Site nucléaire de Marcoule

Le site nucléaire de Marcoule est créé en 1956, aussi connu comme Valrhô Marcoule[1] s'étend sur les communes de Chusclan et Codolet, proches de Bagnols-sur-Cèze, dans le Gard et à une trentaine de kilomètres au sud du site nucléaire du Tricastin (Pierrelatte, Drôme)[2]. Ce site industriel, situé en bordure du Rhône entre Montélimar (cette ville étant 45 km en amont) et Avignon (30 km en aval), est localisé en pleine région des Côtes-du-Rhône, zone touristique, agricole et viticole. Nîmes est située à 45 km au sud-ouest du complexe, et Orange à 8 km à l'est.

Site nucléaire de Marcoule

Vue aérienne du site nucléaire de Marcoule
Type d'installation
Domaine Installation nucléaire
Localisation
Pays France
Région Occitanie
Département Gard
Canton Canton de Bagnols-sur-Cèze
Coordonnées 44° 08′ 34″ nord, 4° 42′ 32″ est
Vie de l'installation
Production
Géolocalisation sur la carte : Europe
Géolocalisation sur la carte : Gard
Géolocalisation sur la carte : France

Le site de Marcoule a vu naître non seulement les applications industrielles et militaires du plutonium en France, mais aussi la production civile d'électricité d'origine nucléaire. Les recherches portent sur le cycle du combustible nucléaire et les projets de réacteurs nucléaires. L'arrivée en fin de vie de certaines installations se traduit par la mise en place de chantiers de démantèlement, et le lancement de nouveaux projets.

Sur le site de Marcoule travaillent environ 5 000 personnes, dont 1 550 salariés du CEA (Commissariat à l'énergie atomique et aux énergies alternatives)[3]. Orano (ex-Areva) y emploie environ 1 000 personnes[4] pour l'assainissement et le démantèlement des installations nucléaires arrivées en fin de vie ainsi que pour l'exploitation d'installations industrielles[5].

Histoire

En 1948 est construit au sud de Paris dans le fort de Chatillon le premier réacteur nucléaire français, la pile Zoé, sous la supervision de Frédéric Joliot-Curie. L'année suivante, le premier milligramme de plutonium est extrait à l'usine du Bouchet, située aussi en région parisienne.

Lancé en 1951 par Félix Gaillard, secrétaire d'État chargé du CEA, le premier plan quinquennal d'investissement en faveur de l'atome (1952-1957) aboutit à la création d'un centre production de plutonium à Marcoule dans le Gard[6]. Pierre Guillaumat, administrateur général du CEA, embauche alors des ingénieurs et choisit le site de Marcoule pour la production du plutonium[7].

Le Commissariat à l'énergie atomique (CEA) crée en 1955 le centre de production de plutonium de Marcoule dans le but de délocaliser cette activité militaire, confidentielle et hautement dangereuse. Cette même année 1955 est créé la commission PEON pour la production d'électricité d'origine nucléaire en France. Puis en 1961, pour pallier une éventuelle défaillance de Marcoule, le CEA met en projet une seconde usine d'extraction de plutonium à la Hague.

C'est sur le site de Marcoule que furent construits les réacteurs nucléaires à usage militaire pour la fabrication du plutonium nécessaire à la bombe atomique de la force de dissuasion nucléaire française. C'est aussi sur le site de Marcoule que le CEA a mis au point la filière graphite-gaz, filière à l'origine des premiers réacteurs nucléaires en France :

La création de l'usine Melox en 1995 - usine destinée à produire du combustible MOX à base de plutonium - compense la diminution d'effectif liée à l'arrêt de l'usine de retraitement UP1 en 1997[9].

Dans les années 1990, le site de Marcoule s'est porté candidat pour la réalisation d'un laboratoire souterrain de stockage des déchets radioactifs, mais c'est en Lorraine que sera construit le laboratoire de Bure.

Activités

Aujourd'hui[Quand ?], de très nombreuses activités nucléaires sont réunies à Marcoule : production de MOX, ancienne usine de traitement du combustible nucléaire usé, entreposage de déchets radioactifs, centre d'étude sur les déchets radioactifs, installation nucléaire militaire exploitée par Areva NC, etc. Le site de Marcoule accueille comme installations nucléaires :

Activités militaires

Avec l'arrêt définitif du dernier des réacteurs Célestin en 2009, le site n'abrite plus d'installation de type militaire. Il est prévu que ce démantèlement commence en 2016 et se termine en 2050[8].

Production de combustible Mox

Depuis 1995, l'usine Melox fabrique des assemblages combustibles MOX (Mixed Oxide), élaborés à partir d'un mélange d'oxyde d'uranium et de plutonium. Le MOX permet de recycler le plutonium issu du combustible nucléaire, récupéré lors des opérations de traitement du combustible nucléaire usé à l'usine de retraitement de la Hague.

En , sur le site de Melox, des opérateurs se forment sur un simulateur de travail en boîte à gants conçu par Areva[10].

Production d'électricité

Les réacteurs G1, G2 et G3 de la filière UNGG sont en phase de démantèlement.

Recherche sur la surgénération

Le réacteur Phénix a cessé définitivement son fonctionnement en 2009.

Les recherches sur la filière des réacteurs rapides refroidis au sodium devaient continuer avec le projet ASTRID porté par le Commissariat à l'énergie atomique et aux énergies alternatives (CEA) visant à relancer la filière surgénérateur en construisant un prototype de taille moyenne (600 MW) sur le site de Marcoule, dont la construction devait démarrer en 2020. Le projet a cependant été annulé en [11], aucun autre projet de RNR-Sodium n'étant prévu à ce jour en France.

Séparation et transmutation : Atalante

L'ATelier Alpha et Laboratoires pour ANalyses, Transuraniens et Études de retraitement (ATALANTE) est un laboratoire du Commissariat à l'énergie atomique consacré à la recherche sur le traitement des combustibles irradiés et la gestion des déchets radioactifs de haute activité et à vie longue[12].

Il est actuellement impossible de neutraliser la radioactivité, seul le temps la fait diminuer progressivement. Des recherches sont menées à Marcoule (notamment dans Atalante et le réacteur Phénix) pour explorer la possibilité de transmuter une partie des éléments radioactifs en atomes stables ou à vie plus courte.

Conditionnement et entreposage

Les études de conditionnement et entreposage de longue durée sont menées principalement à Marcoule. Elles portent sur deux points :

  • les procédés de conditionnement, c’est-à-dire les différents types d'emballages utilisables pour confiner la radioactivité des déchets ;
  • les possibilités d'entreposage en surface ou en sub-surface. La voie retenue actuellement est de creuser des galeries à flanc de colline.

Selon le CEA, les déchets seraient entreposés pour 300 ans maximum. Il ne s'agirait donc que d'une solution temporaire mais qui s'étendrait sur des périodes séculaires, au prix d'une surveillance et d'une maintenance constante.

Le site de Marcoule est pressenti pour accueillir un tel centre d'entreposage, d'autres lieux seront probablement concernés ailleurs en France.

Traitement thermique des déchets

La radioactivité n'est pas neutralisée par un traitement thermique, seul le temps la fait diminuer progressivement. Toutefois, le traitement thermique des déchets radioactifs permet d'améliorer le conditionnement et de réduire leur volume.

Le centre nucléaire de traitement et de conditionnement des déchets faiblement radioactifs (Centraco) est une usine de l'entreprise Socodei traitant les déchets métalliques et les déchets combustibles. Centraco fond des ferrailles en provenance d'EDF, de AREVA et d'autres sociétés. Centraco est aussi équipé d'un incinérateur destiné à brûler 5 000 tonnes par an de déchets dits faiblement contaminés provenant de AREVA, EDF et d'autres producteurs.

Explosion de 2011 à la SOCODEI

Le à 11 h 45, l'explosion d'un four de fusion sur l'installation Centraco de la SOCODEI[13] provoque la mort d'un opérateur, et fait un blessé gravement brûlé, transporté à l'hôpital de Montpellier puis à l'hôpital militaire Percy à Clamart, et trois blessés légers sans contamination radioactive[14]. Elle est suivie d'un incendie éteint à 12 h 45[15],[16].

À titre préventif, le plan d'urgence interne[17]est déclenché sur le site, et le personnel reste confiné du fait du risque de dispersion de matières radioactives[16], malgré les déclarations inverses du ministère de l'Intérieur[18]. L’alerte est levée à 16 h[15]. La Ligurie a déclenché un état d’alerte[15].

Les journaux internationaux se font écho de l'évènement, tels CNN ou la BBC qui en font leur une[19],[20]. En France, l'explosion alimente le débat politique sur le poids de la filière nucléaire en France, des personnalités de gauche demandant une sortie, le gouvernement, par la voix de la ministre de l'Écologie, Nathalie Kosciusko-Morizet, venue sur place, minimisant l'accident[14], qui n'a provoqué aucun rejet de matière radioactive à l'extérieur de l'installation selon un communiqué de l'ASN[21].

Cet « accident industriel », selon les mots du porte-parole d'EDF[16], est classé le au niveau 1 sur l'échelle INES par l'ASN, qui relève une sous-évaluation de l'activité des quatre tonnes de déchets métalliques de très faible activité (TFA) contenues dans le four : 30 000 000 Becquerels au lieu des 67 000 Becquerels déclarés initialement par l'exploitant[22]. Le , la CRIIRAD aurait porté plainte contre cette minimisation de l'activité radioactive présente au sein du four[23],[24].

En , l'activité d'incinération des déchets nucléaires, interrompue depuis l'accident du , est relancée[25].

Le , la Socodei est reconnue coupable d’exploitation d’une installation nucléaire de base en violation des prescriptions techniques[26].

En , la société Socodei est mise en examen pour homicide et blessures involontaires, quatre ans après l’explosion accidentelle d’un four de Centraco[27].

Visiatome

Le Visiatome est un musée scientifique. Sur 600 m2 d'exposition, construit sous forme de parcours, le Visiatome vise à répondre aux interrogations du public sur la question des déchets radioactifs et de leur devenir.

Les directeurs de Marcoule

Commissariat à l'énergie atomique et aux énergies alternatives :

  • 1955 - 1968 : Maurice Gervais de Rouville
  • 1968 - 1973 : Michel Molbert
  • 1973 - 1975 : Jean-François Petit
  • 01/1976 - 03/1981 : Michel Gelée
  • 04/1981 - 04/1985 : Antoine Giudicelli
  • 05/1985 - 03/1991 : Albert Teboul
  • 04/1991 - 03/1995 : Claude Vergne
  • 04/1995 - 10/1997 : Michel Lefèvre
  • 11/1997 - 11/2000 : Jean-Yves Guillamot
  • 12/2000 - 09/2002 : Robert Reisse
  • 10/2002 - 12/2007 : Loïc Martin-Deidier
  • 01/2008 - 06/2013 : Christian Bonnet
  • 07/2013 - 01/2020 : Philippe Guiberteau
  • 02/2020 - 07/2021 : Catherine Fillet
  • 08/2021 -  : Michel Bedoucha

ORANO (ex-AREVA, ex-COGEMA) :

  • 01/1976 - 01/1982 : Jacques Bellot
  • 02/1982 - 06/1987 : Mauris Allès
  • 06/1987 - 10/1992 : Jean Charlade
  • 10/1992 - 09/1996 : Hugues Delaunay
  • 09/1996 - 12/1997 : Maurice Mellano
  • 01/1998 - 08/2000 : Patrick Sandevoir
  • 09/2000 - 12/2004 : Claude Berlan
  • 01/2005 - 07/2010 : Frédéric Mas
  • 07/2010 - : Dominique Guilloteau
  • - : Philippe Regnault

Dans la fiction

Notes et références

  1. Plan d'accès avec nom des divisions
  2. Bienvenue sur le site du CEA Marcoule - CEA
  3. [PDF]Plaquette CEA Marcoule en bref
  4. Site de Marcoule - Dialogue avec les parties prenantes locales - Areva
  5. Site de Marcoule - Activités : assainissement et démantèlement - Areva
  6. Félix Gaillard: le président Par Samuel Cazenave, éditions Ginkgo - février 2011
  7. Interview de Pierre Guillaumat, le constructeur de la bombe française, 1986 - Bruno Barrillot – Revue Damoclés no 67 – automne 1995
  8. Rapport d’information par la commission de la défense nationale et des forces armées sur la fin de vie des équipements militaires - Michel Grall - 16 mars 2011, page 16
  9. Cogema Marcoule engage la reconversion du site, Les Echos, 18/10/1993
  10. MARCOULE Areva présente un nouveau simulateur 3D pour la formation - Objectif Gard, 16 octobre 2014
  11. Nabil Wakim, « Nucléaire : la France abandonne la quatrième génération de réacteurs », Le Monde, (lire en ligne, consulté le )
  12. le site gardois de Marcoule - ATALANTE (ATelier Alpha et Laboratoires pour ANalyses, Transuraniens et Études de retraitement) - CEA
  13. VIDEOS. Explosion sur le site nucléaire de Marcoule : «Pas de risque radioactif» (NKM) - Le Parisien du 12 septembre 2011
  14. Claude Askolovitch (avec Gwendoline Dos Santos), « Il ne s'est rien passé à Marcoule, ou presque », Le Point, 13 septembre 2011.
  15. « Explosion dans un « four » à déchets radioactifs » publié dans Ouest-France le 13 septembre 2011. Consulté le 13 septembre 2011.
  16. https://www.20minutes.fr/article/785464/accident-nucleaire-direct-risque-fuite-radioactive-faible, consulté le 12 septembre 2011
  17. Les plans d'urgences sur le site de l'ASN
  18. Site nucléaire de Marcoule : l'accident est terminé - L'Express, 12 septembre 2011
  19. (en)Explosion at French nuclear site kills 1 - CNN, consulté le 12 septembre
  20. http://www.bbc.co.uk/, consulté le 12 septembre
  21. Marcoule : un mort, pas de fuite (ASN) ) - Le Figaro, 12 septembre 2011
  22. Accident industriel de Centraco : l’ASN décide de soumettre à autorisation préalable le redémarrage des fours et classe l’accident au niveau 1 de l’échelle INES sur ASN.fr
  23. [PDF]accident CENTRACO du 12/09/2011 Dépôt de plainte contre la SOCODEI - CRIIRAD - Valence le 26 octobre 2011 - consulté le 14 février 2012
  24. Marcoule : "Chiffres erronés" de radioactivité, la Criirad va saisir la justice - Midi Libre, le 30 septembre 2011
  25. L'usine Centraco redémarre près de Marcoule, France 3 Languedoc-Roussillon, 3 juillet 2012
  26. http://www.sortirdunucleaire.org/Centraco-explosion
  27. Jean-Marc Aubert, « Explosion mortelle à Marcoule : une société mise en examen » [archive du ], sur infos-h24.fr,

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

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