Sylvain Itkine

Sylvain Itkine, né le à Paris et mort le [1] à Saint-Genis-Laval[2], est un acteur, auteur dramatique, metteur en scène et directeur de troupe français. Entré dans la Résistance durant la Seconde Guerre mondiale, il a été fusillé après avoir été interrogé par la Gestapo.

Biographie

Famille

Sylvain Itkine est le second fils de Daniel Itkine, juif originaire de Kaunas en Lituanie exerçant la profession d'ouvrier joaillier, et de Rachel Braunstein, Française d'origine russe. Il a un frère aîné, Lucien Itkine (1905-1945), et une sœur cadette, Georgette Itkine (1918-1981)[3], épouse d'Elio Gabaï.

Jeunesse et formation

En 1917, Sylvain Itkine obtient une bourse de sixième et entre au lycée Condorcet[3]. Il interrompt ses études à la fin de la troisième, âgé de quatorze ans, et entre en apprentissage chez un artisan sertisseur.

Passionné de théâtre, il fréquente la Comédie Française et devient membre d'une compagnie amateur (la « Compagnie de l'Oncle Emile[3] », où il met en scène L'Avare, jouant lui-même le rôle d'Harpagon. Avec l'aide d'un cousin, il entre au cours Simon à dix-sept ans et finit par quitter l'atelier de sertissage où il a passé quatre ans. Il participe ensuite à des tournées théâtrales.

Années 1930

Sylvain Itkine milite dans des mouvements d'extrême-gauche[4]. En 1934, il signe un « Appel à la lutte » pour l'unité d'action des organisations ouvrières.

Ami de Paul Éluard et d'André Breton, il fréquente le groupe des surréalistes et fait partie du « groupe Mars » (avec Francis Lemarque, Yves Deniaud, Frédéric O'Brady), groupe de théâtre ouvrier, proche du groupe Octobre de Jacques Prévert. Adepte de l'agit-prop, la troupe participe aux grèves de 1936, jouant dans les usines occupées.

Au cinéma, il apparaît dans des seconds rôles dans plusieurs films de Jean Renoir dont Le Crime de Monsieur Lange (1935) et La Grande Illusion (1937).

Seconde Guerre mondiale

Il est mobilisé en septembre 1939, mais échappe aux Allemands lors de la défaite de mai-juin 1940. Peu après le début de l'occupation de la zone Nord, il part en zone non occupée, à Marseille, où il crée avec des amis et des membres de sa famille (Georgette et Elio Gabaï) une société coopérative alimentaire, « Le Fruit mordoré » (ultérieurement appelée « Croque-Fruits »). L'entreprise, fondée sur l'égalité des salaires (sauf pour trois directeurs) connaît un grand succès et emploie jusqu'à 200 personnes, dont pas mal de clandestins juifs. Son activité prend fin avec l'arrivée des Allemands en zone non occupée (novembre 1942).

Durant cette période, il écrit deux pièces de théâtre. Il apparaît sur scène dans le cadre de la compagnie créée par Marcel Lupovici à Aix-en-Provence dans Le Songe d'une nuit d'été.

En 1943, sous le pseudonyme de « Maxime », Sylvain Itkine entre dans le réseau de renseignement des Mouvements unis de la Résistance (MUR), où il est chargé de l'identification et de l'exécution d'agents allemands (réseau Kasanga). Quelques jours après l'arrestation de son frère Lucien (le 27 juillet 1944), il est lui-même arrêté le 1er août à Lyon, du fait d'un agent infiltré par la Gestapo dans le réseau (Claire Hettiger, qui sera condamnée à mort, puis graciée). Interrogé sous la torture par la Gestapo, il est officiellement fusillé le au fort de Côte-Lorette à Saint-Genis-Laval[2],[1], mais il est possible qu'il soit mort à Lyon sous la torture ou en conséquence de la torture[3].

Hommage

Sylvain Itkine figure en tant que franc-maçon, membre de la loge « Thélème », sur le monument Aux victimes de la barbarie nazie et du régime pétainiste dans le hall du Grand Orient de France, rue Cadet à Paris.

Théâtre

Comédien

Metteur en scène

Filmographie

Notes et références

  1. Selon le site Les Gens du cinema, l'acte de décès de Sylvain Itkine a été établi le 1er août 1944 à Lyon.
  2. Frédéric Charpier, Histoire de l'extrême gauche trotskiste : De 1929 à nos jours, Éditions n°1, 2002 (ISBN 9782846123334).
  3. Rodolphe Prager, Sylvain Itkine, Dictionnaire biographique du mouvement ouvrier françaisLe Maitron, 23 avril 2010, dernière modification le 24 novembre 2020.
  4. Danièle Giraudy, (dir.) Le Jeu de Marseille : Autour d'André Breton et des Surréalistes à Marseille en 1940-1941, éd. Alors hors du temps, Marseille, 2003, pp. 52-66.
  5. Le Coup de Trafalgar, éditions Gallimard, coll. « Le Manteau d'Arlequin », 1970, p. 6.
  6. Un inspecteur véreux « plus stupide que méchant » selon Jacques Prévert.

Liens externes

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