Liberté de la presse

La liberté de la presse est l'un des principes fondamentaux des systèmes démocratiques qui repose sur la liberté d'opinion et la liberté d'expression.

Pour les articles homonymes, voir Liberté (homonymie).

La liberté de la presse, caricature de Johann Michael Voltz, 1819.

Ainsi, l'article 11 de la Déclaration française des droits de l'homme et du citoyen de 1789 dispose : « La libre communication des pensées et des opinions est un des droits les plus précieux de l'Homme : tout Citoyen peut donc parler, écrire, imprimer librement, sauf à répondre à l'abus de cette liberté dans les cas déterminés par la Loi. » L'article 19 de la Déclaration universelle des droits de l'homme aussi dispose la protection de la liberté de la presse.

Histoire de la liberté de la presse

En Grande-Bretagne, le Licensing Act de 1662 qui restreint la liberté de la presse n'est pas renouvelée lors de la Glorieuse Révolution britannique en 1695[1].

En France, le roi Louis XVI se montre favorable à la liberté de la presse lors de la Séance royale du 23 juin 1789 des états-généraux[2]. L'article 11 de la Déclaration française des droits de l'homme et du citoyen du 26 août 1789 a pour conséquence la parution de centaines de journaux pendant les trois premières années de la Révolution française (500 périodiques en France dont 330 à Paris). La presse libre ou subventionnée s'autocensure sous la Terreur et disparaît lors du coup d'État du 18 fructidor an V en 1797[3].

Sous le Consulat et le Premier Empire, cette liberté est étouffée. Ainsi en 1811, quatre journaux surveillés paraissent à Paris tandis qu'en province, un seul journal est autorisé par département. Elle connaît une fluctuation sous la Restauration (charte constitutionnelle du 4 juin 1814, lois de Serre de 1819) et est rétablie lors des Trois Glorieuses. Sous la monarchie de Juillet, le Ministre de l'Intérieur Adolphe Thiers prépare les lois promulguées en septembre 1835 et qui censurent la presse pour limiter la propagande républicaine. La Loi sur la presse du 9 septembre 1835, considérée par les historiens comme une atteinte importante à la Liberté de la presse, vise à empêcher les discussions sur le roi, la dynastie, la monarchie constitutionnelle. Sont désormais passibles de très lourdes peines l'adhésion publique à toute autre forme de gouvernement, et le cautionnement exigé des gérants de journaux et écrits périodiques est fixé à un niveau très élevé.

Caricature relative à la loi sur la presse de 1850 par Cham (1819-1879), publiée par le journal satirique Le Charivari (3 avril 1850)

Sous la Seconde République, les lois du , du et du réduisent la liberté de la presse. La presse reste sous étroite surveillance sous le Second Empire.

Ainsi, jusqu'à l'avènement de la Troisième République, tous les régimes, même quand ils proclament la liberté d'expression, cherchent à mettre la presse en tutelle par des dispositions d'ordre fiscal, financier, administratif, législatif ou judiciaire. Les gouvernements successifs oscillent entre indulgence et sévérité, soumettant la presse à un régime préventif (autorisation préalable, déclaration obligatoire, droit de timbre, dépôt d'un cautionnement, censure) ou répressif.

La Troisième République consacre la liberté de la presse avec la loi du 29 juillet 1881 qui connaît son âge d'or à cette période. Le régime de Vichy dénature cette loi[4].

Grands principes du droit de la presse

International

La liberté de la presse est considérée par la Cour européenne des droits de l'homme (CEDH) comme une composante de la liberté d'expression (article 10 de la Convention européenne des droits de l'homme).

La protection des sources d'information des journalistes, sans exceptions ni restrictions, est considérée comme « l'une des pierres angulaires de la liberté de la presse »[5]. Souvent confondue avec le secret professionnel, elle s'en distingue pourtant fondamentalement et n'est pas assurée de manière uniforme dans tous les pays industrialisés.

Suisse

En Suisse, la Constitution fédérale prévoit que « la liberté de la presse, de la radio et de la télévision, ainsi que des autres formes de diffusion de productions et d’informations ressortissant aux télécommunications publiques est garantie. La censure est interdite. Le secret de rédaction est garanti » (article 17)[6].

Nature des atteintes à la liberté de la presse

Les atteintes à la liberté de la presse se manifestent :

  • d'autre part, l'entrave au métier de journaliste, notamment :
    • l'assassinat de journalistes,
    • l'emprisonnement de journalistes,
    • l'enlèvement de journalistes,
    • l'agression de journalistes,
    • les menaces de journalistes.

En , Can Dündar éditorialiste du quotidien Cumhuriyet et lauréat du Prix Reporters sans frontières[7] est emprisonné dans les geôles turques pour des révélations sur des livraisons d’armes aux rebelles syriens[8]. Fin Can Dündar rédige le texte intitulé À l’Humanité[9] dans lequel il expose les principales raisons d'atteinte à la liberté de la presse dans le monde.

Situation dans le monde

Classement mondial selon Reporters sans frontières

Chaque année, l'ONG Reporters sans frontières établit une liste des pays du point de vue de leur liberté de la presse. Le classement mondial de la liberté de la presse est fondé sur les réponses aux enquêtes envoyées aux journalistes membres d'organisations partenaires de RSF, aussi bien qu'aux spécialistes de la question : les chercheurs, les juristes et les activistes des droits de l'homme. L'enquête porte sur des attaques directes faites aux journalistes et aux mass-média aussi bien que d'autres sources indirectes de pression contre la presse libre, comme la pression sur les journalistes par des lobbies. RSF note que le classement se préoccupe seulement de la liberté de presse et ne mesure pas la qualité du journalisme ni l'autocensure.

Le classement de RSF varie chaque année, en 2010 il établit les pays où la presse est la plus libre comme étant la Suède, la Finlande, les Pays-Bas et la Norvège, et range l'Iran, le Turkménistan, la Corée du Nord, et l'Érythrée aux dernières places. Les États-Unis et la France gravitent autour de la 40e place en 2014[10].

D'après le classement mondial de la liberté de la presse de RSF de 2014, l'Asie orientale, le Moyen-Orient et le nord-ouest de l'Afrique seraient les pires régions du monde pour la liberté de la presse et d'après le rapport, le facteur aggravant est la présence d'un conflit, comme l'attestent la chute de l'Égypte, de la Syrie, du Mali et de la République centrafricaine. Par ailleurs, les violences internes et les actes terroristes minent certains pays comme le Mexique, l'Irak, l'Iran, la Somalie, la République démocratique du Congo ou le Nigeria[10].

La recrudescence des violences pousse l'Assemblée générale des Nations unies à adopter en la première résolution sur la sécurité des journalistes et sur la création de la Journée internationale contre l'impunité des crimes contre les journalistes (célébrée le )[11].

L'association établit également une liste des « prédateurs de liberté de la presse », qu'elle met au point chaque année[12]. En 2006 ce sont cinq nouveaux noms qui augmentent la liste, cette année : le Premier ministre éthiopien Meles Zenawi, le président iranien Mahmoud Ahmadinejad, les groupes armés tamouls du Sri Lanka, le chef des paramilitaires colombiens Diego Fernando Murillo Bejarano, et le chef de guérilla colombien Raul Reyes.

Classement 2017

Rang Pays Score global[13] Situation
1 Norvège 7,60 Très bonne
2 Suède 8,27
3 Finlande 8,92
4 Danemark 10,36
5 Pays-Bas 11,28
6 Costa Rica 11,93
7 Suisse 12,13
8 Jamaïque 12,73
9 Belgique 12,75
10 Islande 13,03
11 Autriche 13,47
12 Estonie 13,55
13 Nouvelle-Zélande 13,98
14 Irlande 14,08
15 Luxembourg 14,72
16 Allemagne 14,97
17 Slovaquie 15,51 Bonne
18 Portugal 15,77
19 Australie 16,02
20 Suriname 16,07
21 Samoa 16,41
22 Canada 16,53
23 République tchèque 16,91
24 Namibie 17,08
25 Uruguay 17,43
26 Ghana 17,95
27 Cap-Vert 18,02
28 Lettonie 18,62
29 Espagne 18,69
30 Chypre (République de / pays reconnu par l'ONU) 17,79
31 Afrique du Sud 20,12
32 Liechtenstein 20,31
33 Chili 20,53
34 Trinité-et-Tobago 20,62
35 Andorre 21,03
36 Lituanie 21,37
37 Slovénie 21,70
38 Organisation des États de la Caraïbe orientale 22,10
39 France 22,24
40 Royaume-Uni 22,26
41 Belize 23,43
42 Burkina Faso 23,85
43 États-Unis 23,88
44 Comores 24,33
45 Taïwan (non reconnu par l'ONU) 24,37
46 Roumanie 24,46
47 Malte 24,76
48 Botswana 24,93
49 Tonga 24,97
50 Argentine 25,07 Problèmes sensibles
51 Papouasie-Nouvelle-Guinée
52 Italie 26,26
53 Haïti 26,36
54 Pologne 26,47
55 Mauritanie 26,49
56 Maurice 26,67
57 Madagascar 26,71
58 Sénégal 26,72
59 République dominicaine 26,76
60 Guyana 26,80
61 Niger 27,21
62 Salvador 27,24
63 Corée du Sud 27,61
64 Géorgie 27,76
65 Bosnie-Herzégovine 27,83
66 Serbie 28,05
67 Fidji 28,64
68 Lesotho 28,78
69 Mongolie 28,95
70 Malawi 28,97
71 Hongrie 29,01
72 Japon 29,44
73 Hong Kong (province chinoise) 29,46
74 Croatie 29,59
75 République turque de Chypre du Nord (non reconnu par l'ONU) 29,88
76 Albanie 29,92
77 Guinée-Bissau 30,09
78 Bénin 30,32
79 Arménie 30,38
80 Moldavie 30,41
81 Côte d'Ivoire 30,42
82 Kosovo 30,45
83 Tanzanie 30,65
84 Bhoutan 30,73
Sierra Leone
86 Togo 30,75
86 Seychelles 30,86
88 Grèce 30,89
89 Kirghizistan 30,92
90 Pérou 30,98
91 Israël 31,01
92 Nicaragua
93 Mozambique 31,05
94 Liberia 31,12
95 Kenya 31,20
96 Panama 32,12
97 Tunisie 32,22
98 Timor-Oriental 32,82
99 Liban 33,01
100 Népal 33,02
101 Guinée 33,15
102 Ukraine 33,19
103 Brésil 33,58
104 Koweït 33,61
105 Équateur 33,64
106 Monténégro 33,65
107 Bolivie 33,88
108 Gabon 34,83
109 Bulgarie 35,01 Difficile
110 Paraguay 35,64
111 Macédoine 35,74
112 Ouganda 35,94
113 République centrafricaine 36,12
114 Zambie 36,48
115 Congo-Brazzaville 36,73
116 Mali 38,27
117 Maldives 39,30
118 Guatemala 39,33
119 Émirats arabes unis 39,39
120 Afghanistan 39,46
121 Tchad 39,66
122 Nigeria 39,69
123 Qatar 39,83
124 Indonésie 39,93
125 Angola 40,42
126 Oman 40,46
127 Philippines 41,08
128 Zimbabwe 41,44
129 Colombie 41,47
130 Cameroun 41,59
131 Birmanie 41,82
132 Cambodge 42,07
133 Maroc / Sahara occidental 42,42
134 Algérie 42,83
135 Palestine 42,90
136 Inde 42,94
137 Vénézuela
138 Jordanie 43,24
139 Pakistan 43,55
140 Honduras 43,75
141 Sri Lanka 44,34
142 Thaïlande 44,69
143 Gambie 46,70
144 Malaisie 46,89
145 Soudan du Sud 48,16
146 Bangladesh 48,36
147 Mexique 48,97
148 Russie 49,45
149 Tadjikistan 50,27
150 Éthiopie 50,34
151 Singapour 51,10
152 Swaziland 51,27
153 Biélorussie 52,43
154 République démocratique du Congo 52,67
155 Turquie 52,98
156 Brunei 53,72
157 Kazakhstan 54,01
158 Irak 54,03
159 Rwanda 54,11
160 Burundi 55,78 Très grave
161 Égypte
162 Azerbaïdjan 56,40
163 Libye 56,81
164 Bahreïn 58,88
165 Iran 65,12
166 Yémen 65,80
167 Somalie 65,95
168 Arabie saoudite 66,02
169 Ouzbékistan 66,11
170 Laos 66,41
171 Guinée équatoriale 66,47
172 Djibouti 70,54
173 Cuba 71,75
174 Soudan 73,56
175 Viêt Nam 73,96
176 Chine 77,66
177 Syrie 81,49
178 Turkménistan 84,19
179 Érythrée 84,24
180 Corée du Nord 84,98

Mexique

Au Mexique, 36 journalistes ont été assassinés entre 2011 et 2016 et 496 agressés dans la seule année 2016. Le pays est selon RSF le troisième plus dangereux au monde pour les journalistes après l'Afghanistan et la Syrie[14].

Honduras

Entre 2008 et 2017, 62 journalistes, photographes cadreurs et propriétaires de médias alternatifs, critiquant généralement les autorités au pouvoir, ont été assassinés[15].

Russie

Avec les assassinats d'Anna Politkovskaïa et d'Anatoli Voronined de l'agence de presse Itar-Tass en , l'indépendance des médias russes est mise en doute lorsque l'on sait que les deux principales chaînes de télévision publique (ORT et RTR) sont contrôlées par le gouvernement. Selon Marie Mendras, au moins la moitié des journaux télévisés de ces chaînes est dédiée aux faits et gestes du président Poutine[16]. Depuis 2003-2004, Moscou a resserré son emprise sur les chaînes de télévision privées telles que NTV. Après la prise d'otages de Beslan en 2004, les Izvestia avaient publié plusieurs photographies de la tragédie et le rédacteur en chef avait été renvoyé immédiatement.

En , le journaliste Ivan Golounov est arrêté pour trafic de drogue, dans ce que de nombreux journalistes dénoncent comme un coup monté[17]. Il est finalement libéré après avoir reçu un soutien sans précédent de la société civile et de nombreux journalistes russes[18], et toutes les charges à son encontre sont levées. Cet évènement est exceptionnel par sa résonance médiatique dans le pays, y compris auprès de médias pro-gouvernementaux[19]. Cependant, plusieurs journalistes et défenseurs de la liberté de la presse en Russie restent emprisonnés, dans des affaires n'ayant pas eu le même écho dans la société civile[20].

Seuls l'internet, les radios et la presse moscovites (Novaïa Gazeta, Kommersant, Radio Echo de Moscou ou Radio Liberté) échappent aujourd'hui à la mainmise du pouvoir. Cependant, seulement 20 à 30 % de la population russe a accès au web[16].

Biélorussie

Dzmitry Zavadski est probablement mort assassiné en 2000.

Union européenne

En , un débat a animé le parlement concernant la liberté d'information. Ce débat a été conclu par la Commissaire Reding qui a indiqué qu'une législation européenne sur le pluralisme des médias était subordonnée à sa nécessité pour résoudre des problèmes liés au marché intérieur[21].

Situation générale

Évolution de la liberté de la presse en Europe, 2002-2010, Reporters sans frontières[22].

La jurisprudence de la Loi sur la liberté de la presse du 29 juillet 1881 retient parmi les termes juridiques le principe de bonne foi journalistique, à condition de réunir quatre critères, dont la qualité de l'enquête et l'absence d'animosité personnelle. Elle condamne systématiquement le directeur de publication lorsque la faiblesse de l'enquête, et donc des moyens accordés aux journalistes, est la cause de la diffamation. Les journalistes ne sont pas contrôlés par une instance propre à leur profession, qui pourrait édicter des règles et leur infliger des sanctions, en cas de faute. Le code du travail, avec la loi Cressard leur accorde cependant des droits protecteurs tandis qu'une partie de la déontologie est reprise dans la convention collective nationale de travail des journalistes, les syndicats de journalistes réclamant l'annexion de la charte de Munich dans sa version entière.

Le journaliste choisit librement d'accepter le code moral qui fixe les droits mais surtout les devoirs, appelée aussi charte de Munich, et qui s'inscrit dans les contraintes d'une très relative indépendance des rédactions. Le directeur de publication a en effet tout pouvoir pour modifier les articles. La Charte de Munich, rédigée en 1971, qui fixe à la profession dix devoirs fondamentaux et cinq droits, a été signée par les principaux syndicats de journalistes français.

La liberté des médias français est apparue aux yeux de certains observateurs réduite depuis l'accession au pouvoir présidentiel de Nicolas Sarkozy (en ). La Télévision suisse romande a diffusé en un documentaire traitant du pouvoir de Nicolas Sarkozy sur les médias français, usant de la peur et de sanctions pour les contrôler[23].

Un projet de réforme de cette charte, d'origine gouvernementale et mené par un groupe de dix sages, a suscité des réactions nombreuses sur Internet à l'automne 2009[24]. Depuis le en France, la liberté de la presse est reconnue et étendue aux « blogueurs » par la jurisprudence à la suite du procès Antoine Bardet, alias « Fansolo ». Après sa défaite en première instance contre Serge Grouard, maire UMP d'Orléans, confirmée en appel, la Cour de cassation lui donne raison au regard de la loi du relative à la liberté de la presse. Cette décision est une reconnaissance à l'ensemble des blogueurs la protection de ladite loi généralement réservée aux seuls médias traditionnels[25].

Les inquiétudes pour la liberté de la presse en France sont reflétées par le classement annuel établi par l'association Reporters sans frontières[22]. Celle-ci a classé la France 38e en 2011[26], 45e dans son classement 2016[27], contre 35e en 2008[28] et 31e en 2007. Le mauvais classement de la France s'explique notamment par les différentes lois présentées dans le cadre de la lutte contre le terrorisme par le gouvernement Valls et par le manque d'indépendance des médias, ceux-ci étant caractérisés par « une très forte relation entre les puissances industrielles et les propriétaires des médias, qui sont souvent les mêmes »[27]. Outre la concentration des médias aux mains d'acteurs financiers, la position de la France s'explique également par les « exactions » subies par les professionnels du secteur tel l'attentat contre Charlie Hebdo survenu en [29].

Le projet de loi relative au renseignement est étudié dès pour prévenir la menace terroriste à la suite des attentats de janvier 2015. Entrée en vigueur le , cette loi est qualifiée par ses détracteurs de liberticide, et a été déférée par 200 journalistes de la presse judiciaire à la Commission européenne des droits de l'homme.

En , l'historien de la presse Alexis Lévrier indique qu'« il est objectivement plus difficile d’exercer le métier de journaliste depuis l’élection d’Emmanuel Macron ». Les atteintes à la liberté de la presse se sont notamment manifestées avec la perquisition des locaux du journal Mediapart et la convocation de plusieurs journalistes accusés d'avoir divulgué des informations ayant trait aux ventes d'armes françaises à l'Arabie saoudite[30].

Du 17 au , l'Assemblée nationale examine la proposition de loi relative à la sécurité globale, soutenue par le gouvernement. D'après Greenpeace, si une telle loi entrait en vigueur en l’état, elle constituerait une grave atteinte au droit à l’information, au respect de la vie privée, et à la liberté de réunion pacifique, trois conditions pourtant essentielles au droit à la liberté d’expression[31]. Dans une tribune[32], nombre de journalistes et médias rappellent que « la possibilité de filmer et diffuser des images des forces de l’ordre est essentielle à l’État de droit », et que la liberté de la presse est un contre-pouvoir essentiel de la démocratie. Selon Amnesty International, cette proposition de loi conduirait la France à ne pas être en conformité avec ses engagements internationaux en matière de droits humains[33].

Budgets publicitaires du secteur public

Une sorte d'omerta entourerait la question cruciale des budgets publicitaires du secteur public car il n'existe aucune étude, aucun chiffrage, ni aucune prise de parole des responsables et commentateurs sur ce sujet alors que les rédacteurs de cet Article ont soulevé clairement l'importance « des pressions financières sur la rédaction » parmi les causes principales des atteintes à la liberté de la presse. De façon officieuse cet investissement a été évalué par Marc Chernet, expert-comptable, à 2,36 milliards d'euros en 2013 en se fondant sur la liste des budgets des 100 premiers annonceurs publiée par le site de l'hebdomadaire Stratégies.

Bénin

Le Bénin est le pays d'Afrique qui assurerait le mieux la liberté de la presse. Depuis quelques années déjà[Quand ?], de plus en plus de journaux, radios ou encore chaînes de télévision se créent, dans l'un des plus pauvres pays du monde. Dans la capitale économique et plus grande ville du pays, (Cotonou), avec son million d'habitants, à peu près quarante journaux quotidiens sont publiés chaque jour, peut-être le record dans le monde (bien que comble de tout, il y ait 50 % d'analphabètes). Les huit millions d'habitants du pays peuvent suivre la chaîne de télévision nationale ORTB, ainsi que le contenu de plus de 70 radios et quatre télévisions privées.

Cependant, la plupart des journalistes ont un emploi provisoire (pendant la dictature, deux tiers des journalistes avaient une aide de l'état). Seulement à peu près cinq sont rentables. Ils reçoivent un tout petit budget de l'État et très peu d'aides.

Mais depuis 2007, la liberté de presse régresse. La chaîne nationale ORTB est contrôlée par le chef de l'État Boni Yayi, dont les déplacements sont constamment mis en avant[réf. nécessaire].

Burundi

Depuis la fin de la guerre civile, la presse se développe rapidement. La liberté de presse, clairement limitée pendant la phase de transition[34], est ensuite assez largement respectée[35]. Néanmoins, un certain risque existe encore à aborder des sujets tels que l'existence de groupes armés rebelles[36] ou certaines affaires de corruption[35].

Mali

Le Mali vit une crise de la presse due aux coûts de l'analphabétisme. Dans la métropole, Bamako (deux millions d'habitants), les plus grands quotidiens ont un tirage de seulement 1 malta romain[précision nécessaire]. Aussi, la radio est la plus importante source d'informations.

Les journalistes reçoivent parfois, à la place d'un salaire régulier, un pourboire de la maison où ils sont employés.

Aussi, les quelques journalistes régulièrement payés ne se risquent pas à aborder les thèmes des problèmes sociaux, comme la crise des écoles et l'augmentation rapide des prix.

Chine

Xi Jinping remet en place dans les médias, les écoles et les universités chinois, un contrôle idéologique[37]. La « liberté de la presse » est un des « sept périls » mis en avant par le Parti communiste chinois dans le document numéro 9[38],[39].

En 2014, un « examen idéologique » est instauré par le Parti communiste afin de « contrôler » l'ensemble des journalistes[40]. Ces derniers doivent connaître des règles essentielles, par exemple « il est absolument interdit à des articles publiés de faire état de commentaires contredisant la ligne du parti communiste chinois ». Ou encore « la relation entre le parti et les médias est celle du dirigeant et du dirigé »[41].

Notes et références

  1. Édouard Tillet, La constitution anglaise. Un modèle politique et institutionnel dans la France des Lumières, Presses universitaires d'Aix-Marseille, , p. 112
  2. Jean-Christian Petitfils, Louis XVI, Perrin, 2005, p. 670
  3. Pierre Feuerstein, Un journal des journaux. Histoire, grandeur et servitudes d'un journal de province, Éditions Créer, , p. 10
  4. Bernard Durand, Jean-Pierre Le Crom, Alessandro Somma, Le droit sous Vichy, Vittorio Klostermann, , p. 224
  5. CEDH, Financial Times LTD et autres c. Royaume-Uni (Cour EDH, 4e Sect. 15 décembre 2009, Req. no 821/03)
  6. Constitution fédérale de la Confédération suisse (Cst.) du (état le ), RS 101, art. 17.
  7. « Turquie. Can Dündar, lauréat du prix RSF pour la liberté de presse, a été écroué », sur courrierinternational.com,
  8. Marie Jégo, « En Turquie, 2 journalistes poursuivis pour des révélations sur des livraisons d’armes aux rebelles syriens », sur lemonde.fr,
  9. « Depuis sa prison, le message de Can Dündar à l’Humanité », sur humanite.fr,
  10. Classement RSF 2014
  11. « RSF salue l'adoption par l'Assemblée nationale de l'ONU une résolution sur la sécurité des journalistes »
  12. 40 prédateurs de la liberté de la presse - RSF, 3 mai 2010
  13. « Classement de la liberté de la presse 2017 », sur rsf.org (consulté le )
  14. « Mexique : le bilan accablant de Enrique Peña Nieto à un an des présidentielles », sur medelu.org (consulté le )
  15. « Au Honduras, le coup d’État permanent », sur medelu.org,
  16. Une Russie imprégnée de violence - Entretien avec Marie Mendras, Le Monde, 14 octobre 2006. Marie Mendras est chercheuse au Centre d'études et de recherches internationales (CERI), professeur de politique russe à l'institut d’études politiques de Paris.
  17. « Ivan Golounov, un journaliste d’investigation russe arrêté à Moscou pour détention de drogue », sur lemonde.fr, (consulté le )
  18. « Russie : le journaliste Ivan Golounov disculpé après une mobilisation "historique" », sur lexpress.fr,
  19. (ru) « Все обвинения сняты с журналиста Ивана Голунова, который уже освобожден из-под домашнего ареста », sur первый канал,
  20. « Après la libération d’Ivan Golounov, RSF appelle à la mobilisation pour les autres journalistes emprisonnés en Russie », sur rsf.fr (reporters sans frontières),
  21. Première session plénière d'octobre : dossier complet - Parlement européen, 6 octobre 2009
  22. « Classement mondial 2010 »(ArchiveWikiwixArchive.isGoogle • Que faire ?) - RSF
  23. Reportage sur le contrôle des médias français par Nicolas Sarkozy, au moyen de la peur : « Sarkozy, vampire des médias », enquête de Sarah Perrig et Alexandre Bochatay, reportage disponible en ligne dans l'émission d'investigation Temps présent
  24. Donnez votre avis sur le projet de charte des journalistes - Rue89, 31 octobre 2009
  25. La Cour de cassation étend le droit de la presse aux blogs, nouvelobs.com, 8 octobre 2011
  26. http://fr.rsf.org/press-freedom-index-2011-2012,1043.html
  27. Classement RSF de la liberté de la presse : la France chute à la 45e place, Guillaume Champeau, numerama.com, 20 avril 2016
  28. Classement mondial 2008 « Copie archivée » (version du 26 juillet 2013 sur l'Internet Archive) - RSF
  29. Classement RSF : la liberté de la presse française bafouée par les "intérêts" de ses patrons, marianne.net, 21 avril 2016
  30. « C’est plus difficile d’être journaliste depuis l’élection de Macron », sur 20minutes.fr, (consulté en )
  31. « Sécurité globale, répression générale », sur Greenpeace France (consulté le )
  32. collectif, « « Cachez ces violences policières que je ne saurais voir » : protégeons la liberté d’informer ! », sur Basta ! (consulté le )
  33. « Pourquoi la proposition de loi « Sécurité globale » est dangereuse pour nos libertés », sur Amnesty France (consulté le )
  34. Les civils dans la guerre au Burundi : Victimes au quotidien, vol. 15, Human Rights Watch, (lire en ligne), « 20 (A) ». Notons au passage que c'est à Albert Mbonerane, militant pour les droits de l'homme avant la guerre civile mais aussi ministre de la Communication du gouvernement de transition, que revient la tâche de limiter la liberté de presse.
  35. Jean-François Pollet, « Être journaliste au Sud », Imagine, no 96, , p. 34-37 (résumé).
  36. « Burundi: le journaliste Hassan Ruvakuki est libre », (consulté le ).
  37. Guy Sorman, « Chine : l’inquiétante dictature nihiliste », sur contrepoints.org,
  38. (en) Chris Buckley, « China Warns Officials Against ‘Dangerous’ Western Values », sur nytimes.com,
  39. (en) « Document 9: A ChinaFile Translation How Much Is a Hardline Party Directive Shaping China’s Current Political Climate? », 11 août 2013.
  40. Dorian Malovic, Examen idéologique pour les journalistes chinois 29 avril 2014
  41. Patrick Saint-Paul, « Les journalistes chinois contraints de passer un examen d'idéologie », sur lefigaro.fr,

Voir aussi

Bibliographie

  • Marie-Soleil Frère, Presse et démocratie en Afrique francophone : Les mots et les maux de la transition au Bénin et au Niger, Éditions Karthala, coll. « Hommes et Sociétés », , 540 p. (ISBN 978-2-86537-897-5, présentation en ligne)
  • Anjan Sundaram, Bad News - Derniers journalistes sous une dictature. Marchialy (Ed.),

Articles connexes

Liens externes

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