Thibaut Ier de Navarre
Thibaut Ier de Navarre, aussi connu sous le nom de Thibaut IV de Champagne, puis « Thibaut le Chansonnier »[1], né le à Troyes et mort le à Pampelune, est comte de Champagne de 1201 à 1253 et roi de Navarre de 1234 à 1253.
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Thibaut Ier | |
Titre | |
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Roi de Navarre | |
– (19 ans, 3 mois et 7 jours) |
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Couronnement | , en la cathédrale de Pampelune |
Prédécesseur | Sanche VII |
Successeur | Thibaut II |
Comte de Champagne | |
– (52 ans, 1 mois et 14 jours) |
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Prédécesseur | Thibaut III |
Successeur | Thibaut V |
Biographie | |
Dynastie | Maison de Blois-Champagne |
Date de naissance | |
Lieu de naissance | Troyes (Champagne) |
Date de décès | |
Lieu de décès | Pampelune (Navarre) |
Sépulture | Cathédrale Sainte-Marie de Pampelune |
Père | Thibaut III de Champagne |
Mère | Blanche de Navarre |
Conjoint | Gertrude de Dabo (1220-1222) Agnès de Beaujeu (1222-1231) Marguerite de Bourbon (1232-1253) |
Enfants | Avec Agnès de Beaujeu Blanche de Navarre Avec Marguerite de Bourbon Éléonore de Navarre Thibaut II de Navarre Pierre de Navarre Béatrice de Navarre Henri Ier de Navarre Marguerite de Navarre Guillaume de Navarre |
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Monarques de Navarre Comtes de Champagne |
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Le comte de Champagne
Il était fils de Thibaud III, comte de Champagne, et de Blanche de Navarre. Son parrain fut Philippe Auguste, roi de France qui l'éduqua à la cour. Il y fut confié aux bons soins de Blanche de Castille, épouse du prince héritier, le futur Louis VIII, cousine de son père par Aliénor d'Aquitaine et petite-cousine de sa mère par les couples García V de Navarre - Marguerite de l'Aigle et Alphonse VII de Castille - Bérengère de Barcelone.
Après que la succession lui eut été contestée par un cousin (Guerre de succession de Champagne, 1216-1221), Thibaut prit en main l'administration de ses États.
En 1224, il participa aux campagnes de Louis VIII contre les Anglais, et notamment au siège de La Rochelle, puis contre les Cathares, mais quitta la croisade une fois effectués les quarante jours de service requis, au grand mécontentement du roi.
En 1228, il servit de négociateur, avec l'accord du comte de Toulouse, dans l'élaboration du projet de traité de Paris, qui mettra fin à la croisade des Albigeois.
En 1234, Thibaut reçut la couronne de Navarre, après la mort de Sanche VII le Fort, son oncle, frère de sa mère Blanche de Navarre.
En 1234, Thibaut vendît les hommages de Sancerre, mais aussi de Blois, à Louis IX.
Pendant la minorité de Louis IX, Thibaut rassembla autour de lui quelques « Barons » formant une ligue des grands vassaux qui voulaient s'opposer au sacre du jeune roi, mais les trahissant, il se rendit rapidement auprès du roi et se soumit. Ses alliés, indignés de cette défection, se jetèrent aussitôt sur son comté qu'ils ravagèrent et ils en auraient pris la capitale, Troyes, si l'armée royale n'était venue la secourir. Les rebelles, poursuivis jusqu'à Langres, y furent dispersés[2].
En 1239, à la suite de l'appel du pape Grégoire IX, il conduisit une croisade en Terre sainte.
En 1240, la légende veut qu'il ait rapporté de Damas « dans son heaume », le rosier dit « de Provins », de son nom latin rosa gallica officinalis (ce qui semble peu probable de par l'absence de sources écrites, et du fait que la variété était déjà cultivée par les Romains), il rapporta également un morceau de la Vraie Croix et la tradition veut qu'il en ait rapporté le cépage Chardonnay qui entre dans la composition du champagne.
Au cours de sa vie, il composa de nombreuses chansons et poésies qu'il faisait peindre sur les murs de ses palais de Troyes et de Provins. Ceci lui valut le qualificatif de « chansonnier ». Il est l'auteur de 71 compositions lyriques variées (dont 37 chansons d'amour) dans lesquelles il fait montre d'une grande virtuosité technique et verbale (il apprécie jeux de mots, pointes, métaphores filées et allégories) ainsi que d'une certaine désinvolture ironique envers la matière courtoise. Thibaut de Champagne est le trouvère le plus célébré de son temps. Il sera au siècle suivant salué par Dante comme un précurseur (De Vulgari Eloquentia).
Le roi de Navarre
Comme il était le fils de Blanche de Navarre, sœur du roi Sanche VII le Fort, à la mort de ce dernier les Navarrais ne tinrent aucun compte de la volonté du roi, qui avait désigné Jacques Ier d'Aragon comme son successeur ; ils appelèrent Thibaut de Champagne qui, un mois après la mort de son oncle, se présenta à Pampelune, où il jura fidélité aux Fueros du royaume, fournissant ainsi à la couronne de Navarre une dynastie bien installée de puissants vassaux dans le nord du royaume de France. C'est ainsi qu'est établie la « Maison de Champagne ».
Des traités furent conclus avec la Castille, l'Aragon et l'Angleterre, permettant au nouveau souverain de consolider sa couronne. Il gouverna avec l'aide de nobles venus de Champagne qui reçurent des charges importantes. Il réduisit l'importance des fiefs non héréditaires, les tenencias, comme divisions territoriales et créa quatre grands districts confiés à des merinos, à qui il attribua des fonctions fiscales et relevant de l'ordre public. Il établit ses lois par écrit, élaborant un Cartulario Magno où elles figuraient toutes, et il commença la compilation des traditions juridiques de la monarchie navarraise connue sous le nom de « Fuero General ».
Pour obtenir l'appui de la Castille, il négocia le mariage de sa fille Blanche avec Alphonse, le futur Alphonse X le Sage. Par ce traité, Ferdinand III le Saint offrait à Thibaut les terres de Guipuscoa à titre viager, mais pas celles d'Alava comme Thibaut l'aurait voulu. Ainsi le royaume de Navarre aurait eu un accès naturel à la mer Cantabrique. Ce traité, qui ne fut pas appliqué, aurait entraîné l'incorporation de la Navarre à la Castille. Il semble que l'année suivante Thibaut ait promis sa fille Blanche au duc de Bretagne.
En 1238, il dirigea la Croisade des barons en Terre sainte. Malgré sa défaite, les querelles entre les musulmans lui permirent de signer la paix et d'obtenir pour les chrétiens Jérusalem, Bethléem et Ashkelon. Il revint de la croisade à la fin de 1240 et passa une grande partie de son règne à des voyages continuels entre Navarre et Champagne.
Il eut d'importants différends avec l'évêque de Pampelune, Pedro Jimenez de Gazólaz, et refusa de répondre devant les tribunaux pontificaux. Un concile provincial tenu en 1250 alla jusqu'à l'excommunier, mais le pape lui accorda un privilège spécial selon lequel, sans mandat du Saint-Siège, personne ne pouvait excommunier le roi.
Thibaut était connu par le surnom de « Troubadour » en raison de son talent de poète. Profitant de sa position sur le chemin de Saint-Jacques, la musique, quel que soit son genre, était florissante dans sa cour, reliée à la cour pontificale d'Avignon ainsi qu'à Paris[3].
Il meurt en Navarre, à Pampelune, le à l'âge de 52 ans, au retour d'un de ses voyages en Champagne, et fut enterré dans la cathédrale de Pampelune.
Thibaut est connu comme troubadour non seulement parce qu'il aimait écrire, mais parce que ses poèmes chantés étaient d'un mérite exceptionnel, et avant même la fin de la croisade de 1238-1240, il écrivait encore. Il fut le premier à mettre par écrit les droits et les libertés du royaume dans ce qu'on a appelé le fuero antiguo, et au cours de son règne il les compila tous, les traditionnels comme les nouveaux.
- Thibaut de Champagne.
- Thibaut le Chansonnier.
Unions et descendance
Vers 1220, il épousa Gertrude de Dabo (1204 † v. 1225), fille d'Albert II de Dabo-Moha, comte de Dabo, de Moha et de Metz, et veuve de Thiébaud Ier, duc de Lorraine, en espérant s'approprier le comté de Metz. Après l'échec de cette tentative, il répudia Gertrude.
En 1222, il épousa en secondes noces Agnès de Beaujeu, sœur d'Humbert V de Beaujeu et cousine du futur Saint-Louis, qui fut sa compagne de jeux à la cour de France. Elle mourut en 1231. Elle était fille de Guichard IV, sire de Beaujeu et de Sibylle de Hainaut, fille de Baudouin V de Hainaut. Ils eurent :
- Blanche (1226 † 1283), mariée en 1236 avec Jean Ier le Roux († 1286), duc de Bretagne, d'où (entre-autres) :
En 1232, il épousa en troisièmes noces Marguerite de Bourbon, fille d'Archambaud VIII, seigneur de Bourbon et d'Alix de Forez qui lui donnera :
- Thibaut II (1238 † 1270), comte de Champagne et roi de Navarre ;
- Pierre (1241-1265), vicomte de Muruzabal, en Navarre ;
- Éléonore (1242, † jeune) ;
- Marguerite (1244-1306), mariée en 1255 à Ferry III († 1302) duc de Lorraine, d'où (entre-autres) :
- Béatrice (1246-1295), mariée en 1258 à Hugues IV (1212 † 1272), duc de Bourgogne, d'où (entre-autres) :
- Isabelle de Bourgogne, impératrice (1284-1291) ;
- Henri Ier le Gros (1249-1274), comte de Champagne et roi de Navarre ;
- Guillaume (1250-1267), religieux.
Thibaut Ier eut aussi plusieurs enfants nés hors mariage :
- Alix, mariée en 1242 à Álvar Pérez de Azagra, seigneur d'Albarracín ;
- Marquise, mariée à Pierre d'Aragon, seigneur de Híjar ;
- Bérengère, religieuse à Pampelune.
Ascendance
Notes et références
- Ou encore « Thibaut le Posthume »
- Émile Jolibois, Histoire de la ville de Chaumont
- Bourligueux, Guy, « Higinio Anglés, Historia de la música medieval en Navarra (Obra póstuma). Présentation de Fernando Remacha », Bulletin hispanique, Persée - Portail des revues scientifiques en SHS, vol. 78, no 1, , p. 177–178 (lire en ligne , consulté le ).
- Collection CHG 42 de la bibliothèque municipale de Reims
Voir aussi
Bibliographie
- Paul Flamant, Thibaut le chansonnier, fabliau en 2 actes -en vers-, Eugène Figuier éditeur, Paris, 1927
- Les Chansons de Thibaut de Champagne, roi de Navarre, édition critique, Axel Wallensköld, Edouard Champion éditeur, Paris, 1925
- Claude Taittinger, Thibaut le Chansonnier : Comte de Champagne, Paris, Perrin, , 323 p. (ISBN 978-2-262-00438-5)
- (en) Christopher Callahan et Daniel E. O’Sullivan, « Melodic Variance in the Songs of Thibaut de Champagne », Variants, vol. 12-13, , p. 11-33 (lire en ligne, consulté le )
- Gaston Raynaud, « Le chansonnier Clairambault de la Bibliothèque nationale », Bibliothèque de l'école des chartes, vol. 40, no 1, , p. 48-67 (lire en ligne, consulté le )
- Thibaut de Champagne, Les Chansons. Textes et mélodies, édition bilingue établie, traduite, présentée et annotée par Christopher Callahan, Marie-Geneviève Grossel et Daniel E. O'Sullivan, Paris, éditions Honoré Champion, coll. « Champion classiques. Moyen Âge » no 46, 2018 (ISBN 978-2-7453-4800-5)
Articles connexes
Liens externes
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