Impact culturel du Colbert Report

Cette page traite de l’impact culturel du Colbert Report (prononcer à la française, « The Colbère Rapore ») depuis sa première diffusion en 2005.

L'émission, présentée par le commentateur politique arrogant et conservateur interprété par l'humoriste américain Stephen Colbert, a eu un impact culturel important aux États-Unis depuis sa création, lorsque Colbert introduit le néologisme « Truthiness ». Les épisodes traitent des problèmes et débats d'actualité sur un ton humoristique et satirique, et ont contribué à créer un fandom entretenu par l'animateur, appelé la « Colbert Nation ».

Programme le plus regardé de la chaîne Comedy Central, devant l'autre programme-phare parodique des JT The Daily Show, il répond à une forme relativement fixe : monologue de Colbert, segment récurrent ou série spéciale, interview d'invité et conclusion.

Émission

Colbert Nation

La Colbert Nation est le nom qu'a donné Stephen Colbert un ensemble virtuel regroupant l'ensemble de ses fans. S'adressant à eux en les apostrophant par « Nation, … », il leur fait passer un certain nombre de messages plus ou moins implicites. Par exemple, il leur suggère parfois à demi-mot de réutiliser certaines de ses phrases ou de faire quelque chose en leur disant simplement de ne pas les réutiliser ou les faire (il leur demande de ne pas coller une page rectifiée de l'Oxford English Dictionary dont l'édition 2006 ne contenait pas son néologisme Truthiness).

Colbert Nation est également le nom du site officiel du Colbert Report.

Néologismes et slogans

Le Report est célèbre pour sa diffusion de néologismes, souvent repris dans le segment The Wørd :

  • Truthiness (2005)
  • Wikiality (2005)
  • Ablacknophobia (2009)
  • Noncensus (2009)
  • You-Genics (2009)
  • P.R.-mageddon (2010)
  • Nothingness (2010)
  • Meducation (2012)
  • Youth-anized (2013)
  • Narcicitizenship (2013)

Slogans

  • « He's a journalist with gravitas, with dignity, with balls. »
  • « It's French. Bitch. »
  • « America's most described journalist. »
  • « Steering the great ship of News through the channels of Truth. »
  • « It's what Lincoln would have watched. »
  • « Respected... Trustworthy... Smooth. »
  • « Good. »
  • « There's only one word to describe it: Trustigious. »
  • « If this were Venezuela, they'd nationalize him. »
  • « No. Free. Rides! »
  • « You gave us Neil Young, we give you me. »
  • « President Bush, have a hotdog with me. »
  • « Multi-grain. »
  • « Vote. »
  • « Factose Intolerant. »
  • « Colmes-free since 2009 »
  • « Juice it! »
  • « Purple-Mounted »
  • « Lincolnish »
  • « Libertease »
  • « Fundit »
  • « Applepious »
  • « SCILF »
  • « Star-Spangled »
  • « From C to Silent T »
  • « Überballed »
  • « Heterosapien »

Segments récurrents

Depuis 2005, l'émission a proposé une soixantaine de segments récurrents, tous intitulés selon des procédés absurdes et provocateurs.

Séries spéciales

« The Colbert Bump »

Le « Colbert Bump » est un concept pseudo-scientifique défini par une augmentation de la popularité d'une personne (auteur, homme politique, musicien, etc.) ou d'une chose (site internet, etc.) résultant de son apparition ou de sa mention au cours de l'émission[1]. Par exemple, si un homme politique est invité au Colbert Report, il peut devenir plus populaire auprès de certains de ses électeurs, et a plus de chances d'être élu. D'après l'American Political Science Association, les dons aux politiciens démocrates augmentent de 40 % dans les 30 jours qui suivent leur apparition dans l'émission[2]. La Mozilla Foundation a également noté un pic de popularité pour son navigateur Firefox après que la troisième version a été mentionnée dans le CR[3]. De plus, des magazines comme GQ, Newsweek, New York, Rolling Stone ou Sports Illustrated ont connu une augmentation de leurs ventes lorsque Colbert est apparu sur leurs unes respectives[4].

À propos du Colbert Bump, le physicien Stephen Hawking a satiriquement théorisé que si un trou noir apparaissait sur le plateau du Colbert Report, ce qui resterait de l'émission nous condamnerait tous.

Références utilisées dans The Colbert Report

Wikipédia

Colbert a souvent mentionné Wikipédia dans son émission, en particulier dans le segment The Wørd. Le considérant comme son site préféré (« Je suis un grand fan de Wikipédia. Je soutiens n'importe quel site qui consacre plus de couverture aux sabres laser que la presse écrite[5] »), Colbert mentionne Wikipédia pour la première fois le , où The Wørd est « Wikiality » (mot-valise créé à partir de wiki et de reality) défini comme une réalité créée en commun et à laquelle nous pouvons tous adhérer, partant du principe fallacieux que la « réalité » qui est écrite sur Wikipédia est forcément vraie. Il explique que sur WP, « n'importe quel utilisateur peut changer quoi que ce soit, et si suffisamment d'autres utilisateurs sont d'accord avec ces changements, ils deviennent “vrais” ».

Colbert consulte d'abord cette encyclopédie en ligne pour savoir s'il était dit que l'État de l'Oregon était « le Canada de la Californie » ou « le Mexique de l'État de Washington ». Après quelques secondes, il décide de qualifier l'Oregon de « Portugal de l'Idaho » et fait semblant de changer l'article de la Wikipédia anglophone pour créer cette nouvelle « réalité ». Il ironise ensuite sur le fonctionnement de l'encyclopédie en disant notamment que : « quiconque écrit un plus long sujet sur le mot truthiness que sur le Luthéranisme place ses priorités au bon endroit ». Il encourage alors son public à modifier la page anglophone « Elephant ». Sur cette dernière, il propose d'écrire « la population des éléphants d'Afrique a triplé au cours des six derniers mois » : sa suggestion a été suivie par de nombreuses modifications fantaisistes sur les articles liés aux éléphants et à l'Afrique, entraînant la semi-protection des pages en question et des blocages de comptes[6].

D'autres néologismes désignant Wikipédia ont été mentionnés dans The Colbert Report, comme « Wikilobbying » (« lorsque l'argent motive les créations d'article sur Wikipédia, la réalité devient une marchandise », en référence aux rumeurs faisant état de l'embauche de quelqu'un par Microsoft pour trafiquer Wikipédia)[7] ou « Self-determination » (autodétermination) (les entreprises sont autorisées à ajouter des fantaisies sur leurs propres articles : Colbert décrit alors Wikipédia comme « un Second Life pour les entreprises »)[5], etc.

Le , Jimmy Wales, cofondateur de Wikipédia, apparaît pour la première fois dans le Colbert Report (il y reviendra en ). Colbert décrit alors Wikipédia comme un « champ de bataille pour l'information » depuis que la « perception est devenue la réalité », et comme un « outil qui amène la démocratie à l'information » parce que « pendant trop longtemps, il n'y avait que les élites qui étudiaient quelque chose qui étaient qualifiés pour dire ce qui est vrai ou pas ». Au cours de l'interview, Colbert évoque l'idée d'écrire une phrase sur Wikipédia : « les bibliothécaires cachent quelque chose ». La phrase est cachée aux yeux de Wales, ce qui implique qu'il ne pourra pas personnellement bloquer toute tentative de vandalisme sur les pages liées puisqu'il ne sait pas de quels articles il s'agit. Wales réplique alors que « ce qui est intéressant à propos du Colbert Report, c'est que les wikipédiens le regardent ». Colbert conclut en disant que Wikipédia est le premier endroit où il va lorsqu'il recherche une information – ou lorsqu'il veut créer quelque chose[8].

Le , Colbert annonce que Warren G. Harding (22e président des États-Unis) est un « Président secrètement nègre », avec la preuve que « G veut dire Gangsta », ce qu'il a précédemment modifié sur la page Wikipédia pour qu'il puisse citer une source[9]. Par la suite, il en a résulté de nombreuses tentatives de modifications soutenant l'idée de Colbert.

La fantasy

Le monde de J. R. R. Tolkien est régulièrement mentionné dans l'émission : une photo de Viggo Mortensen (l'acteur qui joue Aragorn dans les films) trône sur une étagère du plateau ; Peter Jackson, réalisateur des films, lui remet l'épée Dard ; il est « anobli » avec l'épée Narsil par la reine Noor de Jordanie ; The Colbert Report propose une série spéciale pour la sortie au cinéma du premier film de la nouvelle série Le Hobbit (The Hobbit), également réalisée par Jackson, où Colbert doit faire une apparition dans le second ou troisième film ; etc.

Les aigles

L'« aigle américain ».

Colbert se compare souvent à un aigle, Symbole des États-Unis et représenté sur plusieurs sceaux, drapeaux et pièces de monnaie américains.

Il surnomme d'ailleurs son bureau « The Eagle's Nest » (le nid de l'aigle)[10].

Les ours

Colbert est connu pour ses fréquentes déclarations que les ours représentent aujourd'hui la menace la plus grave pour la sécurité des États-Unis. Il les qualifie de « machines à tuer sans dieu ni âme » (Godless Killing Machines). Ils apparaissent régulièrement en tête du TreatDown.

Cette fixation sur les ours est en fait une caricature des commentateurs politiques conservateurs et en particulier de Bill O'Reilly que Colbert surnomme d'ailleurs « Papa Bear ».

Shelves of Honor

Les « étagères d'honneur » (Shelves of Honor) sont les étagères qui composent le plateau du Colbert Report et qui sont décorées par divers objets pour lesquels Colbert a un certain respect. Colbert propose aussi une « étagère des rêves brisés » (Bookshelf of Broken Dreams) pour ceux qui ont essayé en vain.

On Notice / Fantasies / Dead to Me

Colbert propose régulièrement un classement des choses/personnes/évènements qui doivent faire attention à elles (On Notice) sous peine de subir sa colère et de devenir morts à ses yeux (Dead to Me), ainsi qu'un classement de celles qui relèvent du fantasme (Fantasies). Ces classements sont comparables au segment ThreatDown récapitulant les plus grandes menaces pesant contre l'Amérique[12].

Références extérieures

Renommages

Logo du « C.O.L.B.E.R.T. »

En raison de sa popularité, le nom de Stephen Colbert a été réutilisé par de nombreux organismes ou personnes pour renommer divers objets, lieux ou animaux.

En , un aigle orphelin du zoo de San Francisco est appelé « Stephen Jr. »[16] ; en , la mascotte d'une équipe de hockey canadienne, le Spirit de Saginaw, est renommée « Steagle Colbeagle the Eagle »[17] ; en , un nouveau parfum de glace Ben & Jerry's, uniquement disponible aux États-Unis, est appelé « Stephen Colbert's AmeriCone Dream »[18] ; en , il donne son nom à une tortue : « Stephanie Colburtle the Leatherback Turtle »[19] ; en , Virgin America renomme un avion « Air Colbert »[20] ; en , une nouvelle espèce de mygale est appelée « Aptostichus stephencolberti »[21] ; en , le laboratoire marin de l'université de Californie à Santa Cruz renomme un éléphant de mer « Stelephant Colbert the Elephant Seal »[22] ; et en , un tapis roulant d'entraînement de la NASA, officiellement intitulé « Combined Operational Load-Bearing External Resistance Treadmill » ou C.O.L.B.E.R.T., est envoyé sur la Station spatiale internationale (ISS) à bord de la navette Discovery lors de la mission STS-128[23].

En 2006, il candidate à un concours pour que le futur pont hongrois Megyeri híd, situé à l'est de Budapest et qui enjambe le Danube, porte également son nom. Invité sur le plateau du Report, le ministre des transports hongrois annonce que le Comité géographique hongrois choisirait un nom à la suite d'un sondage où internautes, membres du gouvernement, cartographes, linguistes et d'autres experts, pouvaient proposer un nom (des noms extravagants ont été soumis, comme « Le Pont 'Vous pouvez aller jusqu'à Bratislava mais par ce pont' » ou le « Pont Chuck Norris »). Colbert saute sur l'occasion et encourage son public à voter pour lui (Jon Stewart se lance également dans la course). Le , des sites hongrois annoncent que Colbert a remporté le premier tour avec 17 231 724 votes, soit sept millions de plus que le nombre total d'habitants de Hongrie. Cependant, le pays change les règles de votes après avoir compris que ce résultat était le fait d'un robot programmé par des membres des Colbert Nation Forum. Colbert s'excuse officiellement en direct et, après avoir demandé sincèrement à son public de ne pas poursuivre leurs efforts, il lance un segment spécial célébrant la Hongrie.

Le , Colbert invite l'Ambassadeur de Hongrie aux États-Unis, András Simonyi (en), qui le déclare vainqueur du second tour de vote, sous réserve que Colbert ne satisfasse à deux conditions supplémentaires : parler couramment hongrois (Colbert prononce le nom Nicholas Zrinyi, une référence incorrecte à Miklós Zrínyi, et híd, signifiant « pont ») et le fait que pour donner son nom au pont, il doit être décédé. Colbert proteste, mais l'ambassadeur lui offre en compensation un passeport hongrois et un billet de 10 000 forints (HUF) (soit environ 42 $ ou 32 ). Finalement, il laisse sous-entendre à Colbert que le problème de la deuxième condition pourrait être résolu s'il daignait venir visiter le pont à Budapest, et Colbert tente alors de soudoyer l'ambassadeur avec son billet de 10 000 forints. Le , le pont est officiellement baptisé « Pont Megyeri » (Megyeri híd), bien que le nom n'ait pas franchi le second tour des votes.

Réutilisation du personnage en dehors du Colbert Report

Gala des correspondants de la Maison Blanche en 2006

Stephen Colbert prononce en un discours satirique au cours du gala des correspondants de la Maison Blanche au cours duquel il critique l'administration Bush et les médias nationaux. Sa prestation lui vaut reconnaissance et mépris de la part de ces derniers, mais la vidéo de son long discours devient virale sur Internet.

Primetime Emmy Awards en 2006, 2007 et 2008

Colbert aux Emmy Awards 2008.

En 2006, Colbert et Jon Stewart sont invités à présenter le prix de la meilleure émission de téléréalité aux Primetime Emmy Awards :

« O'BRIEN : Les deux prochains présentateurs ont fait pour la fausse information ce que Fox News a fait... pour la fausse information. Merci d'applaudir Jon Stewart et Stephen Colbert !
STEWART : Merci beaucoup, c'est un plaisir d'être ici ce soir.
COLBERT : Bonsoir, bande de sodomites impies !
STEWART : [pause] Qu'est-ce que... Qu'est-ce que tu fais ?
COLBERT : Je dis la vérité, Jon. Nous sommes à Hollywood, dans le ventre de la Bête.
STEWART : Tu ne peux pas juste lire le prompteur ?
COLBERT : Je lis le prompteur juste ici [il pointe le doigt sur son cœur]. Toi, tu peux lire ces foutaises.
STEWART : Les plaisanteries des cérémonies de récompenses ne sont pas des foutaises ! [il lit le prompteur, à contrecœur] « La téléréalité célèbre la condition humaine... [il marmone] en illuminant ce qui est extraordinaire chez une personne ordinaire. »
COLBERT : [avec force] Elle pervertit l'esprit de nos enfants et affaiblit la détermination de nos alliés.
STEWART : [toujours en marmonant] « Le résultat est souvent dramatique et toujours inattendu. Nous sommes ici pour honorer la réussite dans cette catégorie. »
COLBERT : En vous donnant une idole dorée à vénérer ! [il désigne la statue géante des Emmys à côté d'eux sur scène] PROSTERNE-TOI DEVANT TON DIEU, BABYLONE !
STEWART : [pause] C'est... c'est à cause du truc de Manilow, pas vrai ? [Barry Manilow avait remporté un peu plus tôt l'Emmy Award de la meilleure performance individuelle]
COLBERT : [il éclate en sanglots] J'ai perdu contre BARRY MANILOW ! Barry Manilow ! J'ai perdu contre Copa Cabana ! Chanter et danser, ce n'est pas « performer » ! J'aurai pu perdre contre Wolverine, il a des griffes à la place des mains !
STEWART : Ça va aller...
COLBERT : Est-ce que je peux tenir une des tiennes ?
STEWART : Non ! Les nommés sont[24],[25]... »

Notes et références

  1. (en) « The Colbert Bump », Wikiality (consulté le ).
  2. (en) James H. Fowler, « The Colbert Bump in Campaign Donations: More Truthful than Truthy », Université de Californie, (consulté le ).
  3. (en) « Colbert Bump – Firefox 3 Proves its Existence », Mozilla Foundation, (consulté le )
  4. (en) Matt Pressman, « Should Vanity Fair Put Stephen Colbert on the Cover? », Vanity Fair, (consulté le ).
  5. (en) « The Word - Self-Determination », Colbert Nation, (consulté le )
  6. (en) Nate Anderson, « Wikipedia mocked by Stephen Colbert », Ars Technica, (consulté le )
  7. (en) Rick Jelliffe, « An interesting offer: get paid to contribute to Wikipedia », XML.com, (consulté le )
  8. (en) « Jimmy Wales », Colbert Nation, (consulté le )
  9. (en) « ThreatDown - Secret Negro Presidents », Colbert Nation, (consulté le )
  10. (en) « The Eagle's Nest », Wikiality [wikia] (consulté le )
  11. (en) « Shelves of Honor », Wikiality [wikia] (consulté le )
  12. (en) « Levels of Colbert Judgement », Wikiality [wikia] (consulté le )
  13. (en) « On Notice », Wikiality [wikia] (consulté le )
  14. (en) « Stephen Colbert Fantasies Board », Wikiality [wikia] (consulté le )
  15. (en) « Dead to me », Wikiality [wikia] (consulté le )
  16. (en) Leah Garchik, « Leah Garchik », San Francisco Chronicle, (consulté le )
  17. (en) « The Colbert Report Spotlights Spirit », Saginaw Spirit, (consulté le )
  18. (en) Associated Press, « Ben & Jerry's names new flavor for Colbert », Today.com, (consulté le )
  19. (en) Tatiana Lopez, « Follow a turtle race on the Web », USA Today, (consulté le )
  20. (en) Bay City News Service, « Virgin America's first flights set to land in San Francisco today », San Jose Mercury News, .
  21. (en) Jason Bond, « How to Name a Species - Taxonomy and Why it is Important », East Carolina University (consulté le )
  22. (en) Matt Tobey, « Introducing Stelephant Colbert the Elephant Seal », Comedy Central Insider, (consulté le )
  23. (en) « COLBERT Ready for Serious Exercise », NASA, (consulté le )
  24. Citation originale : « Stewart: Thank you very much, it's a pleasure to be here tonight. Colbert: Good evening, godless sodomites. Stewart: [pause] What're you — what're you doing? Colbert: I'm bringing the truth, Jon. We're in Hollywood, the belly of the beast. Stewart: You can't just — you can't just read the prompter? Colbert: I'm reading the prompter in here. [points to his heart] You can read that pablum. Stewart: Award-show banter is not pablum! [reading from the prompter; reluctantly] "Reality television celebrates the human condition... by [mumbling] illuminating what's extraordinary in the ordinary person." Colbert: [firmly] It warps the mind of our children and weakens the resolve of our allies. Stewart: [still mumbling] "The results are often dramatic and always unexpected. We're here to honor achievement in that category." Colbert: By giving you a golden idol to worship! [points at the giant Emmy statue next to the stage] KNEEL BEFORE YOUR GOD, BABYLON! Stewart: This is, uh... this is about the Manilow thing, isn't it? Colbert: I lost to BARRY MANILOW! Barry Manilow! I lost to the Copa Cabana! Singing and dancing is not "performing"! Wolverine I could've lost to — he's got claws for hands! Stewart: All right. Colbert: Can I hold one of yours? Stewart: No! The nominees are... »
  25. (en) « Stephen Colbert and Jon Stewart at the Emmys » [vidéo], sur YouTube (consulté le )

Annexes

Articles connexes

Liens externes

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