Victor-Amédée II

Victor-Amédée II de Savoie (en italien Vittorio Amedeo II et en piemontais Vitòrio Medeo II), dit « le Renard de Savoie »[1],[2], né à Turin le , mort au château Moncalieri le , est un prince de Piémont et duc de Savoie de 1675 à 1730, roi de Sicile de 1713 à 1720, puis roi de Sardaigne de 1720 à 1730. Il est le fils du duc Charles-Emmanuel II et de Marie-Jeanne-Baptiste de Savoie

Victor-Amédée II

Portrait de Victor-Amédée II de Savoie par Martin van Meytens en 1728.
Titre
Duc de Savoie et prince de Piémont

(55 ans, 2 mois et 22 jours)
Prédécesseur Charles-Emmanuel II
Successeur Charles-Emmanuel III
Roi de Sicile
(Victor-Amédée Ier)

(6 ans, 4 mois et 26 jours)
Prédécesseur Philippe IV
Successeur Charles IV
Roi de Sardaigne

(10 ans, 6 mois et 17 jours)
Prédécesseur Charles III
Successeur Charles-Emmanuel III
Biographie
Dynastie Maison de Savoie
Date de naissance
Lieu de naissance Turin (États de Savoie)
Date de décès
Lieu de décès Moncalieri (Piémont)
Sépulture Basilique de Superga
Père Charles-Emmanuel II de Savoie
Mère Marie-Jeanne-Baptiste de Savoie
Conjoint Anne-Marie d'Orléans
Enfants Marie Adélaïde
Marie-Anne
Marie-Louise
Victor-Amédée
Charles-Emmanuel III
Emmanuel-Philibert


Biographie

Couronnement du roi Victor-Amédée II.

Origine

Victor-Amédée nait le à Turin. Il est le fils de Charles-Emmanuel II, duc de Savoie et prince de Piémont, et de son épouse Marie-Jeanne-Baptiste de Savoie[3]. Marie-Jeanne-Baptiste est la dernière représentante (et héritière) de la branche des Genevois-Nemours[4], duchesse de Genève et d'Aumale.

En , il épouse Anne-Marie d'Orléans, fille de Philippe d’Orléans, frère du roi de France Louis XIV[3],[4]. Elle est également sa cousine[3]. Son père avait épousé en premières noces Françoise-Madeleine d'Orléans (1648-1664), fille de Gaston d’Orléans[4].

Règne

Alors que Victor-Amédée succède à son père en 1675, il n'a que 9 ans et le pouvoir est confié à sa mère Marie-Jeanne de Savoie-Nemours. Durant la régence, le duché évolue dans l'orbite de la France. En 1680, en dépit du fait qu'il ait atteint sa majorité, Victor-Amédée reste tenu écarté du pouvoir[5]. L'influence française est matérialisée par la forteresse de Pignerol, poste avancé français en plein territoire savoyard. Les premiers pas de Victor-Amédée se font contre l'orientation francophile de sa mère. Il peut s'appuyer sur une partie de l'aristocratie du duché qui est opposée à la domination française[5].

Louis XIV pousse à une union avec sa nièce Anne d'Orléans. Le jeune duc n'y est pas opposé voyant dans ce mariage la possibilité d'écarter sa mère du pouvoir. Trois mois après la signature du mariage (), il assume en effet la réalité du pouvoir[5].

Après la révocation de l'édit de Nantes (1685), Louis XIV fait pression sur lui afin qu'il s'en prenne aux vaudois qui étaient venus de France s'établir en Piémont et qui entretiennent des liens avec les huguenots du Dauphiné. Peu enclin à suivre ses directives, Victor-Amédée est néanmoins contraint de signer, le , un édit mettant fin à la tolérance dont bénéficiaient les vaudois et les fait persécuter[5].

Afin d'échapper à la tutelle française, il prend part à la Ligue d'Augsbourg contre la France qui envahit ses États. Son objectif est de récupérer les forteresses de Pignerol et de Casale dans le Montferrat[5]. Il est sévèrement battu à la bataille de Staffarda (1690). Les troupes françaises conquièrent la ville de Suse et dévastent la province[5]. Il envahit le Dauphiné en 1692, mais est à nouveau battu à la Marsaille (1693). il doit signer avec Louis XIV une paix séparée en 1696. La France abandonne Pignerol et les territoires conquis. De son côté, Victor-Amédée promet de céder la Savoie à la France si celle-ci soutient ses revendications sur le Milanais à la mort de Charles II. C'est une étape décisive vers une vocation avant tout italienne du duché. Cette paix conclue avec Louis XIV le met au ban des autres États européens[5]. Par deux mariages, il se lie davantage aux Bourbons, celui entre sa fille Marie-Adélaîde et le duc de Bourgogne, petit-fils de Louis XIV et celui entre sa seconde fille Marie-Louise avec Philippe V roi d'Espagne, autre petit-fils du roi de France.

Allié de la France au début de la guerre de Succession d'Espagne, il se joint à l'Autriche en 1703 à la demande de l'Empereur, mais la plupart de ses États sont occupés par le duc de Vendôme. Une lettre de Louis XIV à Victor-Amédée atteste de leurs relations tumultueuses : « Monsieur, puisque la religion, l'honneur, l'intérêt, l'alliance et votre propre signature ne sont rien entre nous, j'envoie mon cousin le duc de Vendôme à la tête de mes armées pour vous expliquer mes intentions. Il ne vous laissera que 24 heures pour vous déterminer »[6].

Victor-Amédée répond à Louis XIV : « Sire, les menaces ne m'épouvantent point. Je prendrai les mesures qui me conviendront le mieux relativement à l'indigne procédé dont on a usé envers mes troupes. Je n'ai que faire de mieux m'expliquer et ne veux entendre aucune proposition »[7].

Victor-Amédée II.

En 1706, aidé par son cousin Eugène de Savoie, il détruit l'armée française qui avait mis le siège devant Turin, il libère le Piémont. Il envahit le Dauphiné et la Provence , mais cette invasion restera sans lendemain. En , il attaque Toulon, bloqué par les Anglais ; la flotte française se saborde mais, le , les Savoisiens lèvent leur siège. Une nouvelle défaite fait perdre la Savoie à Victor-Amédée. Momentanément brouillé avec l'Autriche en 1709 à qui il reproche de ne pas l'avoir soutenu contre les Français, il garde sa neutralité jusqu'aux traités d'Utrecht (1713) où il finit par faire libérer son duché de Savoie momentanément occupé par l'armée française, recevant de surcroît une partie du Milanais et le royaume de Sicile, ainsi que la titulature royale. Cette île étant trop éloignée pour qu'il puisse la défendre, il doit l'échanger en 1720 avec l'empereur Charles VI contre le royaume de Sardaigne. Durant les négociations du traité de paix, il bénéficie du soutien diplomatique des Anglais qui comptent sur un royaume de Piémont renforcé pour contrebalancer les puissances françaises et autrichiennes en plein essor[5].

Sous son règne, la Sardaigne connaîtra un gouvernement de type absolu, comme ce fut le cas pour beaucoup de pays d'Europe à cette époque. Victor-Amédée adopte un moment les théories gallicanes développées dans la Déclaration des Quatre articles rédigée par Bossuet en 1682, selon lesquelles le pape n'a qu'une autorité spirituelle et ne peut ni juger les rois, ni les déposer. Cette Déclaration est enseignée dans les séminaires des États de Savoie jusqu'à leur condamnation par la papauté.

Par sa politique de retournement d'alliances, Victor-Amédée II est parvenu à renforcer et agrandir ses États. Il ceint la couronne royale et compte parmi les souverains européens. Le Milanais, qui a été donné à l'empereur Charles VI, lui échappe néanmoins[5].

Abdication de Victor-Amedee II Roy de Sardaigne, en faveur du prince Charles-Emmanuel, son fils

Il abdique en faveur de son fils le [8], se retire au château de Chambéry[3]. Déçu par le début de règne de son fils, il tente de reprendre la couronne[3]. Son fils Charles-Emmanuel III, qu'il rencontre à Rivoli en 1731, l'assigne à résidence au château de Moncalieri, où il meurt en 1732[3]. Il est inhumé en la basilique de Superga, à Turin[3].

Arts

Victor-Amédée II a laissé une empreinte importante dans l'architecture de Turin. En 1714, il recrute l'architecte Filippo Juvarra, à qui l'on doit notamment la construction de la basilique de Superga (achevée en 1731) et celle du pavillon de chasse de Stupinigi (1729 à 1731), ainsi que la façade du palais Madame.

Famille

Mariage et enfants

Anne-Marie d'Orléans.

Il épouse en premières noces à Chambéry, le [9], Anne-Marie d'Orléans (1669-1728), fille de Philippe de France, duc d'Orléans et d'Henriette d'Angleterre. Ils ont :

La Famille royale de Savoie en 1697

Veuf en 1728, Victor-Amédée se remarie morganatiquement à Turin le avec Anna Canalis di Cumiana (1679-1769), ensuite marquise de Spigno (1731)[Note 1], fille de Francesco Maurizio Canalis, Conte e Signore di Cumiana, par Monica Francesca San Martino d'Aglié dei Marchesi di San Germano. Ils n'ont pas d'enfants.

Victor-Amédée II eut également une liaison de plus d'une dizaine d'années avec la jeune Jeanne-Baptiste d'Albert de Luynes (1670-1736), fille de Louis-Charles d'Albert, duc de Luynes, et d'Anne de Rohan-Montbazon, et épouse de Joseph Scaglia (mort en 1704), comte de Verua (trame du film La Putain du roi ). Deux enfants furent légitimés et titrés le malgré l'évasion rocambolesque de leur mère vers la France à la fin de l'année 1700 :

Ascendance

Voir aussi

Bibliographie

Articles connexes

Liens externes

Notes et références

Notes

  1. La marquise, veuve Novarina de San Sebastiano, avait au moins un fils avant cette nouvelle union, connu comme le comte de San Sebastiano, qui s'illustre à la bataille d'Assietta en désobéissant à ses supérieurs et en emportant ainsi la victoire ; un fils est nommé Pietro Novarino et hérite du titre de marquis de Spigno en 1769 ; s'agit-il du même ? Un comte Giacinto Canalis de Cumiana est connu à cette époque qui pourrait bien être aussi son fils[réf. nécessaire].

Références

  1. (it) Alessandro Sala, « Vittorio Amedeo II di Savoia, il re che assomigliava a una volpe », publié le sur le site altezzareale.com.
  2. Christian Sorrel, Histoire de la Savoie en images : images, récits, Montmélian, La Fontaine de Siloé, coll. « Les Savoisiennes », , 461 p. (ISBN 2-84206-347-3, lire en ligne), p. 242.
  3. Palluel-Guillard, p. 36.
  4. Fabrice Preyat, « Marie-Adélaïde de Savoie (1685-1712), Duchesse de Bourgogne, enfant terrible de Versailles », Études sur le XVIIIe siècle, vol. XXXXI, , p. 32 (lire en ligne).
  5. Frédéric Le Moal, « Victor-Amédée II de Savoie, l'autre adversaire de Louis XIV », La Nouvelle Revue d'histoire, no 92 de , p. 21-25
  6. Victor de Saint-Genis, Histoire de Savoie, Chambéry, éd. Bonne, 1869, t. 2, p. 425.
  7. Victor de Saint-Genis, Ibid..
  8. « Extrait de la renonciation faite par sa Majesté Victor-Amedee II Roy de Sardaigne, en faveur du prince Charles-Emmanuel, son fils », Paris chez Gonichon, 1730 (Lire en ligne).
  9. Archives départementales des Yvelines - Versailles (Notre-Dame)(BMS 1684-1685 ; vue 6/112) - Mariage par procuration du
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