Théâtre gallo-romain des Bouchauds

Le théâtre gallo-romain des Bouchauds est situé sur le territoire de la commune de Saint-Cybardeaux, dans le département de la Charente, le long de la via Agrippa (Saintes-Lyon) dite Chemin des Romains ou Chemin chaussé. Les ruines du théâtre gallo-romain des Bouchauds sont au cœur d’une concavité naturelle dans le flanc d’une colline qui accueille un sanctuaire à son sommet.

Théâtre gallo-romain des Bouchauds
Sermanicomagus ?

Le théâtre vu depuis la rampe d'accès ouest
Localisation
Pays Empire romain
Province romaine Haut-Empire : Gaule aquitaine
Bas-Empire : Aquitaine seconde
Département Charente
Commune Saint-Cybardeaux
Type Sanctuaire rural et Théâtre romain
Coordonnées 45° 46′ 54″ nord, 0° 00′ 22″ ouest
Altitude 154 m
Superficie 0,04 ha
Géolocalisation sur la carte : Empire romain
Théâtre gallo-romain des Bouchauds
Histoire
Époque Antiquité (Empire romain)

Il date du Haut Empire romain.

Situation géographique

Deux anciennes voies romaines passaient à proximité du site. À km au sud, la voie d'Agrippa de Saintes à Lyon par Limoges et Clermont va d'est en ouest et passe au bourg de Saint-Cybardeaux. L'autre voie partait du site au sud-est vers Angoulême (Iculisma) et Périgueux (Vesunna) et peut-être se prolongeait au nord-ouest vers Aulnay (Avedonacum)[1]. Les deux voies se croisaient au sud-est du site à 500 m au sud-ouest de Dorgeville[2].

Le site occupe par ailleurs un point culminant local, 154 m, dominant la vallée de la Charente qui passe à km au nord-est, et la vallée de la Nouère au sud-ouest[2].

Une identification incertaine

La position carrefour du site a pu justifier l'existence d'un marché et d'une agglomération, peut-être le Sermanicomagus (ou Germanicomagus) de la Table de Peutinger[1].

Historique

Théâtre gallo-romain

Le site du théâtre gallo-romain est découvert en 1865 par Jean Gontier, qui y entreprend des fouilles sur ses propres deniers, et bataille avec succès pour en acquérir la maîtrise foncière et obtenir le classement au titre des monuments historiques par arrêté du [3]. N'est d'abord dégagée qu'une petite partie du théâtre, nommé par les habitants des environs le château des Fades (château des fées)[4]. Mais ce théâtre, une fois découvert, se dégrade rapidement, et Gontier tente en vain de le faire racheter par l'État, le Conseil général de la Charente et la Société archéologique et historique de la Charente.

Jean Gontier vend peu à peu tous ses biens pour financer les travaux. Pour demeurer le plus près possible du site, il s'installe dans le village de Dorgeville dans une maison (dont certains éléments structuraux -notamment son très ancien puits intérieur- font penser qu'elle fut probablement construite sur les fondations de l'une des anciennes villas romaines des environs), prêtée par un généreux passionné, Augustin Berland (la maison est aujourd'hui occupée par Madame Granet, descendante de la famille d'alors). Note : de nombreuses maisons du village de Dorgeville ont été construites grâce à des pierres et éléments architecturaux rapportés du théâtre, du sanctuaire et des nombreux bâtiments gallo-romains environnants. Ce recyclage contribuant à leur disparition en surface. Hors saison de fouilles, lorsqu'elle vient travailler sur le site, l'actuelle archéologue en charge des Bouchauds, Lucie Carpentier, demeure dans cette maison.

Epuisé et ruiné, Jean Gontier s'éteint dans cette maison en mettant fin à ses jours le 28 mai 1894. Il est inhumé sur le site du théâtre, en son point le plus haut.

Après sa disparition, le site est racheté en 1900 par Solange Laporte-Bisquit, épouse du sénateur-maire de Jarnac, et fille de l'amateur d'art et mécène bien connu, Adrien Dubouché de Limoges. Elle s'attache les services de Camille de La Croix, jésuite belge qui vient de fouiller le temple, les thermes romains et le théâtre antique de Sanxay, et qui publie ses observations en 1907. Les fouilles reprennent sur le plateau surplombant le théâtre, puis sur le théâtre lui-même, de 1974 à 1995[5].

Ces fouilles archéologiques ont révélé la présence de vestiges d'une agglomération secondaire qui pourrait être Sermanicomagnus (ou Germanicomagus) et se compose d'un ensemble d'habitations, d'un sanctuaire et du théâtre[6].

Description

Le théâtre

Le théâtre gallo-romain des Bouchauds au diamètre de 105,60 mètres, est le plus grand d'Aquitaine, plus grand notamment que le théâtre d'Orange d'un diamètre de 104 mètres. Il pouvait accueillir plus de 5 000 personnes à 6 000 personnes[6]. Il a été creusé et construit au flanc de la colline tandis que le sanctuaire est à son sommet.

Le théâtre a été aménagé sur le flanc nord-est d'une butte de calcaires d'âge kimméridgien supérieur (partie supérieure de la période Jurassique)[7].

La cavea, l'espace qui recevait les spectateurs, est divisée en deux demi-couronnes. Elle est limitée en bas par un muret, au-dessus de trois rangées de gradins en pierre situés dans l'orchestre. Le père de la Croix n'a pas trouvé de gradins en pierre dans la cavea mais la présence de nombreux clous lui a fait supposer que le public s'asseyait sur des gradins en bois[8]. L'espace semi-circulaire au pied de la cavea, nommé l'orchestra, a une surface considérablement réduite par l'empiètement de la scène, d'une taille inhabituelle dans ce type d'édifice rural.

Le théâtre fut construit au début du Ier siècle, mais des aménagements sous forme de rangées de gradins dans l'orchestre et de passages entre l'orchestre et la cavea datent du IIIe siècle.

Le sanctuaire

Le sanctuaire avec les fondations du temple octogonal.

Situé au sommet de la colline, en haut du théâtre, il est composé de deux ensembles, dont l'un date du Ier siècle et l'autre de la fin du IIe siècle ou du début du IIIe siècle.

Le premier ensemble, situé à l'est, comporte dans un espace rectangulaire limité par des murs un temple rectangulaire et un temple octogonal. Le second comporte deux petits temples carrés dans un vaste espace.

Il n'a été retrouvé aucune inscription, mais une statue de Mercure en argent doré à la feuille d'or[6].

Plus de 180 pièces de monnaies ont été découvertes, dispersées à l'intérieur et autour du temple octogonal[8]. Les plus anciennes sont datées de la deuxième moitié du Ier siècle av. J.-C., ce qui laisse supposer que les lieux étaient déjà occupés à la fin de la période gauloise. Le reste du monnayage s'étale sur environ deux siècles jusqu'à Marc Aurèle.

Les Gaulois avaient l'habitude de tourner en procession autour de la statue de la divinité pendant leurs dévotions. Ils jetaient des pièces de monnaie en offrande à la divinité en faisant un vœu.

Vue du ciel à 70m de hauteur environ
Vue panoramique à 80 m de hauteur

Le sanctuaire est aussi classé monument historique depuis 1992[9].

L'habitat

Il n'a pas encore été fouillé.

Des sondages ont permis de découvrir des thermes.

Vocation du sanctuaire et du théâtre

On ignore le nom des divinités qui étaient vénérées dans le sanctuaire[8]. La découverte de la statue de Mercure ne nous apporte aucune certitude, bien que Mercure fut la principale divinité vénérée en Gaule.

Le théâtre semblait voué au culte de l'empereur comme le laisse penser une inscription sur un bloc de pierre, trouvé en contrebas du théâtre. On y lit sur une face la dédicace Caesari « à César », nom générique de tous les empereurs, et sur l'autre face Andoerus, un nom typiquement gaulois, vraisemblablement celui du dédicant.

De toute évidence, le théâtre n'est pas un bâtiment voué aux loisirs mais à des cérémonies religieuses. Associé à des sanctuaires de tradition celtique, il était lié au culte impérial. Lors des cérémonies, les sujets partaient probablement du sanctuaire pour se rendre en procession au théâtre et y assister à des sortes de mystères joués par des troupes d'acteurs dans l'orchestra et non sur la scène comme dans un théâtre classique romain tel celui d'Orange[8].

Le site des Bouchauds offre donc une superbe illustration de ce que fut le monde gallo-romain, mélange de tradition celtique et de nouveautés apportées par les conquérants.

Visites et animations

Les visites sont libres toute l'année.

L'été sont organisées des visites guidées, des visites archéologiques thématiques, des animations et les nuits gallo-romaines.

Le théâtre est aussi le cadre des Sarabandes des Bouchauds

Notes et références

  1. Auguste-François Lièvre, Les chemins gaulois et romains entre la Loire et la Gironde, Niort, L.Clouzot, , 2e éd., 127 p. (présentation en ligne), p. 72.
  2. Carte IGN (accessible en cliquant sur les coordonnées)
  3. « Théâtre des Bouchauds », notice no PA00104497, base Mérimée, ministère français de la Culture
  4. Bulletin de la Société archéologique et historique de la Charente, 4e série, t. VII, pp. 310-328
  5. Charente, Encyclopédie Bonneton, avec la collaboration de Jean-François Tournepiche, conservateur au musée d'Angoulême, chargé de l'archéologie, 2009, (ISBN 978-2-86253-463-3)
  6. Les Bouchauds, site du Conseil Général
  7. Bourgueil B., Hantzpergue P., Moreau P. (1986) – Notice explicative, Carte géologique de la France (1/50.000), feuille de Matha (684). Orléans BRGM, 26 p.
  8. François Thierry (dir.), Les ruines gallo-romaines des Bouchauds à Saint-Cybardeaux (Charente), Germanicomagus, Société des Amis du Théâtre gallo-romain des Bouchauds,
  9. « Sanctuaire des Bouchauds », notice no PA00104588, base Mérimée, ministère français de la Culture

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

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