Rue de la Chaussée-d'Antin
La rue de la Chaussée-d'Antin est une voie du 9e arrondissement de Paris.
9e arrt Rue de la Chaussée-d’Antin
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Vue de la rue avec l'église de la Trinité au loin. | |||
Situation | |||
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Arrondissement | 9e | ||
Quartier | Chaussée-d'Antin | ||
Début | 4, boulevard des Capucines 384, boulevard des Italiens |
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Fin | 73, rue Saint-Lazare 59, rue de Châteaudun |
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Morphologie | |||
Longueur | 578 m | ||
Largeur | 20 m | ||
Historique | |||
Dénomination | 1712 | ||
Ancien nom | Rue Mirabeau Rue du Mont-Blanc |
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Géocodification | |||
Ville de Paris | 1940 | ||
DGI | 1949 | ||
Géolocalisation sur la carte : 9e arrondissement de Paris
Géolocalisation sur la carte : Paris
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Images sur Wikimedia Commons | |||
Situation et accès
Elle relie l'église de la Sainte-Trinité au nord aux Grands Boulevards au sud.
Elle est desservie par les stations de métro Chaussée d'Antin - La Fayette (lignes ) et Trinité - d'Estienne d'Orves (ligne ).
Origine du nom
Elle porte ce nom en raison de son voisinage avec l'ancien hôtel d'Antin.
Historique
Au XVIIe siècle, le chemin des Porcherons reliait la porte Gaillon (une des portes de l’enceinte édifiée sous Louis XIII) au petit village des Porcherons situé plus au nord, en traversant un espace marécageux.
La rue porte le nom de « chaussée », car en raison du terrain marécageux, il a fallu la surélever, la poser sur du remblai. À la hauteur de la rue de Provence, la chaussée franchissait le Grand Égout de deux mètres de large environ.
Les fréquents séjours de Louis XV dans Paris amenèrent à y construire de splendides demeures, tel l’hôtel de Louis Antoine de Pardaillan de Gondrin, duc d’Antin (1665-1736), fils de la marquise de Montespan et surintendant des Bâtiments du Roi, qui donna son nom à la rue dès 1712. L'ordonnance du a porté la largeur de la rue à 8 toises et l'a prolongée jusqu'aux boulevards.
Sous la Révolution elle est débaptisée « rue Mirabeau » ou « rue Mirabeau-le-Patriote » (1791-1793). Dénommée ensuite « rue du Mont-Blanc » (1793-1816), la voie devient le centre des quartiers bourgeois du Paris du début du XIXe siècle, habité surtout de la haute bourgeoisie orléaniste, et opposé au Marais peuplé de la noblesse et du clergé légitimiste[1]. Bien qu'officiellement renommée « rue de la Chaussée-d'Antin » en 1816, son ancien nom semble avoir été encore en usage quand Alexandre Dumas y résida, à son retour de Florence, d' à novembre 1844 puisque son adresse est couramment indiquée comme étant le no 45 de la « rue du Mont-Blanc »[2],[3],[4].
Au cours du même siècle, des magasins remplacent les anciennes résidences. En 1905, les Galeries Lafayette, fondées en 1894 dans le voisinage, s'agrandissent et s'étendent désormais jusqu'à la rue de la Chaussée-d'Antin.
Le [5],[6], elle fait l'objet, avec la rue de Mogador qui lui est parallèle, d'une mise en sens unique avec retour, la première à Paris[7].
Bâtiments remarquables et lieux de mémoire
À l'angle du boulevard des Capucines se trouvait l'hôtel de Montmorency, qui fit place au théâtre du Vaudeville en 1869, puis au cinéma Paramount Opéra en 1927. Sa grande salle correspond aux fondations du grand salon de l'hôtel du XVIIIe siècle, dont la façade en rotonde a été conservée.
Le Cabaret de la Grande Pinte se trouvait à l'emplacement actuel de l'église de la Trinité. Ouvert en 1724, il pouvait accueillir 600 personnes pour des réjouissances populaires[8].
À l'angle du boulevard des Italiens se trouvait le dépôt des Gardes françaises construit par le colonel duc de Biron en . Le , un détachement des Gardes françaises dut intervenir, avec le régiment Royal-Allemand, pour sauver son colonel Duchâtelet de l'effervescence populaire[9],[10].
Plusieurs beaux hôtels (aujourd'hui disparus) furent construits dans la rue, car le quartier avait la réputation d'un air plus sain que le centre de Paris :
- nos 2-4 et intersection de la rue Saint-Lazare devenue place d'Estienne-d'Orves : emplacement de la caserne du Mont-Blanc, également appelée caserne Clichy, caserne Lazare ou caserne Saint-Lazare, l'une des casernes des Gardes françaises ;
- no 5 : hôtel de Louise d'Épinay et de Melchior Grimm qui hébergèrent Mozart pendant cinq mois en 1778. Frédéric Chopin a vécu au n° 5 avec Jan Matuszyński de 1834 à 1836[11].
- no 7 : hôtel de Juliette Récamier et de Jacques Récamier qui rachète les deux vastes propriétés de Jacques Necker situées alors rue du Mont-Blanc (adresse qui correspond au 7, rue de la Chaussée-d'Antin) pour la somme de 37 383 piastres d'argent métal ;
- no 8 : immeuble où Eugène Sue allait rendre visite à un ami peintre et dont le concierge pittoresque était M. Pilet. Eugène Sue en fit le personnage du concierge Alfred Pipelet dans Les Mystères de Paris, bien que la loge soit déplacée au 17 rue du Temple. Il en conserva tous les travers dont un chapeau tromblon qu'il ne quittait jamais. Dans le roman, il a une épouse experte en médisance qui sera à l'origine du nom de pipelette pour une personne très bavarde [12];
- no 9 : hôtel de Marie-Madeleine Guimard, une danseuse de l'Opéra qui fit fortune comme maîtresse du prince de Soubise. Il fut construit en 1770-1773 par Claude-Nicolas Ledoux dans le style néo-classique. Surnommé « le temple de Terpsichore couronné par Apollon » en l'honneur de la maîtresse de maison, il comportait un théâtre de 500 places qui faisait concurrence à l'Opéra. Le banquier, homme politique et gouverneur de la Banque de France Jacques Laffitte y a vécu vers 1815[13].
- no 11 : le banquier, homme politique et gouverneur de la Banque de France Jacques Laffitte y a vécu vers 1815, après avoir habité au n° 9[13].
- no 18 : emplacement de l'atelier du photographe Ferdinand Carlier (1829-1893)[14] ;
- no 20 : en fond de parcelle, hôtel Lakanal dit également hôtel du général Moreau, construit en 1797 par l'architecte François-Nicolas Trou dit Henry pour Joseph Lakanal, ancien conventionnel et membre du Conseil des Cinq-Cents. On ignore si Henry fut également l'architecte des maisons construites sur la rue, nos 18 à 22, pour lesquelles un permis de construire fut délivré au Sr Bonin en 1790. L'hôtel est un édifice de deux étages avec portique d'entrée présentant l'originalité d'un ordre ionique sans base. Une aile est ajoutée en 1801. Au milieu du XIXe siècle, l'hôtel et l'aile sont surélevés de deux niveaux et les façades sont modifiées. En 1977, 400 fragments sculptés appartenant à la façade de Notre-Dame de Paris sont retrouvés dans la cour de cet hôtel, notamment les têtes des statues des rois de Juda de la façade de la cathédrale, qui avaient été détruits par les révolutionnaires qui croyaient qu'il s'agissait des rois de France ;
- no 24 : ouverture en 1910 de la boutique d'Herminie Cadolle, la créatrice du soutien-gorge ;
- no 38 : Frédéric Chopin y a vécu avec Julian Fontana de 1836 à 1838[11].
- no 42 : emplacement de la maison de Mirabeau où il mourut le après un repas bien arrosé avec le prince de Talleyrand et le littérateur italien Cerruti[15]. Sa mort provoqua une vive émotion et réunit des foules affligées. La rue fut rebaptisée « rue Mirabeau », puis en 1793, à la disgrâce posthume de Mirabeau, « rue du Mont-Blanc », du nom d'un département nouvellement rattaché à la France. Elle retrouva son nom originel en 1815 ;
- no 44 : domicile du compositeur Isaac Strauss, où il meurt en 1888.
- no 62 : le général Maximilien Sébastien Foy y est mort ; une plaque lui rend hommage ;
- no 68 : hôtel du cardinal Fesch, archevêque de Lyon et oncle de Napoléon ;
- hôtel de Montesson : situé à l'angle des rues La Fayette et de la Chaussée d'Antin (à l'emplacement de l'actuelle cité d'Antin), il avait été construit par Alexandre-Théodore Brongniart, vers 1770, pour Madame de Montesson, maîtresse du duc d'Orléans. Un long passage voûté reliait la rue à la cour. Vers la rue Taitbout, la façade sur le jardin était rythmée de pilastres ioniques, à l'image des hôtels construits dans le quartier par Boullée. Siège de l'ambassade d'Autriche sous le Premier Empire, l'hôtel fut le théâtre d'un terrible incendie en 1810. Une plaque apposée au mur rappelle cet événement.
Dans la littérature
Au XIXe siècle, les aristocrates de cette rue sont en rivalité permanente avec ceux du faubourg Saint-Germain dans La Comédie humaine d'Honoré de Balzac. Si leurs blasons sont moins anciens, ils sont cependant plus riches et très puissants comme Frédéric de Nucingen ou madame de Sérisy[16].
Notes et références
- Jean-Luc Pinol avec Maurice Garden, Atlas des Parisiens de la Révolution à nos jours, Paris, Parigramme, 2009, 288 p. (ISBN 978-2840966180).
- Cécile Raynal, « Promenade médico-pharmaceutique à travers l’œuvre d’Alexandre Dumas », in Revue d’histoire de la pharmacie, 90e année, no 333, 2002, p. 138 (voir en ligne)
- Stéphanie Griou et Jean-Christophe Sarrot, Ballades littéraires dans Paris du XVIIe au XIXe siècle, Éditions Nouveau Monde, coll. « Terre d'écrivains », 2004, p. 81 (ISBN 2-84736-054-9).
- Henri Troyat : Alexandre Dumas, Paris, Grasset, 2005, n.p. (voir en ligne)
- Daniel Chadych et Dominique Leborgne, Atlas de Paris : évolution d'un paysage urbain, Paris, Parigramme, , 199 p. (ISBN 2-84096-154-7).
- Josée Paquet, « Création du premier sens unique à New York un 17 décembre », sur auto123.com, .
- Mathieu Flonneau, L'Automobile à la conquête de Paris : chroniques illustrées, Presses des Ponts, , 287 p. (ISBN 9782859783730, lire en ligne), p. 113.
- Alain Rustenholz, Les Traversées de Paris : l'esprit de la ville dans tous ses quartiers, Paris, Parigramme, , 647 p. (ISBN 2-84096-400-7).
- « Le boulevard des Italiens », www.paris-pittoresque.com.
- « Combat entre la population et un détachement des Gardes françaises et le Royal-Allemand, en face du Dépôt de la Garde française, le 12 juillet 1789, actuelle chaussée d'Antin, 9e arrondissement », parismuseescollections.paris.fr.
- (en) Alan Walker, Fryderyk Chopin : A Life and time, New York, Farrar, Straus and Giroux, , 733 p. (ISBN 978-0-374-15906-1), p. 296f.
- « HISTOIRE ANECDOTIQUE : Autour du Père Tanguy », sur blogspirit.com (consulté le ).
- « LAFFITTE, Jacques (1767-1844), banquier, homme politique », sur napoleon.org (consulté le )
- Marque au dos d'une photographie représentant trois Bretons en costumes[réf. nécessaire].
- « Restaurant La Maison dorée », www.paris-pittoresque.com.
- Anne-Marie Meininger et Pierre Citron, Index des personnages fictifs de la Comédie humaine, Paris, La Pléiade, 1991 (ISBN 2070108775), t. XII, « Madame de Sérisy », p. 1271-1272.
Bibliographie
- François Loyer (dir.), Autour de l'Opéra. Naissance de la ville nouvelle, Paris, Délégation à l'action artistique de la Ville de Paris, 1995 (ISBN 2-905-118-81-4).
- Louis Lurine, Les Rues de Paris. Paris ancien et moderne, 1844.
- Pierre Pinon, « Le lotissement de la rue Taibout et du couvent des Capucins. La Chaussée d’Antin à la fin du XVIIIe siècle », Bulletin de la Société de l'histoire de Paris et de l'Île-de-France, 1988, p. 223-302 (en ligne).
Annexes
Liens externes
- Histoire de Paris rue par rue, maison par maison, Charles Lefeuve, 1875.
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