Tour de France 1905

Le Tour de France 1905, 3e édition du Tour de France, s'est déroulé du 9 au , sur 11 étapes pour 2 994 km réels sur 3 021 prévus. En raison d'incidents sur la course, certaines étapes sont raccourcies afin d'éviter de rentrer en pleine ville. Contrairement aux éditions précédentes, le classement général n'est plus jugé au temps mais aux points. Cette édition voit l'introduction de la montagne dans le Tour de France. Elle est remportée par le Français Louis Trousselier, qui a également gagné cinq des onze étapes.

Nouveau règlement

Après le Tour de France 1904, certains coureurs ont été disqualifiés, en particulier les quatre premiers du classement général initial, Maurice Garin, Lucien Pothier, César Garin et Hippolyte Aucouturier. Maurice Garin est initialement suspendu pour deux ans et Pothier à vie ; aucun des deux n'est donc au départ au Tour de France 1905. Parmi ces quatre coureurs, seul Aucouturier (qui avait été « averti et réprimandé »), a disputé cette édition du Tour.

En raison des déclassements survenus en 1904, qui ont failli causer la fin du Tour de France, l'édition 1905 connait un certain nombre de changements importants :

  • Les étapes sont raccourcies afin qu'aucun coureur ne roule la nuit.
  • Le nombre d'étapes est passé de 6 à 11, soit près du double par rapport à l'année précédente.
  • Le gagnant est désigné selon un classement aux points et non plus au temps.

Le premier cycliste à franchir la ligne d'arrivée de chaque étape reçoit 1 point. Les autres cyclistes reçoivent un point de plus que le cycliste qui franchit la ligne directement devant eux. De plus, il faut ajouter un point supplémentaire pour chaque tranche d'écart de cinq minutes sur le coureur précédent, avec un maximum de dix points. De cette façon, un cycliste ne pouvait pas obtenir plus de 11 points de plus que le cycliste qui a traversé la ligne d'arrivée juste avant lui.

Pour donner un exemple de ce système de points, le résultat pour les sept premiers coureurs dans la première étape est dans le tableau ci-dessous :

Résultats de l'étape 1
CyclisteTempsDifférence avec
le coureur précédent
Points
supplémentaires
Points
au total
Louis Trousselier11 h 25 min11
Jean-Baptiste Dortignacq+ 3 min3 min12
René Pottier+ 4 min1 min13
Hippolyte Aucouturier+ 26 min22 min58
Henri Cornet+ 26 min0 min19
Augustin Ringeval+ 1 h 40 min74 min1120
Émile Georget+ 2 h 40 min60 min1131

Ainsi, Trousselier reçoit un point comme vainqueur, Dortignac et Pottier étant deuxième et troisième reçoivent respectivement 2 et 3 points. Le quatrième, Aucouturier arrive avec 22 minutes de retard sur le troisième il reçoit alors cinq points supplémentaires (1 point par tranche de 5 minutes de retard), pour un total de 8. Cornet, qui franchit la ligne juste après, moins de 5 minutes après Aucouturier, concède un seul point de plus, soit 9 points. Le sixième, Auguste Ringeval, avec ses 74 minutes de retard, devrait recevoir 15 points supplémentaires. C'est plus que le maximum de 11 points, de sorte que Ringeval reçoit 20 points après cette première étape. Même chose pour Georget : bien qu'il concède 60 minutes de retard (soit 13 points), il ne reçoit que 11 points supplémentaires.

Principaux coureurs

Après que Maurice Garin a été interdit de départ du Tour, le favori par rapport aux résultats des éditions précédentes est Hippolyte Aucouturier. Bien que Louis Trousselier vienne de remporter Paris-Roubaix, il ne compte pas parmi les favoris.

Le peloton est plus que jamais français avec seulement deux coureurs étrangers présents sur l'épreuve : les Belges Julien Lootens (20e au classement général) et Aloïs Catteau (11e au classement général).

Déroulement de la course

Malgré les changements de règles, on retrouve encore des mécontents parmi les spectateurs. C'est ainsi que lors de la première étape, tous les coureurs, excepté Jean-Baptiste Dortignacq crèvent leur pneu en raison d'un déversement de 125 kg de clous le long de la route. La première étape est finalement remportée par Louis Trousselier. En cette période, il sert l'armée française et a donc demandé à son commandant un congé exceptionnel pour disputer le Tour de France, ce qui n'est autorisé que pour 24 heures. Après sa victoire lors de cette première étape et sa première place au classement, le congé est prolongé jusqu'à la fin du Tour. Des 60 cyclistes au départ de cette étape, seulement 16 ont rallié la ligne d'arrivée dans les délais, 15 autres sont arrivés après les délais et le reste ont pris le train. L'organisateur du Tour Henri Desgrange veut faire quitter la course aux coureurs hors-délais, mais ces derniers le persuadent de ne pas le faire. Desgrange accepte et tous les cyclistes peuvent repartir le lendemain.

René Pottier, le premier coureur à franchir un col sur Tour de France.

Dans la deuxième étape, la première grande ascension de l'histoire du Tour, le col du Ballon d'Alsace, est au programme. René Pottier franchit le col sans descendre du vélo à vitesse moyenne de 20 km/h. Pottier termine deuxième de l'étape derrière Hippolyte Aucouturier, mais il prend la tête du classement général.

Dans la troisième étape, Pottier doit abandonner en raison d'une tendinite. Trousselier remporte cette troisième étape et reprend la tête du classement général.

Dans la quatrième étape, la côte de Laffrey et le col Bayard sont grimpés, il s'agit des deuxième et troisième cols du Tour de France. Julien Maitron atteint le premier les sommets des deux côtes, mais c'est Aucouturier qui remporte l'étape. Trousselier termine à la deuxième place et conserve la tête du classement général. Il augmente par la suite son avance en remportant la cinquième étape et en terminant troisième de la sixième étape.

Lors de la septième étape qui arrive à Bordeaux, Trousselier crève après seulement quelques kilomètres. Le reste du peloton s'éloigne rapidement de lui et Trousselier n'a pas d'autre choix que de les suivre seul pendant 200 kilomètres. À quelques kilomètres de la ligne d'arrivée, Trousselier rejoint finalement les coureurs en tête et il réussit à gagner l'étape.

Louis Trousselier, le vainqueur du Tour de France 1905.

Louis Trousselier maintient son avance jusqu'à la fin du Tour de France, remportant au total cinq étapes. Trousselier a été accusé par la suite d'avoir un mauvais esprit sportif (il aurait brisé les encriers d'un poste de contrôle afin d'empêcher ses adversaires de signer), mais contrairement au Tour de France 1904 il n'y eut aucun déclassement important après la fin de la compétition.

Résultats

Les étapes

Trois cyclistes se sont partagé les victoires d'étape.

Étape[1],[2] Date Villes étapes Distance (km) Vainqueur d’étape Leader du classement général
1re étape9 juilletParisNancy
340 Louis Trousselier (en 11 h 25 min 0 s) Louis Trousselier
2e étape11 juilletNancyBesançon
299 Hippolyte Aucouturier (en 10 h 11 min 0 s) René Pottier
3e étape15 juilletBesançonGrenoble
327 Louis Trousselier (en 11 h 14 min 0 s) Louis Trousselier
4e étape16 juilletGrenobleToulon
348 Hippolyte Aucouturier (en 13 h 19 min 45 s) Louis Trousselier
5e étape18 juilletToulonNîmes
192 Louis Trousselier (en 7 h 24 min 0 s) Louis Trousselier
6e étape20 juilletNîmesToulouse
307 Jean-Baptiste Dortignacq (en 12 h 7 min 45 s) Louis Trousselier
7e étape23 juilletToulouseBordeaux
268 Louis Trousselier (en 10 h 12 min 40 s) Louis Trousselier
8e étape25 juilletBordeauxLa Rochelle
257 Hippolyte Aucouturier (en 8 h 25 min 45 s) Louis Trousselier
9e étape27 juilletLa RochelleRennes
263 Louis Trousselier (en 10 h 25 min 45 s) Louis Trousselier
10e étape29 juilletRennesCaen
167 Jean-Baptiste Dortignacq (en 6 h 33 min 1 s) Louis Trousselier
11e étape30 juilletCaenParis
253 Jean-Baptiste Dortignacq (en 7 h 30 min 0 s) Louis Trousselier

Note : en 1905, il n'y a aucune distinction entre les étapes de plaine ou de montagne ; les icônes indiquent simplement la présence ou non d'ascensions durant l'étape[3].

Classement général

Initialement, 78 coureurs sont inscrits à la course. Dix-huit d'entre eux n'ayant finalement pas pris le départ, le Tour a débuté avec 60 coureurs, dont l'ancien vainqueur Henri Cornet et les futurs vainqueurs René Pottier et Lucien Petit-Breton.

Classement général final[4]
  Coureur Pays Équipe Point(s)
1er Louis Trousselier France Peugeot–Wolber 35 points
2e Hippolyte Aucouturier France Peugeot–Wolber 61 pts
3e Jean-Baptiste Dortignacq France Saving 64 pts
4e Émile Georget France JC Cycles 123 pts
5e Lucien Petit-Breton France JC Cycles 155 pts
6e Augustin Ringeval France JC Cycles 202 pts
7e Paul Chauvet (en) France Griffon 231 pts
8e Philippe Pautrat France JC Cycles 248 pts
9e Julien Maitron France Peugeot–Wolber/Griffon 255 pts
10e Julien Gabory France JC Cycles 304 pts

Autres classements

Pautrat remporte le classement des « machines poinçonnées ».

L'Auto nomme René Pottier meilleur grimpeur. Ce titre qui n'est pas officiel est le précurseur du Grand Prix de la montagne.

Retombées

Les organisateurs du Tour ont apprécié le système de points mis en place pour le classement général. Ils l'ont conservé jusqu'au Tour de France 1912, où le classement au temps est réintroduit. En 1953, pour les 50 ans du Tour de France, le système de classement par points est réintroduit comme classement par points annexe. Son vainqueur reçoit un maillot vert. Ce classement par points est resté en place depuis.

L'introduction de la montagne dans le Tour de France a également été un succès. Si le Tour de France 1905 ne comprenait que les Vosges, le Massif central est grimpé pour la première fois en 1906, puis les Pyrénées en 1910 et les Alpes en 1911. Le vainqueur de cette édition, Trousselier, n'a plus jamais remporté le Tour de France, mais il a remporté huit autres étapes et terminé sur le podium l'année suivante.

Pour L'Auto, le journal organisateur du Tour de France, la course a été un succès : les ventes ont augmenté de 100 000 exemplaires.

Liste des coureurs

60 coureurs sur les 78 inscrits prennent le départ. Les coureurs ne sont pas regroupés en équipes, mais la plupart d'entre eux sont accompagnés par un sponsor individuel. Deux des cyclistes - Catteau et Lootens - sont Belges, tous les autres cyclistes sont Français, dont le tenant du titre Henri Cornet et les futurs lauréats René Pottier et Lucien Petit-Breton. Avant le début du Tour, Wattelier, Trousselier, Pottier et Augereau sont considérés comme les prétendants les plus probables à la victoire.

Pays Nom du coureur
France J. Mechin
France Henri Pépin
France Camille Fily
France Léon Riché
France Léon Leygoute
France Pierre Desvages
France Philippe Pautrat
France Henri Lignon
France Félix Bernard
France Jean-Baptiste Fischer
France René Pottier
France Hippolyte Aucouturier
France Louis Trousselier
France Jules Chosson
France Joseph Delporte
France Charles Habert
France Gustave Pasquier
France Julien Gabory
France Augustin Ringeval
France Maurice Carrère
France Gustave Guillarme
France Henri Richard
France Charles Prévost
France Francis Gouspy
France Jean Dargassies
France Noël Prévost
France Jean-Baptiste Dortignacq
France Fernand Lallement
France Pinchau
France Eugène Ventresque
Pays Nom du coureur
France Marcel Morvan
France Henri Cornet
France Martin Soulié
France Antoine Perrichon
France Clovis Lacroix
France Henri Gauban
France Maurice Chedebois
France Auguste Daumain
France Georges Sérès
France Louis Lavalette
France Henri Marchand
France Gabriel Bamonde
France Auguste Laprée
France Émile Georget
France Germain Fourchotte
France Paul Chauvet
France Henri Vigne
France Julien Maitron
France Antony Wattelier
France Auguste Théo
Belgique Julien Lootens
France Édouard Grandsire
France Édouard Wattelier
France Élie Mogne
Belgique Aloïs Catteau
France Léon Habets
France Paul Trippier
France Jean Ruffin
France Maurice Decaup
France Lucien Petit-Breton

Références

Voir aussi

Bibliographie

Liens externes

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