NKVD

Le NKVD (en russe : НКВД, l'abréviation de Народный комиссариат внутренних дел, Narodniï komissariat vnoutrennikh diel ou Commissariat du peuple aux Affaires intérieures) était l'organisme d'État  équivalent à un ministère  d'abord dans les républiques socialistes soviétiques constituant l'URSS et ensuite dans l'URSS entière, duquel relevait la police politique « chargée de combattre le crime et de maintenir l'ordre public ». Il faut distinguer donc le NKVD de la RSFSR (et ceux des autres républiques telles que l'Ukraine et la Biélorussie) et le NKVD de l'URSS, de loin plus largement connu.

NKVD
Situation
Création 1934
Dissolution 1946
Type Ministère
Siège Loubianka, Moscou, Union soviétique
Coordonnées 55° 45′ 38″ N, 37° 37′ 41″ E
Organisation
Commissaire du peuple à l'Intérieur Guenrikh Iagoda
Nikolaï Iejov
Lavrenti Beria
Géolocalisation sur la carte : Moscou

Histoire

NKVD de la RSFSR

Créé le par le 2e Congrès panrusse des Soviets, le NKVD de la RSFSR avait pour but :

  • l'organisation et le contrôle de l'activité des Soviets locaux ;
  • le contrôle de la réalisation des ordonnances du pouvoir central sur place ;
  • la défense de « l'ordre révolutionnaire » et le cautionnement de la sécurité des citoyens ;
  • la gestion générale de la « milice ouvrière » (créée le par le NKVD), du personnel pénitentiaire et des sapeurs-pompiers ;
  • la gestion municipale.

Le , le NKVD de la RSFSR, ainsi que ceux des autres républiques, furent supprimés, leurs fonctions étant transférées aux autres organismes d'État. Par exemple, la Direction générale de la milice et de l'instruction criminelle auprès du Conseil des Commissaires du peuple de la RSFSR (en russe : Главное управление милиции и уголовного розыска при Совете народных комиссаров РСФСР) succéda au NKVD de la RSFSR dans sa fonction de police judiciaire, mais pas dans celle de police politique, exercée depuis par l'OGPU au niveau de l'Union soviétique (voir en bas). La NKVD fut commandée par les sbires de Joseph Staline durant la moitié de son règne sur l'URSS. À noter qu'en même temps on décréta la subordination totale de la police judiciaire des républiques (la milice et l'instruction criminelle) à cette police politique de l'Union. Le , le NKVD de la RSFSR, à la suite de l'adoption de la Constitution de la RSFSR, fut rétabli (ceux des autres républiques l'avaient été le , lors de l'institution du NKVD de l'URSS), mais son mandat restait toujours très restreint par rapport à celui du NKVD de l'URSS.

Tchéka

Tchéka est l'acronyme de « Commission extraordinaire » (en russe : Чрезвычайная комиссия), forme abrégée de « Commission extraordinaire panrusse pour la répression de la contre-révolution et du sabotage auprès du Conseil des commissaires du peuple de la RSFSR » (en russe : Всероссийская чрезвычайная комиссия по борьбе с контрреволюцией и саботажем при Совете народных комиссаров РСФСР), créée le , qui fut la première dénomination de la police politique soviétique. À noter que la Commission extraordinaire n'avait aucun trait au NKVD de la RSFSR, sans compter que Félix Dzerjinski dirigeait en même temps ces deux organismes. La guerre civile terminée, la Tchéka est supprimée le pour donner naissance à la Guépéou auprès du NKVD de la RSFSR, tandis que sa fonction de « surveillance de la légitimité socialiste »  équivalent au ministère public  est transférée au Commissariat du peuple à la Justice, au sein duquel le Parquet d'État (en russe : Государственная Прокуратура) sera créé le .

Guépéou

Guépéou (ou GPU) qui succéda à la Tchéka était le sigle de Gossoudarstvénnoïe polititcheskoïé oupravlénié pri NKVD RSFSR (en russe : Государственное политическое управление при НКВД РСФСР ; en français : Direction politique d’État auprès du NKVD de la RSFSR). Créée le , à la suite de la fondation de l'URSS le la GPU fut transformée en OGPU (en russe : Объединённое государственное политическое управление при Совете народных комиссаров СССР ; en français : Direction politique unie d’État auprès du Conseil des Commissaires du peuple de l'URSS) le . C'était toujours le fondateur de la Tchéka Félix Dzerjinski qui dirigeait GPU comme OGPU jusqu'à sa mort subite le .

NKVD de l'URSS

Un train blindé MBV-2 construit par l'usine Kirov dans les années 1930 utilisé par le NKVD.

Trois ans et demi après la dissolution des NKVD des républiques et la subordination de ce qu'il en restait à l'OGPU, le , l'organe central de l'administration d'État de l'Union soviétique, le NKVD de l'URSS[1] fut créé sur la base de l'OGPU, rebaptisée en Direction principale de la Sécurité d'État, Glavnoïe oupravlenie gossoudarstvennoï bézopasnosti (GUGB, en russe : Главное управление государственной безопасности, ГУГБ) et les restes des organes du NKVD de la RSFSR.

Le nouveau NKVD regroupait différentes forces publiques régulières de police de l'Union soviétique, comprenant notamment la police routière, la lutte anti-incendie, les gardes-frontières et les archives. Il est surtout connu pour les activités du Goulag et de Direction principale de la Sécurité d'État, l'ancêtre du KGB. Le il fut transformé en ministère des Affaires intérieures de l'URSS (MVD).

Le NKVD de l'URSS cumulait des pouvoirs policiers et judiciaires. Il comprenait également une section appelée O.S.S.O. qui avait le droit d'ordonner, par simple mesure administrative, la déportation dans les camps de concentration.

NKGB-MGB-KGB

Le NKGB de l'URSS (Commissariat du peuple à la Sécurité d'État de l'URSS) surgit pour la première fois le à la suite de la division du NKVD de l'URSS, sur la base de la GUGB, pour réintégrer le NKVD le de cette même année, moins d'un mois après l'invasion des troupes allemandes le . Pourtant, deux ans après, le , le NKGB resurgit, transformé en MGB de l'URSS (Ministère de la Sécurité d'État de l'URSS) en , pareillement à tous les autres Commissariats du peuple en URSS. À noter que la dernière tentative de fusion de ces deux ministères, le MGB et le MVD, sous le nom de ce dernier, a été effectuée par Lavrenti Beria le , le jour de la mort de Staline. Dans la même année, Beria fut exécuté. Un an après, le le MGB, rebaptisé en Comité pour la Sécurité d'État auprès du Conseil des ministres de l'URSS, fut définitivement séparé du MVD

Fonction

Le rôle du NKVD était de contrôler la population et la direction de l’URSS[2] ; ses chefs ne rendaient compte qu’à Staline, qui l'utilisa pour imposer et maintenir son autorité sur le pays. Il joua un rôle essentiel dans les grandes purges de 1936 à 1938 et acquit rapidement une réputation aussi redoutable que l'ancienne Guépéou. À titre d'exemple, les ordres secrets (секретные приказы) nos 000485 et 000486 de 1936 disposaient la déportation au Goulag respectivement de tous les Polonais vivant en URSS (dont la plupart étaient des exilés communistes, mais susceptibles de douter de la politique stalinienne) et des femmes, enfants et parents des personnes déjà arrêtées par le NKVD pour d'autres motifs (détenus séparément, dans des camps spéciaux pour femmes ou pour enfants)[3]. Le NKVD est responsable, selon le général du KGB Alexandre Karbanov, de la mort de 3,5 millions de Soviétiques lors des Grandes Purges[2]. Il gérait le système répressif en URSS, dont le Goulag.

Le NKVD comptait plusieurs dizaines de milliers d’agents, allant des miliciens (nom soviétique des policiers) judiciaires jusqu’à des militaires en passant par les gardiens du Goulag et les commissaires politiques. Le NKVD formait aussi les troupes d'élite assez fiables pour effectuer des missions très dangereuses comme les infiltrations ou les parachutages derrière les lignes ennemies. Ces unités sont à l'origine des Spetsnaz, forces spéciales soviétiques. Pendant la Seconde Guerre mondiale, le NKVD était chargé des camps de prisonniers de guerre, notamment polonais en 1939. C'est le NKVD qui exécuta le massacre de Katyń. Il avait ses propres divisions qui permettaient ainsi de maintenir son influence jusque sur la ligne de front, de faire appliquer les ordres du haut commandement et aussi de tirer sur les soldats de l'Armée rouge voulant refluer ou se rendre à l'ennemi. De ce fait, le rôle des unités du NKVD, qui ne combattaient, et dans le dos, que les soldats soviétiques, a été dénoncé après la guerre.

Lors de la déstalinisation, le , le procureur de l’URSS, le ministre de la justice et le ministre de l’intérieur envoyèrent une note à Nikita Khrouchtchev communiquant des estimations des résultats des organes de la Tchéka, Guépéou, NKVD pour la période « entre le et le  » : 3 777 380 condamnations pour « activités contre-révolutionnaires » par les « collèges spéciaux » et les « troïkas » de l’OGPU et du NKVD, le collège militaire de la Cour suprême et les tribunaux militaires. 642 980 de ces personnes furent condamnées à mort[4]. On ajoutera dans les années 1930-1932 la déportation de 1 800 000 paysans qualifiés de koulaks : parmi eux plusieurs centaines de milliers d'hommes, de femmes et d'enfants moururent[5]. À cela s'ajoutent les déportations ethniques totales aux allures génocidaires[6] d'une dizaine de peuples d'URSS, effectuées dans les années 1930-1940[7].

Le NKVD et ses différents avatars commirent également de nombreux assassinats politiques à l'intérieur et en dehors de l'URSS, avant, pendant et après l'ère Staline[8].

Timbre en l’honneur de l’espion Richard Sorge. La médaille est celle de héros de l’Union soviétique, plus haute distinction de l'État.

Direction

NKVD de la RSFSR

Tchéka

Guépéou

OGPU

NKVD de l'URSS

NKGB

Membres et agents célèbres du NKVD

Notes et références

  1. (en) « NKVD », sur encyclopediaofukraine.com (consulté le ).
  2. « Russie soviétique et URSS : les différentes polices politiques, Tchéka, Guépéou, NKVD, KGB » (consulté le ).
  3. Nicolas Werth, Les crimes de masse sous Staline (1930-1953), in: SciencesPo du sur .
  4. Nicolas Werth, article « Goulag les vrais chiffres », L'Histoire, no 169, , p. 50.
  5. Nikolaï Feodorovitch Bougaï : (ru) K voprosu o deportatsii narodov SSSR v 30-40ch godakh (« Sur la déportation des peuples d'URSS dans les années 1930-1940 »), revue Istorija SSSR no 6, Moscou 1989.
  6. Stéphane Courtois, Communisme et totalitarisme, Paris, Perrin, , p. 385.
  7. (ru) Павел Полян, Не по своей воле... История и география принудительных миграций в СССР, Moscou, О.Г.И. – Мемориал, (lire en ligne), p. 46.
  8. (ru) Александр Яковлев, Сумерки, Moscou, Материк, (lire en ligne), p. 242-243.
  • Grand Larousse Universel, Larousse, .

Voir aussi

Articles connexes

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