Journaliste

Un journaliste est une personne qui recueille ou recherche, vérifie et écrit puis distribue des informations sur tout type de support média (presse écrite, radio, TV et les technologies de l'information et de la communication du Web).

Pour les articles homonymes, voir Journaliste (homonymie).

Les différentes facettes du métier

Une reporter filmée par un cadreur au cours d'un reportage.

Le métier de journaliste présente différentes facettes. Un journaliste peut travailler sur des sujets généraux ou se spécialiser dans certaines questions. La plupart des journalistes ont tendance à se spécialiser et, en collaborant avec d'autres journalistes, rédigent un article ou mettent en forme un reportage qui couvre l'actualité. Par exemple, un journaliste sportif couvre les nouvelles dans le monde du sport, mais ce journaliste peut aussi faire partie d'un journal qui couvre d'autres sujets.

Le travail du journaliste consiste principalement à recueillir des informations puis écrire des articles ou publier des reportages (écrits, audio, photo ou vidéo), en consultant les dépêches des agences de presse et la documentation de son entreprise, en interrogeant des spécialistes ou des témoins, à qui il garantit la protection des sources d'information des journalistes.

On utilise le terme de reporter quand il se déplace sur le terrain, de chroniqueur ou de rubricard quand ses articles sont spécialisés dans un domaine particulier et même de critique pour certains d'entre eux : littéraire, dramatique, cinéma, musical, d'art, gastronomique. Il est éditorialiste ou billettiste, s'il doit mettre en avant une opinion, le plus souvent celle de son entreprise. Lorsque le journaliste effectue des enquêtes longues et approfondies sur des sujets difficiles, il est journaliste d'investigation.

Les secrétaires de rédaction, qui assurent un travail d'édition en relisant et réécrivant au besoin les articles, ont aussi le statut de journaliste professionnel, tout comme leur pendant dans l'audiovisuel, les chefs d'édition, ainsi que les présentateurs, photographes de presse, dessinateurs, iconographes, journalistes reporters d'image (« JRI ») et documentalistes de presse. La profession se décline ainsi sous de nombreuses facettes :

Définition

En France : le statut de journaliste professionnel

Émile Brachard en 1932.
Rédacteur en chef du journal Le Petit Troyen, il est l'auteur du rapport Brachard créant en 1935 le statut de journaliste professionnel en France.

Les articles L7111-3 à L7111-5 du Code du travail précisent qu'est « journaliste professionnel toute personne qui a pour activité principale, régulière et rétribuée, l'exercice de sa profession dans une ou plusieurs entreprises de presse, publications quotidiennes et périodiques ou agences de presse et qui en tire le principal de ses ressources ». Ces publications peuvent être électroniques. Tout journaliste professionnel est couvert par la Convention collective nationale de travail des journalistes. Pour Rémy Rieffel, cette définition est assez floue, et même tautologique, et souligne que les limites de cette profession sont floues depuis son origine[1].

L'exercice du journalisme est libre en France et n'est pas réservé aux journalistes professionnels. Il peut être exercé, par exemple, dans le cadre d'un média associatif ou autre, à but non lucratif et donc non enregistré à la Commission paritaire des publications et des agences de presse. Toutefois, ces journalistes-là ne bénéficient pas de la protection du statut de journaliste professionnel.

La loi Brachard, inspirée du rapport Brachard, a créé dès 1935 un statut de journaliste professionnel, qui accorde au moins un mois de salaire par année d'ancienneté en cas de licenciement et une clause de cession (démission avec les mêmes indemnités) en cas de changement d'actionnaire de l'entreprise de média. La loi Cressard a donné en 1974 les mêmes droits aux journalistes pigistes, rémunérés au prorata de la longueur des articles.

Qu'il soit mensualisé ou pigiste, le journaliste professionnel est salarié en contrat à durée indéterminée, comme le précise la loi Cressard de 1974: il vote aux élections professionnelles, est couvert par Convention collective nationale de travail des journalistes (CCNTJ) et obtient la carte de presse, si le journalisme lui apporte la majorité de ses revenus. La carte est attribuée, après une année probatoire, par la CCIJP, commission indépendante de professionnels élus par leurs pairs.

Créé en 1934, l'allocation pour frais d'emploi des journalistes, composante marginale des aides à la presse en France, autorise à déduire 7 650 euros par an de son revenu imposable[2]. Ce montant, fixé en 1998 et non relevé depuis, a remplacé la déduction de 30 % supprimée en 1996.

Les correspondants locaux de presse n'ont pas le statut de journaliste professionnel et ne sont pas couverts par la CCNTJ dans la mesure où leur fonction est exercée en complément d'une autre activité professionnelle.

Cinq grandes commissions, réunissant des patrons de média et des syndicats de journalistes travaillent à la cogestion de la profession de journaliste, en vertu du paritarisme, des lois spécifiques à la profession (Loi Brachard, Loi Cressard), et de la Convention collective nationale de travail des journalistes :

Le « quatrième pouvoir » et la déontologie

Albert Londres en 1923, journaliste français auquel le prix Albert-Londres est dédié.

Les médias sont souvent qualifiés de quatrième pouvoir, par allusion aux trois pouvoirs constitutionnels, dans le processus de la formation de l'opinion publique et dans l'influence que la révélation de ces faits peut avoir dans les prises de position des citoyens. Les faits, analyses ou commentaires qu'ils rapportent sont porteurs de sens, par exemple dans le domaine de la politique, de l'économie ou de la culture. La couverture de ces domaines est définie collectivement par des rédactions, encadrées par les responsables nommés souvent par les propriétaires de ces médias d'où la revendication par les syndicats de journalistes pour obtenir l'indépendance des rédactions. Le SNJ, le SNJ-CGT, FO, la CFTC, et l'USJ CFDT ont rédigé à l'automne 2007 la pétition nationale[3] pour l'indépendance des rédactions[4], dans le sillage du combat mené par les journalistes des quotidiens économiques Les Échos et La Tribune, en 2007, lorsque LVMH a vendu la seconde pour racheter le premier[5].

En France, en cas de désaccord avec la ligne éditoriale, le journaliste peut en théorie demander l'application de la clause de conscience, supervisée par la commission arbitrale, l'une des cinq grandes commissions qui cogèrent la profession, en vertu du paritarisme et des lois spécifiques à la profession. En pratique, la clause de conscience est très difficile à obtenir, la loi n'étant pas assez précise. Les syndicats de journalistes demandent que la ligne éditoriale respecte Charte de Munich, adoptée par la Fédération européenne des journalistes et référence européenne concernant la déontologie du journalisme, un texte qui distingue dix devoirs et cinq droits en reprenant les principes de la Charte des devoirs professionnels des journalistes français.

Historique

Carte de presse d'une photographe française (1938).
Carte de presse d'un journaliste néerlandais (1948).

Le journalisme et la presse sont apparus dans l'Antiquité. Par exemple, les procès romains étaient affichés sur les murs, tels des journaux. Dans la mythologie nordique, les corbeaux Hugin et Munin sont assis sur les épaules du dieu Odin et lui racontent les nouvelles du monde.

Le métier de journaliste, longtemps réprimé par la censure royale s'est épanoui plus vite dans les pays anglo-saxons. En France, il devient un symbole de la liberté lors la Protestation des 44 journalistes du 26 juillet 1830, déclic et temps fort des Trois Glorieuses. Il a vu ses effectifs augmenter fortement à la fin du XIXe siècle mais n'est devenue une activité professionnelle vraiment reconnue que dans les années 1930, lorsqu'un consensus s'est dessiné après des révélations tardives sur l'affaire Arthur Raffalovitch[6], un scandale médiatico-financier lié aux emprunts russes, dont le placement massif auprès des épargnants français fut facilité par la corruption de nombreux médias.

Dans les années 2000, le web change la pratique journalistique. Il permet aux journalistes de s'exprimer différemment sur leurs blog avec des textes plus longs. Certains peuvent réaliser des reportages alors qu'ils n'ont pas le statut de journaliste[7]. Le web a donné les outils du journaliste aux citoyens[8].

En 2007, environ 37 000 personnes détiennent la carte de presse en France. Cette carte n’est pas une condition sine qua non pour être considéré comme journaliste[9].

Formation

Dans les pays qui promeuvent la liberté de la presse, aucun diplôme n'est exigé pour exercer la profession de journaliste. Un stage dans un ou plusieurs médias peut toutefois être requis.

En principe, il est demandé au journaliste d'avoir conscience de ses responsabilités sociales et politiques vis-à-vis de la société (critère de déontologie), de posséder une pensée logique et analytique, de disposer de créativité ainsi que d'avoir le sens des contacts humains. Cependant les journalistes polyvalents tendent à devenir de moins en moins nombreux. Des connaissances techniques sont de plus en plus souvent nécessaires (quand elles ne sont pas exigées), en raison de la complexité croissante des sujets traités. Les journalistes intervenant sur des sujets « pointus » tels que les sciences, surtout dans la presse généraliste, ont rarement reçu une formation substantielle sur ces sujets ; un journaliste doit alors posséder une capacité à comprendre et à retranscrire en termes intelligibles par le plus grand nombre une information a priori « difficile », afin qu'elle ne demeure pas réservée à un cercle d'initiés[10].

Statut professionnel et écoles de formation dans le monde

Une journaliste de radio interviewant un journaliste télévisuel.

Afrique francophone

En Afrique francophone, l'école supérieure de journalisme des métiers de l'internet et de la communication[11] est la première école de journalisme et de communication à intégrer de façon structurée les métiers du web dans son curriculum. Elle se veut, au-delà des offres de formation, un centre panafricain d'excellence et un lieu de réflexion sur les médias et la communication, à l'heure des technologies de l'information et de la communication (TIC), des médias en ligne et des réseaux sociaux.

Outre le cycle normal de formation, l'établissement offre aux professionnels africains en activité la possibilité de se recycler et de mettre à jour leurs connaissances dans le domaine très changeant du monde de l'internet, à travers des offres de formation continue.

L'établissement a été créé par un spécialiste des médias et de la communication (ancien journaliste de la BBC et de l'AFP ayant fait l'essentiel de sa carrière à l'international) qui s'est entouré d'universitaires et de jeunes experts férus de nouvelles technologies. Basée à Dakar au Sénégal, l'école proclame son intention de contribuer à la révolution numérique qui caractérise le XXIe siècle et de participer à la « redéfinition » des métiers du journalisme et de la communication, rendue impérative par la montée en puissance des technologies et de l'Internet, et notamment ce qu'il est désormais convenu d'appeler le web 2.0.

Algérie

En Algérie, la formation des journalistes est assurée par les universités publiques (départements des sciences de l'Information) et certains organismes tels :

  • l’École Nationale Supérieure de Journalisme et des Sciences de l'Information d'Alger (fondée en 1964) ;
  • l’École Supérieure de Journalisme d'Alger (école privée).

Le métier est régi par la loi organique no 12-05 du relative à l'information[12].

Australie

En Australie :

  • Jschool : Journalism Education & Training[13].

Belgique

Le statut de journaliste professionnel en Belgique est établi par la loi du [14]. Les conditions précisées par la loi sont les suivantes : "Nul ne peut être admis à porter le titre de journaliste professionnel s’il ne remplit pas les conditions suivantes :

  1. Être âgé de vingt et un ans au moins ;
  2. N’être pas déchu, en Belgique, en tout ou en partie, des droits énumérés aux articles 31 et 123 sexies du Code pénal et, sous réserve de ce qui est prévu à l’article 2, n’avoir pas encouru, à l’étranger, une condamnation qui, si elle avait été prononcée en Belgique, aurait entraîné la déchéance de tout ou partie de ces droits ;
  3. À titre de profession principale et moyennant rémunération, participer à la rédaction de journaux quotidiens ou périodiques, d’émissions d’information radiodiffusées ou télévisées, d’actualités filmées ou d’agences de presse consacrées à l’information générale ;
  4. Avoir fait, de cette activité, sa profession habituelle pendant deux ans au moins, et ne pas l’avoir cessée depuis plus de deux ans ;
  5. N’exercer aucune espèce de commerce et notamment aucune activité ayant pour objet la publicité, si ce n’est en qualité de directeur de journal, d’émissions d’information, d’actualités filmées ou d’agences de presse."

Le service public fédéral Intérieur belge délivre le titre de journaliste professionnel (et donc la carte de presse), sur avis de la Commission d'agréation officielle[15]. Cette commission est composée paritairement de journalistes professionnels et de directeurs de médias.

Les journalistes en Belgique peuvent s'affilier à l'Association des Journalistes Professionnels[16], ou à son pendant néerlandophone le Vlaamse Vereniging van Journalisten[17].

Le titre de journaliste professionnel en Belgique est réservé, selon les termes de la loi de 1963, aux journalistes qui exercent dans des médias consacrés à l'information généraliste. Cela exclut donc les journalistes qui exercent dans des médias spécialisés. Ceux-ci peuvent toutefois être reconnus comme "journalistes de profession" par l'Association des journalistes de presse périodique[18].

En Belgique, les écoles de formation au journalisme sont les suivantes :

Bosnie-Herzégovine

En Bosnie-Herzégovine, l'École de journalisme de l'institut Mediaplan à Sarajevo.

Bulgarie

En Bulgarie, la Faculté de journalisme et de communication de masse (FJCM) à Sofia.

Chine

En Chine, en 2014, un « examen idéologique » est mis en place par le Parti communiste chinois afin de « contrôler » l'ensemble des journalistes[21]. Ces derniers doivent connaître des règles essentielles, par exemple :

« Il est absolument interdit à des articles publiés de faire état de commentaires contredisant la ligne du parti communiste chinois[22]. »

Ou encore :

« la relation entre le parti et les médias est celle du dirigeant et du dirigé[22]. »

La « liberté de la presse » est un des « sept périls » mis en avant par le Parti communiste chinois dans le document numéro 9[23],[24].

France

En France, l’accès au journalisme n’est pas subordonné à l’obtention d’un diplôme précis. Cependant, la Convention collective nationale de travail des journalistes affirme « l’intérêt des parties contractantes pour la formation professionnelle et souhaite que les débutants aient reçu un enseignement général et technique aussi complet que possible ».

De la sorte, le fait d’avoir satisfait à l’une des formations dites « reconnues par la profession » c'est-à-dire reconnues par la Commission paritaire nationale de l'emploi des journalistes (CPNEJ) - et d’être titulaire du diplôme de fin d’études - diminue de moitié la durée du stage de deux ans requis pour accéder au statut de journaliste titulaire.

En 2021, les quatorze formations reconnues par la CPNEJ sont[25] :

D'autres formations, comme l'Institut supérieur de la communication, de la presse et de l'audiovisuel (ISCPA), institut des médias, présent à Lyon et Paris ou l'École supérieure de journalisme de Paris (ESJ Paris) notamment, créée en 1899 ne sont pas reconnues par la profession, via le dispositif prévu par la Convention collective nationale de travail des journalistes, en raison du choix pédagogique de ne pas assurer le nombre d'heures d'enseignement requis.

Maroc

Au Maroc :

  • Institut supérieur de l'information et de la communication (ISIC) à Rabat (établissement public)
  • École supérieure de journalisme et de communication (ESJC) à Casablanca (établissement privé)
  • Institut supérieur de journalisme et de l'information (IFJ Sup) à Casablanca (établissement privé)
  • Institut supérieur de journalisme et de la communication (ISJC) à Casablanca (établissement privé)
  • Faculté des Lettres et des Sciences humaines Fès-Saïs (sciences de l'information et de la communication - SIC) à Fès (établissement public)

Québec

Au Québec :

Suisse

En Suisse romande, les journalistes-stagiaires sont engagés durant deux ans auprès d'un média, tout en suivant neuf semaines de formation théorique au Centre romand de formation des journalistes (CRFJ). Les stagiaires passent ensuite un examen de fin de stage. Par ailleurs, au bout de deux ans de pratique journalistique, les candidats journalistes obtiennent le RP (registre professionnel) qui fait d'eux des journalistes professionnels.

L'université de Fribourg, l'université de Genève et l'Institut de journalisme et communication à Neuchâtel proposent aussi des cours dans le domaine du journalisme.

Les écoles de journalisme de Genève et de Lausanne, établissements dotés de journaux en ligne, encadrées par des professionnels de la presse et des médias délivrent des diplômes d'études supérieures de journalisme et de journaliste reporter d'images.

Droits d'auteur des journalistes

En France, l’article 20 de la loi du (loi Hadopi) prévoit que les œuvres du journaliste peuvent être utilisées par le titre dans lequel il travaille sur tous les supports : papier, Internet, téléphones mobiles, etc. Pendant une période de référence, cette utilisation a pour seule contrepartie le salaire. Au-delà, une rémunération supplémentaire est due, déterminée par un accord collectif. Faute d’accord dans un délai fixé par la loi, une commission paritaire présidée par un haut magistrat peut proposer aux parties une solution, c'est la Commission des droits d'auteur des journalistes (CDAJ).

Les syndicats d'employeurs y sont représentés de même que le SNJ, le SNJ-CGT, la CFDT, la CFTC et la CGC, et FO.

La loi du (loi Hadopi reprend le principe de trois cercles concentriques, selon que l'œuvre est utilisée pendant ou après la première publication, et à l'intérieur ou à l'extérieur du titre de la première publication. Ces trois cercles[26] vont ensuite inspirer la réforme du Code de la propriété intellectuelle (CPI). Le troisième cercle inclut deux sous-catégories, selon que l'œuvre est réutilisée dans un titre appartenant à la même « famille cohérente de presse » ou non :

  • le cercle 1[27] (article L 132-37 du CPI) : pour une première utilisation de ses articles dans le titre de presse et sa période de référence (une journée pour un quotidien, une semaine pour un hebdomadaire, un mois pour un mensuel), le journaliste reçoit déjà un salaire ou une pige. Il ne peut prétendre en plus à des droits d'auteur.
  • le cercle 2[27] (article L 132-38 du CPI) : pour une réutilisation dans le même titre de presse, au-delà de la période de référence (par exemple un article laissé sur Internet ou réutilisé dans un supplément), le journaliste peut exiger des droits d'auteur. Il faut dans ce cas un accord collectif, même si le journaliste a donné un accord individuel. L'événement déclencheur n’est pas le basculement d’un support vers un autre, mais le passage du temps[28]
  • le cercle 3 (article L 132-39 et L 132-40 du CPI) : pour la réutilisation hors du titre de presse, le journaliste peut exiger des droits d'auteur. Deux sous-catégories peuvent être distinguées :
    • le cercle 3-A (article L 132-39 du CPI) : pour un autre titre d'une même "famille cohérente de presse", à condition que la CDAJ reconnaisse l'existence de cette « famille cohérente de presse ». Il faut dans ce cas un accord collectif.
    • le cercle 3-B (article L 132-40 du CPI) : pour un autre titre. Il faut dans ce cas un accord collectif ou bien l'accord individuel du journaliste, même si un déséquilibre qui peut exister, au moment de la négociation, entre l’éditeur et un journaliste isolé, par exemple un pigiste[29].

Formes de pressions exercées sur les journalistes

Les formes de pressions exercées sur les journalistes vont de la simple pression amicale à l'élimination physique. Elles ont pour but l'autocensure ou la manipulation de l'information afin de satisfaire les centres de pouvoir. Les formes de pression les plus courantes sont :

  • l'assassinat : 64 journalistes tués dans le monde en 2015 selon le Baromètre de la Liberté de la Presse publié par Reporter Sans Frontières[30]
  • l'emprisonnement : 211 journalistes emprisonnés dans le monde en 2013[31]. La même année, la Turquie est le pays dont les prisons renferment le plus de journalistes au monde[31].
    Selon Can Dündar éditorialiste turc lauréat du Prix Reporters sans frontières[32] emprisonné en Turquie[33], les principales raisons de l'incarcération des journalistes sont[34] :
    • l'opposition au pouvoir,
    • la découverte de corruption du pouvoir,
    • la politique de la guerre civile,
    • la découverte de trafics liés aux centres de décision.
  • l'enlèvement : 54 journalistes sont maintenus en otage à travers le monde en 2015[35]
  • l'agression
  • les violences policières : par exemple en France, en couvrant les manifestations des Gilets jaunes en 2019, des dizaines de reporters, vidéastes et photographes ont été touchés par des tirs de lanceurs de balles de défense, y compris au visage, ou ont reçu des coups de matraque et des jets de grenades. Ils présentent des blessures diverses : fractures, côtes cassées, brûlures et hématomes, etc. Entre le et le , 54 journalistes ont été blessés par les forces de police, dont douze sérieusement, selon un décompte réalisé par Reporters sans frontières (RSF)[36].
  • la menace et le harcèlement, que ce soit de manière physique ou de l'ordre du cyber-harcèlement[37]
  • les arrestations arbitraires
  • les saisies de matériel
  • les pressions fiscales
  • les pressions financières des annonceurs : la concentration et la financiarisation des médias influe sur la nature des sujets abordés et les conditions de travail avec le renforcement de l'objectif de rentabilité[38] sur celui d'informer
  • les pressions politiques sur la rédaction : elle se manifestent à travers la nomination des responsables de l’audiovisuel public[38] ou la mise en place de structure dictant aux rédactions les sujets à aborder[39].
  • les pressions salariales : par exemple en France, l'appel croissant aux pigistes majoritairement non cartés et non titulaires constitue également une forme de pression empêchant les journalistes d'exercer leur métier selon la déontologie requise[38].
  • la corruption de journalistes[40],[41],[42],[43] : par exemple, les monarchies du Golfe (Arabie saoudite, Qatar, Émirats arabes unis et Koweït) s'emploient, en particulier depuis les années 1990 et 2000, à renforcer leur visibilité à l'international. Les journalistes qui participent à des voyages de presse organisés par ces régimes reçoivent des cadeaux allant du stylo de marque à la montre de luxe, ou à des enveloppes d'argent liquide[44]. Cette pratique de l’enveloppe d'argent liquide, dite « enveloppe brune », est répandue dans certains pays d’Afrique où les salaires sont très bas, comme le Nigeria[45].

Journalistes tués

En 2012, selon l'ONG Press Emblem Campaign, 141 journalistes ont été tués dans l'exercice de leur profession dans 29 pays. Parmi eux, 37 l'ont été en Syrie, 19 en Somalie, 12 au Pakistan, 11 au Mexique, 11 au Brésil et 6 en Honduras[46].

Le Comité pour la protection des journalistes, basé à New York, dénombre au moins 67 journalistes tués en 2012 tandis que l'Institut international de la presse (IPI), basé à Vienne, en a recensé 119 sur la même période[47],[48].

Les journalistes enquêtant sur les questions environnementales sont les plus menacés après la couverture des zones de guerre[49].

Journalistes tués par année
1994199519961997199819992000200120022003200420052006200720082009201020112012 2013 2014 2015 2016 2017 2018
10364362823383231254053638186607757106141 73[50] 73[50] 82[50] 63[50] 55[50] 79[50]

Journalistes représentés par le cinéma

Le cinéma a souvent présenté des journalistes au travail[51]. C'est le cas dans les films suivants :

Notes et références

  1. Rémy Rieffel, Sociologie des médias, Paris, Éditions Ellipses, , 223 p. (ISBN 2-7298-2445-6), p. 115.
  2. Christian de Brie, « Votre percepteur est coté en Bourse », Le Monde diplomatique, (lire en ligne, consulté le ).
  3. Dépêche AFP du 4 octobre 2007 .
  4. Site Internet de la CFTC-Paris.
  5. "Presse économique: "semaine noire", selon les syndicats de journalistes", dépêche AFP du 8 novembre 2007 .
  6. Laurent Martin, La presse écrite en France au XXe siècle, p. 49, éditions Le Livre de poche.
  7. Muhlmann, Géraldine., Du journalisme en démocratie : essai, Paris, Payot & Rivages, , 445 p. (ISBN 2-228-90122-9 et 9782228901222, OCLC 273101691).
  8. « Qu'est-ce qu'un journaliste ? », sur franceinter.fr, France Inter, (consulté le ).
  9. Maxime Vaudano et Pierre Breteau, « Arrestation de Gaspard Glanz : pourquoi les journalistes indépendants sont-ils plus vulnérables ? », Le Monde, (lire en ligne, consulté le ).
  10. François Heinderyckx revient longuement sur la représentation des sciences et des experts par les journalistes dans un cycle de quatre conférences du Collège Belgique. Écouter le cycle de cours.
  11. E-jicom, site officiel.
  12. « Code de l'information » [PDF], sur joradp.dz (consulté le ).
  13. site web de la Jschool..
  14. http://www.ajp.be/documents/loi.php.
  15. « http://www.ajp.be/documents/agreation.php »(ArchiveWikiwixArchive.isGoogle • Que faire ?).
  16. Association des Journalistes Professionnels
  17. Vlaamse Vereniging van Journalisten.
  18. Association des Journalistes de Presse Périodique.
  19. « La première école de journalisme de Belgique va fermer ses portes », sur Le Soir, .
  20. http://bruxelles.sae.edu/fr/course/5981/Information_and_Communication.
  21. Dorian Malovic, Examen idéologique pour les journalistes chinois 29 avril 2014.
  22. « Les journalistes chinois contraints de passer un examen d'idéologie », Le Figaro.fr, 13 décembre 2013.
  23. (en) « China Warns Officials Against ‘Dangerous’ Western Values » New York Times.com, 13 mai 2013.
  24. (en) « Document 9: A ChinaFile Translation How Much Is a Hardline Party Directive Shaping China’s Current Political Climate? », 11 août 2013.
  25. .
  26. [PDF] Audition de Patrick Lantz, ancien directeur juridique de Hachette Filipacchi Associés, aux États-Généraux de la presse .
  27. "Droits d’auteur des journalistes : généralisation du dispositif Hadopi", par Olivier Da Lage (SNJ).
  28. [PDF] Audition d'Olivier Da Lage (SNJ), Livre vert des États généraux de la presse écrite, page 13 .
  29. Audition de Patrick Lantz, ancien directeur juridique de Hachette Filipacchi Associés, Livre vert des États généraux de la presse écrite, page 13 .
  30. « Baromètre de la liberté de la presse 2015 », sur rsf.org.
  31. « Journalistes emprisonnés dans le monde : le 2e total le plus élevé de l'histoire - Committee to Protect Journalists », sur Committee to Protect Journalists, (consulté le ).
  32. « Can Dündar, lauréat du prix RSF pour la liberté de presse, a été écroué », Courrier international, (lire en ligne).
  33. Marie Jégo, « En Turquie, deux journalistes poursuivis pour des révélations sur des livraisons d'armes aux rebelles syriens », Le Monde, (lire en ligne).
  34. « Depuis sa prison, le message de Can Dündar à l’Humanité », L'Humanité, (lire en ligne).
  35. « Un plus grand nombre de journalistes sont retenus en otage en 2015 », Les Échos, (lire en ligne, consulté le ).
  36. « Comment expliquer les violences policières envers les journalistes ? », sur 20 minutes (consulté le ).
  37. « RSF publie son rapport “Harcèlement en ligne des journalistes : quand les trolls lancent l’assaut” | Reporters sans frontières », sur RSF (consulté le ).
  38. « Acrimed / Action Critique Médias », sur Acrimed / Action Critique Médias (consulté le ).
  39. http://fr.rsf.org/rd-congo-rsf-et-jed-denoncent-les-pressions-14-08-2015,48226.html.
  40. Jean Marc Tonizzo, « Soumission du journalisme au marché et au politique - Censure ou corruption », sur mecaniqueuniverselle.net, (consulté le ).
  41. Lodamo Berhanu et Skjerdal Terje S, « Gratifications et enveloppes dans le journalisme éthiopien. Corruption ou formes légitimes d'encouragement professionnel ? », Afrique contemporaine, no 240, , p. 77-92 (DOI 10.3917/afco.240.0077, lire en ligne).
  42. Des soupçons de corruption de journalistes dans l'affaire Google/Oracle, nextinpact.com, (Consulté le ).
  43. Nil Sanyas, Journalistes sous influence : corruption et sympathies, l'opération Mockingbird, Le Club de Mediapart, (Consulté le ).
  44. Akram Belkaïd, « Colloques sous influence dans le Golfe », Le Monde diplomatique, (lire en ligne).
  45. Canada: Immigration and Refugee Board of Canada, « Nigéria : information sur le journalisme dit «à enveloppes brunes», y compris les types de publications touchées; les efforts déployés afin de lutter contre le phénomène (2015-novembre 2017) », sur Refworld.org (consulté le ).
  46. Statistique selon l'ONG Press Emblem Campaign (PEC).
  47. Article RTS du 3 janvier 2013.
  48. AFP, « 141 journalistes tués en 2012 », Le Figaro, (consulté le ).
  49. Yohan Blavignat, « Les journalistes environnementaux parmi les plus menacés à travers le monde », Le Figaro, (consulté le ).
  50. « Baromètre des violations de la liberté de la presse | Reporters sans frontières », sur RSF (consulté le ).
  51. Les journalistes au cinéma.

Voir aussi

Bibliographie

  • Histoire du journalisme et des journalistes en France, Christian Delporte, PUF, 1995.
  • Les journalistes en France, 1880-1950. Naissance et construction d'une profession, Christian Delporte, Seuil, 1999.
  • Maîtres du faire croire : de la propagande à l'influence, François-Bernard Huyghe, Vuibert, 2008
  • Les journalistes, Michel Mathien, Ellipses, 2007
  • L'implication des journalistes dans le phénomène Le Pen, Jacques Le Bohec, L'Harmattan, 2004
  • Les interactions entre les journalistes et Jean-Marie Le Pen, Jacques Le Bohec, L'Harmattan, 2004
  • Le Guide de la Presse, ouvrage collectif, 1210 p., Alphom, 2002
  • Les Mythes professionnels des journalistes, Jacques Le Bohec, L'Harmattan, 2000
  • Les nouveaux chiens de garde, Serge Halimi Liber-raisons d'agir, 1998
  • TF1, un pouvoir, Pierre Péan et Christophe Nick, Fayard, 1997
  • Carte de presse, Dominique Jamet, Balland, 1997
  • Le journalisme sans peine, Michel-Antoine Burnier et Patrick Rambaud, Plon, 1997
  • Sur la télévision, Pierre Bourdieu, Raisons d'agir, 1996
  • L'élite des journalistes, Rémi Rieffel, Seuil, 1994
  • Le professionnalisme du flou, Denis Ruellan, PUG, 1993
  • Propagandes, Jacques Ellul, Economica, 1990
  • Le métier de journaliste, Pierre Sormany, Le Boréal Express, 1990 (3e édition, 2011)
  • Le nouveau désordre mondial de l'information, Henri Pigeat, Hachette, 1987
  • Dictionnaire du journalisme et des médias, Jacques Le Bohec, Presses Universitaires de Rennes, 2010.
  • Marie-Ève Thérenty, Femmes de presse, femmes de lettres. De Delphine de Girardin à Florence Aubenas, CNRS éditions, 2019.

Articles connexes

  • Voir aussi la catégorie   Journaliste 

Liens externes

  • Portail du travail et des métiers
  • Portail des médias
  • Portail de la presse écrite
  • Portail de la radio
  • Portail de la télévision
  • Portail d’Internet
  • Portail du journalisme
  • Portail de la liberté d’expression
Cet article est issu de Wikipedia. Le texte est sous licence Creative Commons - Attribution - Partage dans les Mêmes. Des conditions supplémentaires peuvent s'appliquer aux fichiers multimédias.