William Degouve de Nuncques

William Degouve de Nuncques est un artiste peintre belge, né le à Monthermé en France et mort le à Stavelot en Belgique.

Pour les articles homonymes, voir Degouve de Nuncques.

Famille

La famille Degouve de Nuncques est une ancienne famille bourgeoise[1]. Un Charles Degouge, né en 1652, est bourgeois d'Arras, dans l'actuel département du Pas-de-Calais. Il fait enregistrer ses armoiries dans l'armorial d'Hozier en 1696 : de sable à une barre d'argent, chargée de trois billettes de sinople. Son fils, Antoine Degouge (1692-1782) est bourgeois , marchand d'Arras et négociant en gros. Son petit-fis, Jacques-François Degouve (1719-1794) bourgeois d'Arras est victime de la Révolution Française en 1794, condamné à mort par Joseph Le Bon.

Biographie


Né dans les Ardennes françaises, William Degouve de Nuncques est issu d'une grande et ancienne famille de la bourgeoisie française où les arts furent toujours à l’honneur. L'un de ses oncles fut préfet de la Seine, un autre conservateur au musée des beaux-arts de Valenciennes et protecteur du sculpteur Carpeaux. William voue une grande admiration à son père, esprit très cultivé, qui l’initie non seulement à l’art et à la littérature mais aussi à la philosophie, aux sciences et à la musique.

Les jeunes années

Ses parents s'installent en 1870 à Spa d'abord, puis à Bruxelles après la guerre franco-prussienne de 1870. Il commence à dessiner très tôt sans jamais suivre d'enseignement artistique à proprement parler, hormis les conseils prodigués par le peintre néerlandais Jan Toorop avec lequel il partage un atelier à Machelen en 1883. Il se lie également avec le peintre Henry de Groux qui le prend comme modèle, entre autres pour la tête de son célèbre Christ aux outrages[2].

La maturité

Les corbeaux, 1925

Encouragé par Rodin, William Degouve de Nuncques expose pour la première fois en 1890 à Bruxelles. Il montre au Salon de Paris de 1894 la toile Place du Warichet à Perwez, peinte en 1889, qui se vend immédiatement. Il épouse la belle-sœur d’Émile Verhaeren, l'artiste-peintre Juliette Massin, renforçant ainsi ses liens avec les milieux symbolistes, dont notamment Fritz Thaulow, Maurice Denis et Pierre Puvis de Chavannes, dont il apprécie les œuvres au climat de sourde mélancolie. La notion d'allégorie rejoint sa conception du symbolisme en alliant suspension du flux temporel, théâtralisation de l'espace voué au spirituel, volonté de sortir de l'histoire et désir de fonction poétique. Il se singularise pourtant de son modèle par un rejet quasi général de la figure humaine, laissant apparaître le recueillement par une mise en retrait de toute individualité.

Il est invité au Salon annuel de 1893 du Groupe des XX où il présente 6 œuvres dont La Maison rose, peinte en 1892[3] et un dessin représentant son ami Henry de Groux. Il rejoint l'association La Libre Esthétique et expose des scènes nocturnes à l'huile ou au pastel dont il a le secret. Ses œuvres s'inspirent de poètes comme Maurice Maeterlinck et revêtent des aspects surnaturels et des climats étranges accentués par les ambiances nocturnes qui préfigurent le surréalisme.

Juste avant la Première Guerre mondiale, il se lance dans une quête mystique qui oriente son art vers des sujets religieux, tandis que son langage symboliste s'allie à une technique un peu plus expressionniste. En 1919, la mort de sa femme le plonge dans un profond désespoir et il arrête de peindre pendant trois ans.

Il s'installe à la fin de sa vie à Stavelot où il se marie en 1930 avec sa deuxième compagne, Suzanne Poulet (divorcée d'Adrien de Gerlache de Gomery). À Stavelot, il peint les paysages ardennais. Il perd l'usage de sa main. Il meurt à Stavelot en 1935 et est enterré au cimetière d'Uccle.

Œuvres (sélection)

  • La Maison rose (appelé aussi La Maison aveugle = erreur, l'épithète "aveugle" s'applique au suivant Le Canal), 1892, Otterlo, musée Kröller-Müller
  • Le Canal(titre correct "Maison aveugle";confusion au moment de transfert de la collection de Mme Kröller à l'État), 1894, huile sur toile, 42,4 × 122,5 cm, Otterlo, musée Kröller-Müller
  • Les Anges de la nuit, huile sur toile, 48 × 60 cm, Otterlo, musée Kröller-Müller
  • Effet de nuit(titre original "Nuit à Bologna", source Debois), 1896, pastel sur papier, 60 × 34 cm, musée communal des beaux-arts d'Ixelles
  • Les Paons, 1896, musées royaux des beaux-arts de Belgique, Bruxelles
  • Le cygne noir, huile sur toile, Otterlo, musée Kröller-Müller
  • Lac de Côme, 1897, pastel sur papier, 80 × 120 cm, Bruxelles, galerie Patrick Derom
  • Nocturne au Parc royal de Bruxelles, 1897, pastel sur papier, 65 × 50 cm, Paris, musée d'Orsay
  • Paysage enneigé avec barge, 1911, Otterlo, musée Kröller-Müller
  • Les amandiers, Baléares, 1902, huile sur toile, 69 x 80 cm, Bruxelles, Musées royaux des Beaux-Arts de Belgique
  • Le Dégel à Stavelot, 1924, musée des beaux-arts de Verviers.
  • Les corbeaux, 1925, huile sur toile, 140 x 104 cm, propriété de l'État belge - dépôt au Musée de l'Ancienne Abbaye de Stavelot, Belgique

Galerie

Notes et références

  1. Pierre-Marie Dioudonnat, Le Simili-Nobiliaire-Français, éd. Sédopols, 2012, p.258
  2. Notice sur le Christ aux outrages.
  3. La Maison rose, Otterlo, Musée Kröller-Müler.

Annexes

Bibliographie

  • Laurent Grison, « Nocturne au Parc royal de Bruxelles (William Degouve de Nuncques) : temps vitrifié et figures absentes », in Cahiers internationaux de symbolisme, Centre interdisciplinaire d’études philosophiques de l’université de Mons (Belgique), no 143-144-145, 2016, p. 351-360

Articles connexes

Liens externes

  • Portail de la peinture
Cet article est issu de Wikipedia. Le texte est sous licence Creative Commons - Attribution - Partage dans les Mêmes. Des conditions supplémentaires peuvent s'appliquer aux fichiers multimédias.