Croix de fer

La croix de fer (Eisernes Kreuz) est une décoration militaire allemande qui fut établie comme un honneur militaire par le roi Frédéric-Guillaume III de Prusse en 1813 lors des guerres napoléoniennes.

Ne doit pas être confondu avec Croix de fer (Belgique).

Pour les articles homonymes, voir Croix de fer (homonymie).

Croix de fer

De couleur grise et bleue : symbole de la Bundeswehr au XXIe siècle.
Décernée par Royaume de Prusse, Empire allemand et  Reich allemand
Type Médaille de mérite
Éligibilité Militaires et civils
Décerné pour Acte d'héroïsme[réf. nécessaire]
Statut Plus décernée
Description
  • Grand'croix
  • Croix de chevalier avec feuilles de chêne, glaives en or et brillants
  • Croix de chevalier avec feuilles de chêne, glaives et brillants
  • Croix de chevalier avec feuilles de chêne et glaives
  • Croix de chevalier avec feuilles de chêne
  • Croix de chevalier
  • Croix de fer de 1re classe
  • Croix de fer de 2e classe
Chiffres
Date de création 1813
Dernière attribution mai 1945

Décoration préférée de Hitler (lui-même ayant été décoré), elle a largement été utilisée par le Troisième Reich comme décoration militaire et outil de propagande.

Au XXIe siècle, elle est le symbole de la Bundeswehr.

Insigne à croix pattée

La croix pattée noire à liséré blanc figure sur les étendards de l'Empire allemand, de la République de Weimar. La balkenkreuz apparait en 1916 sur les aéroplanes du Reich et de l'Autriche-Hongrie, et orne encore les engins blindés de nos jours. En 1956, la croix pattée noire devient symbole et cocarde de la Bundeswehr (Heer et Luftwaffe), les couleurs blanc et noir étant remplacées lors de la réunification allemande par du gris et du bleu.

Décoration militaire

La décoration militaire de la croix de fer fut conçue par l'architecte néo-classique Karl Friedrich Schinkel. Elle comprend quatre pointes évasées symétriques réalisées traditionnellement en acier (en zinc et aluminium après 1980). Le symbolisme de la décoration s'enracine dans celui de la croix pattée noire des Chevaliers Teutoniques et des chevaliers templiers. Elle fut remise au sommet de la porte de Brandebourg à Berlin lors de la réunification allemande.

Comme la Légion d'Honneur créée par Napoléon, la croix de fer, figurant depuis 1813 parmi les plus hautes distinctions militaires allemandes, pouvait être attribuée sans distinction de grade ou de catégorie sociale, ce qui contribua à sa popularité. Toutefois la majorité des récipiendaires appartient au corps des officiers et aux classes les plus élevées de société. Au même niveau de prestige figuraient seulement l'ordre « Pour le Mérite » (aux militaires jusqu'en 1918), mais qui ne fut attribué qu'aux seuls officiers, ainsi que l'ordre prussien de « l'Aigle noir », attribué rarement.

De 1813 à 1918 on distingua trois classes:

  • la croix de fer de 2e classe (avec un ruban)
  • la croix de fer de 1re classe (avec une agrafe)
  • la grand'croix (Grosskreuz) de la croix de fer

Historique

La croix de fer à ruban noir fut attribuée en tant que plus haute décoration militaire durant la guerre contre l'empire français de Napoléon Bonaparte. Pour les non-combattants il exista une version avec un ruban blanc (ainsi qu'en 1870 et en 1914). La croix de fer était alors ornée de feuilles de chêne au centre, du nombre « 1813 » dans le bas et les initiales de Frédéric-Guillaume (FW) dans le haut, le tout en relief.

1866

Lors de la Guerre austro-prussienne de 1866, la décoration ne fut pas attribuée.

1870

La croix de fer a été rétablie une première fois le par Guillaume Ier pendant la guerre franco-allemande afin de récompenser la bravoure militaire. Le motif ornemental initial fut conservé au verso et au recto figuraient, toujours en relief, une couronne dans le haut, le nombre "1870" dans le bas et un "W" pour Guillaume (Wilhelm en allemand).

1914-1918

La croix de fer a été rétablie une seconde fois le par Guillaume II pendant la Première Guerre mondiale. Le motif ornemental initial fut conservé au verso et au recto figuraient, toujours en relief, une couronne dans le haut, le nombre « 1914 » dans le bas et un « W » pour Guillaume (Wilhelm en allemand). On instaura aussi la classe pour les non-combattants (les couleurs du ruban sont inversées). La décoration perdit un peu de son prestige lors de ce conflit car elle fut attribuée environ 5 millions de fois pour la 2e classe et 218 000 fois pour la première classe.

1939-1945

Adolf Hitler fut décoré de la Croix de Fer en 1918 : il l'arborait sur son uniforme et rétablit cette récompense une nouvelle fois le , instituant quatre niveaux :

Au verso de la médaille ne figurait plus que le nombre « 1813 » dans le bas et au recto figuraient une croix gammée au centre ainsi que le nombre 1939 dans le bas. Le ruban était à la couleur du Reich, noire, blanche et rouge. Du fait de cette utilisation intensive du régime hitlérien pendant de nombreuses années avec les symboles nazis, la Croix de Fer noire fait toujours partie de la liste des symboles régulièrement utilisés par les groupes néo-nazis.

La loi, en rétablissant les croix de 2e et de 1re classe en 1939, crée également un nouveau type d'insigne, les « agrafes » (Spangen) destinées aux personnels qui se voient attribuer la croix de fer « 1939 » et qui sont déjà titulaires de la croix de fer « 1914 ». Dans ce cas cet insigne se fixe sur le ruban de la croix de fer « 1914 » en ce qui concerne le modèle de 2e classe ou, dans le cas de la croix de fer de 1re classe, sur la poitrine au-dessus de la croix de fer de 1re classe « 1914 ».

On peut également noter que la croix de fer de 2e classe ne se porte « en grand » (ruban + insigne) que le jour même de la remise. Ensuite le récipiendaire ne porte plus que le ruban à la boutonnière ou sur la barrette de rubans.

L'attribution de la croix de fer « 1939 » ne sera pas limitée par l'âge ou le sexe, ni même par la nationalité.

La loi du sera modifiée à trois reprises par des ordonnances instituant quatre classes intermédiaires entre la croix de chevalier de la croix de fer et la grand'croix :

  • Croix de chevalier avec feuilles de chêne, le  ;
  • Croix de chevalier avec feuilles de chêne et glaives ; ainsi que
  • Croix de chevalier avec feuilles de chêne, glaives et brillants, le  ;
  • Croix de chevalier avec feuilles de chêne et glaives en or et brillants, le .

Il était prévu d'ajouter une nouvelle dignité qui devait être créée par Hitler une fois que le conflit aurait été remporté par l'Allemagne : l’étoile de la grande croix de l'ordre de la croix de fer.

Depuis 1945

Croix de fer de 1re classe 1939 dans la version de 1957
Logo de la Bundeswehr

La loi du permit aux vétérans décorés de la croix de fer de la porter, avec le modèle 1813, des feuilles de chêne et non la croix gammée.

La Ehrenzeichen der Bundeswehr, médaille de l'armée allemande actuelle, reprend la forme de la croix pattée, mais comme la croix de fer est une décoration de période de guerre, aucune n'a été remise depuis mai 1945, ce qui n'a pas empêché qu'une polémique voit le jour en 2008, quand il fut question d'attribuer à nouveau la croix de fer « modernisée » aux unités ayant servi à l'étranger sous mandat de l'OTAN.

Récipiendaires

Il y eut des étoile-grand-croix de la croix de fer :

Ces deux maréchaux bénéficièrent « pour leurs mérites exceptionnels » d'une décoration de classe non prévue initialement et connue sous le nom de Blücherstern l'étoile de Blücher »), constituée d'une croix de fer fixée sur une étoile dorée à huit branches.

La grand-croix de la croix de fer fut décernée :

L'un des détenteurs les plus connus des croix de fer décernées entre 1914 et 1918 fut le soldat Adolf Hitler, titulaire de la croix de fer « 1914 » de première classe.

Quant au nombre de croix de fer décernées entre 1939 et 1945, on avance le nombre de :

  • env. 2 300 000 pour la croix de 2e classe (dont 39 femmes, essentiellement des infirmières dont Ilse Schulz (uk), Grete Fock, et Elfriede Wnuk (uk))
  • env. 300 000 pour la croix de 1re classe (dont une seule femme, le Flugkapitän Hanna Reitsch)
  • 7 313 pour la croix de chevalier
  • 883 pour la croix de chevalier avec feuilles de chêne
  • 159 pour la croix de chevalier avec feuilles de chêne et glaives
  • 27 pour la croix de chevalier avec feuilles de chêne, glaives et brillants (la première fut décerné au pilote de chasse Werner Mölders en 1941 pour sa centième victoire)
  • 1 (Hans-Ulrich Rudel, pilote de Stuka) pour la croix de chevalier avec feuilles de chêne en or, glaives et brillants instituée par Hitler le comme la plus haute distinction de combat du Troisième Reich ; il prévoyait d'en attribuer douze au total[1]
  • 1 (Hermann Göring) pour la grand'croix de l'ordre de la croix de fer 1939 : rétablie par Hitler le , pour récompenser Göring des actions de la Luftwaffe pendant la bataille de France. Le Reichsmarschall affecta de ne plus porter cette décoration après la débâcle de la bataille d'Angleterre et du désastre de Stalingrad. L'insigne original a disparu dans le bombardement de sa maison.

Pour les activités « derrière les lignes », comme les plans de guerre et l'effort de guerre, la médaille habituelle était la Médaille du mérite.

Afin de pouvoir continuer à décorer les soldats titulaires des deux premières classes de l'ordre de la croix de fer mais ne remplissant pas les conditions pour l'obtention de la croix de chevalier alors qu'ils continuaient à faire preuve d'engagement, de bravoure et de sens du devoir, Adolf Hitler institua la croix allemande, située dans l'ordre d'attribution entre la croix de fer de 1re classe et la croix de chevalier de la croix de fer, avec deux classes distinctes or et argent.

Décernées au début de la guerre lors de cérémonies particulières, ces distinctions sont décernées au cours de cérémonies routinières en 1944, si routinières que la propagande n'en fait plus état[2].

Bénéficiaires de la croix des chevaliers de la croix de fer avec feuilles de chêne, glaives, et brillants

Hermann Goering, bras droit de Hitler, avec les plus hautes distinctions de la Croix de Fer

Pilotes

Le Reichsmarschall Hermann Göring n'a jamais obtenu le diamant. Il était l'un des premiers militaires à avoir eu la croix de chevalier de la croix de fer en 1939 et le seul à avoir obtenu la grand' croix de fer en 1940.

Capitaines de sous-marins

Capitaines de sous-marins de l'armée navale allemande (Kriegsmarine) :

Maréchaux

Maréchaux (Generalfeldmarschälle) :

Généraux

Officiers SS

Récipiendaires étrangers

  • Eddie Chapman (1914-1977) citoyen britannique, agent double, reçut la croix de fer pour actions de sabotage (simulées) sur le sol anglais. Il est le seul Anglais à avoir reçu cette distinction depuis la fin de la guerre franco-allemande de 1870
  • Juan Pujol Garcia , dit Garbo, citoyen Espagnol et agent de l'intelligence service fortement impliqué dans des actions de désinformation vis a vis de l'Allemagne (dont l'opération Fortitude) a reçu la croix de fer le 29 juillet 1944 sous son pseudonyme d'Arabel... et la médaille de l'ordre de l'empire britannique le 25 novembre 1944 pour les services éminents rendus à la cause alliée.

La croix de fer dans la culture populaire d'après-guerre

En 1977, Sam Peckinpah réalisa le film Croix de fer, dont l'histoire raconte la fascination du capitaine Stransky envers cette décoration militaire. Celui-ci est prêt à sacrifier ses hommes pour obtenir la croix de fer de 1re classe.

En dehors de l'armée allemande, la croix de fer a été adoptée comme signe de ralliement par beaucoup de gangs, chez certains bikers, chez les Skinheads néonazis et d'autres groupes fascinés par l'imagerie martiale germanique, dont aussi la Swastika nazie. D'autres prétendent la confondre avec la croix de Malte. Ed Roth créa des accessoires pour bikers dérivés des trophées de la Seconde Guerre mondiale, qui incluent le Stahlhelm.

Le chanteur et leader du groupe Metallica, James Hetfield, possède une version personnalisée de la guitare électrique ESP Eclipse (fondée sur la Gibson Les Paul) avec la croix de fer sur l'avant. Cette version est dénommée "ESP JH-6 Iron Cross".

La société West Coast Choppers utilise le contour de la croix en tant que logo.

Bibliographie

  • Hans Georg Hiller von Gaertringen (dir.), Bernd Boll et al. (trad. de l'allemand par Qualis Artifex, préf. Fabrice d'Almeida), L'Œil du IIIe Reich : Walter Frentz, le Photographe de Hitler [« Das Auge des Dritten Reichs »], Paris, Perrin, , 256 p. (ISBN 978-2-262-02742-1)

Références

  1. Pilote de stukas, autobiographie de H. U. Rudel
  2. l'Œil du IIIe Reich, p. 122.

Voir aussi

Liens externes

  • Portail de l'Empire allemand
  • Portail du nazisme
  • Portail de l’histoire militaire
  • Portail des récompenses et distinctions
Cet article est issu de Wikipedia. Le texte est sous licence Creative Commons - Attribution - Partage dans les Mêmes. Des conditions supplémentaires peuvent s'appliquer aux fichiers multimédias.