Théâtre antique d'Orange

Le théâtre antique d'Orange, construit sous le règne d'Auguste au Ier siècle av. J.-C. par les vétérans de la IIe légion de Jules César, est un des théâtres romains les mieux conservés au monde. Il dispose encore d'un impressionnant mur extérieur avec l'élévation d'origine (104 m de long pour 35 m de haut).

Théâtre antique et ses abords et « arc de triomphe » d'Orange *

Théatre Antique d'Orange
Coordonnées 44° 08′ 09″ nord, 4° 48′ 32″ est
Pays France
Subdivision Vaucluse, Provence-Alpes-Côte d'Azur
Type Théâtre romain
10 000 places
Critères (iii) (vi)
Superficie 9,45 ha
Zone tampon 232 ha
Numéro
d’identification
163
Zone géographique Orange **
Année d’inscription 1981 (5e session)
Géolocalisation sur la carte : France
Géolocalisation sur la carte : Provence-Alpes-Côte d'Azur
Géolocalisation sur la carte : Vaucluse
* Descriptif officiel UNESCO
** Classification UNESCO

Description

Mur de façade

Mur Extérieur ou Postcænum

Le mur extérieur ou postcænum est long de 104 m et haut de 35 m[1]. « C'est la plus belle muraille de mon royaume », dit Louis XIV lors d'une visite[2]. À l'origine, il était précédé d'un portique, dont il subsiste une arche du côté ouest. D'un aspect très sobre, en grand appareil de pierre, la façade est divisée en trois niveaux. Au rez-de-chaussée, trois portes rectangulaires - la « porte royale » au centre, les deux « portes des hôtes » sur les côtés - sont séparées par une série d'arcades.

Cavea

La cavea pouvait contenir quelque 9 000 spectateurs[3] répartis selon leur rang social. Elle se divise en trois zones (mæniana), étagées en 34 gradins et séparées par des murs. En contrebas, l'orchestra formant un demi-cercle est séparée des gradins par un parapet. Le premier mænianum, appelé ima cavea, se compose de vingt gradins, dont les trois premiers étaient réservés aux chevaliers, comme en témoigne l'inscription Eq(uitum) g(radus) III[4]. La deuxième zone (media cavea) se compose de neuf gradins accueillant des marchands, des citoyens romains, tandis que la troisième partie (la plus haute, appelée summa cavea) se compose de cinq gradins accueillant seulement les prostituées, les esclaves et les personnes ne détenant pas la nationalité romaine. De grandes salles superposées servaient à l'accueil du public et abritaient les coulisses.

Scène et mur de scène

Intérieur du théâtre antique d'Orange.

La scène, faite d'un plancher de bois sous lequel était logée la machinerie, mesure 61 m de longueur pour m de profondeur utile : elle dominait l'orchestra d'environ 1,10 m, soutenue par un mur bas, le pulpitum. En arrière se trouve la fosse du rideau (qu'on abaissait pendant les représentations). Le mur de scène (frons scænæ) [Note 1] mesurant 35 m était jadis décoré de statues, frises et colonnes de marbre, dont subsistent quelques vestiges. Ce mur est percé de trois portes : la porte royale au centre et les deux portes latérales (entrée des acteurs secondaires). Au-dessus de la porte royale se trouve une frise de centaures haute de 0,70 m. La niche du mur de scène abrite une statue colossale, de 3,50 m de haut, dont la tête n'est pas d'origine. Elle est considérée par certains comme une statue de l'empereur Auguste, mais selon d'autres, elle serait bien postérieure à cet empereur. Elle serait datée du IIe siècle apr. J.-C. Aujourd'hui le théâtre reçoit beaucoup de spectacles.

Statue dite de l'Empereur Auguste

Historique

Conquise aux Gaulois de la tribu tricastini en 40 av. J.-C. par les vétérans de la IIe légion gallique de César, Orange était une colonie romaine nommée Arausio. Elle connut un grand essor sous le règne de l'empereur Auguste, durant lequel est érigé le théâtre.

Le bâtiment fut fermé en 391. Il fut préservé de la destruction par sa réutilisation à d'autres fins au Moyen Âge. Les princes d'Orange firent du bâtiment de scène un poste avancé de leur château sur la colline Saint-Eutrope[6]. Le théâtre devint au XVIe siècle le refuge de populations lors des guerres de religion : il fut alors envahi par des îlots d'habitation.

Mise en valeur et restaurations

L'idée de dégager le bâtiment de ces habitations germa au début du XIXe siècle. Le théâtre, où l'on dénombrait 91 maisons en 1814, retrouva peu à peu son éclat grâce à un premier programme d'intervention lancé vers 1823. La démolition des maisons et la consolidation de l'édifice furent confiées à l'architecte Prosper Renaux.

À l'occasion d'une tournée dans le midi de la France, Prosper Mérimée, directeur des Monuments historiques, écrit : « Depuis peu d'années on a débarrassé l'intérieur du théâtre de la plupart des ignobles maisons qui l'encombraient. Mais en détruisant ces masures, on s'est aperçu de dégradations effrayantes qu'on n'avait pas soupçonnées. » Il ajoute : « Si l'on ne s'empresse d'y faire de grandes réparations, la France ne possèdera pas longtemps encore ce monument presque unique dans son espèce. »[7]

Les travaux continuèrent au cours de la seconde moitié du XIXe siècle sous la direction des architectes Simon-Claude Constant-Dufeux et Pierre-Honoré Daumet. En 1892, Jean-Camille Formigé fut chargé de reconstruire les gradins en se basant sur la reconstitution qu'en avait faite Augustin Caristie. Son fils Jules Formigé prit sa succession. De 1929 à 1931, il mena des fouilles du pulpitum, où il découvrit de nombreux éléments qui accrurent la connaissance du mur de scène. En 1926, il remonta quelques colonnes et éléments d'entablement, puis, en 1930, il reconstruisit les escaliers qui flanquent la cavea.

Depuis ces restaurations, « seuls quelques blocs des trois premiers gradins sont encore antiques »[8].

Restauration du mur de scène, en 2019.

En 2006, un toit de scène a été ajouté, afin de protéger les murs et de permettre l'accrochage des éclairages. Le nouveau toit reprend l'emplacement du toit romain, mais avec des matériaux différents : verre et métal.

Le théâtre d'Orange est inscrit sur la liste du patrimoine mondial de l'Humanité instaurée par l'UNESCO depuis 1981. Le périmètre de classement a été élargi en 2007 pour inclure la colline Saint-Eutrope[9].

Depuis 2018, le Théâtre propose aux visiteurs une visite virtuelle : un dispositif en réalité virtuelle permet de s’immerger dans une reconstitution numérique du monument tel qu’il devait être en 36 av. J.-C. au moment de la fondation de la ville d’Arausio par les Romains. Un film immersif projeté sur l’écran d’un casque de réalité virtuelle est proposé sur place par le gestionnaire du lieu, Culturespaces[10]. Il montre, par exemple, une représentation du velum[11],[12].

« Fêtes romaines » et « Chorégies »

Un festival s’y déroule chaque été depuis 1869, appelé « Fêtes romaines », puis « Chorégies d’Orange » à partir de 1902, puis les Nouvelles Chorégies depuis 1971 (avec, par exemple, Barbara Hendricks, Plácido Domingo, Montserrat Caballé, Roberto Alagna, René Pape et Inva Mula). Chaque hiver depuis 1891 est célébrée une « fête » pour les amateurs d'art antique.

Depuis 2002, la ville d'Orange, propriétaire du monument, fait appel à la société Culturespaces pour gérer le théâtre et le mettre en valeur grâce à son mur.

Concerts et spectacles

De nombreux artistes se sont succédé à l'occasion de concerts (parfois gratuits) Dalida (1958) ; Iron Maiden et Trust[13] (1981) ; The Cure (concert filmé pour le film The Cure in Orange, 1986) ; M. Pokora, Raphael (2006) ; Yannick Noah (2007) Michel Polnareff, Zazie (2007) ; Christophe Maé, Joachim Garraud, Bernard Lavilliers, Laurent Wolf, Fatal Bazooka (2008) ; Alex Gaudino, Laurent Wolf, Emilie Jolie (2009) ; Magic System, Kassav, Christophe Maé (2010) ; Eddy Mitchell (2011) ; Hélène Ségara (2013) ; Gipsy Kings (2014) ; David Gilmour (2015) ; Hans Zimmer, Roberto Alagna avec l’orchestre Prométhée[14],[15]dirigé par Pierre-Michel Durand[16] (2016) ; Chantal Goya, Ridsa (2017) ; Solomun[17] (2018).

C'est aussi un lieu de divers spectacles ou de one man show Laurent Gerra en 2006 et en 2011 ; Les Equestriades, organisées depuis 2014 par Alexis Gruss.

Bibliographie

  • Michel-Édouard Bellet, Orange antique, Imprimerie nationale, coll. « Guides archéologiques de la France », .
  • Gaston Boissier, À propos d’un théâtre antique, Revue des Deux Mondes, , p. 303-332.
  • (en) James Bromwich, The Roman Remains of Southern France : A Guidebook, Routledge,
  • Anaïs Roumégous, Orange et sa région, vol. 84/3, Éditions de la Maison des sciences de l'homme, coll. « Carte archéologique de la Gaule »,
  • Orange Antique, Paris, ministère de la Culture, de la Communication et des Grands Travaux, coll. « guides archéologiques de la France », , 118 p. (ISBN 2-11-081111-0), p. 27-30

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

Notes et références

Notes

  1. À l'image du frons scænæ appartenant au théâtre antique de Sabratha, celui du théâtre d'Orange se révèle comme étant un exemple type de ceux issus des canons architecturaux d'Asie Mineure et ultérieurement développés, puis perfectionnés par les romains[5].

Références

  1. DRAC, « Actualité de l’archéologie du théâtre antique d’Orange (1/4) », (consulté le )
  2. Bellet 1991, p. 34
  3. Bromwich 1993, p. 187
  4. Roumégous 2009, p. 243
  5. (en) Pierre Grimal et G. Michael Woloch, « Figure 16 - The Scena of the Theater of Sabratha. », dans Pierre Grimal et G. Michael Woloch, Roman Cities, University of Wisconsin Press, , 355 p. (lire en ligne), page 61.
  6. Roumégous 2009, p. 231
  7. Prosper Mérimée, Notes d'un voyage dans le Midi de la France, Paris, 1839, p. 168- 169
  8. DRAC, « Actualité de l’archéologie du théâtre antique d’Orange (3/4) », (consulté le )
  9. Le théâtre antique d'Orange et la colline Saint-Eutrope sont inscrits par l'UNESCO au patrimoine mondial
  10. « Le numérique au service du patrimoine | Connaissance des Arts », Connaissance des Arts, (lire en ligne, consulté le )
  11. Par Christophe Levent et notre envoyé spécial à OrangeLe 4 mai 2018 à 11h59, « Le théâtre antique d’Orange passe au virtuel », sur leparisien.fr, (consulté le )
  12. « Immersion dans le théâtre antique d’Orange », sur Sorbonne Université (consulté le )
  13. « Théâtre Antique - Orange - Maiden France », sur Maiden France, (consulté le ).
  14. « Orchestre Prométhée », sur www.orchestrepromethee.eu (consulté le ).
  15. Les 30 ans de Roberto Alagna sauvés par l'Orchestre Prométhée
  16. Pierre-Michel Durand, Chef d'orchestre / Directeur musical Orchestre Prométhée
  17. « Live avec Cercle »
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