Union rationaliste

L'Union rationaliste (UR) est une association française à but non lucratif fondée en 1930 sous l'impulsion, en particulier, du médecin Henri Roger et du physicien Paul Langevin. Elle promeut le rôle fondamental de la raison dans les capacités d'adaptation, d'organisation, d'expérimentation et de critique propres à l'espèce humaine, et le fait de faire reconnaître que les avancées techniques, scientifiques, politiques et culturelles de l'homme sont principalement dues à la raison.

Elle lutte contre les différentes formes de dogmatisme ainsi que contre le recours au surnaturel, et promeut une éducation laïque et républicaine. Elle anime des colloques, des conférences, une émission radio sur France Culture (un dimanche matin par mois) et publie deux revues (une bimestrielle et une trimestrielle), et distribue un prix annuel récompensant une œuvre d'inspiration rationaliste.

L'Union rationaliste compte parmi ses membres des scientifiques de renom, professeurs au Collège de France ou prix Nobel, des membres de l'Institut de France, ainsi que des écrivains célèbres.

Constitution

Fondée le de manière autonome par Henri Roger, doyen de la Faculté de médecine et le physicien Paul Langevin, l'Union rationaliste est à la fois l'héritière des courants libres-penseurs de la fin du XIXe siècle et le témoin de l'inquiétude soulevée par la crise mondiale de 1929 et ses conséquences politiques, la remise en cause de la détente internationale et la montée du fascisme en Europe[1].

Elle se dote d'une revue mensuelle, Les Cahiers rationalistes, en . L'objectif de l'Union est exposé dans le manifeste « Notre programme » publié dans le premier numéro des Cahiers : « Défendre et répandre dans le grand public l’esprit et les méthodes de la Science pour lutter contre l’irrationalisme, et plus encore, l’ignorance, en groupant un nombre de savants disposés à dérober quelques heures à leurs recherches personnelles pour se consacrer à cette œuvre d’éducation ». L'objectif est aussi de réagir à la « renaissance littéraire catholique » et au courant conservateur catholique politique. Les interventions de ce rationalisme laïc se font à travers cette revue, des conférences, et la publications de livres et brochures. Deux ans après sa fondation, l'Union comptabilise 1 072 abonnés à ses Cahiers et 2 062 adhérents, son public restant assez élitiste malgré l'organisation de bals populaires et l'intégration de militants appartenant au Syndicat national des instituteurs[2].

Le conseil de direction est alors composé d'Henri Roger (président), de Paul Langevin (vice-président), d'Albert Bayet (secrétaire général et ce, jusqu'en 1945), de David Jahia (trésorier), de Louis Lapicque, de Jean Perrin et d'Henri Laugier, savants qui ont fait leurs classes politiques au moment de l'affaire Dreyfus[3].

Dans le comité d'honneur et le comité d'études, on compte notamment Albert Einstein, Paul Appell, Émile Borel, Jacques Hadamard, Jean-Maurice Lahy, Henri Piéron, Charles Richet, Paul Rivet, François Simiand et Georges Urbain[4].

Les Éditions rationalistes sont fondées en 1936.

Évolution

L'Union rationaliste joue un rôle essentiel dans la genèse du CNRS en 1939, grâce notamment aux réseaux scientifiques et politiques d'Henri Laugier[5].

Après la Seconde Guerre mondiale, l'association passe sous l'influence diffuse du PCF. Dans un contexte d'isolement politique de celui-ci, le rationalisme est alors considéré stratégiquement comme un pont vers les "organisations bourgeoises"[6]. L'Union rationaliste constitue, pendant la guerre froide, un lieu-refuge pour les scientifiques communistes. D'après Natacha Dioujeva, aux yeux de certains de ces scientifiques, toute critique de la ligne politique de Staline parait alors obscurantiste, donc irrationnelle[7]. En revanche, Sylvain Laurens estime que, notamment à la suite de l'Affaire Lyssenko à la fin des années 1940, l'Union rationaliste était un refuge pour des scientifiques marxistes en désaccord avec le stalinisme[6] et son instrumentalisation de la science.

Dans la période de renouveau du marxisme qui accompagne la déstalinisation, l'association devient « un lieu d'échange sur les rapports entre marxisme, sciences sociales et histoire des sciences, comme en témoigne notamment la revue Raison présente, lancée en 1966 par des intellectuels communistes critiques vis-à-vis de la direction de leur parti (Émile Bottigelli, Maurice Caveing, Yves Galifret, Maurice Godelier, Ernest Kahane, Victor Leduc, Jacqueline Marchand, Jean-Pierre Vernant)[8]. »

L'UR prend acte des colloques de Royaumont dans les années 1960 pour refondre le rationalisme sans la béquille du socialisme scientifique[3].

Selon Sylvain Laurens, face au déclin continu de l'association depuis plusieurs dizaines d'années, ses militants sont à la recherche d’un nouveau consensus rationaliste[3].

Présidents

Présidents de l’Union rationaliste :

Publications

L'Union rationaliste publie deux revues :

Galerie

Notes et références

  1. Jean-François Picard, Henri Laugier en son siècle, CNRS éditions, , p. 41.
  2. François Chaubet, Histoire intellectuelle de l'entre-deux-guerres: Culture et politique, Nouveau Monde éditions, , p. 87.
  3. Sylvain Laurens, Militer pour la science : les mouvements rationalistes en France (1930-2005), éditeur EHESS, .
  4. Jean-François Picard, La république des savants. La recherche française et le CNRS, Flammarion, , p. 278.
  5. Jean-François Picard, op. cit., p. 64
  6. Jérôme Michalon, « Sylvain Laurens, Militer pour la science. Les mouvements rationalistes en France (1930-2005) », Lectures, (ISSN 2116-5289, lire en ligne, consulté le )
  7. Natacha Dioujeva, Staline à Paris, Ramsay, , p. 275.
  8. Jean-Numa Ducange, Antony Burlaud, Marx, une passion française, La Découverte, (lire en ligne), n.p..
  9. Les Cahiers rationalistes
  10. Raison présente

Voir aussi

Bibliographie

  • Sylvain Laurens, Militer pour la science : les mouvements rationalistes en France (1930-2005), EHESS, (lire en ligne)

Articles connexes

Liens externes

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