    7. Excelsior du 8 janvier 1919 : Carte et liste officielles des bombes d'avions et de zeppelins lancées sur Paris et la banlieue et numérotées suivant leur ordre et leur date de chute
    8. « L'architecte Cacoub séquestré par des cambrioleurs villa Montmorency à Paris », www.batiweb.com, 31 mars 2005.
    9. « La Cité Interdite », sur www.lepoint.fr, (consulté le ) (sauf référence contraire).
    10. « Les braqueurs s'en prennent à la résidence des stars », www.leparisien.fr, 26 mars 2005.
    11. Rémi Dupré, « Surexposés sur les réseaux sociaux, installés dans les plus beaux quartiers... Les joueurs du PSG dans le viseur des cambrioleurs », Le Monde, 11 août 2021.
    12. « Soirée clandestine à côté de chez Nicolas Sarkozy : un chroniqueur de «Touche pas à mon poste» impliqué », sur tvmag.lefigaro.fr, (consulté le ).
    13. « Gilets jaunes : des manifestants se sont introduits Villa Montmorency, à Paris », Europe1, 12 septembre 2020.
    14. « La Cité interdite : stars et intouchables », www.lepoint.fr.
    15. Raphaëlle Bacqué et Vanessa Schneider, « Cyrille, Yannick et les autres… Les héritiers Bolloré à l’ombre du patriarche », sur Le Monde, (consulté le ).
    16. Cédric Pietralunga, « Vincent Bolloré : l'opportuniste », M, le magazine du Monde, semaine du 19 octobre 2013, p. 65-72.
    17. « Nicolas et Carla Sarkozy : leur paradis très exclusif Villa Montmorency », gala.fr, 14 décembre 2020.
    18. Camille Pascal, Scènes de vie quotidienne à l'Élysée, Plon, 2012, 272 p. (ISBN 978-2259219259), p. 176.
    19. Dave : le chanteur perd son domicile parisien, une star vole à son secours, Mathieu Piccarreta, 26/06/2020, https://www.voici.fr/news-people/actu-people/dave-le-chanteur-perd-son-domicile-parisien-une-star-vole-a-son-secours-683239
    20. Élisabeth Chavelet, Rachida ne meurt jamais, Éditions du Moment, 2013, 180 p. (ISBN 978-2354172459), p. 164.
    21. « Céline Dion achète une villa 47 millions à Paris dans le 16e arrondissement ! », sur www.staragora.com, (consulté le ).
    22. Public, « Mylène Farmer s’offre une nouvelle vie… »,
    23. https://www.ouest-france.fr/normandie/honfleur-14600/loeuvre-du-peintre-felix-fournery-presentee-cet-ete-3976576.
    24. Ghislain de Montalembert, « Xavier Niel, 100 % Free », www.lefigaro.fr, article du 19 juillet 2013 (consulté le 22 septembre 2013).
    25. « Le PSG dans les griffes du chat », L'Équipe Magazine, n°1950, 29 novembre 2019.
    26. Léna Lutaud, « Sylvie Vartan, derrière les lunettes fumées », Le Figaro, encart « Le Figaro et vous », samedi 26 et dimanche 27 septembre 2015, p. 38.
    27. « Villa Montmorency : chassés par les impôts, les milliardaires quittent un à un leur célèbre îlot parisien », www.capital.fr, 7 avril 2014.
    28. Anne Fulda, « Emmanuel de Rohan-Chabot, le comte perché », Le Figaro, encart « Le Figaro et vous », samedi 27 et dimanche 28 janvier 2018, p. 37.
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