Yves Jaigu
Yves Jaigu, né le à Rennes (Ille-et-Vilaine) et mort le à Paris[1],[2], est un homme d'audiovisuel français.
Biographie
Né en 1924 dans une famille de juristes, Yves Jaigu voit ses projets de devenir normalien contrariés par la guerre[3]. Après celle-ci, il obtient un DES de philosophie[3] et sera diplômé en minéralogie[4].
Il est très jeune membre d'un réseau de résistance pendant la Seconde Guerre mondiale[réf. nécessaire].
- De 1953 à 1955, attaché pour les relations culturelles à l'Institut français d'Écosse, à Edimbourg[3].
- En 1956, il opère un retour à la terre dans sa Bretagne natale à Pléchâtel pour élever des moutons[5].
- De 1957 à 1963, cadre du CEA[5] employé à la mise en œuvre de la Centrale nucléaire de Marcoule[4].
- De 1963 à 1967, travaille auprès d'Olivier Guichard à la création de la DATAR[5]. Chargé, entre autres, des relations publiques, il noue alors de nombreux contacts avec la presse et le milieu des médias[3].
- De 1967 à 1969, chef du bureau des coproductions de l'ORTF[6] où il succède à Jean-Louis Horbette à la demande de ce dernier malgré son absence d'expérience de l'audiovisuel[7]. Il met en place une structure informelle de coproduction qui réunira jusqu'en 1974 très régulièrement la RAI, la TSR, la RTB, la TRC et des chaînes allemandes pour populariser via la télévision « les textes fondateurs de la civilisation européenne »[8].
- De 1969 à 1972, responsable des coproductions[5] au sein du Service des moyens extérieurs et du cinéma de la Direction de la Télévision de l'ORTF[6].
- De 1972 à 1974, conseiller de programme responsable des documentaires et du cinématographe pour les deuxièmes parties de soirée de la Première Chaîne[9] auprès de Jacqueline Baudrier[5].
- De janvier 1975 à mai 1984, directeur de la chaîne de radio France-Culture, poste dont il est évincé à la suite d'un conflit focalisé sur les restrictions budgétaires avec le président-directeur général de Radio France, Jean-Noël Jeanneney[7].
- En 1986, il est pressenti par Georges Duby pour prendre la direction générale de La Sept, mais, dans le jeu de la première cohabitation, son étiquette de gaulliste fait écarter sa candidature, que soutenait le premier ministre Jacques Chirac, par le ministre de tutelle nommé en mars, François Léotard[10].
- De 1987 à 1989, directeur des programmes de la chaîne de télévision France 3 sous la direction générale de René Han[11].
- En 1990, collabore à La Sept[5], toute nouvelle chaîne de télévision à vocation culturelle et européenne, à l'instar de la coproduction qu'il avait mise en œuvre à l'ORTF. Il avait accueilli les premiers programmes de cette chaîne sur son antenne dès 1987 quand, cantonnée alors à un rôle d'éditeur, elle n'en disposait pas encore elle- même[10].
Au cours de sa carrière, il s'est efforcé de défendre la spécificité d'une télévision et d'une radio publiques[12] « spectacle de la pensée »[13] et d'enrichir le contenu des programmes[note 1], préconisant un objectif de qualité plutôt que l'objectif d'audimat d'une télévision pavlovienne[14] « qui prend le public au lasso »[15].
Son épouse, Andrée, est la sœur aînée d'Ernest-Antoine Seillière. Elle soutient un certain nombre de peintres contemporains à travers une collection.
Émissions et spectacles produits ou programmés
- La Prise de pouvoir par Louis XIV de Roberto Rossellini (1966)[16].
- Le feuilleton télévisé Vidocq[17] (1967 & 1971).
- L'Odyssée en huit épisodes de Francesco Rosi[13] (production réalisée par Claude Contamine[8] en 1967).
- L'Énéide[8]
- Les Actes des apôtres de Roberto Rossellini (1968).
- Le Petit Théâtre de Jean Renoir de Jean Renoir[18] (1970).
- La série télévisée de sept épisodes La maison des bois de Maurice Pialat[13] (1970).
- Blaise Pascal de Roberto Rossellini (1971).
- René Descartes de Roberto Rossellini (1973).
- Du côté d'Orouët de Jacques Rozier[18] (1974).
- La série télévisée de huit épisodes tirée de Fantômas L'Homme sans visage de Georges Franju (juillet & ).
- L'émission radiophonique quadrijournalière Poésie ininterrompue de Claude Royet-Journoud produite par Alain Veinstein[19],[note 2].
- Le colloque Avenir de la démocratie à Athènes en 1977[20],[note 3].
- Les émissions radiophoniques sur l'opérette de Jacques Rouchouse[21] (à partir de 1979).
- Le colloque Science et Conscience dit Colloque de Cordoue du premier au cinq à Cordoue[note 4].
- L'Odyssée chantée au festival d'Avignon en 1981 par Bruno de la Salle[22].
- Le colloque Sciences et Symboles de Tsukuba organisé par Michel Cazenave en 1984.
- Le jeu télévisé Question pour un champion[5].
- Le débat télévisé hebdomadaire Océaniques[23],[13] de Pierre-André Boutang (de 1987 à 1992).
Publications
- Télévision de service public : quel contenu ?, Le Débat no 61, p. 80, [note 5].
- Voyage autour de ma langue, Revue des Deux Mondes, .
- Avec Pierre Michel & Claude Beausoleil, Octave Mirbeau, Europe, 1999.
- Avec Catherine Strasser & Frédéric Valabrègue, Yazid Oulab, Éreme, 2008 (ISBN 9782915337556).
Notes et références
Notes
- À propos de la télévision publique, « Sa différence et son originalité, c'est seulement de rétablir le contact entre les faits, le public, les savoirs, les artistes, les prophètes dont on ne comprend pas bien les raisons de la censure qui s'abat sur eux. » (entretien avec G. Guicheney, À voix nue "Yves Jaigu", France Culture, Paris, 20 juin 2011 à 20:00).
- Par son collaborateur à l'ORTF Jean-Pierre Burgart, Yves Jaigu était de longue date en relation avec les poètes du Mercure de France, dont Yves Bonnefoy, André du Bouchet, Jacques Dupin et Alain Veinstein (Cf. J.-C. Leroy, article cité).
- Outre Vladimir Bakarić, Dom Helder Camara, Jean-Pierre Chevènement, participaient François Perroux, Herman Kahn, le général Georges Buis, Jean Elleinstein, le chef du gouvernement en exercice Mário Soares et M. Heykal.
- Pour les plus hautes autorités scientifiques, dont le physicien Jean-Claude Pecker, cette conférence médiatisant les hyptothèses les plus farfelues de certains scientifiques ouverts à des préoccupations mystiques, dont Olivier Costa de Beauregard, a scandaleusement exposé la science à un public inaverti, ce dont Yves Jaigu, lui-même auteur d'un exposé sur les La mécanique quantique et le rôle de la conscience, s'est défendu (cf. Y. Jaigu, Textes en réponse à Monsieur Jean-Claude Pecker, professeur au Collège de France, et à Monsieur Kastler in Archives de France Culture (1963-1994), article 6, versement 19940737, Centre des Archives Contemporaines des Archives Nationales, Fontainebleau, décembre 1994.
- Yves Jaigu est l'un des intervenants à donner leurs réponses à la question posée par la revue
Références
- « matchID - Moteur de recherche des décès », sur deces.matchid.io (consulté le )
- M. Dagnaud & D. Mehl, Des dirigeants décalés in Réseaux hors série 8 n°3, p. 29, 1990, Des dirigeants décalés.
- F. Mitterrand, Discours de remise de décorations, Ministère de la Culture, Paris, 27 janvier 2011 Intronisation au grade de Commandeur dans l’ordre des Arts et des Lettres.
- E.-M. Cloquet, Les prix Scam 2010, p. 3, Société Civile des Auteurs Multimédia, juin 2010, Notice interne de la SCAM.
- SAéM, Inventaire des archives écrites du Musée de Radio France "ORTF - Direction de la télévision - Service des achats et commandes de programmes 1951-1973",p. 6, [Centre des archives contemporaines] Inventaire des archives de Radio France relatives Service des achats et commandes de programmes (1951-1973).
- M. Dagnaud & D. Mehl, Des dirigeants décalés in Réseaux hors série 8 n°3, p. 30, 1990, Des dirigeants décalés.
- J. Bourdon, Pour une diversité des contenus in Les Dossiers de l'Audiovisuel n°100, chapitre 2, Institut National de l'Audiovisuel, décembre 2001 Entretien avec Yves Jaigu.
- M. Dagnaud & D. Mehl, "Géomètres" contre "saltimbanques" in Réseaux hors série 8 no 3, p. 37, 1990, "Géomètres" contre "saltimbanques".
- J.-M. Meurice, La véritable histoire des origines d’Arte in Telelvision n°1, Editions du CNRS, Paris, (ISBN 978-2-271-06924-5).
- M. Dilly, Les magazines de cinéma à la télévision française de 1952 à 2000 : histoire, dispositifs et contenus (thèse de doctorat dirigée par le Professeur Jacques Walter), p. 52, Service Commun de Documentation de l'Université de Metz, Metz, mars 2006 Les magazines de cinéma à la télévision française de 1952 à 2000.
- Y. Jaigu, « Télévision de service public : quel contenu ? » in Le Débat n' 61, octobre 1990.
- G. Guicheney, A voix nue "Yves Jaigu", France Culture, Paris, 20 juin 2011 à 20:00.
- R. Chaniac, « L'audience, un puissant artefact » in Hermès no 37, p. 44, 2003, L'audience, un puissant artefact.
- R. Chaniac, La fiction en série : évolution de la programmation en France in Quaderni no 9, p. 42, hiver 1989-1990 La fiction en série..
- S. Toubiana, Champ-contrechamp sur Pierre-André Boutang in Dossier presse, Cinémathèque française, Paris, 11 mars 2009.
- I. Didier, Entretien avec Claude Guisard in ORTF, Ina, la « recherche image » dans tous ses états, Institut National de l'Audiovisuel, novembre 2010 Entretien avec Claude Guisard.
- J. Bourdon, Pour une diversité des contenus in Les Dossiers de l'Audiovisuel n°100, chapitre 5, Institut National de l'Audiovisuel, décembre 2001 Entretien avec Yves Jaigu.
- J.-C. Leroy, France-Culture en perte sensible, Médiapart, 27 août 2010).
- E. Laurent, L'avenir de la démocratie - Texte imprimé des débats du Colloque d'Athènes organisé en 1977 par France-culture ; participants : Vladimir Bakarić, Dom Helder Camara, Jean-Pierre Chevènement et alii (334 p.), Paris, Mengès, 1978 (ISBN 2-85620-026-5).
- Notice biographique, Presses Universitaires de France, Paris, 2011 Notice biographique du PUF sur Jacques Rouchouse.
- G. Guicheney, À voix nue "Yves Jaigu", France Culture, Paris, 21 juin 2011 à 20:00. À voix nue "Yves Jaigu" no 2
- B. Delorme-Montini, Les médias en France, chronologie (1953-2005), p. 24, Gallimard, Paris, 2006 Les médias en France, chronologie (1953-2005).
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