Poitou

Le Poitou (en poitevin Poetou) est une ancienne province française, comprenant les actuels départements de la Vendée (Bas-Poitou), Deux-Sèvres et de la Vienne (Haut-Poitou) ainsi que le nord de la Charente et une partie de l'ouest de la Haute-Vienne. Sa capitale était Poitiers et ses habitants les Poitevins.

Poitou
La province de Poitou au sein du royaume de France avant la réorganisation territoriale de 1790.
Informations générales
Statut Comté
Capitale Poitiers
Langue(s) Poitevin, français
Religion Christianisme (catholicisme, minorité protestante)
Démographie
Population -
Gentilé Poitevins

Entités précédentes :

Entités suivantes :

Il a donné son nom au Marais poitevin, marais situé dans l'ancien golfe des Pictons, sur la côte occidentale de la France, deuxième plus grande zone humide de France en superficie après la Camargue ; le marais s'étend de l'Atlantique aux portes de Niort et du sud de la Vendée au nord de La Rochelle.

Géographie

La Roche-sur-Yon, l'une des villes principales du Poitou historique.

Le Poitou est partagé entre différentes formations géologiques qui donnent des reliefs différents. À l'ouest (Bas-Poitou ou Vendée) et dans le sud-est, se trouvent les massifs anciens, au relief très érodé, donnant des collines, aux terres froides et siliceuses : ce sont des pays de bocage. Au centre, le plateau calcaire de Poitiers, presque plat, descend du seuil du Poitou vers la vallée de la Loire en passant par le Châtelleraudais, variant entre une altitude de 150 à 100 m.

Le Poitou est une zone de transition ancienne entre les Bassins parisien et aquitain : de langue d'oc au XIe siècle, il est aujourd’hui de langue d'oïl à l'exception de six communes limitrophes de la Haute-Vienne; il se situe également à la limite des zones de couverture traditionnelle (ardoise au nord, tuile canal au sud), ainsi que des noms de villages en -ay, -y (presque toute la zone) et -ac (petite zone au sud-est).

Les villes principales du Poitou sont Poitiers (capitale historique du Poitou), Niort, Châtellerault (longtemps le bastion des rois de France en Poitou), Fontenay-le-Comte (capitale du Bas-Poitou), Thouars, Parthenay, Luçon, etc.

La province du Poitou au XVIIIe siècle et les communes actuelles.

Histoire

Batailles du Seuil du Poitou

Le seuil du Poitou, comme passage stratégique entre les bassins parisien et aquitain, a vu se dérouler plusieurs batailles importantes :

Antiquité

Localisation du pays Pictons

Pendant la protohistoire, c’est le peuple gaulois des Pictons qui occupe le Haut-Poitou (correspond approximativement aux actuels départements des Deux-Sèvres et de la Vienne). Pendant la guerre des Gaules, il est partagé : une partie des Pictons lutte contre César, une autre partie se ralliant à lui.

Sous l'empire romain, le territoire picton s'étend approximativement sur les départements actuels de la Vendée, des Deux-Sèvres et de la Vienne. Il forme une cité (subdivision administrative romaine), moule repris par le diocèse chrétien de Poitiers. Deux figures du christianisme sont présentes à Poitiers à la fin de l'Antiquité : saint Hilaire le Grand (ou Hilaire de Poitiers), évêque, et saint Martin de Tours.

Carte du Sud-Est des Deux-Sèvres à l'époque gallo-romaine d'après la toponymie et l'archéologie.

Invasions

Plusieurs peuples s'installèrent en Poitou : Taïfales, Angles, Sarmates ; ce furent cependant les Wisigoths qui le réunirent à leur royaume d'Aquitaine au IVe siècle jusqu'à la bataille de Vouillé (voir plus haut).

Haut Moyen Âge

En 778, Charlemagne érige le comté de Poitiers et y envoie une personne dénommée Abbon.

Les comtes de Poitiers établirent une principauté à partir du IXe siècle qui s'étendit entre Loire et Pyrénées, sous le nom d'Aquitaine.

Au début du XIe siècle, le duc d'Anjou, Foulque Nerra guerroie sans relâche contre les comtes de Blois, de Bretagne et de Poitiers. Maintes fois vainqueur de ses adversaires, il agrandit l'Anjou en conquérant le Maine, la Touraine et s'empare des Mauges. Une fois de plus le Poitou se voit amputé de territoires.

Bas Moyen Âge

Malgré les mariages de la dernière Ramnulfide, Aliénor d'Aquitaine avec le roi de France Louis VII le Jeune puis, après l'annulation de celui-ci, son remariage avec Henri II Plantagenêt, roi d'Angleterre, le Poitou entendait garder une certaine autonomie et il supporta mal de la voir remise en cause. La noblesse poitevine le manifesta par de nombreuses révoltes : tout d'abord contre le roi d'Angleterre en 1173-1179, 1188 et 1194 ; puis en 1219-1224 et 1242 contre le roi de France (de 1241 à 1271, le Poitou est l'apanage d'Alphonse de Poitiers frère de Louis IX). Cette révolte s'acheva à la bataille de Taillebourg en 1242.

Par la suite et jusqu'à la fin du Moyen Âge, la noblesse poitevine participa à tous les mouvements de contestation du pouvoir central.

La maison de Lusignan, fondée selon la légende par Mélusine et Raymondin, fournit plusieurs rois de Chypre et de Jérusalem ; elle est une des principales familles du Poitou, et détient un temps le comté d'Angoulême et celui de la Marche.

XVIe, XVIIe et XVIIIe siècles

Au XVIe siècle, la Réforme s’implante dans la province, à la suite notamment du passage de Calvin, et notamment dans les campagnes. La province est un fidèle soutien des protestants durant les guerres de religion, et est durement touchée (sièges de Niort, de Poitiers). Les protestants sont environ 90 000 vers 1630[1].

Les Poitevins forment une partie importante des colons partis en Nouvelle-France au Québec.

En 1790, le Poitou donna principalement naissance aux départements de Vendée, des Deux-Sèvres et de la Vienne et laissa quelques paroisses anciennement poitevines intégrées dans les nouvelles communes des divers départements limitrophes.

Histoire récente

Dès 1956, le Poitou est divisé, d'abord dans le cadre des circonscriptions de programmes d'actions régionales, puis au sein des régions, où le Bas-Poitou (Vendée) est intégré aux Pays de la Loire, tandis que les Deux-Sèvres et la Vienne sont rattachés à la région Poitou-Charentes. Le , cette division persiste puisque les Deux-Sèvres et la Vienne sont intégrés à la région Nouvelle-Aquitaine.

Divers

Pour le régiment d'Ancien Régime appelé le régiment du Poitou, voir le 25e régiment d'infanterie de ligne.

Le musicien poitevin Paul Rougnon est l'auteur d'un hymne patriotique poitevin[2].

Blason

Le blason du Poitou était "De gueules à cinq châteaux donjonnés chacun de trois tourelles d'or, ordonnés en sautoir".

Blason du Poitou
Les armoiries d'Alphonse de France
Blason alternatif du Poitou.

L'origine du blason remonte à Alphonse de Poitiers. En 1241, le roi Louis IX attribua en effet le comté de Poitiers en apanage à son frère Alphonse, qui, devenu comte de la province avait pour armes personnelles : « parti de France et de Castille (alias, parti au I d'azur semé de fleurs de lys d'or, au II de gueules semé de châteaux d'or) ». Ces armes étaient donc de France brisées de Castille, comme celles des autres fils de Louis VIII le Lion et de Blanche de Castille (Robert, comte d'Artois, brisait les armes de France d'un lambel de gueules chargé de châteaux d'or ; Charles d'Anjou brisait par une bordure également chargée de châteaux d'or). Alphonse de France mourut sans postérité en 1271 et le comté de Poitiers fit retour à la couronne, mais ses armes issues de celles de la Castille donnèrent par la suite celles du Poitou.

D'autres fils de France furent ensuite apanagistes du Poitou ; ils portaient tous un écu " d'azur semé de fleurs de lys d'or " avec une brisure :

  • Philippe, fils de Philippe le Bel et futur roi Philippe V : " d'azur semé de fleurs de lys d'or chargé d'un lambel à 5 pendants componé " ;
  • Charles de Valois (futur Charles V) : " d'azur semé de fleurs de lys d'or à la bordure de gueules " ;
  • Jean de Valois, duc de Berry : " d'azur semé de fleurs de lys d'or à la bordure engrêlée de gueules ".

Jean de Berry est, au XIVe siècle, à l'origine de la construction de divers bâtiments à Poitiers dont la tour Maubergeon du palais comtal. Alors que dans le premier, où se rendait la justice au nom du pouvoir royal, il fit sculpter ses armes et celles du roi son frère, dans la seconde, qui était le centre féodal du comté du Poitou (où il recevait les hommages de ses vassaux), il fit sculpter ses armoiries : un écu semé de 11 châteaux disposés 3, 2, 3, 2, 1. La forme des châteaux en nombre de cet écu sculpté était celle des châteaux castillans. Faute d'en connaître l'origine, les hommes des XVIe et XVIIe siècles hésitaient entre une tour et un château. On lit ainsi dans Jean de La Haye, en 1581 : de gueules échiquetées de tours ou de châteaux d'or. En 1610, on retrouve en frontispice des Coutumes du Poitou, un écusson où figurent des tours. La présentation n'est pas très gracieuse ; elles sont posées trois en haut de l'écu (en chef) et deux en bas (en pointe). En 1659, alors que jusqu'à présent, le nombre de tours n'était pas fixé, Finé de Brianville, auteur d'un petit armorial écrit : "Poitou : De gueules à 5 tours d'or en sautoir. Cette nouvelle disposition figure dans plusieurs ouvrages et sur le papier timbré de la généralité de Poitiers de 1740 à 1748. Elle trouva de l'écho auprès de la Commission des sceaux et armoiries de l'État qui, sous le régime de Vichy, confirma l'attribution à la province du blason de gueules à cinq châteaux d'or[réf. nécessaire].

A. Gouget (archiviste des Deux-Sèvres), dans son Armorial du Poitou[3], attribue ces armes au Poitou.

Les armes " d'argent au lion de gueules, à la bordure de sable besantée d'or, au chef d'azur à trois fleurs-de-lys d'or ", qu'on voit parfois présentées comme étant celles du Poitou sont en fait celles de la ville de Poitiers.

Culture régionale

Entrées

  • Pâté poitevin, pâté à dominante végétale (limbe de bettes, épinards, choux, oseille...), avec œufs et lardons
  • Farci poitevin, recette assez semblable à la précédente mais le pâté est cuit et présenté dans une feuille de chou entière
  • Fèves : graines encore vertes et tendres dégustées à la manière des radis
  • Escargots
  • mijet soupe sucrée au vin et aux morceaux de pain.

Plats de résistance

  • Sauce aux lumas (petit-gris) dite aussi « aux cagouilles » dans la partie du Haut-Poitou voisinant la Charente
  • Chou farci au poivre vert et au cognac, variante du farci poitevin
  • Sauce à la couenne
  • Fressure poitevine (sauce de pire), sauce au vin réalisée avec des abats (poumons, cœur, foie) et du sang de cochon
  • Jambon de Vendée, IGP de 2014 mais recette de jambon traditionnelle dans tout le Poitou
  • Grillons, rillettes à gros morceaux, à ne pas confondre avec les rillons de Touraine qui sont plus proches des gratons
  • Gratons, débris de porc cuits dans la graisse (Littré) lors de la cuisine du cochon
  • Bonnotte de Noirmoutier, pomme de terre
  • Mojhettes (haricots blancs), préférées demi-sèches par les connaisseurs
  • Fricassée d’anguilles du Marais
  • Matelote d'anguille
  • Chevreau à l'ail vert (Pâques)
  • Mouclade (baie de l'Aiguillon et partout en Poitou)
  • Embeurrée ou salade de grenons ou piochons de choux, grenon ou piochon désigne l'inflorescence des brassica (choux, navets, ...) juste avant floraison, ils étaient traditionnellement prélevés sur les choux fourragers en fin d'hiver et considérés comme une aubaine (supérieure au brocoli). Peut être préparé aussi avec la variété cima di rapa (it) ou avec du colza qui en donnent énormément
  • Far à l'oseille : fondue de feuilles de vinette (Rumex acetosa ou Rumex acetosella) et d’échalotes à laquelle on peut rajouter sauce blanche, mie de pain, lardons, œufs durs[4].

Fromages

Desserts

  • Broyé du Poitou ou broyé poitevin (dit aussi gâteau sec)
  • Grimolle : gâteau aux pommes cuit traditionnellement au four sur feuilles de chou
  • fouace
  • Mont-Blanc ou gâteau de Nouzillac (purée de marrons)
  • tourteau fromager
  • Brioche vendéenne
  • Gâche de Vendée : une brioche dont la mie serait plus serrée. Elle est principalement composée de farine, d'œufs, de beurre, de sucre et de crème fraîche
  • Gâteau Minute de Vendée : un gâteau qui se conserve et qui est ainsi toujours prêt "à la minute" !
  • Tourtisseaux, bottereaux, foutimassons, merveilles ; ce sont des beignets
  • Meuil ("mell") : semoule de millet au lait.

Vins et spiritueux

Friandises et petits gâteaux

Divers

  • Mijhet, (soupe au vin) : plat-dessert ou en-cas des paysans lors des gros travaux à la belle saison; c'est une soupe sucrée à base de vin rouge, d'eau glacée, de sucre et de pain rassis; en saison on peut ajouter des fraises. Le mijhet fut extrèmement populaire dans les campagnes poitevines jusque dans les années 1970
  • Préfou, pain à l'ail
  • Beurre d'Échiré, le Poitou fut peu touché par la gabelle (Histoire du sel), ce qui laissait la possibilité de saler le beurre pour éviter qu'il rancisse. Cette particularité a favorisé la fabrication de beurres de qualité, reconnus encore aujourd'hui au travers de l'AOP Beurre Charentes-Poitou[5] qui compte en Poitou des marques comme Pamplie, Celles-sur-Belle, Échiré, La Viette, Le Rivault (La Chapelle-Thireuil). Elle a aussi contribué à l'émergence d'une cuisine au beurre réputée.
  • Sel de Noirmoutier

Langue

Le poitevin, également appelé parlanjhe est considéré comme un dialecte du poitevin-saintongeais, tout comme le saintongeais, parlé plus au sud. C'est une langue romane appartenant à la famille des langues d'oïl au même titre que le français, l'angevin et le gallo.

Danses traditionnelles

Le Poitou est une terre de musiques et de danses traditionnelles. On y trouve des branles, des rondes, des quadrettes, des danses à deux, ...

Quelques danses du Poitou :

De nombreux groupes perpétuent ces danses traditionnelles lors de bals, spectacles, veillées, ateliers, dans toute la région poitevine, tels La Marchoise de Gençay, Les Compagnons de la Claire Fontaine, Bal'Taquin, Engoulvent, Le Per'cordanche, Les Virouneux d'ô bourg, Tap Dou Païe, Les Gueurlets do Clain,

Légendes et créatures fantastiques

La fée Mélusine

Personnages notoires

Animaux

Voir aussi

Bibliographie

  • Jean Combes (dir.), Histoire du Poitou et des Pays charentais : Deux-Sèvres, Vienne, Charente, Charente-Maritime, Clermont-Ferrand, éditions Gérard Tisserand, , 334 p. (ISBN 2-84494-084-6, lire en ligne).
  • Léon Babinet, « Épisodes de la troisième guerre civile en Poitou 1569. Assaut de Châtellerault. Rencontre de Saint-Clair. Bataille de Moncontour », dans Mémoires de la Société des antiquaires de l'Ouest, 1893, 2e série, tome 16, p. 113-200 (lire en ligne)

Articles connexes

Liens externes

Notes et références

  1. Pierre Miquel, Les Guerres de Religion, Paris, Fayard, , 596 p. (ISBN 978-2-21300-826-4, OCLC 299354152, lire en ligne). p. 435
  2. « Hymne aux enfants du Poitou », sur Paul Rougnon, publié le 10 juillet 2012, consulté le 10 juillet 2012
  3. A. Gouget, Armorial du Poitou, Librairie Ancienne Brissaud, 1866, réédité en 1994, (ISBN 2-902170-74-2), p. 234
  4. « Far poitevin à l'oseille », sur Lilizen cuisine, (consulté le )
  5. « Le Beurre Charentes-Poitou AOP » (consulté le )
  6. Nicole Vray, Catherine de Parthenay, duchesse de Rohan : protestante insoumise, 1554-1631, Paris, Perrin, , 234 p. (ISBN 2-262-01071-4)
  7. (de) Luise Marelle, Éléonore d'Olbreuse, die Grossmutter Europas, Hamboug,
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