Traité de Rongbatsa

Les Accords de Chamdo et de Rongbatsa fixent en 1918 la frontière orientale entre la Chine, le Tibet et l'Inde[1].

Accords de Chamdo et de Rongbatsa

Présentation
Titre traité de Rongbatsa de 1918
Pays Royaume-Uni Tibet République de Chine
Territoire d'application Tibet République de Chine
Type Traité
Adoption et entrée en vigueur
Signature 19 août 1918

Contexte

À la suite de l'Expédition militaire britannique au Tibet (1903-1904) et de la convention entre la Grande-Bretagne et le Tibet de 1904, annulant de facto les traités sino-britanniques de 1890 et 1893, les Britanniques obtiennent l'ouverture au commerce des villes de Yadong, Gyantse et Gartok. Un tribut important de 7,5 millions de roupies est réclamé par la Grande-Bretagne au Tibet[2]. La Convention entre la Grande-Bretagne et la Chine relative au Tibet est ensuite signée en . En 1913, après la chute des Qing et la mort de Zhao Erfeng, la convention de Simla réunit Britanniques, Chinois et Tibétains, pour discuter du tracé de la frontière sino-tibétaine et du statut du Tibet[3]

En 1918, Peng Risheng (Peng Jih-sheng), un général chinois de Chamdo (Changdu)[4], envahit la province tibétaine du Kham avec comme objectif Lhassa.

Les troupes tibétaines, bien mieux armées et formées que lors des combats contre Zhao Erfeng (elles ont des fusils britnniques et japonais, les ordres sont donnés en anglais), battent les armées chinoises[5],[6].

Selon Marco Pallis, qui cite le tibétologue Jacques Bacot, au cours des guerres de frontières entre 1906 et 1918, les Chinois attaquent les lamaseries comme au Moyen Âge, en en faisant le siège et sans pitié pour les vaincus. L'armée tibétaine qui combattit en 1918 était commandée par un religieux, le Kalon Lama (Champa Tendar). Sur son ordre, les prisonniers sont traités humainement et sans représailles, à ce qu'affirme sir Eric Teichman[7]. Pour sa part, Laurent Deshayes déclare que nombre de prisonniers chinois sont noyés par groupes de plusieurs dizaines d'hommes au lieu d'être rapatriés en Chine via le Tibet central et l'Inde comme convenu, et que ceux qui sont effectivement rapatriés, doivent défiler à Lhassa derrière les cadavres démembrés de leurs camarades morts en route[6].

Traité de paix

Les Chinois demandent aux Anglais d'user de leur influence pour empêcher les Tibétains d'envahir la Chine. Les Anglais acceptent et interviennent pour limiter l'approvisionnement des Tibétains. Puis ils envoient Eric Teichman, un dirigeant consulaire britannique, engager des négociations avec les Tibétains. Un premier armistice est signé en , puis un deuxième en à Chamdo, où s'est installé Djampa Tendar, fort de son nouveau titre de gouverneur du Kham, ou dotchyi[6]. L'accord tripartite est signé par Eric Teichman, Champa Tendar et le général chinois Liu Tsan-ting le [8],[9],[10].

Le [11], les représentants chinois et tibétains signent un armistice à Rongbatsa qui entérine les conquêtes des armées du Tibet. Les frontières orientales entre le Tibet et la Chine sont repoussées vers l’est[12]. Le Yangtzé est reconnu comme frontière. De plus le Tibet se voit reconnaître deux enclaves sur la rive gauche du fleuve : le Dergue et Baiyü[13],[14] (situées dans l'actuelle préfecture autonome tibétaine de Garzê).

Par la suite, la Chine a désavoué l'accord de Chamdo et l'accord de Rongbatsa[15].

Articles connexes

Notes et références

  1. L'Express, Chronologie du Tibet (649 - 2011).
  2. Convention entre la Grande-Bretagne et le Tibet
  3. Fabienne Jagou, « Vers une nouvelle définition de la frontière sino-tibétaine : la Conférence de Simla (1913-1914) et le projet de création de la province chinoise du Xikang »(ArchiveWikiwixArchive.isGoogle • Que faire ?) In: Extrême-Orient, Extrême-Occident. 2006, N°28, pp. 147-167. « Au cours des différentes phases de négociations engagées à Simla, divers arguments furent avancés par les protagonistes pour parvenir à un éventuel accord. Les Tibétains souhaitaient recouvrer un Tibet composé des trois provinces (Û-Tsang, Amdo et Kham) avec une frontière sino-tibétaine allant de Dartsédo au Kham au nord du lac Kokonor en Amdo. Les Chinois revendiquèrent une frontière interne passant à l'ouest de Gyamda, incluant de la sorte tout l'Amdo et la majeure partie du Kham au territoire chinois. Les Britanniques proposèrent alors de diviser le Tibet en un Tibet Extérieur (Û-Tsang) autonome et un Tibet Intérieur (Amdo et Kham) sous suzeraineté chinoise. Mais, les Tibétains et les Chinois rejetèrent cette proposition. Face à ce double refus, les Britanniques modifièrent leur projet en avril 1914, ne parlant alors que d'une suzeraineté chinoise dite «nominale» sur le Tibet extérieur et «effective» sur le Tibet intérieur. Cette version fut d'abord paraphée par les trois protagonistes, avant que le gouvernement chinois ne se rétracte. Finalement, seuls les Britanniques et les Tibétains la signèrent le 3 juillet 1914. »
  4. (en) Clive Christie, Great Britain, China and the status of Tibet, 1914-21, in Modern Asian Studies, vol. 10, N. 4 (1976).
  5. (en) Warren W. Smith Jr, Tibetan Nation: A History of Tibetan Nationalism and Sino-Tibetan Relations, 1996, Westview Press, (ISBN 978-0813332802), p. 207.
  6. Laurent Deshayes, Histoire du Tibet, Fayard, 1997, p. 278.
  7. Marco Pallis, Cimes et Lamas, Éditions Albin Michel, 1955, p. 176-177.
  8. (en) K. Dhondup, The water-bird and other years : a history of the Thirteenth Dalai Lama and after, Éditeur Rangwang Publishers, 1986, p. 56 : « Erich Teichman of Great Britain's Consular Service negotiated a truce between Chinese General Liu Tsan-ting and Kalon Lama Chamba Tendar. A tripartite Agreement was signed on August 19, 1918 according to which the disputed areas were divided between Tibet and China. China retained the regions to the east of Yangtse, except the areas of Derge and Peyul. »
  9. (en) Agreement for the Restoration of Peaceful Relations Between China and Tibet (1918), 19 août 1918.
  10. (en) Carole McGranahan, Empire and the status of Tibet : British, Chinese, and Tibetan negotiations, 1913-1934 p. 277 et suivantes.
  11. (en) Supplementary Agreement Regarding Mutual Withdrawal of Troops and Cessation of Hostilities Between Chinese and Tibetans (1918), 10 octobre 1918
  12. Jean Dif Chronologie de l'histoire du Tibet : « Les frontières orientales du Tibet avec la Chine sont repoussées vers l’est à la suite de l'armistice de Rongbatsa (Tibet oriental). Les Anglais interviennent cependant afin de modérer les exigences tibétaines. La France s’inquiète pour ses missionnaires des conséquences du passage sous l’administration de Lhassa des lieux où ils évangélisent. Au sortir de la Première Guerre mondiale, les territoires contrôlés par Lhassa recouvrent à peu près ce que sera ultérieurement la Région Autonome du Tibet (RAT). Le reste du Tibet historique, non encore juridiquement intégré à des provinces chinoises, est sous le contrôle des seigneurs de la guerre. »
  13. Alice Travers Chronologie de l'histoire du Tibet : « Accord de Rongbatsa (tib. Rong ba rtse) après la victoire des troupes tibétaines sur les troupes chinoises. Il délimite les frontières orientales du Tibet et de la Chine : le fleuve Yangtsé est reconnu comme frontière avec deux enclaves tibétaines sur la rive gauche ; reconnaissance de fait de l’État tibétain. »
  14. Laurent Deshayes, Histoire du Tibet, Fayard, 1997, pages 278 et suivantes.
  15. (en) Carole McGranahan, (2004). "From Simla to Rongbatsa: The British and the 'Modern' Boundaries of Tibet". The Tibet Journal, p.39-60.
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