Comique de répétition

Le comique de répétition (appelé running gag ou running joke en anglais) est une technique de narration faisant appel à une blague ou à une référence comique qui revient plusieurs fois de suite, sous la même forme ou sous une forme légèrement modifiée, pendant une même œuvre (sketch, film, spectacle, livre, etc.)[1],[2] ou au cours de différents numéros, avec par exemple l'utilisation d'un personnage récurrent.

Description

Le comique de répétition peut débuter avec un exemple d'humour involontaire, qui se répète avec des variations alors que la plaisanterie devient de plus en plus familière et que le public anticipe la réapparition du gag. L'humour dans le comique de répétition peut provenir entièrement de la façon dont combien de fois le gag est répété, de la (non)pertinence de la situation dans laquelle le gag se produit, ou bien dans le fait de préparer le public à attendre une nouvelle occurrence de la plaisanterie, avec son remplacement par autre chose (le fait d'appâter et de changer).

Les gags récurrents sont souvent utilisés dans des émissions de télévision humoristiques[3], mais peuvent également apparaître dans des films, des livres, des bandes dessinées ou des jeux vidéo, voire sur scène lorsqu'un humoriste ou un musicien fait participer le public par des répétitions d'un détail scénique (un geste appelant un bref applaudissement de façon répétée par exemple).

Un comique de répétition peut être verbal ou visuel et, à l'occasion, provenir des personnages eux-mêmes, qui peuvent être conscients du gag et faire une mention humoristique de celui-ci.

Étymologie

L'expression running gag provient de l'adjectif anglais running continu », « ininterrompu ») et du nom anglais gag blague », « histoire drôle »).

Exemples

Films

Séries télévisées

  • Dans la série Le Saint (1962-1969), un célèbre exemple de blague répétée apparait au début de chacun des 118 épisodes lorsque le personnage principal Simon Templar, levant la tête, regarde son auréole en entendant prononcer son nom.
  • Dans la première série Star Trek (1966-1969) et les suivantes, le personnage de Mr Spock a souvent recours à son expression favorite : « Fascinant ! » (« Fascinating! » en anglais) lorsqu’il est étonné par quelque chose[4],[5].
  • Dans la série Inspecteur Gadget (1983), l'autodestruction de l'ordre de mission de l'inspecteur Gadget se retourne systématiquement contre son chef, en lui explosant au visage.
  • Dans la série Les Simpson, à la fin du générique de début de chaque épisode vient le « gag du canapé », qui change à chaque fois ; voir à ce sujet la liste des gags du canapé des Simpson.
  • Dans la série South Park, le personnage de Kenny McCormick meurt presque à chaque épisode dans les cinq premières saisons. Ses rares survies peuvent être perçues comme un degré supplémentaire de la répétition du gag.
  • Dans la série Avatar, le dernier maître de l'air, un vendeur de choux se fait toujours écraser sa marchandise et finit par crier « Mes choux, mes pauvres choux ! ».
  • Dans la série Arrested Development les comiques de répétition reviennent souvent[6].
  • Dans la série Galactik Football, le gardien de but des Technodroïdes (une équipe composée uniquement de robots) se fait à chaque fois arracher les bras en fin de match en essayant d'arrêter un tir puissant.
  • Dans la série Mr. Bean de Rowan Atkinson, une voiture Reliant Regal en bleu clair est souvent renversée ou poussée hors de la rue.
  • Dans la série Seinfeld, avec le gag récurrent de Cosmo Kramer (Michael Richards) quand celui-ci fait son entrée en se déhanchant dans l'appartement de Jerry Seinfeld. Mais également les autres nombreux autres gags récurrents de la série.

Bande dessinée

  • Dans Gaston, le personnage de Gaston Lagaffe empêchera à chaque fois Fantasio, puis Prunelle, de signer d'importants contrats avec monsieur De Mesmaeker.
  • Dans Astérix, Goscinny a souvent recours au comique de répétition :
    • le barde Assurancetourix est toujours assommé par Cétautomatix au début des aventures lorsqu'il veut entonner un chant pour donner du courage à Astérix et Obélix.
    • ce même barde est systématiquement ligoté et bâillonné lorsque le village festoie à la fin de l'histoire, pour les mêmes raisons.
    • la fraîcheur discutable des poissons d'Ordralfabétix est toujours prétexte à des bagarres générales.
    • le chef Abraracourcix fait régulièrement les frais des maladresses ou inattentions de ses porteurs lorsqu'il est sur son pavois.
    • le bateau des pirates est systématiquement coulé lorsqu'il croise la route d'Astérix et Obélix.
  • Dans les albums de Tintin, Hergé l'utilise également souvent[7] :
    • le vendeur d'assurance collant, Séraphin Lampion, qui insiste pour vendre ses assurances au Capitaine Haddock, visiblement agacé ;
    • le sparadrap qui ne se décolle pas des doigts et circule sur les mains de plusieurs personnages (L'Affaire Tournesol, Vol 714 pour Sydney) ;
    • le personnage d'Abdallah (Tintin au pays de l'or noir, etc.), le fils de l'émir qui revient fréquemment avec ses farces et attrapes (poil à gratter, cigare explosif) ;
    • et bien sûr, le fameux lama cracheur : aux pages 2 et 21 de l'album Le Temple du Soleil, des lamas crachent au visage du Capitaine Haddock. À la dernière page, celui-ci se venge : il boit de l'eau dans une fontaine et crache à la tête d'un lama.
    • sans oublier le grand classique récurrent de la série, la Boucherie Sanzot que tout le monde appelle au téléphone. Le numéro de téléphone est proche de celui du capitaine Haddock et, de fait, les appels arrivent souvent par erreur au château de Moulinsart ,
    • enfin, en vrac, il y a les voitures qui éclaboussent les personnages, les chutes liées à des portes ou des escaliers, les poteaux dans lesquels les passants se cognent, etc.
  • Dans sa Rubrique-à-brac, Marcel Gotlib présente fréquemment le personnage d'Isaac Newton dans des situations incongrues, toujours en lien avec la chute d'un objet (le plus souvent une pomme) ou d'un animal (rhinocéros, serpent, pélican) sur son auguste tête. Les personnages entament par ailleurs régulièrement des blagues traitant de « peinture de plafond » faites par des aliénés, ou de brocolis destinés à une certaine « Minestrone », sans toujours les terminer.

Sketches

  • Dans le sketch Le train pour Pau de Chevallier et Laspalès, avec notamment les répliques de Régis Laspalès : « Vous me cherchez », « C'est vous qui voyez ! » et « Il y en a qui ont essayé. Ils ont eu des problèmes. Cela dit, il est très rapide »[8], répétées en boucle.
  • Dans le sketch Les croissants de Fernand Raynaud.
  • Dans le sketch Rambo d'Albert Dupontel, où celui-ci incarne un fan du personnage de John Rambo interprété par l'acteur Sylvester Stallone, notamment dans les premiers et seconds opus de la série de films Rambo ; le personnage de Dupontel répétant à plusieurs reprises les mimiques et attitudes de Rambo, de manière caricaturale.
  • Florence Foresti, sur le plateau de l'émission On a tout essayé se grimait dans le cadre de courts sketches en différents personnages récurrents, la plupart d'entre-eux étant à l'origine de répliques faisant l'objet d'un running-gag :
    • le personnage de Michelle, une garçonne au caractère bien trempé qui répète régulièrement à Laurent Ruquier qu'il n'a visiblement « jamais mis les pieds dans Monfion[-sur l'Orge] », parlant du village fictif dont elle est censée être originaire ;
    • le personnage de Dominique Pipeau, la ministre « des affaires problématiques » qui confond systématiquement ses dossiers et qualifie régulièrement Christophe Alévêque (un des participants de l’émission) de « femme à barbe » ;
    • le personnage de Brigitte, une bimbo brune écervelée qui énonce son âge de manière étrange ou ridicule (« J'ai 24 ans et 12 mois ! » ; « Je suis née le jour de mon anniversaire ! »).
    • le personnage d'Anne-Sophie de La Coquillette, une aristocrate dévergondée qui rappelle régulièrement les penchants zoophiles de sa famille ;
    • Le personnage de Clotilde (qui préfère qu'on l'appelle « Clo »), âgée de 16 ans et demi, en terminale au « lycée Jean-Luc Lahaye » et qui est toujours « trop véner' » (énervée) par les évènements de l'actualité qu'elle vient dénoncer.
  • Dans les sketchs qu'il effectuait sur le plateau de l'émission On n'est pas couché, Jonathan Lambert faisait régulièrement d'Éric Zemmour la cible de l'une de ses plaisanteries (par exemple, en le confondant avec le sorcier Gargamel, ou en affirmant qu'il était un membre assidu d'un site de rencontres pour personnes au physique ingrat). La question de savoir de quelle facétie le chroniqueur allait être la victime constituant ainsi le running-gag.
  • Durant ces imitations dans On n'est pas couché, Marc-Antoine Le Bret parodiait le discours prétendument abscons de Yann Moix et citait en permanence le philosophe Levinas, de manière volontairement ampoulée.

Notes et références

  1. (en) « The running gag, a staple of broad comedy, depends on the watcher's reference to the passage of time ». Mark S. Byron, « Samuel Beckett's Endgame », Editions Rodopi B.V. p. 82. (ISBN 978-90-420-2288-1) (2007).
  2. (en) « The running gag has long been recognised as a standard ingredient of slapstick comedy ... ». Frank Eugene Beaver, « Dictionary of film terms: the aesthetic companion to film art », Peter Lang Publishing Inc. p. 207. (ISBN 978-0-8204-7298-0) (2007).
  3. (en) « …the running gag and the catchphrase, both important staples in most situation comedies … », Neale et Krutnik, « Popular film and television comedy » ; cité dans Jimmy Perry and David Croft de Simon Morgan-Russell, Manchester University Press. p. 2 (ISBN 0-7190-6556-9) (2004).
  4. « Leonard Nimoy, aka Monsieur Spock de "Star Trek" est décédé », 20minutes.fr, 27 février 2015.
  5. « Mort de Leonard Nimoy : les meilleures répliques de Spock en gifs cosmiques », L'Express.fr, 27 février 2015.
  6. (en) « Recurring Developments », sur recurringdevelopments.com (consulté le )
  7. collectif, Le rire de Tintin, les secrets du génie comique d'Hergé, Paris, Groupe L'Express-Roularta, Beaux Arts magazine, , 136 p. (ISBN 9782212559347), p. 80 à 85.
  8. Dico-citations, Le Monde.fr (consulté le 7 juin 2019).

Voir aussi

Articles connexes

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