Tereos

Tereos est un groupe coopératif sucrier français de dimension internationale, né en 2002 du rachat de Béghin-Say par les Sucreries et Distilleries des Hauts de France (SDHF) et l’Union des sucreries et distilleries agricoles fortement endettée (Union SDA) avec le soutien de l'Union BS.

Tereos

Création 1812 : fondation de la sucrerie Say à Nantes
Dates clés 1821 : fondation de la sucrerie Béghin dans le Nord.
1831 : fondation de la sucrerie Say à Paris.
1932 : création de la distillerie coopérative d’Origny dans l’Aisne.
1951 : création de la sucrerie d’Origny.
1972 : naissance de Béghin-Say à la suite de la fusion de Béghin et Say
2002 : création de Tereos à la suite de la fusion de Sucreries et Distilleries de Hauts de France et Union SDA avec le soutien de l'Union BS Béghin Say.
Forme juridique Union de sociétés coopératives agricoles
Slogan « Voir loin, rester proche »
Siège social Moussy-le-Vieux
 France
Direction Gérard Clay (président du conseil de surveillance)
Philippe de Raynal (président du directoire)
Activité Agro-industrie, Industrie agroalimentaire
Produits sucre et produits sucrants, alcool et éthanol, énergie, amidon, nutrition animale, protéines végétales
Filiales Tereos Participations (d), Tereos TTD (d) et Tereos (Aalst) (d)
Effectif 12 000 associés coopérateurs
22 300 salariés
SIREN 533247979
Site web https://tereos.com/

Chiffre d'affaires 4,5 milliards d'euros
Résultat net + 24 millions € (2019/2020)[1]

Les activités du groupe se concentrent sur la transformation de trois principaux produits agricoles : la canne à sucre, la betterave sucrière, et les céréales. Le groupe transforme également de la pomme de terre féculière et du manioc en produits amylacés ainsi que la luzerne.

Tereos rassemble 12 000 coopérateurs agriculteurs betteraviers en France et 22 300 salariés répartis au sein de 49[2] sites de production en Europe, Amérique latine, Afrique et Océan Indien, Chine et Indonésie, c'est le 2e groupe sucrier mondial, 1er groupe sucrier français et 3e groupe sucrier brésilien[2].

Historique

Raffinerie Tereos (ex-Béghin-Say) à Nantes.

L'histoire de Tereos est très liée à l'histoire de la culture de la betterave en France et en Europe. Les origines du groupe coopératif remontent ainsi au début du XIXe siècle lorsque les sucreries des familles Say (1812-1831) et Béghin (1821), pionnières du sucre de betterave en France, fusionnèrent en 1972 pour donner naissance à Béghin-Say. Au même moment, les coopératives sucrières du nord de la France créées au début du XXe siècle par quelques agriculteurs, qui fusionnèrent entre elles dans la seconde moitié du XXe siècle.

Les sucreries Say, Béghin, Béghin-Say, Eridania Béghin-Say, Union BS

Béghin-Say est issue de la fusion en 1972[3] des sociétés sucrières Say et Béghin puis de la fusion en 1992 de Béghin-Say et Eridania.

En 1812, la sucrerie de canne Say est créée à Nantes par Louis Say, frère de l'économiste Jean-Baptiste Say.

En 1821, la sucrerie de Thumeries est créée dans la ferme de Joseph Coget. Il est alors secondé par son gendre Antoine Béghin[4].

En 1831 : la raffinerie de sucre de betterave Say, appelée « raffinerie de la Jamaïque », ouvre dans le 13e arrondissement de Paris.

En 1868, Thumeries est repris par le petit-fis de Joseph Coget, Ferdinand Béghin (1840-1895)[5].

En 1872, la sucrerie centrale de Cambrai est créée par Jules Linard qui met au point un système d’approvisionnement reliant 17 râperies installées dans un rayon de 25 km autour de l’usine implantée à Escaudœuvres (Nord).

En 1898, la société Ferdinand Béghin est créée par ses deux fils, Joseph (1871-1938) et Henri (1873-1944)[5].

En 1899, la société Eridania (it) est créée à Gênes.

En 1922-1924, la Sucrerie centrale d’Arras se construit sur le site de Boiry (Pas-de-Calais).

En 1930-1950, la Sucrerie centrale d’Arras est reprise par Béghin.

En 1951, la distillerie de Morains est créée.

En 1963, Say acquiert la sucrerie de Chevrières dans l'Oise. En 1967, la société Béghin, présidé par le fils d'Henri Béghin, Ferdinand, prend le contrôle de la société Say[4]. En 1972, Béghin prend le contrôle de la sucrerie d'Escaudœuvres. Béghin fusionne avec Say pour constituer Béghin-Say[4]. En 1975, la sucrerie de Connantre est construite.

En 1986, la distillerie de Morains devient une filiale de Béghin-Say, prise de participation majoritaire de Béghin-Say par Ferruzzi.

En 1991, une coentreprises en Hongrie est fondée avec l'État hongrois à Hatvan, Szerencs et Szolnok.

En 1992, le groupe Eridania Béghin-Say se constitue à la suite de l'achat de Béghin-Say par Eridania, une filiale du groupe italien Montedison. En 2000, l'entreprise s'implante au Brésil à partir de la société Guarani, qui sera coté à la Bourse de São Paulo en 2007[6]. En 2001, le groupe Eridania Béghin-Say se scinde, les agriculteurs betteraviers des usines Béghin-Say se constituent en coopérative sous le nom Union BS.

Les coopératives sucrières de Picardie, de Brie et de Beauce

En 1928, la distillerie coopérative d'Artenay et de la distillerie coopérative de Provins sont créées. En 1929, la distillerie coopérative de Vic-sur-Aisne est créée.

En 1932, la distillerie coopérative d’Origny-Sainte-Benoite est créée, la majorité des coopératives agricoles betteravières s’oriente à l’époque vers la production d’alcool, déjà utilisé comme carburant.

En 1951, la sucrerie d'Origny et de la sucrerie de Vic-sur-Aisne sont construites.

En 1990, les coopératives d'Origny-Sainte-Benoite et de Vic-sur-Aisne fusionnent pour créer les Sucreries et distilleries de l'Aisne (SDA).

En 1991, SDA acquiert la sucrerie de Berneuil-sur-Aisne. En 1992, SDA s'implante en République tchèque par l'acquisition de la société TTD (Thurn Taxis Dobrovice)[7], c'est la première expérience internationale du groupe.

En 1993, SDA acquiert la sucrerie de Maizy. Le premier investissement est réalisé dans la transformation des céréales avec la création d’une unité d’éthanol de blé à Origny au sein de Bio-Ethanol Nord Picardie (BENP).

En 1994, les Sucreries et Distilleries de l'Aisne et la Distillerie coopérative de la Brie fusionnent.

En 1996, l'activité glucose démarre avec la création de Syral aux côtés de Jungbunzlauer (industriel autrichien spécialisé dans les produits de fermentation) dans l’amidonnerie de maïs de Marckolsheim[7]. Un rapprochement est réalisé entre les Sucreries et Distilleries de l'Aisne et la sucrerie-distillerie d'Artenay, la sucrerie de Bucy-le-Long est reprise. Les Sucreries de Vauciennes et Villenoy sont acquises.

En 1999, les Sucreries et Distilleries de l’Aisne et de la Sucrerie Distillerie d’Artenay fusionnent pour créer l'Union SDA.

En 2000, le premier investissement dans la transformation de la canne par Union SDA est réalisé avec l'implantation du groupe au Brésil en s'associant à Cosan, premier groupe sucrier brésilien.

En 2001, Union SDA s'implante à La Réunion en développant ses activités de transformation de la canne avec le rachat des activités sucrières de Groupe Bourbon. Union SDA devient alors actionnaire majoritaire de la Sucrerie de Bois Rouge (51 %) et de la société de conditionnement Eurocanne (51 %), et prend une participation significative dans la distillerie de Savanna (44 %) et dans la société Loiret Haëntjens (39 %)[8].

La création de Tereos et l'expansion internationale du groupe

En 2002, la reprise des actifs de Béghin-Say par les deux coopératives Union SDA et Union BS donne naissance au groupe coopératif Tereos[9].

En 2003, les filiales hongroises sont vendues à Nordzucker.

En 2004, Union SDA et Union BS deviennent Tereos.

En 2006, Tereos fusionne avec le groupe coopératif SDHF (Sucreries Distilleries des Hauts de France). Une nouvelle distillerie de sucre de betterave est inauguré à Origny, c'est la plus grande distillerie de betteraves au monde[10].

En 2006, Tereos s'implante au Mozambique en reprenant une des quatre sucreries du pays, celle de Marromeu[11].

En 2007, Tereos cède sa participation de 6 % qu'il détenait dans Cosan, le premier producteur de sucre du Brésil, afin de financer sa croissance externe. En , Tereos acquiert, via sa filiale Syral, des cinq amidonneries-glucoseries en Europe occidentale de Talfiie (Tate & Lyle Food & Industrial Ingredients Europe), filiale du groupe anglais Tate & Lyle spécialisée dans la production d'amidon (notamment pour le papier et le carton) et d'alcool alimentaire et industriel notamment la production de bioéthanol[12]. Tereos construit une unité d’éthanol de blé à Lillebonne, près du port céréalier de Rouen[13]. La production de Lillebonne a depuis été élargie aux productions alimentaires (gluten et dextrose)[14].

En 2008, Tereos ferme trois sucreries à Abbeville dans la Somme, à Marconnelle dans le Nord et à Vic-sur-Aisne dans l'Aisne. Tereos signe un accord commercial et industriel avec la coopérative espagnole Acor[15].

En 2010, Tereos International est créé. Les activités cotées à la bourse de Sao Paulo sont élargies, qui en plus de la canne au Brésil, intègrent désormais les activités canne de l’Océan indien et les activités de transformation des céréales au Brésil[16]. Un partenariat stratégique est signé entre Petrobras, groupe pétrolier brésilien et la filiale de Tereos au Brésil, Guarani[17]. Tereos acquiert les sucreries de Vertente et Mandu au Brésil, ainsi que les actifs du groupe Quartier Français à La Réunion[18]. Tereos signe un partenariat stratégique avec 10 coopératives céréalières donnant lieu à la création de Tereos Agro-Industrie[16] puis il revend la branche spiritueux à La Martiniquaise[19].

En 2011, Tereos lance d’un plan d’investissement pour le développement de la production et de la cogénération au Brésil avec le soutien de la Banque nationale d’investissement du Brésil (BNDES)[20]. Tereos entre sur le marché brésilien de l’amidon avec une prise de participation majoritaire de la société Halotek[21] et acquiert la féculerie d'Haussimont dans la Marne afin de renforcer la filière amidonnerie à partir de la pomme de terre et du blé[22].

En 2012, Tereos s'implante en Chine dans le cadre d’un partenariat avec Wilmar, 1er groupe agroalimentaire asiatique[23],[24],[25]. Tereos s'implante en Roumanie avec l'acquisition de la société Ludus[26].

En décembre 2013, Tereos a lancé une coopération avec Michelin pour développer des pneumatiques issus de végétaux et non plus du pétrole[27].

En janvier 2014, Tereos s'implante en Indonésie grâce à l'acquisition de 50 % de Redwood, l'unique amidonnerie de maïs du pays[28].

En mars et décembre 2014, les coopératives féculières de SCAF et FCAVA rejoignent Tereos[29].

En novembre 2014, Tereos annonce la création de Tereos Commodities pour le commerce international de sucre blanc[30].

En , Tereos acquiert l'entreprise de distribution de sucre britannique Napier Brown pour 34 millions de livres[31].

En 2016, Tereos élargit les activités de Tereos Commodities à l’éthanol. Tereos Commodities est implanté en France, en Suisse, à Singapour, en Inde, au Brésil et au Kenya. Tereos et la coopérative de luzerne APM Déshy, implantée dans la Marne, se regroupent.

En , Tereos acquiert les participations de Petrobras dans Guarani pour 202 millions de dollars[32].

À la fin de 2018, Tereos exploite cinquante usines dans le monde, est implantée dans dix sept pays, réalise 75% de ses ventes à l'international dans cent trente pays Néanmoins, à cette date, demeure un conflit latent à l'intérieur du groupe, la direction se voyant reprocher par un certain nombre de coopérateurs de manquer de transparence sur la question des investissements[33].

Fin , la direction de Tereos écarte toute rumeur de fermeture d'usines, assurant vouloir se redresser en améliorant la rentabilité de l'entreprise sans restreindre ses activités[34].

Activités

Tereos transforme des matières premières agricoles en sucre et produits sucrants, alcool et éthanol, électricité, amidon, nutrition animale et protéines végétales. Il est le premier groupe sucrier français et le 2ème mondial[35]. Son activité historique est la transformation de la betterave sucrière. Puis la coopérative se lance dans la transformation des céréales en 1993 pour la production d’éthanol, et en 1996 dans les produits sucrants (isoglucoses). En 2000, Tereos s’implante au Brésil pour la transformation de la canne à sucre.

Sucre et produits sucrants

Le sucre représente 66 % du chiffre d’affaires de Tereos[36]. Tereos produit 3,7 millions de tonnes de sucre[37] qu’il commercialise en Europe et à l’international. Les industriels représentent environ 80 % de ses ventes de sucre. Les principaux clients sont l’industrie agro-alimentaire, l’industrie chimique et pharmaceutique et l’industrie de la fermentation, la grande distribution et la restauration[38].

Tereos commercialise le sucre auprès du grand public sous 5 marques, Béghin-Say (France), La Perruche (France), TTD (République tchèque), Guarani (Brésil), Sucrerie de Bourbon (FranceÎle de la Réunion).

Alcool

Issue de la betterave, des céréales et de la canne, la production d’alcool et d’éthanol est une activité traditionnelle des groupes sucriers, réalisée depuis ses origines, et elle représente 19 % du chiffre d’affaires de Tereos. La production d’alcools traditionnels est destinée aux secteurs des spiritueux, de la parfumerie, de la cosmétique et de la pharmacie. L’éthanol est utilisé principalement pour la carburation[39].

Amidons

Extrait du maïs, du blé, de la pomme de terre et du manioc, les amidons représentent pour Tereos une large gamme de produits : amidon natif, amidon modifié, produits sucrants (sirop de glucose, maltodextrine, dextrose, isoglucose, polyol). Les amylacées sont utilisés en alimentation humaine (sauce, confiserie, produits laitiers…), papeterie, cosmétiques ou encore pharmacie[40].

Énergie électrique

Par son résidu fibreux appelé bagasse, la canne à sucre produit aussi de l’énergie électrique par un principe de cogénération. L’énergie produite est ainsi commercialisée sur le réseau électrique[41]. Tereos développe également l’installation d’unités de méthanisation des vinasses sur certaines sucreries et distilleries de betteraves pour produire du biogaz[42].

Autres produits

Tereos développe également des produits issus de la valorisation des céréales et betteraves extraites dans ses usines. Ces coproduits peuvent être utilisés pour l’alimentation animale (pulpes, drêches, bétaïne), la fertilisation (vinasses de fertilisation et écumes pour l’amendement), et les industries de fermentation (sirops de basse pureté pour la production d’alcools traditionnels ou de bioéthanol)[43].

En mars 2021, Tereos annonce fabriquer du gel hydroalcoolique dans son usine d'Artenay, en réaction à la pandémie du coronavirus.[44]

Filières et implantations

Tereos possède 49 sites de production en Europe, Amérique du Sud, Afrique, Chine et Indonésie[45].

Transformation de la betterave

La transformation de la betterave permet principalement la production de sucre pour les industriels et le grand public, d’alcool pour les spiritueux, de bioéthanol pour la carburation et de pulpes pour l’alimentation animale. Tereos compte 12 sucreries de betterave produisant 1,9 million de tonnes de sucre, 8 distilleries produisant 600 000 m3 d’alcool et d’éthanol et 1 raffinerie.

9 sucreries sont en France, 2 en République tchèque, et 1 à Ludus, en Roumanie.

5 distilleries sont en France (Artenay, Bucy-le-Long, Lillers, Morains, Origny-Sainte-Benoîte) ; 3 en République tchèque (Chrudim, Dobrovice, Kojetín), et 1 en Espagne (Olmedo).

Transformation de la canne à sucre

12 sucreries et 7 distilleries :

  • 7 sucreries / distilleries / cogénération (énergie électrique) au Brésil : Andrade (Pitangueiras), Cruz Alta (Olímpia), Severinia, Mandu (Guaíra), São José (Colina), Tanabi, Vertente (Guaraci)
  • 2 sucreries / cogénération (énergie électrique) sur l’île de la Réunion (Le Gol à Saint-Louis, Bois Rouge à Saint-André)
  • 1 sucrerie au Mozambique (Sena à Marromeu)
  • Participation minoritaire dans 1 sucrerie en Tanzanie (Moshi)
  • Participation majoritaire, aux travers de leur filiale avec le groupe Altéo, dans 1 sucrerie au Kenya (Transmara)

Transformation des céréales, pomme de terre et manioc

Tereos est le no 3 de l’industrie amidonnière européenne, fortement représenté par sa filiale Tereos Syral disposant de 12 unités de productions. En 2011, le groupe a racheté la société Halotek à Palmital au Brésil pour transformer le manioc[46] et s’est associé avec Wilmar en Chine pour y développer les productions amylacées[47]. En 2014, il inaugure une seconde amidonnerie à Palmital, transformant du maïs[48].

12 amidonneries :

4 distilleries :

  • 3 en France (Origny-Sainte-Benoîte, Nesle, Lillebonne) ;
  • 1 en Belgique (Alost) ;

Transformation de la luzerne

4 sites de déshydratation en France (Anglure, Aulnay-aux-Planches, Montépreux et Pleurs)

Structure coopérative et gouvernance

Bien que dotée d'une forme à structure coopérative, le groupe, avec ses centaines de filiales, est perçu comme une multinationale au fonctionnement opaque[49],[50],[51] en l'absence d'outils permettant de contrôler l’activité de ces filiales[50].

Lors des assemblées générales extraordinaires qui se sont tenues du au , les associés coopérateurs Tereos ont unanimement approuvé la fusion des coopératives betteravières, féculières et de luzerne qui constituaient Tereos Union de coopératives agricoles en une coopérative unique[52].

Le Président du directoire est Philippe de Raynal, élu le . Son prédécesseur, Alexis Duval (2012-2020), avait succédé à son père Philippe Duval (1984-2012) qui avait lui-même hérité de l’entreprise de Jean Duval, fondateur du groupe.[53]

Le conseil de surveillance a été présidé successivement par Hubert Leriche (1977-2002), Thierry Lecomte (2002-2018), François Leroux (2018-2019) et Jean-Charles Lefebvre (2019-2020). Gérard Clay, élu le , en est l'actuel président.[53]

Le modèle coopératif choisi par Tereos met en avant l'adaptation de l'agriculture à la mondialisation par le biais de nouvelles pratiques agricoles et process industriels respectueux de l'environnement. Ainsi en 2020, les usines de transformation sont alimentées pour moitié par les énergies renouvelables. Au Brésil, c'est le broyage de la canne à sucre qui permet de faire fonctionner les usines[54].

Le groupe connaît depuis 2017 une crise de gouvernance[55],[56]. Trois coopérateurs, membres du conseil de surveillance, demandent à son directoire des précisions sur la situation financière de la coopérative, sa stratégie à l’international, son niveau d’endettement, sans obtenir de réponse, et dénoncent l'opacité des comptes[57]. L'année suivante, ils accusent la coopérative de lien avec Daech[57], et sont condamnés avec cinq autres coopérateurs en novembre de la même année par le tribunal correctionnel de Paris pour « dénonciation calomnieuse envers leur coopérative » et « fausses accusations » d'actes de terrorisme[58] En , le juge des référés suspend la décision du conseil de surveillance de Tereos d'exclure ces trois coopérateurs qui critiquaient la stratégie du groupe. Tereos fait appel de cette décision[59].

En 2020, ces trois coopérateurs « frondeurs », Gérard Clay, Xavier Laude et Jérôme Hary, qui attaquent la stratégie de Tereos depuis près de trois ans, sont réélus au conseil de surveillance, faisant planer la menace d'un éclatement du groupement de coopératives s'ils obtenaient la majorité. Alors que la présence au conseil de surveillance de ces opposants virulents à la politique du groupe déstabilise fortement l'intégrité du groupement, ce dont s'émeuvent notamment les syndicats et représentants du personnel, et alors que Gérard Clay semble susceptible d'accéder à la présidence dudit conseil de surveillance dont l'élection est imminente, ce dernier se voit contraint, ainsi que les deux autres coopérateurs condamnés par le tribunal correctionnel, de démissionner sans délai de ses fonctions, en raison même de ces condamnations, conformément aux statuts de Tereos[58],[60],[61].

Le conseil de surveillance, que la direction de Tereos tente en vain de repousser en justice, se réunit le et démet l'ancienne direction de ses fonctions, portant Philippe de Raynal à la présidence du directoire et Gérard Clay à celle du conseil de surveillance. L'ancrage des « frondeurs » chez les coopérateurs agricuteurs, inquiets notamment de l'endettement du groupe dû à son internationalisation, explique cette prise du pouvoir.[53]

Données financières

Lors de l'exercice 2016/2017, Tereos réalise 4,8 milliards d’euros de chiffre d’affaires. En 2018, le groupe, très endetté, réalise un CA de 2,1 milliards d'euros et connaît un exercice déficitaire dans un contexte de crise mondiale du sucre[62].

Données (en millions €)2019/2020[63]
Chiffre d’affaires4.5 MDS
BAIIDA*420
Résultat net consolidé+ 24
Effectifs (permanents et saisonniers)22 300
Associés coopérateurs12 000
Nombre de sites industriels49

Note : BAIIDA = bénéfice avant intérêts, impôts, dépréciation et amortissement.

Développement durable

Tereos revendique l'intégration de la RSE dans sa stratégie pour conjuguer performance économique et responsabilité d'entreprise. La politique RSE s'articule autour de cinq enjeux majeurs, l'agriculture durable, l'industrie positive, la garantie produit, le développement local et la nutrition[64].

En , Tereos inaugure avec ses partenaires Suez et le SEVEDE (Oréade) un nouveau réseau de vapeur long de 3 kilomètres qui relie l'unité de valorisation énergétique d'Escotu'air à l'amidonnerie de blé Tereos de Lillebonne. Grâce à l'énergie issue du recyclage des déchets ménagers de plus de 130 communes, cette installation couvre 70 % des besoins énergétiques de l'usine à partie de vapeur verte qui remplace l'énergie fossile[65].

En , à l'occasion de la COP21, Tereos a présenté en partenariat avec le Groupe Scania un bus pour le climat. Doté d'un moteur Scania, ce bus fonctionne à l'ED95, un carburant renouvelable d'origine locale, constitué de 95 % d'éthanol. Cet éthanol est produit à partir de résidus de betteraves ou de blé. Le biocarburant ED95 a obtenu son homologation en [66].

Le , Tereos France attaque devant le Conseil d'État français un arrêté ministériel du [67] qui vise à renforcer très modestement la protection des ressources en eau et des milieux aquatiques. Le groupe obtient un délai de deux ans pour appliquer ces nouvelles règles, mais tous ses arguments pour revenir aux règles antérieures, moins protectrices pour l'environnement, sont rejetés[68].

En , le groupe, qui milite activement avec les autres betteraviers français pour une autorisation des néonicotinoïdes[69], interdits en France depuis 2018, obtient le vote d'une loi dérogatoire permettant aux betteraviers son utilisation jusqu'en 2023[70].

Communication

Auprès de l'Assemblée nationale

Tereos est inscrit comme représentant d'intérêts auprès de l'Assemblée nationale. L'entreprise déclare à ce titre qu'en 2015, les coûts annuels liés aux activités directes de représentation d'intérêts auprès du Parlement sont inférieurs à 10 000 euros[71].

Auprès des institutions de l'Union européenne

Tereos est inscrit depuis 2015 au registre de transparence des représentants d'intérêts auprès de la Commission européenne. Il déclare en 2016 pour cette activité des dépenses d'un montant compris entre 50 000 et 100 000 euros[72]. Tereos est également représenté par un cabinet spécialisé qui déclare percevoir de son client, en 2015, des honoraires d'un montant compris entre 100 000 et 200 000 euros[73].

Controverse

Sorbitol exporté en Turquie

78 tonnes de sorbitol, un polyalcool au pouvoir sucrant, produites par la société Tereos, sont exportées en Turquie en 2015 puis retrouvées en 2017 près de Mossoul, en Irak, dans des entrepôts de Daech, par l'agence Conflict Armament Research, alors missionnée par l'Union européenne pour enquêter sur l'armement de l'organisation État islamique.

Le sorbitol, utilisé dans l'industrie agro-alimentaire pour ses caractéristiques sucrées, peut être détourné pour être utilisé comme un carburant, et aurait pu servir à propulser des roquettes [74],[75]. En , Tereos a affirmé être totalement étranger au détournement de ses produits [76], mais selon les informations du Canard Enchainé, des coopérateurs du numéro 1 français du sucre ont déposé le une plainte contre X pour « actes de terrorisme et complicité d'actes de terrorisme ».

La plainte a été classée sans suite trois semaines plus tard. En effet, le parquet antiterroriste de Paris, après examen, a révélé qu'aucune infraction à caractère terroriste n'a pu être prouvée et que l’existence d’une entente entre la société Tereos et l’organisation État islamique (ou toute autre organisation terroriste), même de façon indirecte, n’était pas établie. L'entreprise poursuit ses détracteurs en justice, estimant avoir été victime d'une tentative de déstabilisation[77].

Opacité de la coopérative

La journaliste Anne-Laure Chouin estime en 2019 qu'en France, plusieurs coopératives agricoles, dont Tereos « se sont éloignées de leurs vocations initiales pour devenir des multinationales aux filiales opaques ». La création de nombreuses filiales a accompagné ce développement rapide de Tereos et pose des soucis de transparence et d'optimisation fiscale, dans un contexte de raréfaction des moyens de contrôle sur les coopératives[50].

Pollution de l'Escaut

Le , la rupture d’une digue de la sucrerie Tereos d’Escaudœuvres engendre une pollution importante dans le fleuve l'Escaut[78]. Sur une quarantaine de kilomètres jusqu'à la frontière belge tous les poissons du fleuve meurent[79].

Le , la Belgique se rend compte d'une pollution similaire sur la partie wallone de l'Escaut[79].

Cette pollution survenue plusieurs jours avant n'a pas été signalée aux autorités belges[80]. Le Gouvernement wallon interpelle[81] les autorités françaises sur le sujet[80]. La Belgique qualifie cet événement de catastrophe environnementale et note qu'un événement similaire s'est produit en 2018, à cause d'une pollution de matière organique due à une fuite sur une conduite d'une usine appartenant également à Tereos[80].

Le , la société Tereos affirme « qu'il est trop tôt pour établir de quelconques liens de causalité » entre la rupture du bassin d'une de ses usines et la pollution de l'Escaut, et indique qu'elle « assumera sa responsabilité si elle venait à être établie »[82].

Le 3 septembre 2021, la préfecture du Nord annonce avoir prescrit par arrêté des mesures de réparation écologique sur 10 hectares de terrain à proximité du fleuve à la sucrerie Tereos[83].

Références

  1. « Tereos: des résultats en forte croissance dans toutes ses divisions », sur tereos.com, (consulté le ), p. 1
  2. « Profil | Tereos », sur tereos.com (consulté le )
  3. Chronique du XXe siècle p. 1089
  4. « Ferdinand Béghin », sur geni.com (consulté le )
  5. « Béghin », sur thierryprouvost.com (consulté le )
  6. Sucre : Tereos introduit Guarani à la Bourse de Sao Paulo, Le Blog Finance, juillet 2007
  7. Union SDA poursuit son ascension, Usine nouvelle, 9 octobre 1997
  8. http://reunion.orange.fr/news/archives/le-groupe-bourbon,505098.html
  9. Tous les sillons betteraviers de la région mènent à Tereos, Voix du Nord, 27 mai 2011
  10. Tereos inaugure sa nouvelle distillerie de betterave, Enerzine
  11. Un sucrier français partenaire de Marromeu - Mozambique, Sucre Éthique
  12. Tereos reprend cinq usines au groupe Tate & Lyle, Agra presse, 14 mai 2007
  13. L’unité de production de bioéthanol Tereos “blé" à Lillebonne, Blog alimentaire, 5 juillet 2006
  14. Tereos avance dans la reconversion de Lillebonne, La France agricole, 26 janvier 2012
  15. Tereos s'allie au sucrier espagnol Acor, Les Échos, 28 novembre 2008
  16. Tereos rassemble ses activités de diversification au sein de Tereos Internacional, Agra presse, 5 avril 2010
  17. Au Brésil, partenariat Tereos-Petrobras pour la production de biocarburants, La Voix du Nord, 1er mai 2010
  18. Tereos poursuit son expansion au Brésil et à la Réunion, Sophie Amsili, Le Figaro, 6 juin 2010
  19. Le discret numéro deux français des spiritueux vient d'acquérir les alcools du groupe sucrier Quartier français.
  20. Tereos ambitionne de réaliser 50 % de son chiffre d’affaires hors Europe, Agra Alimentation, 2 février 2012
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