Louis de France (1682-1712)

Louis de France (1682, château de Versailles1712, Marly), duc de Bourgogne, était le fils de Louis de France (dit le Grand Dauphin) et de Marie-Anne de Bavière. Par analogie avec son père, il est parfois appelé après sa mort le Petit Dauphin. Ses grands-parents maternels étaient Ferdinand-Marie, électeur de Bavière et Henriette-Adélaïde de Savoie, fille de Victor-Amédée Ier, duc de Savoie. Il était l'héritier en seconde ligne de son grand-père paternel Louis XIV mais mourut avant ce dernier. Son plus jeune fils devint le roi Louis XV en 1715.

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Louis de France
Portrait du duc de Bourgogne par Hyacinthe Rigaud, Château de Versailles, entre 1702 et 1703

Titre

Dauphin de France


(10 mois et 4 jours)

Prédécesseur Louis, dauphin de France
Successeur Louis, duc de Bretagne
Biographie
Titulature Fils de France
Duc de Bourgogne (1682-1711)
Dauphin de France
Dynastie Maison de Bourbon
Nom de naissance Louis de France
Surnom « Le Petit Dauphin »
Naissance
Versailles (France)
Décès
Marly (France)
Sépulture Nécropole de Saint-Denis
Père Louis de France
Mère Marie-Anne de Bavière
Conjoints Marie-Adélaïde de Savoie
Enfants Louis de France
Louis de France
Louis XV
Religion Catholicisme

Biographie

Jeunesse

Louis avec son père, sa mère et ses frères.

Louis naît le au château de Versailles. Il est ondoyé le jour de sa naissance dans la chambre de sa mère, en fait celle de madame Colbert où la dauphine s'est installée, par Emmanuel-Théodose de La Tour d'Auvergne, cardinal de Bouillon, et par Nicolas Thibault, curé de l'église Saint-Julien de Versailles, en présence du roi Louis XIV et de Philippe d'Orléans[1]. Il est le premier prince à naître à Versailles, où la Cour venait de s'installer. Enceinte de plusieurs mois, la dauphine avait passé une nuit sans sommeil dans une chambre bruyante et empestant la peinture, d'où elle entendait les ouvriers travailler, avant de s'installer chez madame Colbert pour achever sa grossesse sereinement.

Le , le même jour que ses deux frères Philippe et Charles, Louis est baptisé par l'évêque d'Orléans et premier aumônier du roi Pierre du Cambout de Coislin dans la chapelle royale du château de Versailles, en présence de François Hébert, curé de l'église Notre-Dame de Versailles. Son parrain est le roi Louis XIV et sa marraine est « Madame », Élisabeth-Charlotte de Bavière[2].

Louis était l'héritier en seconde ligne de son grand-père paternel Louis XIV. Le duc de Beauvilliers, gendre de Colbert, est nommé son gouverneur et Fénelon précepteur, avec des sous-précepteurs spécialisés sous lui, et Denis Moreau comme premier valet. Il reçoit une éducation soignée, dont il nous reste notamment des carnets de dessins d'enfants[3].

En ce qui concerne son caractère physique, Élisabeth-Charlotte de Bavière[2] écrit de lui dans ses correspondances ceci : « Le duc de Bourgogne est en outre tout de travers, il a une jambe beaucoup plus courte que l'autre, si bien que, quand il veut se tenir debout, le talon d'un de ses pieds est en l'air et il ne touche le sol qu'avec les doigts de pieds… »

Rôle à la Cour

Le duc de Bourgogne (à droite) avec son grand-père Louis XIV, son père le Grand Dauphin et son fils le duc de Bretagne, accompagné de sa gouvernante.
Louis de France duc de Bourgogne par Joseph Vivien, début du XVIIIe.

Dès 1702, à l'âge de vingt ans, il fut admis par son grand-père Louis XIV au Conseil d'en haut et initié aux secrets d'État concernant la religion, la diplomatie et la guerre, mais il montra peu d'habileté à la guerre échouant dans la campagne de 1708, qu'il commanda en Flandre avec l'assistance du duc de Vendôme, en réalité sous sa conduite autoritaire et fort peu bienveillante, et dans laquelle il eut à combattre Eugène de Savoie et le duc de Marlborough (déroute d'Audenarde).

Le duc de Bourgogne est l'auteur d'un livre de mathématiques, « Élémens de géométrie[4] », dont en 1705 Leibniz fait un compte-rendu élogieux[5].

Il était entouré d'un cercle de personnes, connu comme la faction de Bourgogne, constitué surtout de son ancien précepteur Fénelon (qui composa pour lui ses Fables et son Télémaque), de son ancien gouverneur, du duc de Beauvillier, du duc de Chevreuse (le gendre de Colbert) et du duc de Saint-Simon (l'auteur de fameux mémoires historiques).

Ces aristocrates de rang élevé étaient des réformateurs qui souhaitaient un retour à une monarchie moins absolue où des conseils et des organismes intermédiaires entre le roi et le peuple, constitués uniquement de représentants de la vieille noblesse (et non plus de membres de la noblesse de robe comme ceux qu'avaient nommés Louis XIV) qui « assisteraient » le roi dans l'exercice du pouvoir gouvernemental. Il y avait là cet idéal utopique d'une monarchie contrôlée par l'aristocratie (laquelle s'autoproclamait représentante du peuple) et décentralisée (de larges pouvoirs seraient accordés aux provinces). C'est la politique que le duc de Bourgogne aurait probablement appliquée s'il était devenu roi.

Il succéda à son père comme dauphin après la mort de ce dernier en 1711. Mais sa femme Marie-Adélaïde de Savoie et lui tombèrent malades et moururent à six jours d'intervalle au cours d'une épidémie de rougeole[6], entre le et le . En fait, d'après les mémoires du duc de Saint Simon, il paraît plus probable que la Dauphine ait d'abord succombé à une septicémie provoquée par un abcès dentaire[7] (le tableau clinique décrit par Saint Simon est très évocateur) et d'après le compte rendu de l'autopsie du dauphin décédé 6 jours plus tard, il semble qu'il soit mort d'une septicémie à streptocoque A car ses organes étaient liquéfiés, ce qui concorde avec l'effet de ce microbe. Leur fils aîné, Louis, duc de Bretagne, succomba à la même maladie le suivant. Seul survécut leur plus jeune fils, le duc d'Anjou, alors âgé de deux ans seulement, et qui devint le roi Louis XV en 1715. La mort prématurée du duc de Bourgogne, emporté au château de Marly par la rougeole qui avait tué son épouse six jours plus tôt (on crut à tort qu'il avait été empoisonné), ruina les espoirs de sa faction et d'ailleurs la plupart de ceux qui en faisaient partie moururent bientôt à leur tour de mort naturelle. Pourtant, la Régence, qui commença en 1715, mit en pratique certaines de leurs idées, avec la création de ce qu'on appelait la polysynodie ; mais celle-ci, ayant rapidement montré ses limites, fut abandonnée dès 1718 et on en revint à la monarchie absolue sous la tutelle du régent.

Son cœur fut porté à la chapelle Sainte-Anne (nommée la « chapelle des cœurs » renfermant les cœurs embaumés de quarante-cinq rois et reines de France) de l'église du Val-de-Grâce. En 1793, lors de la profanation de cette chapelle, l'architecte Louis François Petit-Radel s'empara de l'urne reliquaire en vermeil contenant son cœur, le vendit ou l'échangea contre des tableaux à des peintres qui recherchaient la substance issue de l'embaumement ou « mummie »  très rare et hors de prix  alors réputée, une fois mêlée à de l'huile, donner un glacis incomparable aux tableaux[8].

Mariage et descendance

Le , il épouse Marie-Adélaïde de Savoie (1685 - ), fille de Victor-Amédée II, duc de Savoie. Ils eurent trois enfants :

Titulature

Alors que le père Claude-François Ménestrier, expert en héraldique, militait pour que Louis portât pour armes un écartelé de France et de Bourgogne ancien, Louis XIV décida que son petit-fils ne porterait que l'écu de France ; fils aîné du fils aîné, ce prince n'était pas obligé par traité d'écarteler ses armes avec celles de France ; Louis duc de Bourgogne porta le simple écu de France sous une couronne ouverte de prince du sang, jusqu'au jour où le Grand Dauphin mourut et où le roi décida qu'il deviendrait dauphin à son tour, portant les armes delphinales[9].

Ascendance

Notes et références

  • Cet article comprend des extraits du Dictionnaire Bouillet. Il est possible de supprimer cette indication, si le texte reflète le savoir actuel sur ce thème, si les sources sont citées, s'il satisfait aux exigences linguistiques actuelles et s'il ne contient pas de propos qui vont à l'encontre des règles de neutralité de Wikipédia.
  • (en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Louis, Dauphin of France, Duke of Burgundy » (voir la liste des auteurs).
  1. Registre des baptêmes (1682) de l'église Saint-Julien de Versailles, Archives départementales des Yvelines
  2. Registre des baptêmes (1687) de l'église Notre-Dame de Versailles, Archives départementales des Yvelines
  3. Rémi Mathis, « Mais qui est vraiment Soros ? », Ad Vivum. L'estampe et le dessin anciens à la BnF, . Lire en ligne ; à propos de BnF, Estampes, Réserve Ad-12-fol
  4. Élémens de géométrie de Monseigneur le duc de Bourgogne.
  5. Lettre à Sophie de Hanovre, (en ligne).
  6. Les Femmes du Roi-Soleil de Simone Bertière, livre de poche 2010 (p. 509)
  7. Olivier Chaline, L'année des quatre dauphins, Paris, Flammarion, , 218 p. (ISBN 9782081249622), p. 39
  8. André Castelot, L'Histoire insolite, Paris, Perrin, , 427 p. (ISBN 2-262-00248-7), p. 171
  9. Hervé Pinoteau, La symbolique royale française, Ve – XVIIIe siècle, P.S.R. éditions, 2004, p. 518.

Voir aussi

Bibliographie

Articles connexes

Liens externes

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