Ressentiment

Le ressentiment désigne, en philosophie et en psychologie, une forme de rancune mêlée d'hostilité à ce qui est identifié comme la cause d'une frustration. Le sentiment de faiblesse ou d'infériorité ou de jalousie, face à la « cause » générant cette frustration, conduit à rejeter ou attaquer la source perçue de cette frustration. Il est parfois prompt à désigner des boucs émissaires, logique séculaire notamment dévoilée par René Girard (1982)[1].

Pour les articles homonymes, voir Ressentiment (homonymie).

Eléments de définition et de typologies

Souvent auto-justifié[2], le ressentiment peut concerner la relation entre deux individus, entre un individu et d'autres entités ou des systèmes sources d'injustice, d'inégalité, de corruption... et/ou la relation entre deux communautés.

Dans ce dernier cas, il peut « justifier » de longues périodes de conflits, telles la «guerre de Cent Ans» entre la France et l'Angleterre, des guerres de religions, des guerres tribales, les conflits franco-allemands ayant conduits aux guerres mondiales et à la Shoah[3], et des millénaires d'incompréhension voire de persécutions entre ethnies ou religions[4], l'anarchisme[5], puis les idéologies populistes[6], des formes de messianisme[7].

Des idéologies, individus ou mouvements sociaux peuvent créer, faire croître et/ou orienter et instrumentaliser le ressentiment. Il le font notamment en se servant de la médiatisation rapide et simplifiante des points de vue, permises par les médias audiovisuels du XXème siècle, et depuis quelques décennies via les réseaux sociaux où le ressentiment alimente les trolls, les infox et autres dialogues de sourds où les argumentations « sont mises au service d’une dénégation de responsabilité, d’une disculpation, d’une justification de soi » selon Marc Angenot[8]. Dans ces contextes notamment, selon Grandjean & Guénard (2012), le ressentiment est parfois devenu une « passion sociale (...) « passion irrationnelle », « expression de l'impuissance », « envie déguisée »... »[9], voire selon M. Angenot (2007) un ensemble de nouvelles figures de la rhétorique [8].

Psychologie

Causes

Le ressentiment peut survenir dans diverses situations, défiant l'estime de soi, avec un sentiment d'injustice ou d'humiliation. Les situations durant lesquelles le ressentiment survient le plus souvent incluent : des incidents humiliants en public comme un mauvais traitement sans possibilité d'y répondre, des actes de discrimination ou de préjudice, d'envie/de jalousie, des sentiments d'être abusé ou moqué par l'entourage, et le fait d'avoir travaillé dur et être non reconnu sur son résultat tandis que d'autres y sont parvenus sans trop d'effort. Le ressentiment peut également survenir lors d'un rejet social ou interpersonnel, délibérément humiliant, notamment[10] ou par le sentiment d'injustice généré par certaines contradictions du néolibéralisme[11].

Signes

Expression faciale colérique pouvant exprimer le ressentiment.

Contrairement aux émotions de base, le ressentiment ne possède aucun trait facial permettant son expression. Cependant, certains traits physiques, comme le froncement des sourcils, peuvent s'associer à des émotions proches du ressentiment comme la colère et l'envie[12].

Le ressentiment peut être auto-diagnostiqué grâce à des signes comme le besoin de régulation émotionnelle. Il peut également être diagnostiqué lors d'états émotionnels d'agitation ou de rejet, comme une déprime inexplicable, un raisonnement en boucle, un état colérique sans raison apparente, ou faire des cauchemars ou rêves perturbants concernant un individu de l'entourage[13].

Marc Angenot insiste sur le fait que le ressentiment individuel est toujours associé à l'expression de griefs, qu'il juge être des détournements narcissiques de volonté de justice. Selon lui, « le grief remâché devient le mode exclusif de contact avec le monde, tout s'y trouve rapporté, il sert de pierre de touche et de grille herméneutique. Il donne une raison d'être et un mandat social qui permettent cependant de ne jamais sortir de soi-même. Le grief détermine une sorte de privatisation des universaux éthiques et civiques, un détournement ethno-égotiste des valeurs. Le grief est cultivé pour lui-même, la masse de griefs se gonfle, -- d'avanie en échec et en accrochages avec les Autres, -- et occupe tout l'horizon mental. L'être de ressentiment est tellement préoccupé par ses griefs qu'il conçoit mal que ses interlocuteurs ne sont pas possédés par les mêmes obsessions (...) Le ressentiment devient «une seconde nature» »[8].

Effets

Le ressentiment individuel est plus fort quand il vise un individu proche ou intime. Une blessure, émotionnelle ou physique, infligée par un ami proche ou l'être aimé peut causer des sentiments de trahison, et peut avoir un impact profond[14]. L'individu affecté peut se sentir susceptible, anormalement nerveux, en pensant ou en croisant le chemin de celui dont il pense qu'il lui a porté préjudice, avoir des sentiments de colère et de haine envers cet autre individu ; le ressentiment peut s'intensifier quand l'individu visé est heureux ou félicité.

Il devient pathologique et émotionnellement débilitant quand il n'est pas résolu par l'action, l'acceptation, le pardon ou la réconciliation ; Il finit alors par causer une attitude chroniquement cynique, hostile et sarcastique, source de douleur morale voire de déni, déni qui freine les relations sociales harmonieuses, et cause une difficulté à passer outre, empêchant de croire aux autres, et entretenant un manque de confiance en soi, et une hyper-compensation[10].
Ces effets négatifs peuvent s'aggraver, jusqu'à couper toute communication avec d'autres lui ayant supposément causé du tort ou qui, selon son point de vue, ont mal agi. L'isolement social qui s'ensuit peut à son tour engendrer de nouveaux ressentiments[15]. Selon Angenot (1992), plus qu'une forme idéologique, il devient alors un modus vivendi[16].

Quand le ressentiment concerne un groupe, il peut facilement alimenter des idéologies auto entretenues car limitées par des impasses selon l'ouvrage de deux universitaires canadiens (Angenot et Paterson, 1997) titré « les idéologies du ressentiment », ouvrage visant à cerner la définition et les origines du ressentiment et à produire « une phénoménologie et une heuristique du ressentiment accompagnées de réflexions et d'hypothèses sur la conjoncture culturelle contemporaine »[17] ; ces auteurs (et d'autres) en voient des traces ou marques dans le féminisme[18], l'écologisme, le populisme et certains nationalismes (qui peuvent conjointement cultiver le sentiment d'insécurité et de ressentiment) [19],[20]. Ce point de vue a suscité une réponse : un essai (98 p) intitulé "Au delà du ressentiment : réplique à Marc Angenot", écrit par Jacques Pelletier en 1996.

Philosophie

Le ressentiment est un concept philosophique du philosophe allemand Friedrich Nietzsche. L'emploi de ce terme remonte probablement au penseur danois Kierkegaard, et il a été repris par Max Scheler[21]. Le ressentiment, dérivé du verbe ressentir, qui est une réfection de recentement puis resentement signifie d'abord le « fait de se souvenir avec rancune, animosité », seul sens demeuré vivant. De la fin du XVIe au XVIIe siècle, le mot « ressentiment » s'est dit d'une impression morale : « fait d'éprouver une douleur ». Puis il a eu, jusqu'à la fin du XVIIIe siècle, le sens de « sentiment éprouvé en retour »[22]. Aujourd'hui[Quand ?], ce substantif spécialisé pour « rancune » n'a plus de rapport sémantique avec le verbe dont il dérive.

Friedrich Nietzsche

Pour Nietzsche, dans Généalogie de la morale, le ressentiment est une perversion morale trouvant son origine dans l'ancien conflit culturel et religieux entre romains et juifs et donnant naissance à l'idéal ascétique. Pour Nietzsche, les êtres de ressentiment sont une race d'homme pour qui « la véritable réaction, celle de l'action, est interdite et qui ne se dédommagent qu'au moyen d'une vengeance imaginaire[23]. » Il lie ainsi le ressentiment à ce qu'il nomme la « morale d'esclave », qui est par essence constituée par le ressentiment, par un non créateur. Ainsi, l'être de ressentiment est profondément réactif, c'est-à-dire qu'il est dans une situation d'impuissance qui engendre des frustrations. Tout homme, quel qu'il soit, à qui l'on interdit l'action, et qui de ce fait se trouve dans l'impuissance, est affecté par le ressentiment : c'est-à-dire qu'il ne peut que subir l'impossibilité de s'extérioriser.
La force consiste à surmonter cet état (qui n'est alors plus qu'un état passager), comme lorsque l'on surmonte le désir de vengeance.


La faiblesse, au contraire, ne parvient pas à s'en débarrasser (par exemple, quand le désir de vengeance devient une obsession, ou encore quand le regret d'un acte devient une torture morale qui ne laisse plus la pensée en repos), et elle transforme alors ses frustrations à son avantage en trouvant des justifications à son impuissance, par la dénégation et le renversement axiologique : cette volonté de se trouver des justifications caractérise précisément la mentalité d'« esclave », selon Nietzsche. Une telle mentalité du ressentiment se retrouve par exemple dans les idéologies qui se définissent par rapport à un « ennemi » réel ou supposé : l'ennemi (ou la cause de l'impuissance) est jugé comme cause libre du mal ; et par opposition, celui qui subit s'attribue une supériorité morale imaginaire, ce que Nietzsche résume ainsi :

« ils sont méchants, donc nous sommes bons. »

Une variante idéaliste en est :

« le monde est foncièrement déterminé par le mal, donc nous lui sommes supérieurs. »

Vladimir Jankélévitch répondra à Nietzsche :

« S'il n'y a pas d'autre manière de pardonner que le bon-débarras, alors plutôt le ressentiment ! Car c'est le ressentiment qui impliquerait ici le sérieux et la profondeur : dans le ressentiment, du moins, le cœur est engagé, et c'est pourquoi il prélude au pardon cordial[24]. »

Dugald Stewart

Pour Dugald Stewart, auteur des Éléments de la Philosophie de l'esprit humain (1792), le ressentiment est instinctif ou délibéré.

« Le ressentiment instinctif agit dans l'homme comme dans l'animal ; il est destiné à nous garantir de la violence soudaine, dans les circonstances où la raison viendrait trop tard à notre secours ; il s'apaise aussitôt que nous apercevons que le mal qu'on nous a fait étoit[25] involontaire. Le ressentiment délibéré n'est excité que par l'injure volontaire, et par conséquent il implique un sentiment de justice, de bien et de mal moral. Le ressentiment qu'excite en nous l'injure faite à un autre, s'appelle proprement indignation. Dans ces deux cas, le principe d'action est au fond le même ; il a pour objet, non de faire souffrir un être sensible, mais de punir l'injustice et la cruauté. Comme toutes les affections bienveillantes sont accompagnées d'émotions agréables, toutes les affections malveillantes sont accompagnées d'émotions pénibles. Cela est vrai même du ressentiment le plus légitime[26]. »

Gilles Deleuze

Le concept de ressentiment a été commenté, notamment, par Gilles Deleuze dans Nietzsche et la philosophie (1962) dans l'optique d'un renouveau « affirmatif » et anti-dialectique de la philosophie. Après l'hégémonie des doctrines post-hégéliennes, Deleuze propose une philosophie non plus axée sur l'idée de dépassement dialectique et sur l'activité critique, mais bien sur la valorisation de l'actif sur le réactif (la critique et la dialectique étant assimilés à la négativité).

René Girard

La notion a également été travaillée à partir des années 1960 par René Girard[27], qui identifie le ressentiment à l'envie à l'égard d'un modèle scandaleux, estimé comme un indépassable obstacle à l'accomplissement du désir. Girard critique l'idée « romantique » qu'il puisse exister des individus « supérieurs » seuls capables de sentiments autonomes, et considère que l'imitation est la condition ordinaire et générale de l'Homme. Nous sommes tous « réactifs » au sens indiqué avec mépris par Nietzsche, y compris et même à commencer par les êtres qui, apparemment, sont supérieurs au sens nietzschéen. De telles personnes, comme Stavroguine dans Les Démons de Dostoïevski[28], Roméo et Juliette ou les idoles du star-système, non seulement ne sont pas supérieures, mais elles sont au contraire suprêmement dépendantes des sentiments d'autrui pour nourrir les leurs, au risque, lorsqu'elles sont livrées à elles-mêmes, du suicide et des mondes artificiels. Nietzsche lui-même apparaît à Girard comme particulièrement « ressentissant » (par exemple à l'égard de Wagner, qu'il admirait avant de l'attaquer), et la tension entre le mépris pour les « esclaves » et sa propre situation devient un paramètre explicatif de la folie de Nietzsche. Girard évoque également les idéologies du ressentiment (le communisme, l'anti-sémitisme, et plus généralement tous les « anti- » quelque chose…) sur le même thème, alors que la Bible et le christianisme « crucifiés » par Nietzsche et plusieurs auteurs modernes lui apparaissent au contraire comme porteurs de la vérité des sentiments.

On doit faire remarquer que Girard s'appuie sur une lecture simplificatrice de la théorie de Nietzsche, dont il écarte les nuances (par exemple, pour Nietzsche l'homme supérieur n'échappe pas au ressentiment, mais il le surmonte) et que le lien entre sa folie et sa psychologie, admis par Girard, n'est pas si évident (cf. maladie de Nietzsche).

Il semble, de surcroît, que Girard entreprend ce que Nietzsche lui-même avait prédit. Un renversement de valeur, une inversion de ce que l'on considère comme le ressentiment et le surhomme. En effet, dans une perspective généalogiste (et accessoirement physiologique), qu'est la perspective nietzschéenne, on ne peut pas considérer l'homme fort avec des valeurs fortes comme un homme du ressentiment. On ne peut pas estimer que l'homme fort vit au diapason de l'Homme faible. Ce serait comme dire que le maître est dépendant de son esclave. C'est une inversion. À l'origine, l'homme fort ne peut pas réagir à l'homme faible, il n'a pas besoin de l'approbation de l'esclave pour valoriser les comportements nobles et puissants, puisque précisément il est fort. Ce serait nier la perspective généalogiste du dominant et du dominé, et affirmer que le lion, qui doit manger la gazelle, est dépendant de celle-ci.

Cette objection est comparable à cette manipulation sémantique qui consisterait à dire que celui qui ne tolère pas l'intolérance est lui-même intolérant... Donc, de même, l'homme fort qui aurait de ressentiment à l'égard du ressentiment ne peut pas devenir lui-même un homme du ressentiment...

Marc Ferro

Pour l’historien Marc Ferro :

« À l'origine du ressentiment chez l'individu comme dans le groupe social, on trouve toujours une blessure, une violence subie, un affront, un traumatisme. Celui qui se sent victime ne peut pas réagir, par impuissance. Il rumine sa vengeance qu'il ne peut mettre à exécution et qui le taraude sans cesse. Jusqu'à finir par exploser. Mais cette attente peut également s'accompagner d'une disqualification des valeurs de l'oppresseur et d'une revalorisation des siennes propres, de celles de sa communauté qui ne les avait pas défendues consciemment jusque-là, ce qui donne une force nouvelle aux opprimés, sécrétant une révolte, une révolution ou encore une régénérescence. C'est alors qu'un nouveau rapport se noue dans le contexte de ce qui a sécrété ces soulèvements ou ce renouveau.
La reviviscence de la blessure passée est plus forte que toute volonté d'oubli. L'existence du ressentiment montre ainsi combien est artificielle la coupure entre le passé et le présent, qui vivent ainsi l'un dans l'autre, le passé devenant un présent, plus présent que le présent. Ce dont l'Histoire offre maints témoignages[29]. »

Max Scheler

Dans son ouvrage L'Homme du ressentiment (1933), Max Scheler évoque les causes individuelles du ressentiment, qui en s'agrégeant les unes aux autres, peuvent créer un ressentiment diffus mais généralisé dans la société. Certaines guerres, dans l’Antiquité ou au Moyen Âge, peuvent s'expliquer par le ressentiment de certains groupes sociaux à l'égard de voisins ou d'autres groupes ; il en a été de même lors de la Révolution française ou lors de la Révolution russe, sans compter les conditions psychologiques ayant contribué à l'accession d'Hitler au pouvoir en 1933 (cf. le « Diktat » du Traité de Versailles), d'ailleurs année de publication de l'ouvrage.

Marc Angenot

Sur le plan idéologique, le concept de ressentiment a été étudié par l'analyste et historien des discours Marc Angenot (Les Idéologies du ressentiment, 1996) qui en fait l'un des vecteurs des idéologies politiques, identitaires et nationalistes du XXe siècle. Comme ses prédécesseurs Angenot conçoit le ressentiment comme une attitude caractérisante par une accumulation de griefs et par un volontarisme dont la prolifération (particulièrement notoire aujourd'hui avec le postmodernisme, les revendications identitaires et le « tribalisme ») alimente les diverses formes de discrimination et de conflictualités sociales. Selon lui, « les idéologies du ressentiment ont été et sont les grandes fabulatrices de raisonnements conspiratoires. Les adversaires qu’elles se donnent passent leur temps à ourdir des trames, ils n’ont de cesse de tendre des rets ; et comme ces menées malveillantes ne sont guère confirmées par l’observation, il faut supposer une immense conspiration »[8].

Même si la stabilité et l'« enchantement » se volatilisent sous nos yeux (ce que le philosophe allemand Walter Benjamin nommait le « déclin de l'aura »), la réflexivité et le maintien d'une certaine espérance collective restent les meilleurs moyens, selon Angenot, pour se prémunir des effets réactifs du ressentiment.

Pierre-André Taguieff (historien et philosophe) a aussi consacré des écrits sur le ressentiment dans une perspective proche de celle d'Angenot.

Cynthia Fleury

En 2020, dans un ouvrage titré Ci gît l’amer - guérir du ressentiment (Gallimard, 2020), Cynthia Fleury pose l'hypothèse que de nombreux individus et collectifs souffrent du ressentiment, un poison qui les ronge et paralyse l'action, et qui nous éloigne de l' « affectio societatis ».

L'auteure, en s'appuyant sur des philosophes, psychanalystes, historiens, poètes et divers auteurs, ainsi que sur son expérience, propose des clés psychanalytiques et socio-politiques pour dépasser ce sentiment négatif trop souvent source de déni, de défiance exacerbée voire de haine.

« Plus on pénètre dans le ressentiment, moins on a la capacité de le conscientiser. Donc on rentre dans le déni et dans l'incapacité, tout en se croyant être capable ».

Le ressentiment est selon elle une « maladie typique de la démocratie, beaucoup moins d'un État autoritaire. Notre rapport à l'égalité et absolument déterminant. Adorno parlait même d'un d'un égalitarisme répressif, c'est à dire, en somme, que notre manière de nous ressentir égaux, c'est d'aller vérifier. Or, là, bien évidemment, explosent les inégalités. Et donc, oui, vous avez un sentiment de ressentiment qui est plus fort ».

Selon elle, pour sortir de la crise de la COVID-19 notamment, la collégialité va devoir un petit peu reprendre la main, dans un État social de droit. Elle estime que « la traduction politique du ressentiment (populisme...) ne produit pas une action politique viable. Il y a une objectivation des conditions désastreuses du moment. Je vois comment je vais aller vers la sublimation de cette tentation du ressentiment. Encore une fois, le choix que je fais (...), je pars du principe que c'est du domaine du pari pascalien, que c'est un choix éthique, c'est une fonction régulatrice ».

Néologisme critiqué

Ressenti, issu du participe passé ressentir, verbe du 2e groupe :

  • Éprouver une sensation, un état physique, en être affecté de façon agréable ou pénible : Ressentir une douleur. Ressentir les bienfaits d'une cure.
  • Éprouver telle disposition à l'égard de quelqu'un, de quelque chose, tel sentiment : Ressentir une grande joie à l'annonce d'un événement.
  • Être particulièrement affecté par quelque chose, éprouver, subir les effets de quelque chose : Pays qui ressent les contrecoups de la crise économique[30].

Le substantif « ressenti » est absent de la langue française en tant que tel et il existe déjà les mots ou expressions de même sens : sentiment, émotion, ce que l’on ressent, éprouve, perçoit[31]. On ne dit pas quel est votre « ressenti » ? mais que ressentez-vous ?, qu'éprouvez-vous ? ou quel est votre sentiment ?

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

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Bibliographie

  • Wallace R.J (2007) Ressentiment, Value, and Self-Vindication: Making Sense of Nietzsche’s Slave Revolt. Nietzsche and Morality, 137.
  • Taguieff, Pierre André (1988) La Force du préjugé, Paris: La Découverte,
  • Mathias Risse, « Origins of Ressentiment and Sources of Normativity », Nietzsche-Studien, vol. 32, no 1, (ISSN 1613-0790 et 0342-1422, DOI 10.1515/9783110179200.142, lire en ligne, consulté le )

Notes et références

  1. Girard René (1982) Le bouc émissaire, Paris, Grasset.
  2. Wallace R.J (2007) Ressentiment, Value, and Self-Vindication: Making Sense of Nietzsche’s Slave Revolt. Nietzsche and Morality, 137.
  3. Burrin, P. (2010). Ressentiment et Apocalypse. Essai sur l'antisémitisme nazi: Essai sur l'antisémitisme nazi. Le Seuil.
  4. Ferro M (2007) Ressentiment dans l’histoire (Le): Comprendre notre temps (Vol. 211). Odile Jacob.
  5. Newman S (2000) Anarchism and the politics of ressentiment. Theory & Event, 4(3).
  6. Fassin É (2017) Populisme: le grand ressentiment. Éditions Textuel.
  7. Langue F (2014) Ressentiment et messianisme du temps présent vénézuélien. Le Passé des émotions. D'une histoire à vif Amérique latine et Espagne, coordinado por Capdevila, Luc y Langue, Frédérique, PUR, Rennes, 121-142.
  8. Marc Angenot, « Nouvelles figures de la rhétorique : la logique du ressentiment », Questions de communication, no 12, , p. 57–75 (ISSN 1633-5961 et 2259-8901, DOI 10.4000/questionsdecommunication.2293, lire en ligne, consulté le )
  9. Grandjean & Guénard F (2012) Le ressentiment, passion sociale. Rennes (Presses universitaires de)
  10. (en) « Handling Resentment » (version du 23 janvier 2011 sur l'Internet Archive), sur Livestrong.com, .
  11. Margaret Thornton, « Neo-Liberalism, Discrimination and the Politics of Ressentiment », Law in Context: A Socio-Legal Journal, vol. 17, , p. 8 (lire en ligne, consulté le )
  12. (en) Oatley, Keith, Dacher, Keltner et Jennifer M., Jenkins, Understanding Emotions, Oxford, Wiley-Blackwell, (ISBN 978-1-4051-3103-2), « Studies of the universality of facial expressions », p. 88–90.
  13. (en) « How To Get Rid Of Resentment » (consulté le ).
  14. (en) Murphy, Jeffrie G., « Forgiveness and Resentment », Midwest Studies in Philosophy, vol. 7, no 1, , p. 503–16 (DOI 10.1111/j.1475-4975.1982.tb00106.x).
  15. (en) Steven Stosny, « Emotional Abuse: Is Your Relationship Headed There? You Might be a Lot Closer than You Think! », Psychology Today, (consulté le ).
  16. Angenot M (1992) Les idéologies du ressentiment.
  17. Brent Wood, « Poetry », University of Toronto Quarterly, vol. 82, no 3, , p. 400–430 (ISSN 0042-0247 et 1712-5278, DOI 10.3138/utq.82.3.3, lire en ligne, consulté le )
  18. Tapper, M. (2002). Ressentiment and power Some reflections on feminist practices. In Nietzsche, feminism and political theory (pp. 144-157). Routledge.
  19. Greenfeld L (1990) The formation of the Russian national identity : the role of status insecurity and ressentiment. Comparative studies in society and history, 32(3), 549-591.
  20. (en) Olga Malinova, « Obsession with status and ressentiment: Historical backgrounds of the Russian discursive identity construction », Communist and Post-Communist Studies, vol. 47, nos 3-4, , p. 291–303 (ISSN 0967-067X et 1873-6920, DOI 10.1016/j.postcomstud.2014.07.001, lire en ligne, consulté le )
  21. L'Homme du ressentiment, trad. fr. 1950.
  22. Frédéric Godefroy, Lexique comparé de la langue de Corneille et de la langue et de la langue du XVIIe siècle jusqu'à nos jours, tome II, Librairie académique Didier et Cie, Paris, 1862.
  23. Généalogie de la morale, trad. P. Wotling, Paris, Livre de poche, 2000.
  24. Vladimir Jankélévitch, Le Pardon, 1967.
  25. Orthographe antérieure à la réforme de 1835.
  26. Charles Giraud, de l'Institut de France, Journal des savants, page 10, 1817.
  27. Mensonge romantique et Vérité romanesque, 1961, Paris, Bernard Grasset.
  28. René Girard, Critique dans un souterrain, Paris, Le Livre de Poche, , 249 p. (ISBN 2-253-03298-0)
  29. Le Ressentiment dans l'Histoire, Odile Jacob, 2007 (ISBN 978-2-7381-1874-5).
  30. Voir sur academie-francaise.fr.
  31. Voir sur fr.wiktionary.org.
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