Fabrice Papillon

Fabrice Papillon (né le ) est un journaliste, producteur et écrivain français.

Biographie

Né à Lyon (Croix-Rousse) le 13 avril 1973, Fabrice Papillon poursuit des études littéraires (hypokhâgne, khâgne, licence d’histoire)[1] avant d’intégrer en 1994 l’École supérieure de journalisme de Lille[2]. En 1996, il commence sa carrière à Europe 1, où il est recruté parmi les lauréats de la bourse Lauga-Delmas.

Journaliste scientifique

Tout en occupant diverses fonctions au sein de la rédaction d'Europe 1 (reporter, chroniqueur, présentateur de journaux)[3],[4], il devient journaliste scientifique, et se spécialise dans les questions de génétique et de bioéthique. C’est sa rencontre avec le généticien et intellectuel Axel Kahn, au moment de la révélation de l’existence de la brebis clonée Dolly, qui déterminera cette orientation inattendue de sa carrière[5].

En 1998, les deux hommes publient leur premier ouvrage commun, Copies conformes, le clonage en question (Nil éditions), qui précise pour la première fois les risques techniques et surtout éthiques du clonage reproductif. L'ouvrage connaît un fort retentissement[6] et contribue largement au débat sur les perspectives du clonage humain.

Fabrice Papillon et Axel Kahn, au salon du livre de Mouans-Sartoux (octobre 2017)

Depuis, après deux autres livres et un film, les deux hommes sont restés proches. Fabrice Papillon considère d’ailleurs Axel Kahn comme son père spirituel[7].

En 2001, parallèlement à sa carrière à Europe 1, il participe avec Yves Calvi à la création de l'émission quotidienne « C dans l'air » sur France 5, pour laquelle il réalise des reportages scientifiques[8].

Il poursuit ses réflexions éthiques en publiant de nouveaux essais avec des personnalités comme Albert Jacquard ou Joël de Rosnay. Par ailleurs, il réalise, co-réalise ou co-écrit une dizaine de films scientifiques.

Producteur

En 2005, il démissionne d’Europe 1 et quitte l’équipe de « C dans l’air ». Avec sa femme Valérie Rossellini Papillon, alors secrétaire générale du Centre de recherches politiques de Sciences Po, il crée la société de production Scientifilms, dans le but « de rendre la science accessible, quelle que soit la complexité du sujet abordé. »[9]

Il produit de nombreux films, notamment pour Arte et France Télévisions. La plupart décryptent des avancées scientifiques majeures ou en soulignent les énigmes, comme Le mystère de la matière noire (Cécile Denjean, Arte, 57 minutes, 2012, Prix du meilleur film au Festival international d'Athènes en 2013[10]), qui révèle que nous ignorons de quoi est constitué 95 % de l'univers. Ou encore Je me souviens, donc je me trompe (Raphaël Hitier, Arte, 52 minutes, 2016) qui dévoile comment notre cerveau manipule nos souvenirs [11]. Plus surprenant encore, Le ventre, notre deuxième cerveau (Cécile Denjean, Arte, 52 minutes, 2014), explique que notre intestin recèle l'équivalent du cerveau d'un chat et régit en partie nos comportements[12]. Ce film remportera neuf prix internationaux dont le grand Prix du Festival Pariscience[13], et battra un record d'audience en replay[14].

En outre, certains documentaires annoncent - et dénoncent - des situations alarmantes, comme Demain, tous myopes ? (Christophe Kilian, avec Fabrice Papillon, Arte, 52 minutes, 2017), qui suscitera l'intérêt des médias [15],[16] pour avoir révélé un fléau méconnu, celui de l'explosion du nombre de myopes sévères dans le monde, préfigurant des millions d'aveugles dans l'avenir ; ou encore Irrespirable : nos villes au bord de l'asphyxie (Delphine Prunault, avec Valérie Rossellini-Papillon, 90 minutes, Arte, 2016, trois prix internationaux), sur les conséquences dramatiques de la pollution de l'air qui étouffe la planète [17].

En 2018, le groupe Galaxie acquiert 100% du capital de Scientifilms, afin de permettre au groupe « un développement des activités vers des contenus haut de gamme et des films de catalogue »[18].

Romancier

En 2017, Fabrice Papillon publie son premier roman, un thriller scientifique et historique, Le Dernier Hyver (éditions Belfond), salué par la critique[19], et couronné par le prix du meilleur polar des lecteurs de Points 2018[20]. L’auteur, considéré comme une nouvelle voix du thriller[21], adopte une structure originale : il alterne des chapitres historiques qui traversent une dizaine d’époques (de l’Antiquité au XXᵉ siècle, avec des personnages comme Léonard De Vinci, Newton ou Voltaire) et des chapitres au présent (sous la forme d’une enquête de la Crim parisienne en plein déménagement du 36, quai des Orfèvres). Pour rendre son intrigue crédible et réaliste malgré des références ésotériques et le principe de la transmission d’un codex inventé, alimenté par de grands savants au fil des siècles, l’auteur puise dans une importante documentation[22]. Il conduit aussi une longue enquête auprès de nombreux acteurs (médecins, policiers, chercheurs, techniciens de la police scientifique) avec l’ambition « de gommer la frontière entre la réalité et la fiction »[23].

Ce roman développe plusieurs thèmes, comme la propension de l'homme à utiliser la technologie pour s'arroger des pouvoirs quasi divins. De même, l'auteur insiste sur la place des femmes dans l'histoire des sciences, à travers des figures marquantes comme Hypatie d'Alexandrie, Émilie du Châtelet ou Rosalind Franklin. Le récit se termine en forme de dystopie qui fait basculer le destin de l’humanité[24].

Pour le critique littéraire Nicolas Carreau, « ce roman qu'on ne lâche pas » se situe « entre Le nom de la rose et le Da Vinci Code »[25].

En 2019, Fabrice Papillon publie son deuxième roman, Régression (éditions Belfond), suivant le même type de structure (alternance passé / présent). Là encore salué par la critique[26], et récompensé par le Prix Méditerranée polar 2020[27], ce thriller scientifico-historique embarque le lecteur dans le temps (de la préhistoire au XXᵉ siècle) et l'espace (de la Corse à la Sibérie) pour découvrir l'un des secrets les plus mystérieux de l'humanité. Homo Sapiens se retrouve face à ses crimes et affronte ses ancêtres qui reviennent le hanter, sur fond d'effondrement climatique. La génétique, l'épigénétique et la paléoanthropologie se mêlent à des épisodes historiques où l'on croise Homère, Socrate, Jésus, Michel-Ange, Rabelais, Nietzsche ou encore le redoutable Himmler.

Enseignement

En 2004, Fabrice Papillon, alors maître de conférences à Sciences po, où il crée le premier enseignement du journalisme de cette grande école, se voit confier par son directeur Richard Descoings la rédaction d’un rapport qui aboutira à la création de l’école de journalisme de Sciences po[28].

Depuis 2003, il enseigne les techniques de vulgarisation et de prise de parole devant les médias à de nombreux chercheurs, ingénieurs ou médecins, dans le cadre de formations « media training » organisées par les grandes institutions scientifiques comme l’INSERM, le CNRS ou l’Ifremer[29].

Distinctions

  • Prix du meilleur pitch de coproduction internationale au MIPDoc (Cannes, 2015)[30]
  • Prix du meilleur polar des lecteurs de Points 2018 pour Le dernier Hyver[20]
  • Prix Méditerranée polar 2020 pour Régression[27]

Bibliographie

Essais

  • Copies conformes, le clonage en question, avec Axel Kahn, Nil Editions, 1998, 291 pages. (Press Pocket, 1999)
  • La Planète obèse, avec Philippe Froguel et Patrick Sérog, Nil Editions, 2001, 275 pages.
  • L’avenir n’est pas écrit, avec Albert Jacquard et Axel Kahn, Bayard éditions, 2001, 254 pages. (Press Pocket, 2003)
  • Le Secret de la salamandre, la médecine en quête d’immortalité, avec Axel Kahn, Nil Editions, 2005, 390 pages. (Press Pocket, 2007)
  • Erreurs médicales avec Patrick de la Grange, Nil éditions, 2008, 279 pages
  • Et l’homme créa la vie…, avec Joël de Rosnay, LLL éditions, 2010 (Babel, 2012)
  • Le Ventre, notre deuxième cerveau, avec Héloïse Rambert, Tallandier / Arte Edition, 2014, 250 pages.

Romans

  • Le Dernier Hyver, Belfond, 2017, 620 pages. Version poche, Points Seuil, 2019, 639 pages.
  • Régression, Belfond, 2019, 454 pages. Version poche, Points Seuil, 2020.

Filmographie

  • 2001 : À quoi sert ton Nobel ? avec Jérôme Bellay
  • 2005 : Arthrose, mal du siècle
  • 2006 : Des coraux pour décrypter le climat avec Pierre Grillot
  • 2006 : Paris 2011, la grande inondation de Bruno-Victor Pujebet
  • 2011 : Michel-Edouard Leclerc de Pascal Moret
  • 2014 : Yéti, y-es tu ? de Christophe Kilian
  • 2015 : Ebola, la course contre la mort avec Valérie Rossellini-Papillon
  • 2017 : Bébés sur mesure de Thierry Robert
  • 2017 : Demain, tous myopes ? de Christophe Kilian
  • 2020 : Dormir à tout prix de Thierry Robert

Références

  1. « Le dernier Hyver, un thriller historique », Le Progrès, (lire en ligne, consulté le )
  2. « European Graduates | École supérieure de journalisme de Lille », sur graduates.name (consulté le )
  3. « Europe 1, émission spéciale attentats World Trade center, avec Guillaume Durand, 17h à 20h. Fabrice Papillon en studio pour le point sur la situation (tous les quarts d'heure) et traduction en direct du discours de Georges Bush (cf à 5'10") », sur europe1.fr,
  4. Europe 1, 21 avril 2002, "soirée électorale premier tour de l'élection présidentielle", avec Guillaume Durand. Fabrice Papillon en direct à 20h pour annoncer la qualification de Jean-Marie Le Pen au second tour de l'élection (depuis le QG du FN)
  5. Cécile Michaut, Vulgarisation scientifique, mode d'emploi, EDP Science, (ISBN 978-2-7598-1160-1), page 124
  6. Voir notamment l'émission Bouillon de culture de Bernard Pivot sur France 2, le 1er mars 1998, avec Umberto Eco, Philippe Sollers, Axel Kahn, et Fabrice Papillon
  7. Bruno Susset, « La femme est l'avenir de l'homme », L'Est républicain, (lire en ligne)
  8. Cécile Michaut, Vulgarisation scientifique, mode d'emploi, EDP Science, (ISBN 978-2-7598-1160-1), p. 123
  9. « Scientifilms ou la volonté de rendre la science accessible », sur Écran Total, (consulté le )
  10. « Le mystère de la matière noire : de quoi l'univers est-il fait ? Documentaire Arte de 57 minutes. »
  11. « Ne ratez pas: "Je me souviens, donc je me trompe" », sur teleobs.nouvelobs.com,
  12. « La tête au carré, Le ventre notre deuxième cerveau »,
  13. « 2e cerveau, et 1er prix au festival Pariscience », sur sciencesetavenir.fr,
  14. « "Le ventre, notre deuxième cerveau", meilleure audience numérique d'ARTE en 2014 », sur arte.tv,
  15. « 'Demain, tous myopes' sur Arte : un documentaire pour sortir du flou », sur telerama.fr,
  16. « Serons-nous de plus en plus myopes ?!, émission Grand bien vous fasse », sur franceinter.fr,
  17. « "Irrespirable" : cette invisible pollution », sur liberation.fr,
  18. Satellifax, « EXCLU – Groupe Galaxie : acquisition de la société de production Scientifilms », Satellifax,
  19. Voir notamment Le magazine de la santé du 10 avril 2018 sur France 5. Fabrice Papillon est l'invité du jour pour parler de son « polar scientifique et métaphysique »
  20. « Fabrice Papillon, lauréat du Prix du meilleur polar des lecteurs de Points 2018 », sur livreshebdo.fr,
  21. « 5 romans placés sous le signe des nouvelles voix du thriller », sur lisez.com,
  22. Fabrice Papillon, Le dernier hyver, Belfond, , 612 p. (ISBN 978-2-7144-7543-5), cf. Bibliographie, page 618 et suiv.
  23. « Un livre, 5 questions, Le dernier hyver de Fabrice Papillon »
  24. Fabrice Papillon, Le dernier hyver, Belfond, , 620 p. (ISBN 978-2-7144-7543-5), chapitres 29 à 35, et l'épilogue (situé en 2043).
  25. Chronique de Nicolas Carreau sur Europe 1, le 20 janvier 2018, 18h50
  26. Nicolas Carreau, « Critique de Régression (écouter entre 21´04 et 24´35) », sur Europe1.fr, (consulté le )
  27. « Palmarès Prix Méditerranée 2020 »
  28. Richard Descoings, De la courneuve à Shanghai, Presses de la Fondation nationale des Sciences politiques, , 502 p. (ISBN 978-2-7246-0990-5), page 310
  29. « La tête au carré, "Les dessous du traitement de l'information scientifique dans les médias" », sur France Inter,
  30. « Interview with MIPDoc Pitch winner Fabrice Papillon »,

Liens externes

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