Herminie Cadolle

Eugénie dite Herminie Cadolle, née Eugénie Sardon le à Beaugency (Loiret) et morte le à Saint-Cloud, est une communarde, membre de l'Union des femmes pour la défense de Paris et les soins aux blessés qui s'engage avec les femmes dans la Commune de Paris en 1871. Elle devint ensuite la créatrice d'une maison de lingerie à Buenos Aires puis à Paris, et la créatrice du premier soutien-gorge « moderne » (1889), appelé à cette époque « corselet-gorge » ou « maintien-gorge ».

Pour les articles homonymes, voir Cadolle.

Biographie

Eugénie Sardon est née le à 17 h à Beaugency[1]. Elle est la fille d'un couvreur. Le , elle se marie à Beaugency avec Ernest Philippe Cadolle. L’année suivante, ils ont un fils, leur fils unique, Alcide Ernest. Le couple s'installe ensuite à Paris. Elle y travaille comme ouvrière, ouvrière corsetière. Durant la Commune de Paris de 1871, elle participe à l'un des premiers mouvement se réclamant du féminisme, l'Union des femmes pour la défense de Paris et les soins aux blessés, et devient une amie de Louise Michel[2]. À la fin de l'insurrection, elle est arrêtée et emprisonnée à Rouen, puis relaxée six mois plus tard. Son mari, peintre en bâtiment, enrôlé dans la Garde nationale durant la Commune, est condamné à deux ans de prison[3],[4].

Les années suivantes, elle s'implique dans un comité de soutien aux déportés de la Commune, le comité socialiste révolutionnaire, dont elle est trésorière[5]. Le , à la gare Saint-Lazare à Paris, elle fait partie des personnalités et amis qui accueillent Louise Michel, de retour de sa déportation en Nouvelle-Calédonie, avec Henri Rochefort, Georges Clemenceau, Louis Blanc, Clovis Hugues, Nathalie Lemel, Hubertine Auclert et Olympe Audouard, au milieu d'une foule de sympathisants[6]. « Soutenue par deux amies, la citoyenne Cadolle et la citoyenne Ferré, Louise Michel marche, en proie à une émotion violente » écrit le journaliste du Figaro observant cet accueil[7]. Le , elle est encore aux côtés de Louise Michel, d'Henri Rochefort, de Clovis Hugues et d'Hubertine Auclert, à l'enterrement de Marie Ferré, à Levallois-Perret[8]. En 1883, elle vient voir Louise Michel emprisonnée à la suite d'une manifestation qui a dégénéré[9]. Son fils Alcide est lui-même un militant actif au sein du mouvement socialiste. Deux personnalités de gauche, anciens communards, Benoît Malon et le député de la Seine Zéphyrin Camélinat, sont témoins de son mariage, le , avec Marie-Gabrielle Lagoutte[4].

Corset Le Bien-Être (détail du brevet).

Elle décide de quitter la France en début d'année 1887 et s'installe en Argentine. Elle ouvre une boutique de lingerie à Buenos Aires. Elle a l'idée de couper le corset en deux pour libérer le corps, de rajouter une armature, et crée ainsi le corselet-gorge, ou maintien-gorge, invention qui lui vaudra d'être considérée comme la « créatrice du premier soutien-gorge[3] » moderne. Elle est de retour en France pour présenter ses créations lors de l'exposition universelle de 1889. Elle dépose un brevet sur le corselet-gorge en 1898[10]. Elle participe ensuite à l'exposition universelle de 1900 à Paris. En 1910, elle décide de créer un atelier et une boutique au 24 de la rue de la Chaussée-d'Antin[11], et confie ce lieu parisien à sa belle-fille Marie[12].

Corset Le Bien-Être (illustration publicitaire).

Elle fonde en 1910 la maison Cadolle (qui, de son vivant, fera travailler près de 200 ouvrières)[13], entreprise familiale qui existe toujours, depuis six générations[14].

Elle revient s'installer en France. Trois de ses petits-fils participent au sein de l'armée française à la guerre de 1914-1918. L'un des trois meurt de ses blessures le . Elle meurt le à Saint-Cloud[15],[3]. Sa belle-fille meurt à son tour le .

Il existe en sa mémoire une rue Herminie Cadolle au Haillan (33185)

Notes et références

  1. Acte de naissance d'Eugénie SARDON sur site des Archives départementales du Loiret - EC 3539 - vue no 179 - acte no 97 en date du 18 août 1842
  2. Fontanel 1997, p. 75.
  3. Peyret 2015, p. IV.
  4. Lebouteiller 2015.
  5. Malon 1885.
  6. Thomas 1971, p. 186.
  7. Montancey 1880, p. 5.
  8. Michel 1886, p. 441.
  9. Michel et Gauthier 1999, p. 318.
  10. Bulletin des lois
  11. de Decker 2011.
  12. Fontanel 1997, p. 77.
  13. [vidéo] France Culture, À l'origine du soutien gorge : une féministe révolutionnaire - #CulturePrime sur YouTube, (consulté le ).
  14. Labourdette et al. 2010, p. 20.
  15. Acte de décès à Saint-Cloud sur Filae

Voir aussi

Bibliographie

Sources sur le web

Liens externes

  • Portail de la lingerie
  • Portail de la mode
  • Portail de la politique française
  • Portail des femmes et du féminisme
Cet article est issu de Wikipedia. Le texte est sous licence Creative Commons - Attribution - Partage dans les Mêmes. Des conditions supplémentaires peuvent s'appliquer aux fichiers multimédias.