Oles Bouzina

Oles Alexeïevitch Bouzina (en russe : Оле́сь Алексе́евич Бузина́, en ukrainien : Оле́сь Олексі́йович Бузина́), né le à Kiev (URSS) et mort assassiné le à Kiev (Ukraine), est un journaliste et essayiste ukrainien.

Biographie

Il naît à l'époque de l'Union soviétique dans une famille ukrainienne russophone. Selon ses dires, ses parents descendent de paysans et de cosaques[1]. Son père, Alexeï Grigorievitch Bouzina, est officier au département no 5 du KGB. L'arrière-grand-père d'Oles Bouzina a servi comme officier dans l'armée impériale pendant la Première Guerre mondiale. Il est condamné pendant la période de dékoulakisation et de collectivisation des années 1930 à la détention dans un Goulag réservé à la construction du canal Mer Blanche-Baltique, décidé par Staline[2].

Oles Bouzina poursuit ses études secondaires à Kiev à l'école spécialisée no 82 Chevtchenko. Comme l'immense majorité des Ukrainiens, il était bilingue ukrainophone et russophone.

Il termine en 1992 la faculté de philologie de l'université de Kiev, dans la filière de préparation au métier d'enseignant de langue et de littérature russes. Cependant, il n'a jamais enseigné par la suite. Il travaille tout de suite dans diverses maisons d'édition de presse de Kiev, par exemple aux Kievskie vedomosti (1993-2005), au journal 2000 et dans les revues L'Ami du lecteur Друг читателя »), Leader Лидер »), le magazine féminin Nathalie Натали »), Ego Эго »), «XXL»[3], etc.

À partir de 2007, il est chroniqueur et ouvre un blog[4] pour le journal ukrainien russophone Sevodnia (en français : Aujourd'hui, « Сегодня »), financé par l'oligarque ukrainien Rinat Akhmetov.

Son livre sur le grand écrivain ukrainien Taras Chevchenko, paru en 2000 et moquant la figure de la littérature ukrainienne, est attaqué en justice par l'Union nationale des écrivains ukrainiens.

Il présente l'émission Teen-Liga sur la chaîne ukrainienne Inter Интер » ou « Інтер ») d' à sa mort en , ainsi que des émissions de jeux télévisés Brain-ring « брейн-ринг ».

On le voyait depuis 2011 à l'émission équivalent à Bachelor (Comment épouser un célibataire ? « Холостяк. Как выйти замуж? ») aux côtés d'Anfissa Tchekhova. Il intervenait régulièrement, depuis 2014, dans les médias russes.

Il est candidat aux élections législatives de 2012 en Ukraine, en tant que représentant du parti prorusse ultraminoritaire "Bloc russe", à la circonscription no 223 de Kiev. Il ne remporte, malgré sa notoriété, que la quatrième place avec 8,22% des suffrages[5],[6]. Il ne recueille plus que 3,11% des suffrages aux élections de 2013.

Il s'est opposé à la révolution orange de 2004, qualifiant régulièrement le président Viktor Iouchenko de "néonazi".

Depuis 2015, Bouzina était rédacteur-en-chef de Sevodnia. Mais il démissionne en comme marque d'opposition à la censure de la holding Media Gruppa Ukraina[7].

Les livres préférés de Bouzina étaient Un héros de notre temps de Lermontov et La Garde blanche de Boulgakov[8].

Oles Bouzina considérait que les Russes, Ukrainiens et Biélorusses forment « un seul et unique peuple. »[9].

Il accusait les Ukrainiens de l'Ouest de « vouloir détruire la culture russe », le russe n'étant plus langue d'enseignement à l'université et largement remplacé par l'ukrainien dans l'enseignement secondaire, sauf dans l'enseignement technique [10].

Mort

Il est victime d'une fusillade le dans le centre-ville de Kiev, près de son domicile, dans le quartier de la rue Degtariov au no 58. Les tirs selon les témoins ont été effectués à partir d'une Ford Focus de couleur bleu foncé[11],[12] qui l'atteignent dans le dos[13].

Petro Porochenko déclare, quelques heures après l'annonce de la mort du journaliste, qu'il s'agit d'une « provocation évidente », à l'instar de l'assassinat du journaliste ukrainien russophone Sergueï Soukhobok trois semaines auparavant[14] et l'assassinat par balles, la veille, d'un ancien député ukrainien du Parti des régions, Oleg Kalachnikov, opposé au mouvement d'Euromaïdan[15] : « ces crimes ne profitent qu'à nos ennemis, à ceux qui veulent déstabiliser la situation intérieure en Ukraine et jeter le discrédit sur le choix du peuple ukrainien ». Deux jours avant leur mort, les adresses privées de Bouzina et Kalachnikov ont été révélées aux public sur le site Mirotvorets[16], site d'informations créé en soutien du gouvernement ukrainien actuel et afin d'« identifier » les opposants qualifiés de « séparatistes » et de « terroristes »[16].

Vladimir Poutine exprime ses condoléances à la famille et aux proches pendant son émission en direct à la télévision, ce même jour[17]. Il qualifie de « politiques » les motivations de ce meurtre[18]. La presse russe quant à elle pose la question de l'ultranationalisme de certains membres du gouvernement ayant intérêt à la confrontation[19]. La presse occidentale dans sa majorité, dont Le Figaro[20], le qualifie seulement de « prorusse », alors qu'il se définissait comme un « patriote ukrainien », favorable à la paix entre la Russie et l'Ukraine et défendant les droits des Ukrainiens russophones.

L'inhumation de Bouzina donne lieu à une manifestation antigouvernementale.

Vie personnelle

Oles Bouzina était marié et père d'une fille.

Publications

Oles Bouzina est l'auteur de plusieurs ouvrages de réflexion et d'histoire, notamment des liens de son pays avec la Russie :

  • « Вурдалак Тарас Шевченко » (2000), [ Taras Chevtchenko, la goule]
  • «Тайная история Украины-Руси» (2005), [L'Histoire secrète de l'Ukraine et de l'Ancienne Russie]
  • «Верните женщинам гаремы» (2008), [Rendez aux femmes les harems]
  • «Революция на болоте» (2010), [Révolution dans le marais]
  • «Воскрешение Малороссии» (2012) [La Résurrection de la Petite Russie ]
  • «Союз плуга и трезуба. Как придумали Украину» (2013) [L'Union de la charrue et du trident. Comment a-t-on inventé l'Ukraine]
  • «Докиевская Русь» (2014) [L'Ancienne Russie d'avant Kiev]

Notes et références

  1. (ru) О.Бузина: «Если Богу будет угодно, то без крови разбежимся. Если нет — будем жить дальше в коммунальной квартире»
  2. (ru) L'Histoire d'Oles Bouzine. La grande famine de 1933, jusqu'en 2009
  3. (ru) (uk) ForUm :: Online
  4. (ru) (uk) Олесь Бузина Писатель, спец. кор «Сегодня» Блог Олесь БУЗИНА, Олесь Бузина блог. Писатель Олесь Бузина. Специальный корреспондент Олесь Бузина. Блог Олесь Бузина
  5. (ru) « Центральная избирательная комиссия зарегистрировала кандидатов в народные депутаты от «Русского блока» », Сайт партии «Русский блок» (consulté le )
  6. (uk) « Центральна виборча комісія України - WWW відображення ІАС "Вибори народних депутатів України 2012" » [archive du ], ЦИК Украины (consulté le )
  7. (ru) Да, я написал заявлени об увольнении
  8. (ru) Олесь Бузина: «Ющенко — это пародия на Петлюру и гетмана Брюховецкого»
  9. Le Figaro, 17 avril 2015
  10. « Ukraine : deux personnalités pro-russes tuées par balle à Kiev en 24 heures », Le Monde.fr, (ISSN 1950-6244, lire en ligne, consulté le )
  11. (ru) Le fameux journaliste Oles Bouzina est assassiné à Kiev // Газета.ру, 16 avril 2015
  12. (ru) Oles bouzina assassiné // УНИАН, 16 avril 2015
  13. (ru) Gazeta.ru, article du 16 avril 2015
  14. (ru) Je suis Bouzina, article du 17 avril 2015
  15. « Un proche de Ianoukovitch tué à Kiev », sur www.lefigaro.fr, (consulté le )
  16. (ru) Je suis Bouzina, référence citée
  17. (ru) Прямая линия с Владимиром Путиным // Kremlin.ru, 16 avril 2015
  18. (de) Tagesschau, « Prorussischer Journalist erschossen »
  19. (ru) RIA Novosti, article du 17 avril 2015
  20. le Figaro, « Un journaliste prorusse tué par balle », 16 avril 2015

Liens externes

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