Karlovy Vary

Karlovy Vary () ou en français Carlsbad[1],[2],[3],[4] (en allemand : Karlsbad) est une ville et une station thermale de la Tchéquie et le chef-lieu de la région de Karlovy Vary. Sa population s'élevait à 48 319 habitants en 2021[5]. La ville doit son nom à Charles IV, qui visita le lieu dans les années 1370. Elle est célèbre pour ses sources d'eau chaude (12 sources principales et environ 300 secondaires), la plus grande et la plus chaude (73 °C) étant Vřídlo (en allemand : der Sprudel) et pour sa rivière à eau chaude, la Teplá qui se jette dans l'Ohře à cet endroit.

Carlsbad

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Karlovy Vary
Carlsbad

 
Administration
Pays Tchéquie
Région Karlovy Vary
District Karlovy Vary
Région historique Bohême
Maire Ing. Werner Hauptmann
Code postal 360 01
Indicatif téléphonique international +(420)
Démographie
Population 48 319 hab. (2021)
Densité 818 hab./km2
Géographie
Coordonnées 50° 13′ 56″ nord, 12° 52′ 17″ est
Altitude 447 m
Superficie 5 910 ha = 59,10 km2
Localisation
Géolocalisation sur la carte : Tchéquie
Karlovy Vary
Géolocalisation sur la carte : Tchéquie
Karlovy Vary
Liens
Site web www.mmkv.cz

    La ville est peut-être mieux connue aujourd'hui pour son festival de cinéma international. C'est à Karlovy Vary qu'est produite et mise en bouteille la fameuse liqueur Karlovarská Becherovka.

    Géographie

    Karlovy Vary est située dans la partie occidentale de la Tchéquie, à 66 km au nord-ouest de Plzeň, à 110 km au sud-ouest de Dresde et à 114 km à l'ouest de Prague[6].

    Localités

    Nom Population (2013)[7]
    Bohatice 2235
    Cihelny 17
    Čankov 130
    Doubí 2026
    Drahovice 6927
    Dvory 1938
    Hůrky 186
    Karlovy Vary - Carlsbad 13031
    Olšová Vrata 464
    Počerny 298
    Rosnice 164
    Rybáře 9831
    Sedlec 508
    Stará Role 7789
    Tašovice 850
    Total de la commune 46395

    Histoire

    La légende de la ville raconte que le roi de Bohême et empereur Charles IV chassait un cerf dans la grande forêt des alentours. Étant acculé au bord d'une falaise, l'animal choisit de sauter dans le vide pour échapper aux chasseurs. À l'endroit où il fit son ultime bond, jaillit une source thermale, qui aurait soigné son chien blessé. Le roi s'aperçut ainsi de la richesse de la vallée et décida d'y fonder une ville[8].

    Charles IV accorda une charte à la ville le laquelle prit à cette date le nom même de ce souverain. On utilisa d'abord les sources thermales pour les établissements de bain, puis au XVIe siècle pour débiter une eau minérale. Les premières concessions de sources furent consignées par écrit en 1522.

    Au XVIe le médecin Vaclav Payer préconise l'absorption de cinquante tasses d'eau thermale par jour[8].

    Le , la ville fut inondée par une crue de la rivière Teplá, puis le , elle disparut presque entièrement dans un incendie. Largement endommagée au cours de la Guerre de Trente Ans, la ville ne se reconstruisit que très lentement. En 1707, l'empereur Joseph Ier lui accorda tous les privilèges d'une « ville d'empire ». Les droits sur les bains furent institués à l'occasion de la visite du tsar Pierre Ier de Russie en 1711 et 1712 (le belvédère porte son nom). La première institution municipale de cure thermale fut édifiée cette même année 1711. Un nouvel incendie en 1759 détruisit à nouveau près de la moitié de la ville. L'intérêt des cures thermales fut établi scientifiquement par les travaux du Dr. David Becher, auteur d'un traité sur l'institution des bains de Carlsbad où il montrait l'intérêt des sels minéraux dans l'eau thermale. L'État autrichien introduisit en 1795 un impôt particulier sur les cures thermales (Kurtaxe), afin d'accélérer la reconstruction de la ville.

    La ville s'acquit une triste réputation à l'occasion de la Conférence de Carlsbad[9], en 1819, conclue entre le chancelier autrichien Metternich et les États de la Confédération germanique : les clauses des décrets de Carlsbad passés entre les signataires portaient sur la censure de la presse et la répression des manifestations libérales, vivaces dans des pays qui se relevaient d'une guerre de libération contre la France.

    Le thermalisme permit à la ville de prendre enfin son envol. Le nombre de visiteurs passa de 134 familles en 1756 à 26 000 curistes à la fin du XIXe siècle. C'est alors un lieu mondain international, Clemenceau s'y rendant par exemple chaque année. En 1911, ce chiffre était de 71 000. C’est de cette époque dorée que date la plupart des bâtiments significatifs de la ville tels la colonnade dite de la « source du moulin » conçue par l’architecte Josef Zítek qui avait déjà réalisé le théâtre national de Prague (les architectes Ferdinand Fellner et Hermann Helmer y ont aussi des réalisations[8]) ou bien encore le Grandhotel Pupp, une époque marquée également par la présence de nombreux visiteurs russes (Nicolas Gogol et Fiodor Dostoïevski l'évoquent dans leur œuvre[8]) qui firent bâtir une église sur le modèle de la cathédrale Saint-Basile de Moscou.

    La Première Guerre mondiale mit brutalement fin au tourisme, crise qui perdura jusqu’à la chute de l’empire austro-hongrois en 1918. Peuplée majoritairement de germanophones, Carlsbad et sa région furent rattachées à la nouvelle Tchécoslovaquie par le Traité de Saint-Germain. Ce qui entraîna des troubles entre les populations allemande et tchèque. Le , une manifestation allemande se termina par la mort de six Allemands, tués par les soldats tchèques. Cet affrontement larvé entre les communautés ne s’acheva que par l’annexion en 1938 de la région des Sudètes par l’Allemagne nazie et finalement par l’expulsion en 1945 de la majorité de la population germanophone à la suite des décrets Beneš.

    Après la Seconde Guerre mondiale, Karlovy Vary retrouva son statut de ville de villégiature, devenant le centre de récréation de la nomenklatura communiste[10]. L’activité thermale reprit ainsi toute l’année. En 1946, fut créé pour la première fois le festival international du film de Karlovy Vary, organisé tous les deux ans[11].

    Population

    Recensements ou estimations de la population[12] :

    Évolution démographique
    1869 1880 1890 1900 1910 1921 1930
    14 18522 31828 62942 65352 80853 11263 506
    1950 1961 1970 1980 1991 2001 2014
    41 13650 03452 31056 99256 05453 35849 864
    2015 2016 2017 2018 2019 2020 2021
    49 78149 32649 04648 77648 50148 47948 319

    Économie

    Station thermale

    Coordonnées 50° 13′ 50″ nord, 12° 52′ 21″ est
    Pays Allemagne
    Autriche
    Belgique
    France
    Italie
    Royaume-Uni
    Tchéquie
    Type Culturel
    Critères (ii)(iii)
    Superficie 7 014 ha
    Zone tampon 11 319 ha
    Numéro
    d’identification
    1613
    Zone géographique Europe et Amérique du Nord **
    Année d’inscription 2021 (44e session)
    * Descriptif officiel UNESCO
    ** Classification UNESCO
    Une fontaine de la Mlýnská kolonáda

    Karlovy Vary est une ville d'eaux qui compte de nombreux hôtels pour accueillir les curistes et les festivaliers lors du Festival international du film de Karlovy Vary au début juillet, dont le plus fameux, le Grand Hotel Pupp.

    Les thermes comprennent une piscine à ciel ouvert, dont l'eau chaude provient naturellement de la source. Il est ainsi possible en hiver de se baigner au chaud devant la neige qui orne les bords de la piscine.

    Le Dr David Becher a notoirement participé à la modernisation de l'activité thermale de la ville (il décède en 1792). Elle devient le rendez-vous mondain de la Mitteleuropa au XIXe siècle et début du XXe siècle.

    Les sources de la ville sont embouteillées et les eaux minérales de Karlovy Vary (dont la Mattoni qui abreuvait autrefois la cour de l'empereur d'Autriche-Hongrie) sont consommées dans toute la Tchéquie.

    Verrerie

    Vue aérienne de Karlovy Vary

    La célèbre cristallerie Moser y est implantée.

    Porcelaine

    Karlovy Vary est également célèbre pour sa porcelaine au dessin bleu cobalt sur fond blanc et, en particulier, l'usage typique du motif de l'oignon (cibule en tchèque).

    Agro-alimentaire

    La célèbre boisson créée par Jan Becher (en), la liqueur Karlovarská Becherovka a récemment été acquise par le groupe Pernod Ricard.

    Patrimoine

    L'UNESCO a inscrit le Karlovy Vary sur la liste indicative du patrimoine mondial dans la série « Grandes villes d'eaux d'Europe » (en anglais : Great spas of Europe)[13].

    Personnalités liées à la ville

    Habitants

    Vue sur les hôtels de Tržiště

    Visiteurs

    Rue Láženská

    Notes et références

    1. « Czech Republic - Découvrez les stations balnéaires tchèques et leurs célèbres visiteurs ! », sur czechtourism.com (consulté le ).
    2. « Les Clary-Aldringen, une maison princière de Bohême à l’ère des Révolutions », Radio Prague], (lire en ligne)
    3. « En images: les 15 plus belles villes thermales classiques d'Europe », Le Vif/L'Express, (lire en ligne)
    4. « Marie Muchova prend les commandes de l’office du tourisme tchèque », Le quotidien du tourisme, (lire en ligne)
    5. (cs) Population des communes de la République tchèque au 1er janvier 2021.
    6. Distances à vol d'oiseau ou distances orthodromiques.
    7. (cs) « Strategický plán udržitelného rozvoje Statutárního města Karlovy Vary: Analytická část »,
    8. Jean-Louis Tremblais, « De Pilsen à Marienbad, vie de bohême et histoires d'eaux », Le Figaro Magazine, semaine du 25 septembre 2015, p. 76-87.
    9. Congrès de Carslbad par l'auteur du Congrès de Vienne, M. De Pradt, ancien archevêque de Malines, chez F. Béchet à Paris et chez Lecharlier à Bruxelles, 1819
    10. Philippe Benet et Renata Holzbachova, Prague et les châteaux de Bohême, ACR Editions, , « La Bohême de l’Ouest », p. 151-153
    11. « L'avenir du cinéma tchécoslovaque et le festival de Karlovy-Vary.Le fantôme des libertés », Le Monde, (lire en ligne)
    12. Český statistický úřad, Historický lexikon obcí České republiky 1869–2005, vol. I, Prague, Český statistický úřad, 2006, pp. 350-351 ; de 1869 à 1910, les recensements organisés par l'Empire d'Autriche-Hongrie sont officiellement datés du 31 décembre de l'année indiquée. — À partir de 2012, population des communes de la Tchéquie au 1er janvier, sur le site de l'Office tchèque de statistique (Český statistický úřad).
    13. « Great Spas of Europe », UNESCO (lire en ligne)

    Annexes

    Articles connexes

    Liens externes

    Église russe de Karlovy Vary
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