Marche de Bretagne

La marche de Bretagne, créée au VIIIe siècle par la réunion de plusieurs comtés francs, se composait du Rennais, du Nantais et du Vannetais, ainsi que d'une partie du Maine. Véritable zone tampon sous administration militaire, son plus célèbre préfet (« Britannici limitis praefectus ») fut Roland que la légende a fait neveu de Charlemagne, mort en 778 à Roncevaux.

Marche de Bretagne

753851

L'empire de Charlemagne ; la marche apparaît en orange à l'est de la Bretagne
Informations générales
Statut Monarchie
Religion Christianisme
Histoire et événements
753 Pépin le Bref conquiert Vannes et organise la marche
819 Louis le Pieux nomme Nominoë comte de Vannes
845 Bataille de Ballon : indépendance de facto de la Bretagne
851 Traité d'Angers : Charles le Chauve abandonne la marche à Erispoë
Préfets de la marche de Bretagne
??-778 Roland
??-v.815 Guy de Nantes
v.815-834 Lambert Ier de Nantes

Entités précédentes :

Entités suivantes :

Entièrement conquise et intégrée au royaume de Bretagne par Nominoë et ses successeurs, une seconde marche de Bretagne est créée, comprenant la Touraine, l'Anjou et le Maine, et confiée à Robert le Fort en 861. Une partie de cette seconde marche sera à son tour cédée à la Bretagne au traité d'Entrammes (863).

Histoire de la marche de Bretagne

Une zone de conflits

La région située entre Vannes et Blois est une zone de conflit depuis la chute de l'Empire romain d'Occident et les installations respectives des Francs et des Bretons sur l'ancienne Gaule.

Au cours de la première moitié du VIe siècle, les Bretons prennent pied dans le Vannetais qui deviendra le Broërec, mais échouent devant la ville de Vannes.

En 578, Waroch, fils de Macliau, conquiert la ville de Vannes et vainc l'armée de Chilpéric au bord de la Vilaine. Il mène par la suite de nombreuses incursions sur les régions franques de Rennes et Nantes, ce qui provoque l'envoi d'une armée par le roi Gontran en 590. La rivalité entre les deux chefs de cette expédition, Beppolène et Ebrachaire, provoque leur défaite, malgré une reprise de courte durée de Vannes par ce dernier[1].

La création

Le démantèlement

À la suite des révoltes de 811 et 818, Louis le Pieux nomme Nominoë comte de Vannes en 819, puis ducatus ipsius gentis des Bretons en 831.

La révolte de 824, menée par Wiomarc'h, fut d'une ampleur telle que Louis le Pieux dut intervenir en personne accompagné de ses fils Pépin et Louis.

En 840, Louis le Pieux meurt. En 841, Charles le Chauve confie le comté de Nantes à Renaud d'Herbauges, lequel tente d'attaquer Nominoë en 843, mais est vaincu et tué à la bataille de Messac. À la suite de son décès, Nantes est mise à sac par les Vikings, et Lambert II de Nantes, allié de Nominoë, se rend maître de la ville à leur départ.

La Bataille de Ballon, nouvelle victoire de Nominoë sur Charles le Chauve marque, en 845 l'indépendance de la Bretagne, concrétisée par un traité en 846. La même année, Charles le Chauve nomme un certain Amaury comte de Nantes et préfet de la marche.

En 849, les hostilités reprennent, avec des raids en profondeur en Francie occidentale et la prise de Rennes et de Nantes. En 851, Nominoë meurt en campagne près de Vendôme. Erispoë, son fils, lui succède et écrase l'armée franque à la bataille de Jengland. Au traité d'Angers, Charles le Chauve concède les insignes de la royauté à Erispoë, avec les comtés de Rennes et de Nantes ainsi que le pays de Retz.

La marche de Bretagne est alors totalement incorporée au royaume de Bretagne.

La seconde marche

En 861, pour créer une nouvelle zone tampon à la suite de la perte totale de la marche de Bretagne, Charles le Chauve crée une nouvelle marche contre les Bretons, comprenant les comtés de Touraine, Anjou et Maine. Robert le Fort en reçoit le commandement et prend le titre de marquis de Neustrie.

Les traités successifs de Louviers (856), Entrammes (863) et Compiègne (868) concèdent successivement aux rois de Bretagne Erispoë puis Salomon le territoire d’Entre deux rivières, le Cotentin et l'Avranchin.

Stabilisation des frontières

Robert le Fort ayant été tué à la Bataille de Brissarthe (866), une grande partie de la marche ayant été perdue, les invasions normandes se faisant plus pressantes et la Bretagne ayant connu une guerre civile après la mort de Salomon, il semble qu'une marche de Bretagne n'ait plus été ressentie comme nécessaire.

Après la victoire d'Alain Barbe-Torte sur les Normands en 937, les limites de la Bretagne ont reculé pour être celles des cinq départements actuels (Côtes-d'Armor, Finistère, Ille-et-Vilaine, Morbihan et Loire-Atlantique).

En 942, la Bretagne connut toutefois, une nouvelle expansion territoriale vers le sud avec l'intégration des Pays d'Herbauges, de Tiffauges et des Mauges en vertu d'un accord signé entre Alain Barbe-Torte et Guillaume III d'Aquitaine[3]. Cependant, ces territoires furent repris par le Poitou et le l'Anjou au siècle suivant.

Quelques siècles plus tard, les marches Bretagne-Poitou furent un regroupement de paroisses bénéficiant d'un statut à part.

Les marches de Bretagne aujourd'hui

Les forteresses des marches de Bretagne

Patrimoine

D'un point de vue patrimonial, il reste de nombreux vestiges qui témoignent du rôle de frontière de cette région. Les châteaux médiévaux et les forteresses en sont les meilleurs exemples. La présence de greniers à sel dans plusieurs communes angevines (Craon, Pouancé, Candé, Ingrandes) rappelle les différences de traitements fiscaux qui perdurèrent jusqu'à la Révolution.

Projets

Le Conseil général de la Loire-Atlantique et la région Bretagne ont mis en place une exposition sur le thème des marches de Bretagne. Le but est de valoriser l'histoire commune de la Loire-Atlantique avec la Bretagne[4]. Ce thème a été inauguré à Châteaubriant, où le château a hébergé l'exposition jusqu'à fin 2010.

À l'initiative de la ville de Vitré, une vingtaine de sites patrimoniaux se sont rencontrés en 2009 afin de réfléchir sur l'éventuelle inscription des marches de Bretagne au patrimoine mondial de l'UNESCO[5].

Un réseau touristique des marches de Bretagne s'est mis en place, incluant entre autres le château de Fougères, les offices de tourisme de Laval et Rennes, ainsi que les villes de Vitré et Saint-Hilaire-du-Harcouët[6].

Notes et références

  1. Dominique Paulet, « Notice sur Waroc », Bulletin de la Société d'archéologie et d'histoire du pays de Lorient, no 31, 2002-2003, p. 39 (ISSN 1763-1203, lire en ligne)
  2. André Chédeville & Hubert Guillotel, La Bretagne des Saints et des rois Ve-Xe siècle, Rennes, Ouest-France Université, , 423 p. (ISBN 2858826137)
  3. J-B Joseph AUBERT et Joseph BOUTIN, Le Vieux Tiffauges, SITOL-GUIBERT, , 120 p. (lire en ligne), p.7 et 8
  4. Les marches de Bretagne, exposition, juin 2009
  5. « Les Marches de Bretagne candidates au patrimoine mondial »(ArchiveWikiwixArchive.isGoogle • Que faire ?)
  6. « http://www.chateau-fougeres.com/partenaires-marches-de-bretagne,23.html »(ArchiveWikiwixArchive.isGoogle • Que faire ?)

Voir aussi

Bibliographie

  • Émile Chénon, « Les marches séparantes d'Anjou, Bretagne, et Poitou », in Nouvelle revue historique de droit français et étranger, 16e année, 1892, p. 18-62, p. 165-211.
  • Léon Levillain, « La Marche de Bretagne, ses marquis et ses comtes », in Annales de Bretagne, vol. 58, no 58-1, 1951, p. 89-117, [lire en ligne].
  • René Cintré :
    • « Un exemple de contestation péagère au XVe siècle. Le péage de Champtocé sur Loire, d'après le procès de 1412-1414 », in Annales de Bretagne et des pays de l'Ouest, vol. 92, no 92-1, 1985, p. 13-25, [lire en ligne].
    • « Activités économiques dans les marches de Bretagne aux XIVe et XVe siècles », in Annales de Bretagne et des pays de l'Ouest, vol. 101, no 101-4, 1994, p. 7-36, [lire en ligne].
    • Les marches de Bretagne au Moyen Âge : économie, guerre et société en pays de frontière, XIVe – XVe siècles, Pornichet, Éditions Jean-Marie Pierre, , 238 p. (ISBN 2-903999-11-2)
    • Chroniques des jours ordinaires dans les marches de France et de Bretagne à l'automne du Moyen Âge, Fougères, René Cintré, , 190 p. (ISBN 2-9528373-0-9)
  • Jean-Claude Meuret, Peuplement, pouvoir et paysage sur la marche Anjou-Bretagne : des origines au Moyen Âge, Laval, Société d'archéologie et d'histoire de la Mayenne, coll. « La Mayenne, archéologie, histoire », , 656 p.
  • Stéphanie Vincent, L'énigme de l'enluminure, Derval ou Châteaugiron, Saint-Cyr-sur-Loire, Éditions Alan Sutton, , 127 p. (ISBN 978-2-8138-0014-5)
Prix littéraires Les Lauriers Verts 2009, catégorie « Recherche ».
  • René Cintré, Hervé Ronné (photographies), Les marches de Bretagne, une frontière du Moyen Âge à découvrir, Rennes, Éditions Ouest-France, coll. « Nature des lieux », 2011, 179 p., (ISBN 978-2-7373-5149-5).
  • Frédéric Dean et Virginie Bodin, Les marches de Bretagne : les frontières de l'histoire, Nantes, Conseil général de Loire-Atlantique, , 59 p. (ISBN 978-2-907908-42-9)
d'après l’exposition du même nom, tenue en 2009.
  • Michel Catala, Dominique Le Page, Jean-Claude Meuret (dir.), Frontières oubliées, frontières retrouvées. Marches et limites anciennes en France et en Europe, préface de Daniel Nordman, Nantes/Rennes, Centre de recherches en histoire internationale et atlantique/Presses universitaires de Rennes (PUR), coll. « Enquêtes et documents », 2011, 428 p., (ISBN 978-2-7535-1739-4), [compte-rendu en ligne].

Études sur l'histoire de la Bretagne

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