Gloria Victis

Gloria Victis (Gloire aux vaincus) est une sculpture du sculpteur français Antonin Mercié (1845-1916), créée en 1874.

Historique

Cette sculpture a été réalisée après la défaite française de 1871 pour rendre hommage à l’héroïsme des soldats victimes de la guerre franco-allemande de 1870 et glorifier le patriotisme. Il s'agit d'un renversement du Væ victis[1].

La sculpture originale en plâtre, exécutée à la Villa Médicis en 1872, a obtenu une médaille d’honneur au Salon de 1874, à Paris où elle remporta un vif succès. La ville de Paris acheta l'œuvre qui fut fondue par Thiébaut et fils. Cette sculpture de 2,20 m de haut a été reproduit en plusieurs exemplaires[2]. Cette œuvre a en effet servi de source d'inspiration à plusieurs artistes pour la réalisation de monuments commémoratifs de la guerre de 1870.

L'œuvre

Ce groupe sculpté représente la figure allégorique d’une Gloire (Renommée) ailée portant une cuirasse et soutenant un jeune homme dénudé, le front bandé, qui vient d’expirer. Ce soldat, symbolisant la défaite, tient une épée brisée dans la main droite, tandis que le bras gauche est levé vers le ciel. Le talon de la Gloire ailée est soulevé, seule la pointe effleure le sol, l'envol est proche. Un rameau d’olivier symbolise la paix, tandis qu’une chouette symbolise la sagesse d’Athéna, déesse de la guerre. Le tout personnifiant la France vaincue mais héroïque[3].

L'œuvre originale est conservée à Paris. Installée entre 1879 au square Montholon, elle est transférée en 1884 dans la cour centrale de l'hôtel de ville puis attribuée Petit Palais en 1930[4]. Elle est placée au dépôt d'Auteuil en 1934 et exposée au Petit Palais depuis 1976[5].

Répliques

On peut voir des répliques de cette sculpture en bronze, en région Nouvelle-Aquitaine[6], dans la région Grand-Est, en Pays-de-Loire et en Île-de-France :

  • Niort (Deux-Sèvres) : en 1881, Niort sollicite la ville de Paris pour réaliser une réplique. Elle accepte, accordant d'ailleurs ce droit à toutes les villes qui en feraient la demande. La statue est offerte par le gouvernement. Le monument est inauguré le 9 octobre de la même année, en présence du président de la Chambre des députés Léon Gambetta. Le général Gaston de Galliffet et le maire Antonin Proust font un discours. Elle est installée place de Strasbourg[7].
  • Bordeaux (Gironde) : en 1883, la mairie de Bordeaux demande à son tour l'autorisation de réaliser une réplique de la statue. Elle motive sa décision l'année suivante par le fait « de perpétuer dans le cœur des Bordelais le souvenir ; le fait que nul français ne doit oublier le souvenir de la Défense nationale, à laquelle notre ville se consacra tout entière ». Elle est inaugurée le 19 janvier 1886 mais, le 19 juin de la même année, les « Anarchistes du trône et de l'autel » tentent de la détruire à la dynamite, en vain. Elle se trouve place de la Caisse-d'Épargne, actuelle place Jean-Moulin[8].
  • Agen (Lot-et-Garonne) : en 1883, elle est élevée à l'initiative de l'Association des anciens élèves dans la cour du collège des garçons d'Agen, alors situé dans les locaux de l'actuel collège Joseph-Chaumié. Le lycée Bernard-Palissy est construit de 1888 à 1893 et la statue, une réduction en bronze de 1,70 m de l'œuvre originale, est déplacée dans ses jardins, près du boulevard de la Liberté. Sur son piédestal est inscrit : « À nos camarades morts en combattant - 1870-1871 » et le nom des anciens élèves tombés, par exemple celui d'Edmond Lagarde, bachelier ès lettres de 18 ans et engagé volontaire. Elle échappe à la fonte sous le régime de Vichy du fait de son statut de monument aux morts. En 2008, elle disparaît ; le lycée porte plainte pour vol[9]. En 2018, le président de l'Association des anciens élèves de Palissy propose de réaliser une nouvelle statue, le lycée possédant toujours son moule ou envisageant d'en réaliser un sur la statue conservée à Bordeaux[10].
  • Châlons-en-Champagne (Marne) : en 1890, le conseil municipal décide d'acquérir une reproduction de l'œuvre. La même année, Mercier est autorisé à la réaliser. En 1892, elle est érigée dans le square de la cathédrale (côté sud). En 1926, elle est déménagée place de la Libération pour l'érection d'un monument aux morts de la Première Guerre mondiale. En 1943, le régime de Vichy décide de la fondre, dans le cadre de la mobilisation des métaux non ferreux, mais on ignore comment elle en a été préservée[11].
  • Cholet (Maine-et-Loire) : en 1892, la statue est inauguré place Hexagone, actuelle place de la République[12].
  • Saint-Denis, musée d’art et d’histoire. Propriété de la commune, la façon dont l'exemplaire a été acquis est inconnue[13]. En 2014-2015, elle est présentée lors de l'exposition « 70/14 : d’une guerre à l’autre en vingt tableaux »[1] puis, redécouverte dans les réserves du musée lors d'une campagne de travaux en 2016-2017, elle est depuis exposée de façon permanente dans l'une des quatre salles consacrées à la guerre de 1870 et de la Commune de Paris[14].

À l'étranger se trouvent des répliques à :

Le fondeur Ferdinand Barbedienne en a exécuté plusieurs exemplaires en bronze de sept tailles différentes[3]. Des exemplaires se trouvent au :

Notes et références

  1. « Gloria Victis : deux œuvres confrontées », sur musee-saint-denis.com (consulté le ).
  2. « Notice de l'esquisse en bronze », sur musee-orsay.fr (consulté le )
  3. Eric Farnet, antiquaire à Marseille, « Fiche de l'œuvre », sur conceptantiques.com (consulté le )
  4. Dominique Perchet, « Gloria Victis – Paris (75001) », sur e-monumen.net, (consulté le ).
  5. « Gloria Victis ou Monument aux morts de 1870 », sur anosgrandshommes.musee-orsay.fr (consulté le ).
  6. Christophe Bourel le Guilloux, « Le Gloria Victis et autres monuments commémoratifs de la Guerre de 1870 en Nouvelle-Aquitaine », Regards sur le patrimoine multiple, , pp. 119-130 (lire en ligne)
  7. « Gloria Victis ou Monument aux morts de 1870 », sur anosgrandshommes.musee-orsay.fr (consulté le ).
  8. « Gloria Victis ou Monument aux morts de 1870 », sur anosgrandshommes.musee-orsay.fr (consulté le ).
  9. Stéphane Bersauter, « Agen. On a volé la statue du lycée Palissy ! », sur ladepeche.fr, (consulté le ).
  10. « Agen. Jean-Charles Cortinovis refait le coup de "La Marseillaise" », sur ladepeche.fr, (consulté le ).
  11. « Gloria Victis ou Monument aux morts de 1870 », sur anosgrandshommes.musee-orsay.fr (consulté le ).
  12. « Gloria Victis ou Monument aux morts de 1870 », sur anosgrandshommes.musee-orsay.fr (consulté le ).
  13. « Gloria Victis », sur pop.culture.gouv.fr (consulté le ).
  14. Romain Chiron, « Saint-Denis : Le musée enrichit sa collection sur la Commune », sur Le Parisien, (consulté le ).

Articles connexes

Liens externes

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