Susan Travers

Susan Travers, née à Londres le et morte à Ballainvilliers le [1], est une britannique, militaire avec les forces françaises, seule femme à la Légion étrangère[2], où elle fut surnommée « la Miss ».

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Susan Travers

Naissance
Londres (Royaume-Uni)
Décès  94 ans)
Ballainvilliers (France)
Origine Royaume-Uni
Allégeance France
Arme Légion étrangère
Grade Adjudant-chef (Conductrice ambulancière)
Années de service 19401948
Conflits Seconde Guerre mondiale
Guerre d'Indochine
Faits d'armes Bataille de Bir Hakeim
Distinctions Chevalier de la Légion d'honneur
Croix de guerre 1939-1945
Médaille militaire
Médaille coloniale
Croix de libération finlandaise
Mérite syrien de 4e classe
Officier de l'Ordre du Nichan Iftikhar
Autres fonctions Joueuse de tennis semi-professionnelle

Elle fut le chauffeur puis la maîtresse du général Kœnig au cours de la Seconde Guerre mondiale[3],[4]. Pour sa conduite à Bir Hakeim, elle reçut la croix de guerre 1939-1945. Elle est en outre décorée de la Médaille commémorative 1939-1945 avec les agrafes Afrique, Italie et Libération, de la médaille coloniale, du mérite syrien de 4e classe, de la Croix de libération finlandaise et officier de l'ordre du Nichan Iftikhar ainsi que chevalier de la Légion d'Honneur[5].

Origines

Fille d'une aristocrate et d'un officier de la marine de guerre britannique, Susan Travers s'installe avec ses parents sur la côte d'Azur pendant les Années folles[3].

Avant la guerre, elle était joueuse de tennis semi-professionnelle.

Seconde Guerre mondiale

Elle s'engage comme conductrice d'ambulance en Finlande en 1940[3], puis dès l'été 1940 dans les Forces françaises libres avec la 13e demi-brigade de Légion étrangère comme infirmière[4],[5]. En 1941, elle est conductrice d'un médecin du service de santé de la 1re division française libre pendant la campagne de Syrie, au cours de laquelle les Forces françaises libres combattent leurs concitoyens fidèles au gouvernement de Vichy.

Elle rejoint ensuite l'Afrique du Nord via le Dahomey et le Congo.

Fin , alors que l'Afrika Korps prépare l'attaque de Bir-Hakeim, le général Kœnig ordonne à toutes les femmes présentes sur place de quitter la position.

Le , Bir-Hakeim subit la première attaque de l'Afrika Korps. Peu après, Susan Travers se joint à un convoi en provenance de l'arrière et Kœnig accepte sa requête de retourner à Bir-Hakeim, car il pressent la victoire alliée. Au cours des deux semaines suivantes, la Luftwaffe effectue plus de 1 400 vols sur des positions alliées alors que quatre divisions germano-italiennes lancent un assaut terrestre. Au cours du bombardement, un obus crève le toit du véhicule du général Kœnig, que sa conductrice, Susan Travers, aidée par un conducteur vietnamien, fait remettre immédiatement en état. Le , Susan Travers conduit le général lors de l'évacuation du camp. La colonne au sein de laquelle se trouve leur véhicule traverse un champ de mines sous le feu des mitrailleuses ennemies. Kœnig ordonne alors à Susan Travers de porter leur véhicule en tête de la colonne :

« Il dit : Nous devons passer en tête. Si nous y arrivons, ils nous suivront. Ce fut alors une sensation fantastique, rouler aussi vite que possible au milieu de la nuit. Mon principal souci était que le moteur tienne le coup. »

 Susan Travers.

À 11 h 30, le , la colonne atteint les lignes britanniques. Sur le véhicule de Travers on relève onze impacts et les amortisseurs comme les freins étaient hors d'usage.

Plus tard au cours de la guerre, Susan Travers est blessée lorsque leur véhicule saute sur une mine.

Elle sert ensuite en Italie, en France et en Allemagne.

L'après-guerre

Après la guerre, sa situation militaire est régularisée et elle est engagée au sein de la Légion étrangère comme adjudant-chef. Elle est (en ) la seule femme à avoir reçu un matricule dans les unités de combat de la Légion étrangère[6].

Elle sert ensuite en Indochine[4] et démissionne en 1947.

Vie sentimentale

Elle eut plusieurs relations amoureuses, dont Tony Drake, un officier britannique aide de camp de De Gaulle, puis Dimitri Amilakvari[5], enfin à partir de Kœnig[5] qui fut probablement son grand amour mais qui rompit à plusieurs reprises, notamment après Bir Hakeim lorsque leur liaison fut révélée par la propagande nazie[4].

En 1947, elle se marie avec l'adjudant-chef de la Légion Nicolas Schlegelmilch et le couple s'établit en France. Après la mort de son mari en 1995 elle reste en France. Le couple eut deux fils[7].

Postérité

Du vivant de Pierre Kœnig, les traces de leur relation et même de son existence sont dissimulées[8]. Elle-même reste très discrète sur son parcours jusqu'à la mort de son mari. En 2000, à l'âge de 90 ans, elle écrit, avec l'aide de Wendry Holden, son autobiographie Tomorrow to Be Brave: A Memoir of the Only Woman Ever to Serve in the French Foreign Legion[9].

En 2010, Simone Veil lui rend hommage[3] lors de son discours de réception à l'Académie française au siège de Pierre Messmer, lui aussi ancien de la 13e DBLE[4].

Décorations

Sources

  • « Susan, l'héroïne cachée de Bir Hakeim » - Documentaire de la Case du siècle - Patrick Jeudy - Durée : 52 min - Première diffusion le sur France 5.
  • Tant que dure le jour Traduction de son autobiographie. Editions Plon, 2001-Editions J'AI LU, 2003.
  • Gérard Bardy, La Légionnaire - Héroïque et libertine, Paris, Editions Pygmalion,

Notes et références

  1. « TRAVERS Susan Mary Gillian », sur deces.matchid.io (consulté le )
  2. Matricule "22166" à la Légion Étrangère : "Susan, l'héroïne cachée de Bir Hakeim", film de Patrick JEUDY, auteur-réalisateur /// "Miss Travers : femme oubliée ou effacée ?" de "Retour aux sources" Elodie DE SELYS, RTB La Une, vendredi 03-11-2017
  3. Blaise de Chabalier, « Susan Travers, l'aventurière amoureuse », Le Figaro, encart « Le Figaro et vous », samedi 3 / dimanche 4 mars 2018, page 32.
  4. Christine Rousseau. "Susan, l'héroïne cachée de Bir Hakeim". Le Monde, 4 mars 2018. Lire en ligne : https://www.lemonde.fr/televisions-radio/article/2018/03/04/tv-susan-l-heroine-cachee-de-bir-hakeim_5265572_1655027.html
  5. Pascale Nivelle. Les légions dangereuses. Libération, 22 février 2001. Lire en ligne : https://www.liberation.fr/portrait/2001/02/22/les-legions-dangereuses_355558
  6. « Bientôt des femmes légionnaires? « Il faudra y réfléchir », a dit M. Le Drian », sur opex360.com, (consulté le )
  7. (en) « Obituaries : Susan Travers », sur The Telegraph, (consulté le )
  8. « Susan Travers, l’aventurière oubliée », La Libre Belgique, (lire en ligne, consulté le )
  9. en français : Tant que dure le jour, éditions Plon, 2001, (ISBN 978-2259192897).

Lien interne

Liens externes

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