Vickers VC10

Le Vickers VC10 ou VC-10 est un avion de ligne quadriréacteur britannique des années 1960. Le VC-10 vole pour la première fois le .

Vickers VC-10

Vickers VC-10 de la Royal Air Force en 1985.

Rôle Avion de ligne
Constructeur Vickers
Équipage 7
Premier vol [1]
Mise en service
Retrait 2008[1]
Premier client BOAC
Coût unitaire 1 750 000 £
Production 1962 - 1970
Livraisons 54[1]
Variantes VC10 militaire

Super VC10

Dimensions
Longueur 48,36 m

(Super VC10) 52,32[1] m

Envergure 44,55[1] m
Hauteur 12,04[1] m
Aire alaire 264,9 m2
Masse et capacité d'emport
Max. à vide 63,278 tonnes

66,661 tonnes (Super VC10)[1] t

Max. au décollage 141,521 tonnes

151,953 tonnes (Super VC10)[1] t

Passagers 135

174 (Super VC10)[1]

Motorisation
Moteurs 4 turboréacteurs Rolls-Royce Conway Mk.301
Poussée unitaire 100,1 kN
Performances
Vitesse maximale 933 km/h
Autonomie 9 412 km
Plafond 13 105 m
Charge alaire 534 kg/m2
Rapport poussée/poids 0,27

Origine

Vickers et British Aircraft Corportation

La société Vickers était initialement une fonderie créée en 1828 à Sheffield. Elle produit ensuite des navires, des sous-marins, des pièces d'artillerie, etc. Son activité aéronautique est lancée en 1911, et renforcée en 1928 par l'acquisition de Supermarine. Cette filiale produit, à partir de 1936, le Spitfire, un des chasseurs les plus célèbres de la seconde guerre mondiale[2]. Le Vickers Viscount, développé par Vickers en réponse à l'une des requêtes du Comité Brabazon, est le premier avion de ligne à turbopropulseurs au monde. Il fait son premier vol en 1948 et rencontre un vif succès commercial (445 unités vendues)[3].

En 1960, dans une approche dirigiste, impose la fusion de quatre avionneurs pour former la British Aircraft Corporation : il s'agit de la division aéronautique de Vickers, de Hunting Aircraft (connue surtout pour ses avions d'entraînement), de English Electric (qui avait réalisé le chasseur bisonique Lightning) et de Bristol Aeroplane Company (dont l'Histoire a surtout retenu les bombardiers construits pendant la guerre).

Lancement du programme

Le projet qui allait devenir le VC10 est présenté en 1952 sous le nom de Vickers 1000. Il intéresse à la fois la Royal Air Force et la British Overseas Airways Corporation, ancêtre de British Airways. La BOAC se désengage un temps du projet, et préfère acheter des Boeing 707, en développement outre-Atlantique : les crashs du De Havilland Comet ayant réduit la confiance en l'industrie aéronautique britannique à un niveau plancher. Cependant, il s'avère rapidement que le 707 n'est pas très adapté aux lignes desservant l'Empire britannique, notamment en Afrique. En effet, il est sous-motorisé pour les climats chauds, et inadapté à aux pistes relativement rudimentaires des aéroports coloniaux. La BOAC accepte donc d'être client du projet de Vickers, à condition qu'il réponde au cahier des charges[4]. Le développement du VC10 est déjà bien avancé chez Vickers au moment de la fusion qui a donné naissance à la [sigle à expliciter], et l'avion garde le nom Vickers.

Développement et caractéristiques de l'appareil

Cabine passagers d'un VC-10 de la British Overseas Airways Corporation dans un musée.
Cockpit d'un VC-10 de la British Overseas Airways Corporation dans un musée.

L'avion est aussi gros que le Boeing 707, emportant jusqu'à 150 passagers et affichant une masse maximale au décollage de 140 tonnes. Pour l'époque, le VC-10 est confortable et silencieux, grâce à ses réacteurs Rolls-Royce Conway, premiers réacteurs à double flux à être admis en service régulier.

Conception générale

La caractéristique la plus marquante de la conception du VC10 est l'installation des réacteurs à l'arrière du fuselage. Cette configuration était déjà adoptée sur la Caravelle française, et se retrouve dans de nombreux jets régionaux et d'affaire jusqu'aux XXIe siècle. Néanmoins, le VC10 est l'un des seuls avions (avec l'Iliouchine Il-62 et le Lockheed JetStar) à posséder quatre réacteurs à l'arrière, montés deux par deux. Cette configuration présente de nombreux avantages[5] :

  • Le risque de voir un réacteur avaler un objet étranger au décollage ou à l'atterrissage est très fortement réduit. C'est le point déterminant du VC10, dont le cahier des charges exige alors l'utilisation de pistes sommaires ou mal entretenues.
  • Les moteurs étant moins éloignés les uns des autres, l'asymétrie de la poussée en cas de panne de l'un d'eux est moindre.
  • Les ailes, n'ayant pas à porter les moteurs, peuvent être plus légères mieux optimisées aérodynamiquement.
  • Le risque en cas d'explosion d'un moteur est moindre, car les réservoirs de carburants (situés dans les ailes) sont plus éloignés.
  • Le bruit dans la cabine est réduit.

Néanmoins, cette formule a aussi des inconvénients. D'une part, elle empêche d'installer des sièges dans l'extrémité arrière du fuselage, réduisant donc quelque peu la capacité de l'avion à taille égale. Et surtout, elle déplace considérablement le centre de gravité vers l'arrière. Pour compenser, les concepteurs du VC10 ont placé les ailes très en arrière : la section de fuselage en arrière des ailes et beaucoup plus courte que celle en avant. Cette décision crée à son tour une autre contrainte : le bras de levier dont disposent les stabilisateurs et commandes aérodynamiques est raccourci, ce qui compense sur la taille de l'empennage très grand par rapport à l'avion[5].

Conception de la structure

Train d'aterrissage principal.

Un autre élément particulier de la conception du VC10, beaucoup moins visible, est la conception de son train d'atterrissage principal. Le cahier des charges du VC10 demandant que l'avion soit apte à utiliser des pistes sommaires, le train devait être souple et robuste. Il a été dessiné de façon très originale. La jambe principale prend appui à la fois sur le fuselage, et sur le longeron arrière de l'aile, et il y a deux bielles de verrouillage au lieu d'une seule. Cette conception est reprise un demi siècle plus tard sur l'Airbus A350[6].

Commandes et systèmes de vol

Les surfaces de pilotages sont partitionnées : chaque aileron en deux, le gouvernail de profondeur en quatre et la dérive en trois, ce qui fait un total de 11 surface indépendantes, chacune commandée par deux systèmes hydrauliques redondants. Le système de dégivrage des ailes, lui aussi dupliqué, fonctionne avec de l'air comprimé prélevé sur le compresseur des moteurs[7].

Motorisation

Tous les VC10 sont équipé de turbofans Rolls-Royce RB.80 Conway. Ce réacteur est le premier double flux à avoir été produit en série. Ses essais au banc ont commencé dès 1953. Le Conway a connu une carrière assez longue, ses différentes versions équipant des avions civils (Boeing 707, Douglas DC-8 et donc VC10) et militaires (Handley Page Victor)[8]. Le conway RCo 42, qui équipe les premiers VC10 et développe 100 kN, est déjà une évolution du modèle initial, avec une soufflante plus grande permettant d'augmenter le taux de dilution (c'est à dire le rapport entre les volumes d'air des flux froids et chaud) de 0,25 à 0,6 (valeurs qui restent très basse par rapport aux turbofans modernes, qui dépassent les 10). Il reprend aussi la conception double corps du Rolls-Royce Olympus, c'est à dire que deux axes coaxiaux permettent d'avoir de se séparer compresseurs basse et haute pression (de même pour les turbines)[9].

Variantes

Trois types de VC10 ont été produits :

  • Le Standard VC10 (ou Type 1101) désigne la première version de production, produite à 18 exemplaires.
  • Le Super VC10 (ou Type 1151) est une version dont le fuselage a été allongée de 3,96 \m et dont la masse maximale au décollage a été augmentée de 141 521 kg à 151 953 kg. Le nombre de siège de la classe économique passe de 135 à 174, les réacteurs ayant été changés pour des Conway RCo.43 de 100,1 kN de poussée. Un réservoir de 6 540 litres est placé dans la dérive (ce qui est aujourd'hui la norme)[1]. Cette version a été produits à 22 exemplaires et a fait son premier vol le [10].
  • Le VC10 C.1 (ou Type 1106) est la version destinée au transport militaire. Ellea été produite à 14 exemplaires pour la Royal Air Force. Il utilise le fuselage du standard mais possède les moteurs et le réservoir de dérive du Super. Cet avion peut transporter jusqu'à 150 soldats (les sièges ayant été tournés vers l'arrière sur cette version pour améliorer la sécurité) ou 78 blessés allongés[1].

Tableau comparatif

Caractéristiques du CV-880, en comparaison le B707-320B et le doublag DC-8-50, versions disponibles en 1962
Donnée Vickers Standard VC10 [11] B707-320B[12] DC-8-50
Envergure 44,55 m 39,9 m 43,41 m
Longueur 48,36 m 46,61 m 45,87 m
Hauteur 12,04 m 12,93 m 13,21 m
Largeur fuselage 3,76 m 3,76 m 3,73 m
Passagers (max) 151 189 189
Sièges par rangée 6 6 6
Équipage cockpit 3 3 3
Motorisation (4 réacteurs double flux) General Electric CJ-805-3 (4×kN) Pratt & Whitney JT3D-1 (4×80 kN) Pratt & Whitney JT3D-3D (4×kN)
Poids à vide 63,3 t 67,5 t 65 t
Poids max au décollage 141,5t t 151 t 140,6 t
Autonomie 9 412 km 11 185 km 10 843 km

Échec commercial

Malgré ses qualités, l'avion ne connait guère de succès commercial : seules 54 unités sont produites de 1962 à 1970, exclusivement pour les marchés britannique et africain. L'avion est pourtant apprécié autant des passagers que des équipages[4]. La British Overseas Airways Corporation, ancêtre de British Airways, qui avait fourni le cahier des charges pour la conception de l'appareil, est le principal client. Elle réduit considérablement ses commandes, a seulement 12 Standard VC10 (sur les 17 prévus initialement) et 17 Super VC10 (sur les 30 prévus initialement). Une autre compagnie britannique, la British Caledonian, achète quatre Standard VC10. L'avion trouve également deux clients en Afrique, dans les des pays du Commonwealth : Ghana Airways achète deux Standard et East African Airways (compagnie publique cogérée par la Tanzanie, le Kenya et l'Ouganda) prend livraison de cinq super VC10. En ajoutant les 14 VC10 militaires achetés par la RAF, la liste des acheteurs est courte[10].

A cela, il faut ajouter quelques utilisateurs d'avions achetés d'occasion. Un avion de la BOAC est racheté en 1974 par les Émirats arabes unis, qui l'utilisent comme avion officiel jusqu'en 1981[13]. Un autre est acheté en 1969 par Nigeria Airways, mais est détruit quelques semaines plus tard dans un accident[14]. Gulf Air, une compagnie basée au Bahreïn, achète également 5 standard VC10 de la BOAC, mais ne les utilise que pendant deux ans[10]. Deux avions de la Caledonian, sont, eux, revendus à Air Malawi et Middle East Airlines avec, ici aussi, une utilisation courtes[10].

Carrière au sein de la Royal Air Force

Un Vickers VC-10 C1K au premier plan avec un second VC-10 ravitaillant une formation de Tornado et de SEPECAT Jaguar en 2000.
Vickers VC-10 de la RAF ravitaillant des Panavia Tornado en 2005.

La Royal Air Force prend livraison de 14 VC10 neuf de 1966 à 1968. Ces avions, pris en compte par No. 10 Squadron RAF (en)[Quoi ?] sur la base aérienne de RAF Brize Norton dans le Oxfordshire, sont désignés VC10 C1. Leur fuselage est celui des standard VC10 (mais ils possèdent des moteurs légèrement plus puissants) et la dérive des Super VC10. Ils portent les numéros de série constructeur 826 à 839 et reçoivent les noms de pilotes titulaires de la Croix de Victoria[15],[10].

Outre leur rôle de transport stratégique, ils remplissent diverses fonctions pour le gouvernement britannique. Ayant un aménagement spécialisé pour le transport des hautes personnalités, certains sont fréquemment utilisés pour les déplacements de la reine et du premier ministre[16].

British Airways retire graduellement ses VC10 du service entre 1980 et 1981[4]. La majorité des appareils encore en activité sont repris par la RAF, dans le but de les transformer en avions de ravitaillement en vol. Ainsi, British Aerospace est chargé de convertir 9 appareils : cinq standard VC10 (ex-British Airways), qui deviennent les VC10 K2, et quatre Super VC10 (Ex-East African) redésigné VC10 K3[17]. Ces avions reçoivent des réservoirs supplémentaires installés au sein de la cabine. Ils entrent en service à partir de 1984, trop tard pour participer à la guerre des Malouines[18]. Ils sont utilisés par le No. 101 Squadron RAF (en)[Quoi ?] . Par ailleurs, 14 autres Super VC10 provenant de British Airways sont stockés à Prestwick, avec l'intention de les cannibaliser progressivement pour fournir des pièces détachées au reste de la flotte[19].

Les VC-10K opèrent en parallèle avec les Handley Page Victor ravitailleurs qu'ils remplacent après le retrait de ces derniers en 1993. Plusieurs VC-10 C.1 de transport sont par la suite modifiés pour servir de ravitailleur en vol.

La flotte de VC-10 s’amenuisant avec les années, les deux squadrons fusionnent en [20] ; le Squadon 101 met en œuvre les derniers C.1K, K.3 et K.4 qui restent encore en service dans la RAF comme avions ravitailleurs soit 13 appareils en et 8 en (quatre K3, trois C.1K et un K4). Leur dernier vol opérationnel a lieu le . Ils sont remplacés par l'Airbus A330 MRTT Voyagers[21].

Avions perdus

DateLieuTypeNuméro de sérié

Immatriculation

OpérateurCausesNombre de victimes
vers LagosVC-10-1101804 (5N-ABD)Nigeria AirwaysDescente trop rapide lors en approche.87/87
Addis-AbebaVC-10-1154881 (5X-UVA)East African Airways Corp.L'avion roule sur un débris. L'équipage décide d'annuler le décollage. L'avion ne parvient pas à s'arrêter avant la fin de la piste à cause d'un mauvais remontage des freins à la suite de l'entretien de ceux-ci.43/107
TunisVC-10-1151867 (G-ASGR)British AirwaysPrise d'otage1/47

Voir aussi

Notes et références

  1. René Jacquet-Francillon, Du Comet à l'A380 : histoire des avions de ligne à réaction, Clichy, Larivière, , 445 p. (ISBN 2-84890-047-4), p. 154-157
  2. (en) « Vickers Supermarine », sur BAE Systems | International (consulté le )
  3. (en) « Vickers Viscount », sur BAE Systems | International (consulté le )
  4. (en-US) Lee Cross, « Today in Aviation: BA Retires the Iconic Vickers VC10 », sur Airways Magazine, (consulté le )
  5. (en) J. A‐ Hay, « VICKERS VC10 Part One—Aerodynamic Design: Description of the Design Philosophy of Wings, Engine Installations, Tail, and Flying Control System », Aircraft Engineering and Aerospace Technology, vol. 34, no 6, , p. 158–164 (ISSN 0002-2667, DOI 10.1108/eb033566, lire en ligne, consulté le )
  6. (en) Max Kingsley-Jones2007-05-28T10:44:00+01:00, « Pictures: Airbus adopts Vickers VC10 landing gear concept for A350 XWB », sur Flight Global (consulté le )
  7. « VICKERS VC10 Part Five—Systems, Equipment and Testing: Brief Descriptions of the Flying Control, Hydraulic, Electrical, Pressurization, Fuel and Anti‐Icing Systems and Auxiliary Equipment », Aircraft Engineering and Aerospace Technology, vol. 34, no 6, , p. 182–184 (ISSN 0002-2667, DOI 10.1108/eb033570, lire en ligne, consulté le )
  8. « Rolls-Royce Conway RCo.12 Mark 509 Turbofan Engine | National Air and Space Museum », sur airandspace.si.edu (consulté le )
  9. « VICKERS VC10 Part Four—Conway R.Co.42 By‐Pass Turbojet: Description of the Design Background and Technical Features of the Rolls‐Royce R.Co.42 Power Plant », Aircraft Engineering and Aerospace Technology, vol. 34, no 6, , p. 179–181 (ISSN 0002-2667, DOI 10.1108/eb033569, lire en ligne, consulté le )
  10. « Production Numbers », sur www.vc10.net (consulté le )
  11. (en-US) . (photogr. GeorgeM757, Reinhard Zinabold et kitmasterbloke), « Convair 880 : The fastest jet transport in the world at the time » Convair 880} : l'avion à réaction commercial le plus rapide du monde à son époque »], sur aerocorner.com (consulté le ).
  12. (en-US) Gerard Frawley (photogr. Peter Tonna, Graig Murray et George Gayuski), « Aircraft Technical Data & Specifications : Boeing 707 » Données techniques et spécifications de l'avion : Boeing 707 »], sur www.airliners.net, Toronto, Ontario, VerticalScope Inc. (consulté le ).
  13. « C/n 808 - G-ARVF », sur www.vc10.net (consulté le )
  14. « C/n 804 - G-ARVA - 5N-ABD », sur www.vc10.net (consulté le )
  15. (en) « Vickers VC10 », sur BAE Systems | International (consulté le )
  16. « C/n 836 - XV106 », sur www.vc10.net (consulté le )
  17. Air International October 1980, p. 159.
  18. (en-US) « Vickers VC10 », sur www.militaryfactory.com (consulté le )
  19. « VC10s in storage », sur www.vc10.net (consulté le )
  20. « Décoration spéciale pour les 40 ans de service du VC-10 dans la RAF », Le Fana de l'aviation, no 447, , p. 9 (ISSN 0757-4169)
  21. (en)Craig Hoyle, « RAF VC10s to make last operational flight », sur Flight Global, (consulté le )
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