Thinkerview

Thinkerview est une émission-débat française, lancée en sur YouTube. Son format consiste en de longs entretiens entre « Sky » et ses invités, sans montage.

Thinkerview
Logo de Thinkerview.
Informations
Genre Entretiens
Créateur « Sky »
Vidéos populaires Juan Branco
Christophe Brusset
Idriss Aberkane
Michel Onfray
Frédéric Pierucci
Alain Juillet
Kémi Séba
Gaël Giraud
Albert Dupontel
Jean-Luc Mélenchon
Nombre d'abonnés 844 000 (en )
Site internet thinkerview.com
Chaîne(s) YouTube
PeerTube

Histoire

Thinkerview commence la diffusion de ses programmes en , sur YouTube[1]. Léonard Sojli, ultérieurement défenseur du mouvement complotiste QAnon, est son co-fondateur ; il quitte la chaîne en 2015[2].

Dans le cadre du mouvement des gilets jaunes, la chaîne connaît une forte augmentation d'audience, passant de 200 000 abonnés en à plus de 310 000 quelques mois plus tard[1].

En , les dons de 2 200 contributeurs, via la plateforme Tipeee, permettent de financer 14 700  de budget minimum. Celui-ci permet, outre l’augmentation de la fréquence des entretiens, la rétribution de l'équipe technique ainsi que du présentateur qui déclare se verser un salaire de « 2 200  par mois »[3].

Diffusion

La diffusion des œuvres audiovisuelles de Thinkerview se fait grâce à YouTube et PeerTube[4],[5].

Concept et objectifs

Les entrevues se veulent participatives, sans montage[6], et souvent en direct, d'une heure ou plus. Sur la forme, l'entretien se déroule dans un cadre minimaliste : fauteuil sur fond noir, l'invité est seul présent à l'écran. Sur le fond, les interviews « bousculent » mais sont denses et travaillées[3]. La longueur importante des entretiens, la manière parfois déstabilisante d'interviewer, l'absence de montage, ont souvent été opposées au format télévisuel classique, en particulier celui des chaînes d'information en continu[7] ou les émissions d'infodivertissement[1].

Le logo est une référence à la théorie du cygne noir : le but serait de déceler l'idée rare[1].

Orientation politique

L'animateur, Sky, souhaite rester anonyme. Des indices existent néanmoins concernant son identité[8],[9],[10],[11]. Il se réclame de la pensée[12] de Marc Ullmann, ancien rédacteur en chef de L'Express, chroniqueur sur RTL et dans Italiques. Il qualifie son projet d'« indépendant [et] très différent de la plupart des think tanks qui sont inféodés à des partis politiques ou des intérêts privés »[3]. Thinkerview a été décrit comme proche du milieu du hacking[7].

La diversité des personnalités invitées, allant de droite à gauche, rend l'émission « inclassable »[1] bien que les personnes interviewées aient toutes un certain penchant pour les pensées « contestataires »[3].

À cet égard, Rudy Reichstadt de l'observatoire Conspiracy Watch, affirme : « on sent qu'il y a une culture complotico-compatible, qu'on est dans la culture du caché »[3]. Selon lui, d'autres invités comme Michel Collon, Étienne Chouard, Kémi Séba ou Juan Branco « participent de cette mouvance complotiste »[3]. Pour Rudy Reichstadt, Thinkerview « contribue à banaliser la parole de ces gens-là, qui n'élèvent pas le débat. Il leur donne une légitimité, une caution évidente et accroît leur audience »[3].

Dans Marianne, Fabrice Epelboin, spécialiste du web social, note en revanche que « [ceux-ci] représentent des courants de pensée très importants dans la société. Même s'ils peuvent mettre mal à l'aise, ne pas leur donner la parole ne fait qu'accroître leur crédit en laissant monter le sentiment qu'il y a des choses à cacher[7]. » Le présentateur répond de même qu'il est « contre-productif de ne pas leur donner la parole, parce que [ces gens] ensuite se réfugient entre eux sur internet et ça donne le pire du conspirationnisme ». De plus, il pose que l'utilisation d'une plateforme de vérification des faits est un bon moyen d'en « déradicaliser un certain nombre »[3].

Pour Le Monde, « Thinkerview se veut farouchement inclassable. Des spécialistes de tous bords y défilent, certains détestés par la droite, d’autres par la gauche, des recalés des poids lourds du PAF, tels que le chercheur agronome Pablo Servigne qui s’est intéressé à la collapsologie, le philosophe Bernard Stiegler mais aussi Étienne Chouard, le défenseur du RIC, venu de la gauche radicale et flirtant avec une partie de l’extrême droite, ou l’essayiste influent au sein de l’extrême droite Laurent Obertone. Le tout a parfois des relents conspirationnistes[1] ». La citation « il faut que j'aille pisser » extraite de ce dernier épisode sert Clément Parrot comme titre de section pour aborder le ton de l'animateur. Parrot écrit que Sky peut « déstabiliser légèrement l'invité » en le laissant seul parler aux caméras après s'être ainsi éclipsé[3].

Le succès de Thinkerview a été analysé comme une des conséquences de la montée de l'influence des chaînes YouTube[13] et plus généralement des médias issus de l'Internet[14] qui répondent à un vide médiatique sur les sujets abordés ou à la faible médiatisation de certaines perspectives et analyses[7].

Les activités de l'animateur ont également suscité des débats. Dans Libération, la rubrique Check News confirme les liens étroits entre l'animateur et la chaîne complotiste Reopen911 : en effet Sky est de 2008 à 2015 un utilisateur régulier du forum du site complotiste ReOpen911[15]. Sky affirme avoir voulu « infiltrer leur forum pour comprendre leur mentalité », « n'avoir aucun doute sur le  » et il dénonce de la part de Conspiracy Watch, une « culpabilité par association »[16].

La présence de Sky à une rencontre avec le ministre des Affaires étrangères russes Sergueï Lavrov, en marge du Forum de Paris pour la paix au mois de , a alimenté les accusations d'un tropisme pro-russe décelable, selon certains observateurs, dans le choix de ses invités (Artem Studennikov, ministre-conseiller à l'ambassade de Russie, Alekseï Pouchkov, président de la commission des Affaires étrangères au parlement russe, Xenia Fedorova, présidente de RT France, Ivan Erhel, porte-parole de Sputnik, etc.)[8]. Selon lui toutefois, sa présence relevait d'une simple visite de curiosité, doublée de l'espoir d'inviter Lavrov sur sa chaîne[8].

Notes et références

  1. « ThinkerView, la chaîne YouTube qui veut hacker les médias », sur lemonde.fr, Le Monde, .
  2. Tom Hollmann, Complotisme : Léonard Sojli et ses « DéQodeurs », figure de proue hexagonale, 20 Minutes, .
  3. Clément Parrot, « Qui se cache derrière Thinkerview, la chaîne YouTube qui surfe sur le mouvement des « gilets jaunes » ? », sur Franceinfo, (consulté le ).
  4. « PeerTube : Framasoft lance son alternative Libre à YouTube », Mr Mondialisation, (lire en ligne, consulté le ).
  5. « PeerTube : le « YouTube décentralisé » passe en bêta publique », Next INpact, (lire en ligne, consulté le ).
  6. [document audio à 26:46] « Les petits pas dans l’écran - 17/02/2018 », sur europe1.fr (consulté le ).
  7. « Le phénomène ThinkerView ou le triomphe de l'info non formatée », sur Marianne, (consulté le ).
  8. Tony Le Pennec, « THINKERVIEW, LA CHAÎNE YOUTUBE QUI AIME LES RUSSES (ET VICE-VERSA) », Arrêt sur images, (lire en ligne).
  9. « Paris tente une cyber-désescalade avec Moscou », Intelligence Online, (lire en ligne).
  10. Son nom apparaît également comme « CEO de Thinkerview » dans liste des invités à la conférence de l'IATR (Académie Internationale de Radio et Télévision, un think tank de journalistes russes) de 2016 à Belgrade (Serbie) [PDF].
  11. Médias, article de Mathieu Dejean, Les Inrockuptibles, .
  12. « On a rencontré les gens qui n'écoutent pas de podcasts », sur L'ADN, (consulté le ).
  13. « Panorama : les 7 nouvelles formes de journalisme issues du numérique », sur BDM, (consulté le ).
  14. Robin Andraca, Le fondateur de la chaîne Thinkerview était-il un membre actif du forum ReOpen911 ?, CheckNews Libération, .
  15. Le fondateur de la chaîne Thinkerview était-il un membre actif du forum ReOpen911 ?, Libération.

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

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