Académie pontificale des sciences

L’Académie pontificale des sciences, anciennement l'Académie des Lyncéens fondée par Federico Cesi à Rome en 1603 dans la tradition des académies grecques, fut la toute première académie scientifique en Europe [1].

Fronton de l'entrée principale de l'Académie
Cour de l'Académie
L'Académie pontificale des sciences et la Casina Pio IV.

Depuis 1936, l'Académie pontificale des sciences a un caractère de plus en plus international. Tout en maintenant son intérêt pour les différentes branches de la science, elle souligne l'importance des coopérations interdisciplinaires. C'est, dans le monde, la seule académie des sciences à avoir une unique catégorie et un caractère supranational.

Aujourd'hui, l'Académie s’intéresse à la fois à la recherche scientifique fondamentale mais aussi aux problèmes liés notamment à l'éthique de la responsabilité environnementale de la communauté scientifique[2]. Elle a un regard moral sur la science dont elle analyse la nature et le champ d'action, en corrélation avec l'histoire[1].

L'Académie des Lyncéens ne perdurera pas après la mort de son fondateur mais fut réinvestie en 1847 par le pape Pie IX sous le nom d’Académie pontificale du Nouveau Lincei. Puis le pape Pie XI reconstitua de nouveau l'Académie en 1936, sous son nom actuel.

L'Académie décerne tous les deux ans la médaille Pie XI à un jeune scientifique de réputation internationale.

L'Académie possède la réputation d'être l'assemblée qui compte le plus grand nombre de lauréats du prix Nobel - la plupart d'entre eux ayant été élus à l'Académie pontificale des sciences bien avant[réf. souhaitée] de recevoir le prix Nobel. Plus de quarante Prix Nobel ont appartenu à l'Académie depuis 1908 dont Gugliemmo Marconi, Max Planck, Joseph Edward Murray et Alexander Fleming[1].

Le siège de l'Académie est la Casina (ou Villa Pia), un trésor de l'architecture du XVIe siècle encerclé par les jardins du Vatican, construit en 1561 pour servir de résidence d'été au pape Pie IV.

Histoire

Fondée à Rome en 1603 par le protecteur des sciences le prince Federico Cesi, elle reçut l'approbation du pape Clément VIII. Elle se place immédiatement sous la protection de Saint Jean l'Evangéliste flanqué d'un aigle et d'un lynx blanc qui sont le symbole de la vision scientifique et de la raison.

Galilée la dirige à partir de 1611. La Royal Society de Londres et l'Académie des sciences de Paris furent créées sur son modèle respectivement en 1662 et 1666[1].

Elle est dissoute à la mort de Cesi en 1630. Elle est réinvestie en 1847 par le pape Pie IX sous le nom d’Académie pontificale des nouveaux Lynx. Puis le pape Pie XI reconstitue de nouveau l'Académie en 1936, sous son nom actuel, par le motus proprio In multis solaclis. Il en rédige lui-même les statuts qui seront actualisés par Paul VI en 1976 et Jean-Paul II en 1986.

La première assemblée est inaugurée le par Mgr Pacelli, le futur Pie XII. Pendant la guerre, ce dernier permet aux scientifiques italiens de confession juives d'exercer leur métier quand bien même ils en étaient empêchés par les lois raciales de 1938[1].

Après la guerre, l'Académie se préoccupa plus particulièrement des sciences appliquées. Dans les années 1970 et 1980, elle chercha à promouvoir la paix et le progrès des peuples, et à améliorer la santé dans le tiers-monde.

En 1979, à l'occasion du centenaire de la naissance d'Albert Einstein, Jean-Paul II lui demanda d'examiner le cas de Galilée afin de montrer la compatibilité entre science et foi, ce qui donna lieu à un livre publié en 1996, La Nouvelle Image du monde. La dialogue entre foi et raison après Galilée, présenté par le cardinal Paul Poupard. En 1982, elle publia un document sur l'armement nucléaire qui eut un fort retentissement mondial car il défendait le principe pacifique des sciences[1].

Relations avec le Saint-Siège

Au sein du Saint-Siège, l'Académie est une entité qui bénéficie d'un statut autonome. Même si elle a été créée par un pape, et si elle reste placée sous la protection du souverain pontife et si elle bénéficie du financement du Saint-Siège, l'Académie est en effet libre de définir par elle-même sa propre activité, conformément à son objet, rappelé par ses statuts : promouvoir le progrès des sciences mathématiques, physiques et naturelles, et l'étude des problèmes épistémologiques qui leur sont liés.

Dans un message adressé aux Académiciens en 1940, Pie XII a rappelé que l'Académie était libre de toute forme d'inquisition : « À vous, nobles champions des arts et disciplines humaines, l'Église reconnaît une totale liberté dans vos méthodes et vos recherches ».

L'Académie n'ayant pas de réflexion théologique, Jean-Paul II fut amené à la dessaisir de questions morales sur la contraception et la défense de la vie en 1996[1].

En raison de leur indépendance totale par rapport à tout point de vue national, politique ou religieux, les délibérations et les études de l'Académie constituent une inestimable source d'information objective sur laquelle le Saint Siège et ses nombreux organes peuvent s'appuyer dans leurs réflexions.

Organisation

Werner Arber, ancien président de l'Académie pendant les années 2011-2017 (cliché pris en 2008).

L'Académie est dirigée par un Président qui est nommé, parmi les Académiciens, par le Souverain pontife. Le Président est assisté par un Conseil et par un Chancelier. Le Président actuel est Joachim von Braun[3]. L'Académie maintient des relations et des échanges de publications avec d'autres académies et avec divers instituts de recherche scientifique. Elle est membre du Conseil international pour la science.

Venant du monde entier, les Académiciens, au nombre d'environ quatre-vingts, sont des hommes et des femmes élus sur des critères scientifiques, mais aussi de moralité. Leur élection est validée par le pape, même s'ils ne sont pas obligatoirement catholiques[1]. Ils participent aux groupes d'études et aux colloques organisés par l'Académie pour examiner des sujets précis. Leurs délibérations et leurs contributions sont publiés par l'Académie. Ils se réunissent pour les sessions plénières à la Casina Pio IV, le siège de l'Académie.

Les travaux de l'académie couvrent désormais six domaines distinctsː les sciences fondamentales (1), les sciences et la technologie (2), les sciences liées aux problèmes du tiers-monde (3), l'éthique et la politique scientifique (4), la bioéthique (5) et l'épistémologie (6). Neuf sous-domaines traitent de l'évolution des sciences et du développement des sociétés et des technologiesː l'astronomie, la chimie, les sciences de la terre et de l'environnement, les sciences de la vie (botanique, agronomie, zoologie, génétique, biologie moléculaire, biochimie, neurosciences, chirurgie), les mathématiques, les sciences appliquées, la philosophie et l'histoire des sciences, la physique, et les autres disciplines[1].

Publications

L'Académie produit de nombreuses publications, parmi lesquelles trois séries se distinguent particulièrement : les Scripta varia, les Documenta et les Commentarii.

Les Scripta varia regroupent les travaux majeurs, comme les rapports complets des Semaines d'études organisées par l'Académie. Jouissant d'une certaine importance scientifique, plusieurs volumes des Scripta varia ont été coédités avec des éditeurs étrangers.

De format plus réduit, les Documenta permettent de publier dans un temps plus bref les résumés et les conclusions des Semaines d'études. C'est aussi dans cette série que sont publiés les messages adressés par le pape aux académiciens, ainsi que certains documents significatifs comme la Déclaration sur la prévention de la guerre nucléaire.

Les Commentarii contiennent des notes et des mémoires, ainsi que des études spécifiques sur certains sujets scientifiques.

Les Acta donnent les comptes-rendus des assemblées plénières[1].

Membres

L'Académie compte 80 membres, hommes ou femmes, de différents pays, qui ont contribué de manière remarquable dans leur domaines d'activité scientifique. Ils sont nommés par le pape après avoir été élus par les autres Académiciens.

Les membres peuvent être ordinaires, honoraires ou permanents. Le pape régnant est membre de droit.

Jusqu'en 2016, 75 membres de l'Académie se sont vu décerner le prestigieux Prix Nobel[4].

Académiciens

Académiciens honoraires

Académiciens Perdurante Munere

Anciens présidents

Quelques anciens membres

Parmi les anciens membres de l'Académie, on trouve entre autres :

Références

  1. Christophe Dickès (sous la direction de), Dictionnaire du Vatican et du Saint-Siège, Paris, Bouquins, , 1120 p. (ISBN 978-2221116548), Académie pontificale des sciences page 50
  2. Site officiel du Vatican
  3. (en) « Joachim von Braun », sur www.pass.va (consulté le )
  4. Matthieu Grimpret (ill. Marylou Darmon), 100 infographies pour connaître les religions, Paris, La Martinière, , 157 p., 24 cm (ISBN 978-2-7324-7832-6), « Les religions sont-elles ennemies des sciences ? », p. 142
  5. (it) Salle de presse du Saint-Siège, « Rinunce e nomine : Nomina di Membro Ordinario della Pontificia Accademia delle Scienze », sur press.vatican.va, (consulté le )
  6. (it) Salle de presse du Saint-Siège, « Rinunce e nomine », sur press.vatican.va, (consulté le )
  7. (it) « Il Papa chiama Fabiola Gianotti alla Pontificia Accademia delle Scienze », sur la Repubblica, Repubblica, (consulté le ).
  8. (it) Salle de presse du Saint-Siège, « Rinunce e nomine : Nomina di Membro Ordinario della Pontificia Accademia delle Scienze », sur press.vatican.va,
  9. (it) Salle de presse du Saint-Siège, « Rinunce e nomine : Nomina di Membro Ordinario della Pontificia Accademia delle Scienze », sur press.vatican.va,

Lien externe

(it) Site officiel

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